VII – Clou de girofle
Journal de bord du CRI-Inès
Je n’y crois pas ! Nous avons enfin voyagé dans un monde parallèle ! Quand ? Comment ? Où ?
Reprenons dans l’ordre : éboulement sur le prototype « Voyageur ». Parallèlement, découverte d’anciens bouts de ferrailles dans une glace. Révélation d’un mur tout aussi antique, par la même personne, détruit ensuite par une brusque tempête emportant Claude et Dominique. Priorité : la sécurité des employés. Je réussis à les localiser grâce à leur téléphones – bien que normalement interdits.
Je retrouve Dominique. Il remarque en premier les puissants effluves épicés, qui nous accablent ensuite quand des autochtones émergent du brouillard. Ils me rappellent des viking, mais leurs nombreux piercings en clous de girofle, leurs parures en pommes d’ambre réfutent cette impression.
Notre première tentative de communication n’a pas été probante. Mais je garde espoir. Il faut seulement trouver un moyen de sortir de ce cachot embaumant noël.
VIII-Le roi du nord
« Domi T ou exacteman? »
« Garde espoir Claude, l’amour nous réunira »
« jvoudrè te trouV avan ! T ou ??? »
« Je t’ai dit, pas très loin du centre. Le vent ne nous a pas emmené très loin, et tu le saurais si tu étais resté au lieu de partir vadrouiller ! »
« cT pr te trouV ! Alor préciz ! »
« Quand le brouillard s’est levé, j’ai vu que nous étions dans un village. Charmant au demeurant. De vieilles pierres, des fragrances d’agrumes et de girofle … »
« Mouè T en prison jte rappell »
« Inès y travaille »
« Nianiania Inès »
…
« G retrouV Michel ! Il va médé »
« Super ! »
…
« Puré on é tomB sur 1 guss bizar ki a di 2 cherché le roi du nord »
« Qui est-ce ? »
« jC pa. »
…
« On é tomB sur dotre guss ki parl enkor + bizar avec D batons dkanelle en bijou partou. Ya 1 gran bonhomme. Michel di kC suremen lui le roi du nor »
IX-Emmitoufler
Mon amour, ma femme,
Qui l’eut cru, me voici dans une pittoresque petite bicoque, au milieu de sortes de barbares chevelus sortis d’un autre temps. L’odeur environnante n’est pas sans me rappeler les délicieux sablés dont tu as le secret et que tu prépares amoureusement chaque Noël.
Je suis un homme comblé ; bien que la tribu s’avère arriérée, leur monde ne semble pas manquer de richesses. Je suis à l’instant même emmitouflé dans d’épaisses et luxueuses fourrures qui seraient du plus bel effet dans notre salon.
Il ne me reste plus qu’à me débarrasser des derniers indésirables du centre puis je contacterai Ferdinand.
T’écrire et rêver à notre futur ici, loin du délabrement de notre planète, attise mon ardeur. Il me tarde de t’exposer véritablement mes aventures.
Ton époux.