- J'vais t'faire jouir, susurre Gabriel à son tour provocateur, pénétrant sans attendre, son indexe en entier, à l'intérieur de l'intimité de sa « victime ».
A ce contacte un peu fruste Yann se cambre autant surpris qu'électrisé.
- Haaa...
- chhhuuuut ! Ma sœur et son mec sont là j'te rappelle, le met-il en garde.
Accompagnant ses paroles par le geste, il appose sa paume sur la bouche du jeune nymphet et commence le lent va-et-vient. Ainsi bâillonné d'une main et pénétré par les doigts de l'autre, Yann se retrouve complètement sous l'emprise de Gabriel dont la façon d'agir est bien différente de la première fois. C'est un peu affolant, en revanche ça ne lui déplaît pas du tout. Il ne faut que quelques minutes à Gabriel pour le sentir prêt à l'accueillir. La pénétration est sauvage, la bouche de Yann indiscrète et ce, malgré la main plaquée fortement sur elle afin d'étouffer ses gémissements.
- Ha c'est bon... lâche son "tortionnaire". J'aime t'faire l'amour, j'aime comment tu réagis, j'adore t'faire d'l'effet comme ça.
La bouche de Gabriel remplace la main qu'il avait posé là et le rouquin en profite pour rugir pendant un ultime baiser.
Il a jouis avant l'autre. Il se ressaisit et ses mains deviennent à leur tour audacieuses, un bon moyen d'accélérer le rythme, et c'est maintenant à Gabriel de gémir sous les caresses insidieuses de son amant.
- J'viens ! râle celui-ci, les yeux brillants.
Yann est comblé, son ventre déjà trempé. Essoufflé, apaisé, le corps lourd de son amant pesant sur lui, il écoute quelques instants la respiration courte du brun et les battements rapides de son cœur.
Gabriel relève juste suffisamment le menton pour emprisonner de nouveau les lèvres de l'autre dans un long baiser langoureux.
- Ce que tu peux être doux avec moi, déclare ensuite Yann à haute voix.
- T'es bête, bien sûr, tu t'attendais à quoi ?, En plus c'était plutôt agressif là.
- La tendresse est tellement dans ta nature, ça laisse rêveur, j'ai connu bien autre chose avant toi. Ça n'était pas agressif comme tu le dis, simplement endiablé mon lapin. Tu enveloppe ta passion dans du velours. C'est touchant.
- Bha, on fait l'amour quand même, j'te baise pas moi !
- C'est exactement ça, acquiesce Yann en regardant le plafond, la main fouillant les cheveux du brun.
Ils sursautent tous deux lorsque Laurianne frappe brusquement à la porte.
- Gabriel ? !
L'interpelé bondit en bas du lit et maintient la porte de sa chambre fermée d'une main. Protection uniquement machinale, sa sœur ne s'étant pas permis le moindre geste pour l'ouvrir.
- Heu, oui ? interroge-t-il d'une voix inquiète.
- On va dîner en ville, est-ce que tu viens avec nous ?
- Nan c'est bon.
- Tu es sûr ? Nous allons sûrement rentrer tard, Erwan aimerait faire une balade de nuit après le repas. Tu n'as pas peur de rester seul ?
- Non, Ch'uis avec Yann.
Un léger silence embarrassant plane de chaque côté.
- Ha... Il n'y a pas de lumière sous ta porte, je pensais qu'il était déjà parti. Bon, on vous laisse alors.
Une fois seuls, la maison à eux, Gabriel prend Yann par la main et sans un mot l'emmène vers la salle de bain.
Une douche silencieuse dans la pénombre, presque sans lumière, des regards entendus, des échanges timides, des caresses intimes, de nombreux baisers et l'envie de l'autre qui enfle de plus belle.
- Savonne-moi, réclame Gabriel, se languissant déjà.
- Si tu me tournes le dos...
- Tu as de toutes petites mains hihi !
- Et les doigts fins ! raille-t-il joignant le geste à la parole.
- Ha !
Yann se plaque contre son dos, le jet d'eau chaude coule sur eux.
- Alors c'est mon tour, c'est bien ça ? demande-t-il d'un ton coquin.
Ils font l'amour une nouvelle fois pendant presque une heure, intervertissant les rôles. Les gestes délicats et experts de Yann remplacent l'union sauvage dictée par Gabriel, l'acte ressemble davantage à un câlin sensuel.
- Ça va ? Tu trembles, se soucis Gabriel en le voyant grelotter au sortir de la douche.
- Le préservatif sous l'eau, j'étais pas sûr, alors je suis resté loin du jet, j'ai froid.
- Vient là !
Le brun le plaque contre lui et les enroulent tous deux dans un drap de bain chaud. Ils restent enlacés quelques instants, dans la chaleur humide et parfumée, avant de quitter le couloir pour rejoindre sa chambre.
Quelques minutes plus tard, Yann toujours dans la serviette, admire la plastique de son amant nu, luisant sous la lumière de la lampe de chevet. Occupé à remettre la literie en ordre pour la nuit, les cheveux noirs ruisselants dans son dos, il s'affaire, montrant sans complexe, sa nuque large, son torse et ses abdos musclés ainsi que ces fesses rondes et rebondies.
- Tu m'mates ?
- Oui.
-Et ça t'plais ?
- La vue est belle.
Avant que Yann n'ait le temps de réagir, il se retrouve une fois de plus dans les bras du métropolitain.
La serviette glisse lentement. Une main sur ses fesses et l'autre sous son menton Gabriel le mange des yeux.
- Toi t'es sublime.
- L'amour est aveugle !
- Tu rigoles ? R'gard'toi ! demande Gabriel en l'attirant devant le miroir.
Yann détourne les yeux et le repousse rapidement.
- Arrête. Un corps pareil c'est la honte, affirme-t-il, transformant aussitôt son expression à l'aide de sa fameuse mimique sarcastique. Aller... au lit, tu m'as épuisé !
Gabriel en un mouvement l'attrape de nouveau.
- Ch'uis sérieux, qu'est-ce que tu t'reproches? C'est beau c'que t'es.
Yann baisse les yeux et sa grimace s'oblique davantage.
- Ce que je suis...Tu es un vrai gentil toi. Il faudrait déjà savoir ce que je suis, enfin, l'important pour moi, c'est que je te plaise à toi.
Il se couche à plat ventre la tête sur l'oreiller.
- Je suis vanné.
Gabriel l'observe un instant avant de s'affaler sur lui à son tour.
- Haaa Gogoz' tu m'écrases ! se plaint le rouquin.
-Si j'me r'tenais pas...
- Quoi donc ?
Gabriel répond par une caresse coquine entre ses jambes, il s'attend à ce que l'autre se débatte. Aucune réaction, Yann ne bouge pas.
- Tu dors ?
- Comment veux-tu que je puisse m'assoupir avec ta main entre mes fesses ? répond-t-il, la tête presque dans l'oreiller et le corps écrasé par son amant.
- Si tu m'laisses faire j'vais t'violer !
- Pour que tu me violes mon chou, faudrait que je ne sois pas consentant.
Gabriel glisse sur le côté et l'oblige à se retourner.
- On a passé prêt d'quatre heures à faire l'amour et tu m'laisserais encore t'sauter d'ssus?
Yann mate l'érection de son amant.
- Tu as encore envie, non ?
- Et toi ? Tu viens d'dire qu't'étais crevé !
Yann se contente d'attraper et de mettre un préservatif sur le sexe de Gabriel, sous les yeux ébahis de celui-ci.
-T'es sûr ? J'veux pas t'faire d'mal, à force...
Les yeux de Gabriel s'agrandissent davantage lorsque pour toute réponse son bel amant s'empale sur lui sans ménagement.
- Dieux haa ! T'es fou !
Yann ne l'écoute pas et commence d'emblé à onduler. Étant plus souvent passif que Gabriel son corps a subis plus d'assauts que celui de l'autre, la douleur est donc présente mais peu importe. Le plaisir qu'il éprouve à regarder sous lui l'effet qu'il fait à ce garçon amoureux est plus important. Il pense par ailleurs que leur temps est compté et qu'il leur faut profiter du moindre moment.
Ce bel ange gracile au dessus de lui, la tête en arrière le regard voilé, les cheveux rouge mouillés qui se balancent au rythme soutenue de ses déhanchements, rend le tableau de cette scène absolument magnifique. Une lumière froide illumine se corps d'éphèbe, sa chevelure humide sème une fine pluie étincelante, comme tout autant de petites d'étoiles.
Le sexe de Gabriel est devenu très sensible, le moindre mouvement de Yann et les sensations se trouvent multipliés, presque douloureuses elles aussi. La sève monte très vite, d'avance il sait que l'étreinte sera expéditive. Il s'empare des hanches de l'andro se laissant totalement emmener par cette cadence vive. Les gémissements de Yann se transforment en un seul crie qui finit d'exciter pour de bon Gabriel. L'attrapant par le cou, le plaquant sur son torse, il termine dans un râle, enlacé à lui.
- T'es fou ! lance-t-il. T'es complètement fou ! Et toi tu n'as pas jouis en plus !
- Toi oui, c'est ce qui importe, déclare Yann.
Gabriel le dépose sur le côté lui caressant une fois de plus l'ovale du visage.
- T'es tellement à font avec moi, j'ai l'impression d'être exceptionnel au lit ! J'crois qu't'es la plus belle chose qui m'soit arrivé.
Se serrant davantage contre lui, Yann ému ne trouve rien à répondre.
*
Le sable bouillant chauffe le dos de Gabriel. En l'enjambant, l'ombre de Yann lui cache un instant le soleil. De sa courte chevelure, l'androgyne, lui laisse glisser sur le torse, une petite pluie fine et salée de ce bain d'eau de mer fraiche et piquante, dont il vient tout juste de remonter.
Hâ ! Son rire cristallin, Gabriel devine à peine sa frimousse radieuse à cause du contre jour produit par le soleil, mais il l'entend.
L'épisode de la veille est très présent entre eux, la sensibilité de Yann l'étonne. Sous sa carapace, ses moqueries et ses grands airs, c'est un garçon fragile. Fragile mais également chaud et sensuel ! Le bel ange se laisse finalement choir, chevauchant ainsi mollement, le ventre du brun, avant d'abaisser ses bras croisés et son menton, sur le torse sec et chaud de Gabriel.
- Tu m'mouilles et tu caches mon soleil, se plaint ce dernier pour la forme.
- Vous m'attristez très cher, je croyais être votre seul soleil.
Et posant sa joue fraiche sur les pectoraux du goth, il ferme les yeux et goûte une autre chaleur.
- Hum... Qu'on est bien, souffle Yann ainsi couché. Ça va être si dur de te quitter ! Ha lala ! Emmène-moi dans tes bagagees ! ajoute-t-il en couchant l'oreille sur le cœur de l'autre.
Un silence lourd de sens s'impose. Gabriel dont le cœur se serre, rabat ses bras pour y emprisonner cet angelot blottis contre son torse.
- Oui, viens avec moi, j'veux pas t'quitter.
A ces mots Yann se raidi. La demande n'en était pas vraiment une. Il le savait, depuis le début, il s'en doutait, que cette phrase finirait par tomber. Pourtant le coup de massue arrive un peu tôt. Il avait lui-même eu si peur de tomber dans ce piège. L'un ou l'autre il faut bien que quelqu'un craque et mette des mots sur ce désire là. Ha ! Qu'est-ce qui lui à pris de balancer ça aussi ? Yann repousse nerveusement les bras de Gabriel, il est en colère, il ignore un peu pour quelles raisons et contre qui, mais il l'est.
- Ces rêves là sont douloureux, pense-t-il, fallait-il les invoquer à haute voix ? Je suis con, je suis con !
Cependant, lui, considère n'avoir que sous-entendu, la dureté de la séparation. Il ne souhaitait en aucun cas se mettre à la nier, sans doute aurait-il dû tout bonnement se taire.
Se haussant sur un coude, Gabriel un peu déconfit le regarde se relever en marmonnant.
- Idiot, jette le rouquin entre ses dents. Évite de dire ce genre de choses, c'est stupide !
- Pourquoi ? Tu pourrais...
- T'es vraiment un gamin !
Gabriel s'assoit pour le voir commencer à récupérer ses affaires un peu rageusement.
- Qu'est-ce que j'ai dit d'si idiot ?
- Gabriel, je vis ici, tu vis là-bas, tu es là pour quelques semaines, moi j'ai pris perpette. Profitons du temps qu'il nous reste et arrête de dire des bêtises plus grosses que toi. Tu vas me pourrir avec tes idées. On est dans la réalité là, arrête de fantasmer.
Lui tournant le dos, il s'avance déjà vers l'escalier remontant à la route.
- J'te signale qu'c'est toi qu'as commencé ! balance alors Gabriel.
- C'était pour rire ! Si tu sais pas faire la différence...
- Quel humour !
- ...
- Yann, j't'aime !
Le rouquin frisonne, son pas se stoppe. Ces mots, une nouvelle fois, pourraient le rendre heureux. Il a attendu si longtemps que quelqu'un les lui dise enfin. Son cœur se fend, chaque fois qu'il les entend, au lieu de se gonfler de bonheur. Il serre à présent si fort sa serviette que ses ongles entament la paume de sa main. Ne pas pleurer, ne pas lui laisser la moindre chance d'ouvrir une brèche chimérique. Il tressaille quand Gabriel capture son poignet, sert les lèvres quand un bras le plaque contre ce corps si souvent ardemment désiré. Le souffle chaud dans son oreille, les mots si doux et si douloureux à la fois, l'achèvent.
- J't'aime, x'cuse-moi si c'est gamin d'croire qu'c'est possible. C'est juste que quand t'as dit qu'tu voulais que j't'emmène... J'réalise d'plus en plus que tout c'que j'désire c'est être avec toi.
- Je savais qu'il ne fallait pas. Tu n'es qu'un enfant.
Ses dernière paroles vexent Gabriel, cette fois, il le lâche, baissant la tête serrant les poings, irrité.
- Arrête de dire ça ! Ch'uis assez adulte pour qu'tu t'envoies en l'air avec moi ! C'est pas parc'que t'as pas l'courage de tes opinions qu'tu dois traiter les miennes d'enfantines.
- C'est impossible ! OK ! Chéri, toi et moi c'est du flirt de vacances ! TU le sais, NOUS le savons ! Depuis le début ! J'ai vingt quatre ans, qu'est-ce que tu crois que je vais aller foutre en métropole sans logement, sans boulot avec un gamin de dix huit ans putain ! ?
- Dix neuf !
- Ouais dix neuf c'est pareil ! J'ai mon job ici, ma famille, mes amis.
- Ton job c'est d'la merde, ta famille t'en a rien à foutre et parlons en d'tes amis hein ! Arrête avec tes excuses bidons !
Yann estomaqué de le voir oser se rebeller, ne répond rien.
- L'mioche te d'mande qu'est-ce' tu perds ton temps pour seulement quelques s'maines, si t'as rien à fabriquer avec moi hein ? Qu'est-ce tu fous donc ici ? Pourquoi m'dire de t'emmener dans mes bagages, si la question ne t'contrarie pas toi aussi ? La vérité c'est qu't'en crève d'pas oser t'avouer qu'tu m'as dans la peau ! La vérité c'est qu't'es juste mort d'trouille ! La voilà la vérité !
Gabriel est si sûr de lui.