Cinq ans et trois jours.

Par Claire
Notes de l’auteur : Honnêtement, j'hésite à garder ce chapitre là. Si je dois être franche, depuis le chapitre de Simon, j'ai peur que l'histoire ne devienne ennuyeuse, si vous avez des remarques, positives ou négatives, sachez qu'elles sont les bienvenues.
Ceci dit bonne lecture.

Cinq ans et trois jours plus tôt.

Sur le canapé beige, l'une débardeur bleu, l'autre rose, bretelles fines, canicule, transpiration entre les seins, sur le front, Emma pense que ce n'est pas possible qu'il fasse plus chaud dedans que dehors ! Ses pieds contre ceux de Sarah, les orteils qui s'entortillent, c'est à celle qui aura le courage de se lever pour aller chercher une bouteille d'eau. Le match de football est presque fini, c'est à celle qui crit le plus fort lorsqu'un but est marqué par l'équipe qu'elles soutiennent.

Emma s'insurge à chaque fois: "Mais il est aveugle l'arbitre ! Y a faute là !"

Sarah sourit à chaque fois que son amie fait un commentaire, dit: "Tu sais, c'est son métier, ça se trouve c'était pas une faute, t'as mal vu."

"Tu sais chou, je t'adore, mais je peux te dire que c'est sûr que l'arbitre a été payé par l'autre équipe !"

"Tu exagères !"

Emma sourit; elle sait bien que Sarah à raison, mais têtue comme elle est, il serait difficile pour elle de l'avouer... A moins d'un compromis: "Je veux bien dire que tu as raison, si c'est toi qui va nous chercher une bouteille d'eau."

"Crève !"

Elle appuit sur son pied avec ses orteils, lui saute dessus, la couvre de baisers et SMACK sur les joues et sur les cheveux: "Tu m'étouffles Emma !" dit l'attaquée en rigolant.

Sarah la dégage doucement, va dans cuisine chercher une carafe d'eau et deux verres. Le gloss d'Emma rend ses joues et ses cheveux collants, on dirait du miel. Soudain, poche arrière qui vibre. Sarah regarde l'écran de son téléphone, fait la moue: "Je dois y aller, ma mère m' attend."

Bise, SMACK sur les deux joues, Sarah s'en va: "On se voit demain."

Emma éteint la télévision, se lève; le cuir du canapé a aspiré sa peau suante, elle a l'impression de s'en décoller. Elle soupire, file dans sa chambre à l'étage: un après-midi sans Sarah, c'est une putain d'éternité.

Emma se pose sur son lit, en tailleur, dos droit, comme à la danse, met ses écouteurs, prend un flacon de vernis truquoise sur son chevet. Fever dans les oreilles, odeur acide du produit dans le nez, goût d'olive dans la bouche, pélicule de sueur au dessus de la lèvre supérieure, elle la fait disparaître d'un coup de langue; olive salée maintenant. Toi Sarah, qu'est-ce que tu fais pendant ce temps ?

"Dans les yeux, ça se voit. La fièvre dans les yeux oui ça se voit. Mon coeur se serre j'ai tout fait dans la voix. Le plus souvent c'est quand je pense à toi."

Emma fredonne, sourit, orteils en éventails et...

"BAISSE TA MUSIQUE !"

Sursaut, le flacon de vernis tombe, le contenu s'étale sur la couverture.

Emma fusille son frère du regard: "Putain tu pouvais pas frapper couillon ?!"

"Je l'ai fait, mais tu m'as pas entendu, t'as que ça à faire de te peinturer les ongles ?"

"Dégage !"

"Ferme-là !"

Emma lui balance un coussin, il lui renvoit, tape fort avec; seuleument un an de plus qu'elle, et pourtant plus de force dans les bras: "Arrête couillon tu me fais mal !"

Elle se dégage, frotte la joue où il a a cogné: "Enzo t'es chiant !"

"Arrête, j'ai à peine frappé ! Et puis c'est qu'un coussin !"

Emma le fixe, larmes aux yeux, pense: punaise mais tu vas pas pleurer pour ça !

Enzo s'arrête de rire: "Merde, t'as vraiment mal ?"

"Va t'en."

"Pardon, je pensais pas..."

Emma arrache la couverture de son lit pleine de vernis, lui balance à la figure: "Et tu me dois une housse de couette !"

Enzo siffle entre ses dents: "Désolée péta..."

Gabin, petit frère de trois ans, entre.

"...pétanque... Pétanque."

Emma explose de rire, Enzo aussi: "Viens Gabin, on laisse Emma tranquille."

Ils s'en vont, Emma s'allonge sur son matelas,  soupire. Elle en vient presque à oublier que demain, Sarah fêtera ses quinze ans.

 

 

 

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Kieren
Posté le 18/05/2025
Alors, chapitre utile ou pas ?

Je pense que oui.
Déjà il y a une ambiance plus légère, plus joyeuse, comparé aux premiers chapitres. C'était il y a 5 ans, et visiblement, les personnages sont heureux. Cela donne des repères aux lecteurs : l'âge de Sarah, le type de personne qu'elle peut aimer (Emma, son genre et sa personnalité), comment elle interagissait avec les personnes qu'elle aime (donc il peut y avoir un changement de comportement dans le présent, car Sarah est plus ou moins détruite, au mieux blessée).
Tu introduis un nouveau personnage, qui est important pour le passé de Sarah, etc... Ce chapitre est utile.

Maintenant, pourquoi est ce qu'il ne te plait pas ? Parce qu'il n'a pas l'intensité des autres chapitres ? Ce n'est pas utile, voire nécessaire de toujours surcharger le lectorat. Ce serait comme aller dans un concert, et n'écouter que la même émotion musicale, voire la même musique. Même si elle est bien, au bout d'un moment on sature.
Donc, travailler plusieurs ambiances, afin de détenir et d'en entretenir tout un éventail te donnera un max d'outil et de matériaux avec lesquels travailler, construire et écrire. Tout cela dans le but de guider le lectorat dans une histoire et un univers varié, aux multiples saveurs, et articulés suffisamment correctement pour ne pas faire de fautes de goût. Une fausse note sur un piano, quoi.

Je peux voir dans ce chapitre une certaine hésitation, on a l'impression, en effet, que tu ne sais pas trop où tu vas avec ce souvenir. Tu le racontes en substance, mais tu n'as pas trouver la manière et la certitude pour faire rentrer ce chapitre dans ton histoire.
Une histoire est comme un rêve, on le suit, comme dans une rivière, il y aura des changements de thèmes d'ambiance, d'émotions, mais on y croit, et on n'en sort pas, à moins qu'il y ait un excès ou une fausse note.

Ton chapitre, je pense, est important, mais peut être que tu t'aies donnée comme contrainte de faire "aussi bien" que les autres chapitres, et donc, d'insuffler l'intensité des émotions dans un chapitre qui appelle au calme, et au plaisir du moment qui passe. Ce n'est pas compatible, ni même nécessaire. La quintessence, tu peux la retrouver dans tous les chapitres, toutes les émotions et les histoires que ça raconte. A partir du moment, bien sûr, que tu as quelque chose à raconter. Ce chapitre, s'il ne te plait pas, décortique le, comprend ce que tu voulais transmettre, ce que tu voulais qu'on comprenne, et retravaille le avec les informations qui te semblent primordiales à ton histoire.

Quand on raconte à l'oral une histoire, le conteur est plus important que l'histoire : il a une posture, des gestes, une intonation de voix, tout un langage non-verbale, et para-verbale, qui donnent le ton de l'histoire, et du moment de l'histoire.
Une scène légère ne doit pas être racontée avec de l'excitation. Une scène d'action ne doit pas être molle; pas pour les débutants en tout cas.

Débutante tu es, mais pas dénuée de talent, ni de passion à transmettre, ni de choses à raconter. Il te manque juste de l'expérience. Et expérience, tu acquerras en pratiquant, donc en écrivant, des esquisses ou des romans complets. Mais aussi en sentant les ambiances dans la vie de tous les jours. Soit attentive aux fluctuations des émotions dans un groupe d'amis, ou de collègues de travail; soit attentive à ce qui t'évoque des peines et du bonheur, de la colère et de l'amour, de la tristesse et de l'ennui. Comprend les histoires dans lesquelles tu nages, en permanence; comprend les histoires dans lesquelles les autres nagent, en permanence; et tu comprendras comment devenir ta seule juge, dans l'écriture, comme dans la vie. Ainsi, tu forgeras ton propre chemin, en toute responsabilité, en tout bien, et tout honneur.

Quand un problème est détectable, mieux vaut chercher soit même ses réponses; on est infiniment plus capables de réfléchir et de nous faire grandir par nous même en nous posant les bonnes questions. Ce n'est qu'après cet exercice que l'on peut poser la question aux autres. Ainsi, nous ne nous perdons pas dans ce que croient connaître les autres. On peut s'y inspirer, mais jamais le mendier pour nous soustraire à ce qu'on est.
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