Dans ma chambre, je me fais une place entre mes manuels de finances publiques. Les infâmes. J’ouvre mon ordinateur. Ô surprise ! il existe une page Wikipédia sur Tambarrès. Je vous la résume en quelques mots. Sautez ce passage, si, comme tout français normal, ayant normalement vécu en France, sain de corps et d’esprit, vous connaissez Tambarrès.
Géographiquement Tambarrès est située au centre du triangle Troyes-Nancy-Reims. Le lac du Der constitue un lac intérieur et elle est bordée par la forêt d’Orient. Si l’on commence par les origines, la ville était la capitale des Ambarres, peuple gaulois mentionné par Tite-Live. Le « T » vient de ce que la ville fut un moment nommée Saint-Ambarrès. Au XIème siècle cependant, quelques hagiographes du cru questionnèrent l’existence du grand homme. Peut-être cela explique la disparition progressive du mot « Saint » dans la dénomination de la ville. Est restée la liaison.
Perle du duché de Bourgogne, Philippe le Bon voulut y installer sa cour. La ville étant trop proche des possessions de Charles XI, il renonça au projet. Passant à côté de son destin politique, Tambarrès constitua malgré tout un centre culturel et économique de premier ordre. On y créa une « école du roman de chevalerie ». Une génération d’auteurs inonda l’Europe d’œuvres « franchement médiocres » (sic). S’y développa l’industrie des grues portuaires, machines à poulie, qui dès le XIIème siècle décuplèrent les capacités des ports hanséatiques. Ce passé proto-industriel est encore bien présent à l’ère contemporaine, puisque, jusque dans les années 1980, les usines tambarrésiennes, bien que radicalement éloignées de la mer, ont surtout produit des machines pour chantiers navals, certes de moins bonne qualité, mais aussi moins chères que leurs concurrentes allemandes.
Le XVIème siècle fut ravageur pour Tambarrès. Voici pourquoi : choisissant le parti de Charles Quint, elle fut assiégée en 1544 pendant plusieurs mois par François Ier. Dans la deuxième moitié du siècle, elle devint la place forte des princes de Lorraine, lesquels furent, pour Tambarrès, de piètres mécènes. Pendant un temps, français et lorrains hésitèrent : Etait-on gouverné par les Valois de Paris ou les Guise de Tambarrès ? L’incertitude vécut jusqu’à l’avènement d’Henri IV, qui, tout bon roi qu’il fût, ne pardonna jamais à la cité sa rébellion. L’administration municipale fut supprimée et la ville dépendit entièrement et pendant deux siècles, de la maison du roi.
Se souvenant de ses proximités allemandes, Louis XIV ordonna à Vauban d’y construire sa plus fameuse citadelle (laquelle fut détruite au début du XIXème pour la construction de fabriques). Du fait de cet enfermement, produit du constant soupçon qui pesait sur elle ainsi que des rémanences de son passé ligueur, Tambarrès se trouva ignorée des Lumières. Elle n’accoucha que d’un biologiste, parent de Lavoisier, qui se trompa sur tous les points. Pendant la révolution, les Tambarrésiens accueillirent l’armée autrichienne à bras ouverts. C’est à Tambarrès que devait fuir le roi. Comme on le sait, il n’alla pas plus loin que Varenne. Les palais ducaux de la ville, les plus beaux de France, une importante partie de son centre-ville, sa célèbre forêt suspendue, ses cinq viaducs, le jardin des colonnes, les bassins souterrains de Tibère, furent rasés par Colot d’Herbois. Celui-ci se montra plus cruel à Tambarrès qu’à Lyon. Fouché lui succéda dans l’éparpillement des objets religieux. De cette période traumatique, la communauté chrétienne de Tambarrès garde cette pratique secrète, d’aucuns diraient incestueuse, de la religion.
Tambarrès prit son essor au sortir des guerres napoléoniennes. Habituée depuis le Moyen-âge aux procédés mécaniques, répondant à la commande parisienne, non loin de la houille du nord, de l’acier lorrain, elle produisit massivement, s’enrichit. Elle soutint l’effort industriel de la première guerre mondiale, se spécialisant dans les moteurs d’avion de combat. Comme toutes les villes, elle collabora avec les nazis.
Ce fut, à l’égal de Saint-Etienne ou de Sochaux, une des premières cités industrielles de France. Profitant à plein des Trente glorieuses, elle ne put échapper aux engrenages délétères de la désindustrialisation. Tambarrès était suffisamment grande cependant pour se soutenir d’elle-même. Parfois, les villes atteignent cette masse critique, où les enchevêtrements d’intérêts, le commerce des grands et petits biens, la consommation et les migrations humaines leur donnent ce caractère quasi-autarcique. Cela se produit exactement comme les débris cosmiques qui s’amoncellent, forment par accrétion des planètes et qui à la fin des fins restent en place dans le grand vide, car enfin…elles existent… C’est principalement la raison pour laquelle Tambarrès continua à croître alors même que l’industrie tomba à 10% de son produit intérieur brut.
Aujourd’hui, c’est une ville où il fait bon vivre. Économiquement, il s’agit d’une réplique miniature de Paris. Elle est dirigée depuis 2014 par un maire Les Républicains du nom de Guillaume Fouis.
Si Tambarrès existe sur Wikipédia, j’en déduis qu’elle existe ailleurs sur internet. En effet, en tapant « Tambarrès » sur Google, des milliers de résultats s’affichent. Bon…il ne me reste plus qu’à prendre mon billet…SNCF Connect => aller-simple pour Tambarrès => 47 € => j’achète.
C'est bien fouillée et bien documentée
Le seul truc qui m'a un peu tarabusté c'est que je crois pas que les républicains existaient déjà en 2014. C'était pas encore ump ? Mais je peux me tromper :-) la flemme de chercher sur Wikipedia
Merci pour ta lecture attentive, je te rendrai la pareille avec l'histoire que tu as publiée!