Chevalière-puce

Elle est haute comme trois pommes mais fière comme un mas de bateau,

avec son armure qui grince et son casque de travers.
 

Tu ne la verras jamais avec une épée à la main parce que ce n’est pas une petite chevalière de grand combat.
 

Chevalière-puce est plus puissante encore.
 

Amie des dragons, capable de créer une cabane au fond du jardin avec quelques bouts de ficelle et du ruban adhésif,

elle joue à prendre le thé sans en aimer l’odeur,

elle se déguise en léchant le goût de l’hypocrite sur le bout des lèvres.
 

Chevalière-puce, c’est facile de la visualiser. Ferme les yeux, elle est déjà là.

Tu l’apercevras souvent à se dandiner dans le royaume en perdant son pantalon de grande.
 

Elle traîne un chiffon plus long qu’elle un peu partout

et de sa poche dépasse une pizza fondue.
 

Une pizza qui respire, se vautre et ne se prend jamais au sérieux.
 

C’est agréable d’avoir une telle pizza dans la poche, non ?

On a tous besoin

d’un peu de mozzarella

dans nos quotidiens baguette de pain.

Chevalière-puce, elle relève un sourcil plutôt que de parler trop.

Les chaussettes dépareillées dans l’entrée,

depuis elle marche pieds nus, avec les orteils écartés.

Chevalière-puce voit la beauté dans une tâche humide au plafond. Elle dit :
 

— Ce n’est pas une tâche, c’est une trace.
 

Elle sauve les coquilles vides d’escargot,

d’une noyade certaine.

Elle dégomme les boucliers en carton

et les ronces en mousse.
 

Elle danse avec ses travers

parce qu’elle en a le droit.
 

Parfois, Chevalière-puce s’adosse

contre la porte de Lola la danseuse d’eau,

logée sous le nombril,

juste pour l’écouter

ronfler.