Château Lune - 15

La pièce dans laquelle je pénétrai était sombre et coiffée d’un plafond haut magnifié par des voûtes en pierre. Je n’avais vu de tels plafonds qu’en films. Ou dans des musées, des églises…
Je vais vivre dans une improbable maison-château décorée de voûtes majestueuses.

Je n’étais pas encore au clair avec ma situation.

Il y a une telle part d’absurde dans tout cela…

L’espace qui se déployait autour de moi était suffisant pour accueillir un banquet de mariage. Mais il manquait cruellement de lumière. Un âtre aux dimensions démesurées, surmonté d’une arcade des mêmes pierres qu’au plafond, laissait ronfler un brasier réconfortant sous lequel rougeoyaient d’imposants galets. Une petite foule nous observait avancer, moi et ma Compagne. Cazelain nous rejoint d’une démarche élégante et guillerette. À l’écart, la silhouette de son ainé se découpait devant les flammes, n’offrant que son dos à l’assemblée.

— Damoiselle Luce, bienvenue dans la grande salle ! déclama le cadet du Clan du Loup.

Il engloba d’un ample geste tout ce qu’il était possible de l’être.

— Je vous présente le personnel du Château Lune.

Et, se tournant vers eux :

— Chers amis ! Notre Invitée de l’Autre Monde… Accordez-lui tous les égards d’une Dame de Château.

Il recula de trois pas, comme s’il craignait de nous priver de quelques attentions.

— Je vous remercie d’avoir pris sur votre temps pour saluer comme il se devait son arrivée parmi nous.

Tous inclinèrent la tête. Seule une dame aux cheveux noirs entremêlés de fils d’argent s’abstint. Sa tenue était plus sophistiquée, d’un tissu plus soyeux et cousue de motifs recherchés.
Dame Isaure.

Dana m’avait préparée à ce protocole. À présent, je ne voyais plus d’un mauvais œil son insistance pour m’entrainer à y réagir face au colossal miroir à Pattes de Loup. Je pus me retenir de les inviter à se relever. Je souris dans la retenue et pris soin d’arborer une posture droite, mains jointes dans le dos pour cacher leurs tremblements. Ces hommes et ces femmes employés à la bonne marche du Château ne s’attardèrent pas et quittèrent d’un même élan la grande salle, en silence, leurs pas résonnant dans les hautes voûtes. Quand un bruissement de chuchotements inintelligibles finit par déborder du couloir, je poussai un discret soupir de soulagement.

Cette foule est humaine. Papotez, mais papotez donc.

Une femme trapue au tablier saupoudré de farine referma la double porte derrière elle. Mis à part quelques craquements du côté de l’immense cheminée, le silence reprit ses droits dans la salle. Dame Isaure me détaillait sans retenue. Un pli sévère pinçait ses lèvres dépouillées de pigment artificiel. Dana m’avait mise en garde : Garde-toi de lui déplaire, mais sois préparée à cette fatalité. Seuls ses yeux étaient fardés, bordés d’un noir intense.

Comme ces femmes du désert…

Du moins, celui de mon monde. Y en avait-il seulement, ici ?

De grands pendants ornaient les oreilles de la Douairière des Loups et une bague sertie d’une rutilante pierre bleu nuit habillait l’index qui battait la mesure sur sa hanche, tel un métronome bien huilé. Je ne lui trouvai pas un abord sympathique. Ma Compagne de Château esquissa une courte révérence pour signifier son départ - elle n’avait pas été conviée au repas familial. Elle m’abandonna sans un geste ni un regard dans cet antre oppressant. La panique me nouait la gorge. J’espérais que ce malaise ne se devinait pas.

Ou peu.

Wolf Storm continuait de se perdre dans la contemplation des morceaux de troncs qui se consumaient lentement dans le vaste foyer. Cazelain s’entretenait avec un homme massif revenu du couloir. Je le trouvais intrigant, celui-là : ses traits, son teint…

Et son chapeau melon.

Mais, surtout, ces lignes et spirales bleutées qui recouvraient ses joues et son menton. Elles m’évoquaient le peuple Maori. Hasard ? Ou brassage culturel de précédentes moissons ?

Soudain, je me trouvai sotte, isolée de la sorte, dans cette grande salle. Je m’enjoins à m’approcher de Dame Isaure.

Mais… Elle a conscience que je la vois en train de me scruter ? Misère, qu’est-ce qui m’a pris de vouloir être polie ?

À l’arrivée, je ne gagnai qu’une expression hautaine. Pas un sourire ni même un frémissement d’œil fardé. Je hochai respectueusement la tête à son attention, comme me l’avait fait répéter Dana à peu près cinquante fois un peu plus tôt dans la journée. Je ne sus dire si je rougissais ou blanchissais, mais mon cœur criait sa souffrance devant l’absence de réaction de la Mère du Clan du Loup.

— Dame Isaure, dis-je trop faiblement.

J’étais décidée à partir tenter ma chance auprès du fils ainé. Je me trouvai encore plus sotte, à présent, de n’avoir choisi la facilité d’observer les flammes en silence à son côté. Par politesse, je croisai les yeux charbonneux avant de me replier. Ils me poignardèrent d’une rage féroce.
Papillonne-pas des yeux ! On dirait qu’elle se retient de me sauter dessus…

Dame Isaure daigna alors ouvrir la bouche.

— Je n’ai jamais désiré qu’une Étrangère vienne s’immiscer dans cette famille.

Sa voix était grave mais dépouillée de suavité. J’oserai même dire, dépouillée de toute chaleur.

Mais je suis peut-être pas objective…

— J’ai de grands projets pour ce Clan, pour mon fils. Entendez bien, petite arriviste : gardez-vous de les mettre à mal par de quelconques fantaisies. Faites-vous discrète ou votre vie deviendra ce que certains nomment enfer dans votre monde voué à l’extinction.

Je battis des paupières en silence. Là, à coup sûr, j’étais livide.

À l’avenir, évite cette vouivre.

Je notai qu’elle venait d’employer un mot de mon monde, sa prononciation en avait été dénaturée…

Tout en charme, Cazelain s’inséra entre nous, me tournant légèrement le dos.

— Mère, voyez ce que m’a rapporté Lazus de son pèlerinage chez son frère.

Il tenait une boite plate et peu épaisse, ornementée de reliefs. On eut dit de l’os taillé.

— Je le lui ai ravi à prix d’ami au Château Royal. Les feuilles de ce coffret sont uniques ! loua-t-il. Entendez leur origine : des arbustes des Régions Sèches bouturés sur les Côtes Salées. Un nouvel arôme, unique. De quoi faire mousser vos amis lors de vos petites réunions privées.

D’un geste expert, il fit sauter le mécanisme pour dévoiler de toutes petites feuilles marron foncé, séchées et aplaties.

— Voudriez-vous me faire savoir si j’ai eu tort ou raison de lui demander de m’en mettre quelques autres coffrets de côté  ? J’ai crainte de m’être laissé berner ; je n’ai aucun goût pour ces fumisteries, vous le savez bien. Je vous ferai cadeau de quelques unités si cela vous plait.

Dame Isaure s’appropria le coffret avec une expression gourmande sur le visage.

On dirait une autre femme.

— Je me fais une joie de vous être utile, mon fils.

Sa voix me parut un tantinet plus chaleureuse.
Elle n’est donc pas que vouivre… Heureuse de la savoir humaine.

Elle sortit toutefois sans un mot pour quiconque, les feuilles à fumer glissées sous son bras. S’il n’y avait eu les staccatos de mon cœur, j’aurais pu croire irréelle l’attaque que je venais de subir.

 

****

 

Cazelain me regardait d’un air entendu. Sa mère partie, il s’était tourné vers moi doté d’un grand sourire.

— Je vais devoir trouver autre chose pour son anniversaire. Vous m’en devez une.

— Vous avez manipulé votre mère pour qu’elle quitte la pièce ?

Non, je n’avais pas osé dire ça…

— Gare, j’aime profondément ma mère. Mais je la sais dure lorsqu’intervient un élément qu’elle n’avait pas calculé dans ses projets.

Mais

— Pourquoi suis-je ici si je suis un élément indésirable ?

Le jeune homme gloussa.

— Mère n’est point la Cheffe du Clan. Et ses projets nous sont de toute façon pour la plupart obscurs. Elle ne s’en ouvre jamais, à moins que nous ne les devinions car, alors, à quoi bon les cacher ?

J’observai son air désinvolte et me rappelai son aveu sur ses propres demi-vérités.

Quand les chats font des chats.

— Cela me rappelle un fait que je dois vous avouer, Damoiselle Luce.

Je n’aimai pas ce virage sérieux dans son expression.

— Lors de notre brève rencontre, je réalise vous avoir jugée à tort. Je me suis arrêté à cette robe bouffie et étrangement rabotée dont on vous avait affublée. À cette coiffure si sévère qui étirait votre crâne. Sans parler de ce rouge ridicule sur vos joues. Toutefois… je vous redécouvre en l’instant… Cet apparat simple et cette coiffure typique de chez nous vous siéent à ravir. Je sui sincère. En réalité, je vous trouve fort agréable à regarder.

Sa voix s’était faite douce comme une caresse. Je voulus déjouer ce qui m’apparaissait n’être qu’une approche bien rodée.

— Vous vous êtes targué de ne jamais mentir. Charmez-vous toujours les femmes que vous abordez ?

— Non, ronronna-t-il, je garde mes compliments pour celles que je trouve réellement belles.

Il est doué, m’agaçai-je en sentant mon orgueil frémir malgré le grondement de ma raison.

D’ordinaire, je fuyais les joueurs de charme et n’engageais pas ce genre de partie.

Chat échaudé…

— J’insiste, vous êtes faite pour épouser notre mode locale, dit-il en effleurant ma taille d’une main légère.

Je reculai un pied et tentai de trouver une remarque ou une question, quelque chose pour ramener notre échange à un sujet sage.

— En parlant de mode locale, est-ce l’usage de maintenir ce lieu dans la pénombre ? C’est …

— Pardon, me coupa-t-il, sont-ce vos cheveux naturels ?

— Mes… ? Évidemment.

— Étonnante harmonie.

J’haussai haut un sourcil.

C’est quoi l’intérêt de cette remarque ?

Ce n’étaient que de simples mots, je n’aurais pas dû être si déstabilisée. Je m’en voulus. Je manquais d’assurance.

— Ce marron chaud, le gris dans vos yeux, ce rosé sur vos lèvres… Chaque teinte au service de l’autre.

Il effleura d’un doigt le fin réseau de mèches tressées près de mon oreille. Une pierre bleu nuit, plus discrète que celle de sa mère, y brillait avec majesté.

— C’est une palette apaisante à regarder, murmura-t-il en traçant une ligne brûlante sur ma joue.

Puis il se pencha vivement et y déposa un baiser, si proche de mes lèvres que j’eus la sensation de goûter les siennes. Le rouge irradia mon visage. Je serrai les mâchoires à m’en faire mal et écrasai ma langue contre mes molaires. Je lui crachai le plus noir des regards, mais restai figée. Que devais-je dire ?

Cazelain recula de lui-même.

— De cette brève intimité volée, je m’octroie le droit d’à présent te tutoyer.

Il compte s’octroyer autre chose ? Il peut aller se…

— Paix, Luce. Vive réaction… Je suis désolé. N’aie crainte, dès ce jour, je te promets de ne plus te toucher sans ton accord explicite.

Il porta contre ses lèvres la main qui m’avait caressé la joue et m’envoya un baiser du bout des doigts .

— Cazelain, gronda la voix de son ainé.

Il se tourna pour lui faire face.

— Mon frère ! s’extasia-t-il. Maintenant je scelle ma promesse. Mais il est temps que j’aille récupérer notre mère, tu sais que je n’aime pas la laisser s’enfumer trop longtemps les poumons.

Il envoya un identique baiser du bout des doigts à son frère avant de s’en aller, le port altier.

Un jouet. J’ai l’impression d’être un jouet.

Son départ me ménageait un tête à tête avec Wolf Storm, car même si deux longues tables auraient pu se glisser entre nous, nous nous retrouvions seuls dans cette grande pièce. Il me regardait. Un lien se tissa dans mon esprit.

Le fantôme de l’opéra…

Je songeai à cette triste histoire. Comme ce héros maudit, il portait un masque qui moulait et camouflait la partie dévastée de sa face.

Il moins terrible à regarder le visage à demi-camouflé…

C’était moins dissonant. Ou discordant.

Il semblait contrarié.

— Que ce soit clair, assena-t-il, je vous le rappelle : partout en ce monde, le respect de l’intimité est un droit. Aucun acte ne peut être imposé.

— J’entends, répondis-je avec hargne.

Je dépose encore ma colère sur lui, par défaut. Ce n’est pas bien…

Alors j’adoucis mon air bravache. Cet étrange masque me permettait de le regarder sans m’inquiéter de son œil noir, bien qu’une légère douleur commençait à m’incommoder à l’arrière du crâne. Il hocha du menton et retourna vers ses flammes. Cazelain et Dame Isaure furent de retour l’instant d’après. Charme et hostilité. Dans quelle extrême allais-je encore être propulsée ? J’aurais voulu m’approcher des flammes pour m’y perdre à mon tour. Mais je n’osai pas.

 

****

 

J’étais nauséeuse. Ce repas était une torture. Ce plat, insurmontable.

— Et puis-je savoir où se situe cette fois ce qui semble poser problème ?

J’insupportais Dame Isaure. La Mère du Château Lune ne m’avait plus adressé la parole depuis notre unique et bref échange. Il était évident que ma présence l’incommodait et elle ne se cachait pas d’évoquer la stupidité que je lui inspirais.

— Prendrait-elle plus de plaisir à être debout qu’assise ? Pourquoi ne s’assied-t-elle donc pas ? avait-elle vitupéré un moment après que Cazelain et elle soient revenus dans la grande salle.

— Je pense qu’elle ignore notre coutume, Mère. Je m’en vais la lui expliquer.

Ladite coutume consistait à offrir à l’invité le plus fraichement débarqué le privilège de lancer le repas ; à lui de s’installer à la place d’honneur de la tablée, celle la plus au centre, lorsqu’il était prêt à se sustenter. Une fois informée par le cadet du Clan, je m’étais empressée de rejoindre la place en question.

Les griefs s’étaient succédé au cours du repas. Maitre de l’aiguillage, Cazelain lissait chaque brin de tension qu’elle chuchotait d’une voix irritée avant de l’entrainer vers d’autres anecdotes ou réflexions. Par crainte de m’attirer des ennuis dans un monde sans repère, je gardais le dos rond et jouais l’oreille sourde.

—  Ignore-t-elle donc qu’elle passe pour une fillette ainsi nue de tout bijou ? avait-elle réprouvé à voix basse tandis que je m’appliquai à terminer un bouillon beaucoup trop relevé pour mes papilles.

— Je penserai à en toucher un mot auprès de sa Compagne.

Mais sur ce point, Dame Isaure avait contre-attaqué.

— Je remets toujours ton choix en cause. Une Dame de Château pareille à une charette vide guidée par une roturière sans expérience ou presque. Autant abandonner son enfant face à un fossé ; l’inévitable, si le miracle ne vient point, ne saurait être pardonné.

— Mais vous avez accepté de me laisser carte blanche, Mère, ce dont je vous suis gré. Ayez confiance en mon jugement. Et je vous supplie, gardez-vous d’un quelconque jugement, le temps d’une première lune, au moins.

Dame Isaure avait penché son verre de vin pour en taper la table de son pied transparent.

— Soit, mon fils, je n’aborderai plus ce sujet pour le quatrain à venir.

Elle avait ensuite avalé une petite gorgée rouge sombre avant de terminer son bouillon à la cuillère. Au plat suivant - une parcimonieuse poêlée de pommes de terre mêlées à une étonnante racine sucrée et fondante de teinte safran -, elle relançait une hostilité.

— Elle semble être une personne peu sûre d’elle ; même la tenue de ses couverts souffre de son indécision. Elle passe d’une prise droitière à une prise gauchère sans aucune considération pour l’une ou l’autre.

— Peut-être est-ce l’usage là d’où elle vient ? tenta Cazelain tandis que je m’accrochais à ma fourchette. Vous-même n’étiez-vous pas arrivée avec quelques habitudes que feu Grand-père avait trouvées saugrenues ?

— Celles dont je ne m’étais empressée de me défaire, il les avait lui-même adoptées.

Ainsi allait la conversation. Entre eux. Du moins, jusqu’à cet instant.

— Pourquoi ne se sert-elle pas de viande ? insistait-elle.

Un employé du château avait déposé au centre de la table une volaille à la croûte dorée et craquante. Dame Isaure avait invité Wolf à la découper. Ma tête avait dû en dire long, car celui-ci avait disposé une part dans chaque assiette sauf la mienne, m’invitant par ailleurs à me servir de ce que je voulais pour éviter tout malentendu. Mais je ne pouvais me résoudre à toucher à cette viande... Et lorsque Cazelain et Dame Isaure entreprirent de dépiauter leurs ailes et leurs cuisses d’adroits doigtés, je m’étais sentie verdir et ravalais encore en cet instant la bile qui remontait par vagues incessantes de mon estomac supplicié.

— Chère Luce, auriez-vous un régime excluant la viande ? interrogea Cazelain d’un ton badin.

Parler signifiait ouvrir la bouche. Cela m’était impossible.

Garde le contrôle. Garde le contrôle.

— Ce n’est pas une raison pour changer de couleur.

Dame Isaure ne chuchotait plus.

— Très chère, si vous vous donnez en spectacle sans prendre un temps soit peu sur vous lorsqu’un plat vous incommode, vous ne vous attablerez plus en ma présence.

Les pieds de la chaise de Wolf Storm raclèrent bruyamment le sol. L’air sombre, il se tint debout, son attention braquée sur sa mère - mais pas dirigée vers son visage, il fixait un point quelque part entre son épaule et sa clavicule. Sa réponse s’adressa à elle tout autant qu’à moi.

— Ces doigts velus qui n’en sont pas, dit-il d’une voix sourde, ces griffes qui tranchent et sectionnent. Ces gueules qui hachent, mâchent et avalent. La première fois que j’ai assisté au spectacle d’une Bête se nourrissant de mon prochain, j’en ai été longuement malade. Je me souviens la façon dont chaque viande me retournait l’estomac. Deux sinon quatre quatrains m’avaient été nécessaire pour y revenir. Mère, vous êtes bien des choses, mais vous n’avez jamais été une guerrière de terrain. Laissez à ceux qui ont vu le temps de se remettre.

Ses traits étaient durs.

Il a compris.

J’avais entendu le craquement d’un corps qu’on ouvre de force, j’avais vu leurs mains-pattes s’y servir, délicatement, morceau par morceau... Le sang qui dégoulinait sur les poils de leurs gueules écœurantes…

Cazelain pressa deux doigts sur son front :

— Mais oui ! Je m’en souviens ! La brave Midine, encore jeune à l’époque, elle te préparait de minuscules tourtes pour t’en faire manger à ton insu.

— Cela ne me dit rien, renifla Dame Isaure.

Dana choisit cet instant pour passer devant les portes restées ouvertes sur le couloir.

— Douce apparition ! s’extasia Cazelain en l’appelant à nous de larges moulinets du bras. Vous nous revenez au bon moment.

Il me détailla brièvement :

— Luce, désires-tu regagner tes quartiers ?

J’acquiesçai, honteuse de ne pouvoir desserrer les lèvres. Dame Isaure émit une note de dédain, elle était de glace et regardait ostensiblement son verre de vin qu’elle tenait à hauteur de lèvres.

— Tu ne te rassieds pas, Wolf ? cingla-t-elle. Tout cela n’est pas dans tes habitudes.

— J’ai la migraine. Cela m’a toujours coupé l’appétit.

Il n’avait pratiquement pas touché à son assiette et s’en fut sans un mot de plus.

— Quittez donc la table dans son sillage, Luce, j’accompagnerai Mère pour faire honneur au dessert, gazouilla Cazelain comme si rien de fâcheux ne venait de se passer. Dana, vous n’aurez qu’à lui faire visiter le jardin d’hiver en chemin.

— Oui, mon Sieur Cazelain.

Il n’avait pas proposé, sa phrase était un ordre : Dana s’y plierait. J’espérais que de nombreux pots de fleurs jalonnaient ce jardin. J’espérais aussi que les repas en famille faisaient office de rareté au Château Lune.

****

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Ophelia
Posté le 20/10/2024
Coucou ^^

Encore un chapitre dévoré en un clin d'œil ! Ton histoire est vraiment captivante (je le dis tout le temps mais c'est vrai).

J'ai hâte de voir comment vont évoluer les relations entre Luce et Dame Isaure <3
Lily D.P.
Posté le 20/10/2024
C'est pas grave, avec mes doutes, ça calme à peine mes craintes de mal faire X'D Répète autant de fois que tu le penses :p
Contente de savoir que ce chapitre t'ait plu ^^
Ophelia
Posté le 21/10/2024
Compte sur moi pour de le dire à chaque fois alors <3
A Dramallama
Posté le 03/10/2024
Bon je poste mon commentaire ici, parce que je viens d'engloutir tous tes chapitres d'une traite, mais je reviendrai ensuite chapitre par chapitre dire mes ressentis (enfin si ça t'intéresse ^^') quand j'aurai un capital sommeil supérieur à celui d'une moule.

J'adore ton histoire, sincèrement, j'ai été happée direct. Ta protagoniste est incroyable à suivre, un mélange de courage, de perfection et d'imperfection (ne pas savoir danser, soooo relatable)! Et j'aime beaucoup son arc narratif. Ce n'Est pas une élue de la prophétie, ni une surfemme, c'est une femme, dans toute sa badassitude et ses dilemme normaux (se laver les cheveux ou dormir lol). J'adore aussi ce nouveau monde, vraiment sans pitié, et j'ai hâte de lire la suite (surtout le Roi, je sens qu'on a pas fini d'en entendre parler) et des traumatismes logiques.

Dans ce chapitre, on sent son malaise d'être 'jetée' dans une société qui ne prend pas 5 mins le temps de lui expliquer les coutumes (mais qui n'a aucun complexe à la juger, ou à la laisser se faire transformer en club sandwich)! La Dame des lieux est si infecte que je trouve ça fa-sci-nant (que se passe t il dans son cerveau de vouivre, comme dirait Luce, lol)

Bref, mon commentaire n'est pas des plus structurés, mais en bref, je suis fan de cette histoire, elle est dans ma PAL direct, et je trépigne d'impatience de lire la suite

a bientôt!
Lily D.P.
Posté le 04/10/2024
Ôla ^^
Ton retour me fait tant plaisir <3 Pluie de paillettes ^^
Je te réponds plus en détails plus tard, mais je ne voulais pas rester longtemps sans réponse alors que tu as pris de ton temps pour me partager ton retour et ressenti. ^^ Merci :)
Lily D.P.
Posté le 10/10/2024
Et je reviens ^^' (je stagne aussi au niveau mollusque, bombardée sans répit par les microbes et les microbeux).

Dis, je comprends pas "soo relatable" ^^' ahah, je veux bien une traduction... Je sais pas si c'est souligné bien ou pas bien. En tout cas, pour ça, je suis partie de moi. J'adore la musique !!! Je danse tellement bien dans ma tête ! J'imagine même des chorés pour mes élèves qui sont gentiment saluées par les parents. Mais je suis raide comme un piquet, je confonds ma gauche et ma droite, je suis démontée par les regards et la promiscuité des autres. Bref. Grande frayeur et frustration que la danse pour moi. :p

Isaure incarne ces femmes qui m'ont fichu la trouille plus jeune... :p

Je suis contente de (re)lire ton enthousiasme ^^ J'espère que la suite te plaira tout autant. Je n'ai jamais été si loin dans une rédaction de roman :[] J'espère que la trame tiendra bon dans la longueur ^^ N'hésite pas à me partager tes conseils, incohérences relevées, etc :) Je suis soulagée que Luce te plaise ^^ Je trouve plus difficile à définir le perso principal que les secondaires ^^' Je suis plus à l'aise avec eux.

Au plaisir de te retrouver par ici :)
A Dramallama
Posté le 29/10/2024
Saluuut!

Relatable c'est mon anglais qui est venu me parasiter le cerveau (comprendre, on s'identifie à elle, en tout cas moi oui) c'Est rafraîchissant d'avoir une héroïne qui est plus à l'aise pour casser des bouches de créatures maléfiques que d'être sur la piste de danse ^^.

Vraiment je me répète (mais parce que c'est comme les cookies, pour moi on en a jamais assez), mais j'Adore ton histoire. J'ai pas eu trop le temps de poster des commentaires comme je voulais mais maintenant que j'ai un peu plus de temps je vais essayer de m'y remettre (en plus je vois avec délice que j'ai quelques chapitres à découvrir et j'ai trop trop hate)!

bref, à bientôt!
Fhuryy
Posté le 02/10/2024
Outch la mère est pas sympa 😭
On sent le malaise de Luce d'être projetée dans une société qui ne sied pas et dont elle ne sait rien. La mère qui s'attend à ce que la pauvre enfant soit parfaite, discrète, mais qui, je le sens venir, trouvera toujours quelque chose a lui reprocher ><
Encore un chapitre incroyable ❤️❤️❤️
Lily D.P.
Posté le 02/10/2024
<3 Oooh merci ^^ Je cale et galère sur mon chapitre en cours. Figure-toi que c'est justement un dialogue entre Luce et Dame Isaure ^^' Mais j'y suis presque.
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