(Chp 3) Elyott

Par Chalice
Notes de l’auteur : Mes excuses d'avance pour les coquilles, c'est un fichier de travail. Cha ;)

J’en suis déjà à mon second tour lorsque le RA débute vraiment. Heureusement que mon client ne peut pas me voir car toute personne normale aurait pour réflexe de me suivre des yeux sans faire attention. Au dernier moment nous avons décidé de supprimer l’hologramme visuel et les lentilles connectées pour cette raison.

Vous pourriez croire que l’Holo’s est né suite à une longue conversation entre Az et moi, pendant laquelle nous avons combinés nos extraordinaires cerveaux, mais la réalité est tout autre. Je vous remets dans le contexte. Après le lycée nous avons suivis chacune notre voie tout en gardant contact quasi quotidiennement. Vu le désastre de nos vie amoureuses et sexuelles il fallait au moins ça pour survivre à toutes ces années d’études. Suite à l’une de nos nombreuses soirées arrosées on a même décidé de s’offrir mutuellement un “Kit de survie hormonal”. On a chacune prit nos ordinateurs et commandés une jolie boite remplie d’objets vibrants ou non, certains faisant même peur, de toutes les couleurs et le tout sans savoir ce que l’autre avait choisi. Ça a sauvé certaines de nos nuits.

Enfin bref, tout ça pour vous dire qu’à la fin de nos études, nos diplômes en poches et pleines d’espoir pour cet avenir glorieux n’attendait que nous, on a finalement très vite déchanté. Az venait de passer un entretien à justifier son choix d’études à un arrogant juriste dont les yeux alternaient entre sa montre et les seins d’Azeline. Il ne comprenait pas pourquoi elle voulait absolument trouver un emploi combiant ses deux domaines d’expertises. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’elle a débarqué chez moi avec deux bouteilles de Chablis, en plus de celle que j’avais dans mon frigo et que je me suis empressée d’ouvrir à son arivée biensur, et que le lendemain en plus d’avoir une gueule de bois à faire palir le soulard du bad du coin, j’étais l’heureuse co-directrice d’une société de rendez-vous assistés appelée Holo’s. Après avoir bu un second café bien corsé on a réussi à se souvenir que le début de la conversation était à propos des entretiens qui pouvaient mal tourner et qu’avoir un coach sous la main pouvait être utile. La leçon qu’on en a retenu, c’est que les bouteilles de blanc à foison, débats alcolisés et ordinateur font parfois vraiment bon ménage. Du coup on a continué et qu’on est devenu des adultes responsables. Enfin presque.

J’entends mon client parler de la météo d’une oreille et reviens rapidement au présent. Qu’est ce qu’il raconte?! On s’en fout de la pluie! Oui bon enfin, je vais essayer de lui faire comprendre courtoisement. Courtois. Vous avez saisi? A l’expression déconcertée de mon client je comprends qu’il m’entends glousser et ne doit pas en comprendre la raison. S’il savait. Hum.

“Mr Courtois, nous sommes ici pour rappeler les règles de civilités à votre locataire. Regardez-le bien, il n’arrête pas de jeter des regards à son téléphone portable qui est posé sur sa cuisse. Je sais que vous ne pouvez pas le voir de là où vous êtes assis mais moi oui. Bon expliquez-lui pourquoi vous vouliez le voir, ne souriez pas autant où il va penser que ce n’est pas si grave.

- Euh, Fabien. J’ai eu des retours de la part de votre voisinage concernant la musique qui tourne avec un volume qu’ils jugent ahem… inappropriée…

- Très bien expliqué, soyez sûr de vous Mr Courtois, c’est lui qui est en tord. Ce n’est pas la première fois que vous lui demander de faire attention, cette fois vous ne demandez plus, vous exigez.” Je vois mon client équarquiller les yeux mais il se reprend vite et dit d’un ton bien plus déterminé cette fois:

“Fabien, ce n’est pas la première fois que je vous en parle, j’espère que vous comprendrez que cette fois il faut remédier à cette situation immédiatement…

- Sinon vous serez dans l’obligation de changer de locataire. Allez-y carrément, regardez-le il commence à comprendre qu’il a trop abusé de votre gentillesse.”

Mon client répète mot pour mot ce que je viens de lui suggérer et l’effet sur son locataire est quasi immédiat. Je vois bien que le jeune se tasse de plus en plus dans sa chaise en prenant un air penaud. Il serait temps qu’il arrête de prendre les gens pour des imbéciles en même temps! C’est fou d’être si peu respectueux de son entourage! J’ai un mal fou à comprendre comment on peut se comporter comme ça, il y a un minimum à respecter lorsque l’on vit en communauté. N’en fais pas toute une hostie Elyott calme toi-

“Hum hum” Quelque chose dans l’expression choqué de Mr Courtois me dit que ce n’est pas sa première tentative pour attirer mon attention. Bah.

“Pardonnez-moi. Vous avez fait du très bon travail. Votre locataire a l’air d’avoir complètement compris le message. Je pense que ce rendez-vous assisté ici est terminé. J’éteins l’enregistrement ainsi que la connection entre nos boitié. Je vous invite à prendre rendez-vous avec notre secrétaire pour le bilan et la remise du boitié. Je vous souhaite une bonne journée Mr Courtois.”

Une fois que tout est éteint, je récupère la clé usb, la glisse dans le dossier du client et retourne à mon bureau. Bon, je crois qu’il est temps de ranger ces papier. Je n’ai pas d’autres RA ce matin ni même de réunion donc je n’ai rien d’autre à faire. Et comprenez par là, que je n’ai plus d’excuses pour ne pas le faire. Je procède méthodiquement, c’est à dire du mieux que je peux, et prépare des piles à ranger dans les dossiers, ou à classer dans le classeur à archives, ou encore à jeter. Je mets la dernière feuille dans mon dossier de contacts lorsque Clarisse entre dans mon bureau.

“Je ne te dérange pas?

- Je viens juste de terminer de trier mes papiers. Je ne me souvenais pas que mon bureau était si large.

- C’est vrai que c’est la première fois que je le vois si vide. Ça fait bizarre. On devrait mettre une plante non?

- Oublie ça. Demain j’aurais d’autres papiers venus remplacer les anciens.

- Pas faux. J’ai un client qui voudrait t’engager, il dit que c’est urgent mais ton planning est relativement pris.

- Pour quel RA?

- Une vente d’un bijou de famille à un particulier.

- Hum. Ça doit pouvoir se caler facilement, il ne faut pas énormément de préparation pour ce genre de rendez-vous. Tu m’envoie son contact par mail?

- Super! Je te fais ça tout de suite.”

D’après mon ordinateur, il me reste une demi-heure avant la pause déjeuner. J’ouvre le mail de m asecrétaire préférée et appelle directement le client dont elle m’a envoyé les coordonnées. Il déccroche dès la seconde sonnerie. Il m’explique qu’il a prévu de rencontrer l’acheteur ce mercredi mais qu’il souhaite être soutenu lors d’un RA pour cette vente. Je lui propose de venir à mon bureau en début d’après-midi juste avant mes deux RA d’affilés. Je lui prépare une fiche en même temps qu’il m’expose ses besoins exacts pour le RA. C’est assez classique, il ne connait pas l’acheteur, c’est la première fois qu’il vend un bijou de cette manière, il a peur de se faire avoir, etc… Il n’a pas énormément d’informations à me donner concernant l’homme intéressé par l’objet. Il reste deux minutes avant midi quand nous raccrochons. Qu’est-ce que je suis efficace aujourd’hui! Je m’impréssionne!

Je me faufile jusqu’à la porte du bureau d’Az. Elle est en train de taper un mail sur son ordinateur l’air très concentrée. Je lui accorde cinq secondes puis pose une fesse sur son bureau.

“Je ne sais pas toi, mais je mangerais bien un burrito à midi.

- Hum.

- Il y a le petit resto pas loin qui en fait des tops!

- Hum.

- T’en penses quoi?

- Elyott! Tu es encore en train d’embèter Azeline pour manger un burrito?”

La voix accusatrice de Clarisse m’arrache un sourire. C’est qu’ils font vraiment envie ces burritos! À chaque fois que je passe devant le midi, j’hésite à y aller. L’odeur de la viande et des oignons me fais saliver. Mais bon je marche en bande moi, comme pour aller faire pipi. J’ai besoin de ma meute. C’est très sérieux les burritos! Le soucis c’est qu’Azeline n’aime pas la nourriture épicée. Donc je sais que c’est une cause perdue d’avance.

“Je n’oserai pas!

- Elyott?

- Oui Az?

- Pourquoi ton planning est vide demain toute l’après-midi?

- Hein? Nom d’une chapelle en chocolat! Clarisse!! On a un bug avec le planniiiinnng!!

Notre secrétaire arrive en courant l’air alarmé. Elle se penche sur le-dit planning en fronçant les sourcils. Finalement, elle tourne son regard vers moi en soupirant.

“Tu m’as fichu une de ces peurs! C’est toi qui m’a demandé de bloquer ton après-midi je te signale. Tu passe voir ta grand-mère à l’hopital.

- Oh! Mais oui c’est vrai ça!”

Les filles lèvent leur yeux au ciel en coeur. Si c’est pas mignon! J’ai vraiment la mémoire d’un poisson rouge. Il faut que je mange plus de poisson. Ce qui est triste parce qu’il n’y a pas de burrito au poisson. Je crois bien que je vais devoir faire l’impasse dessus ce midi.

 

Je lâche mon dévolu sur un sandwich dans une boulangerie accompagné d'une part de flan nature. C'est le dessert préféré de mamie. Elle assure avoir perdu déjà 5kilos depuis son entrée à l'hôpital, alors qu'elle se porte comme un charme. C'est sa gourmandise qui en a pris un coup !

 

L'établissement n'est vraiment pas loin alors j'y vais en marchant. Le mois de septembre est doux et l'air sent bon l'automne. Cette saison a toujours eu une odeur particulière, un mélange de pommes chaudes et d'épices. Elle me donne toujours envie de me blotir dans un plaid avec une grosse tasse de chocolat chaud entre les mains. Az et Clarisse détestent devoir ressortir les écharpes et les grosses vestes, pour elles rien ne vaut la chaleur de l'été. Les pauvres ignorantes !

 

J'écope d'un regard blasé de la part du personne en passant dans le hall d'entrée de l'hôpital. Je suis entrée en ricanant toute seule. C'est une scène qui arrive souvent je pense. Mamie est dans l'aile gériatrique. Lorsque j'arrive devant sa porte, je croise son infirmière de jour qui sort. Elle m'adresse un sourire professionnel et part s'occuper des millions d'autres patients qu'elle a certainement à sa charge. J'aurais fait une très mauvaise infirmière, moi qui suit si mal organisée et oubli toujours un détail sur trois.

 

« Hum je sens du flan d'ici ! Entre donc Elyott ! »

« Bonjour mamie ! »

 

Le sourire aux lèvres, elle m'attend bien droite dans son lit. Je déteste vraiment la voir dans cette chambre. Tout autant qu'elle d'ailleurs. Elle n'a fait que de se plaindre de la décoration et du manque de sucreries depuis son arrivée. Je lui fais une grosse bise sur la joue et lui tend son flan. Pendant qu'elle croque dedans avidement, je m'installe dans le fauteuil en face de son lit et entame mon repas du midi. Après avoir pris deux belles bouchées, elle me regarde l'air sérieux. Oh non. Elle va encore me parler de mariage.

 

« Elyott, ma chérie. Tu as rencontré un beau jeune homme récemment, hum? Attends. Ne réponds pas, ton teint est le même que d'habitude. Si tu avais croqué la pomme interdite cette nuit, je l'aurais vu immédiatement. »

 

Je m'étouffe presque avec mon bout de pain à ses propos. Je ne sais pas si je dois rire de sa phrase ou m'offusquer de son sous-entendu sur la couleur de mon teint.

 

« Et non toujours pas de mari en vue mamie. » je lui réponds un brin amusée.

« Tu n'essaies même pas, hum ? » Mamie est persuadée qu'il faut prononcer les points d’interrogations, c'est pourquoi toutes ses questions se finissent par l'intonation « hum». Jusqu'à présent j'ai réussis à ne pas le reproduire, mais vraiment de justesse. Ses jurons me valent déjà bien assez de regards comiques.

 

« Pas vraiment. Tu sais bien que je n'ai pas le temps. »

« A d'autres Elyott ! » elle secoue du doigt accusateur dans ma direction pour appuyer ses propos. Bon, c'est vrai que je ne cherche pas activement non plus.

 

« Tu sors demain matin ? Veux-tu que je te ramène ? »

« Non, non je prendrais un taxi ça sera très bien. J'ai  hâte de rentrer et de dormir dans mes draps. Je vais sentir l'antiseptique pendant des jours. »

 

Je note dans un coin de ma tête de passer acheter deux ou trois bougies parfumées pour elle. Elle en fait une consommation astronomique toute l'année. Je note dans le coin à côté de cette première note, de dire à Clarisse de me le rappeler et je prie très fort pour ne pas oublier le tout avant de retourner au boulot demain matin. On passe toute l'après-midi à papoter de tout et de rien. à se prévoir des balades en forêts pour admirer les couleurs automnales ensemble et des weekends pâtisseries. On évite soigneusement le sujet de mes "géniteurs". Moi, parce que je m'en contrefiche, elle, parce qu'elle sait que le sujet est sensible. De toute façon, il n'y a rien à dire. Depuis qu'ils sont partis au soleil à l'étranger et ont laissé mamie m'élever, je n'ai jamais eu plus d'un coup de fil par an pour mon anniversaire.

 

C'est le personnel de l'hôpital qui finit par me chasser en début de soirée. Mamie et moi n'avons pas vu l'heure passer. Je rentre chez moi à pieds et frigorifiée puisque j'ai oublié mon manteau à l'Holo's. Pour ma défense, il faisait encore très chaud quand je suis partie dans l'après-midi. Je profite du chemin du retour pour appeler Azeline. Elle répond à la première sonnerie.

 

« Tu sais que ton manteau est resté sur ta chaise ? » dit-elle d'une voix sarcastique.

« Oui, j'ai super froid merci bien ! Alors des trucs à me raconter ? »

« J'ai encore eu un entretien avec lui. Et Clarisse t'as pris un rendez-vous qui avait l'air urgent pour demain matin. Pour une vente. »

« Encore ? Je te dis, il est amoureux. Et, okay ça marche, je verrai les détails demain. »

« Et je t'ai déjà dit qu'il était beaucoup trop jeune pour moi. »

 

Azeline a un problème psychologique avec la différence d'âge. Elle considère qu'avoir plus de 5 ans de différence voue le futur couple à l'échec. Et en plus elle ne supporterai pas d'être la "vieille" du couple. Ses mots exactement. "elle raconte n'importe quoi."

 

« J'ai entendu ça Elyott. Bref, sujet clos. Le prochain entretien qu'il demande je lui refuse tant pis. Tu rentres seulement chez toi ? Tu m'étonne que tu cailles! »

 

La bourrique se marre comme une baleine à l'autre bout de fil. Je lui laisse quelques secondes avant de lui souhaiter une bonne soirée et lui dire à demain. Elle rigolais encore lorsque je raccroche.

 

J'arrive enfin chez moi quelques minutes après, j'ai les doigts tellement engourdis que j'ai du mal à mettre la clé dans la serrure de l'appartement. Mon programme de ce soir va se résumer à prendre une bonne douche chaude et me caler devant une série télé un gros mug de soupe maison en main.

 

Juste avant d'aller à la douche, je me rappelle des notes abandonnées dans les recoins de mon cerveau et cours récupérer mon portable sur le canapé. J'aurais préféré y penser avant parce que là je suis complètement nue et je me gèle les miches au milieu de mon salon pour envoyer un sms à Clarisse.

 

« Fais-moi penser aux notes demain. Bisous ! »

 

Je l'imagine tout à fait en train de lire mon message et de se ruer sur l'un de ses innombrables carnets pour se mettre un rappel. D'ailleurs elle tape une réponse quelques secondes après. Je lis rapidement sa réponse qui se résume à « ??? Okay ! » avant d'aller prestement me détendre sous le jet d'eau chaude. Il m'aura fallut deux longues années de restrictions avant de pouvoir vivre confortablement grâce à Holo Ladies, mais quand je regarde ma toute nouvelle douche à l'italienne je sais que ça valait le coup de ne pas baisser les bras.

 

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