Compte-rendu d'enquête n°14

Par Ozskcar

Cette fois, le plan était simple. Élégant, même. Élaboré par mes soins – non sans quelques ajustements logistiques assurés par Petit Jean. C’est lui qui était chargé des divers repérages, aussi a-t-il, non sans râler, passé la semaine à tourner autour de la caserne afin d’établir quelles étaient les horaires de garde et les allées et venues de la demoiselle. Résultat de l’enquête : il a été établi qu’elle partait chaque après-midi à la même heure, pour une tournée de je-ne-sais-trop-quoi (je suppose qu’elle doit, comme tout bon soldat, marcher d’un bout à l’autre de la ville, taper du talon pour se faire respecter – ce genre de choses).

Étant pour le moins avisés, nous avons prolongé cette observation deux jours durant – il ne serait pas convenable de nous infiltrer sans vérification aucune des données récoltées. Ce ne fut pas de tout repos, de canaliser l’énergie de Petit Jean… Mais je suis parvenu à le persuader d’attendre la fin de la semaine ; le samedi, une bonne moitié des soldats est mobilisée pour des manœuvres en périphérie, soit que des marchés les occupent, soit que des événements hebdomadaires les obligent à se rassembler sur différentes places publiques.

C’était donc aujourd’hui que devait avoir lieu la manœuvre. Sur le chemin, Jean m’a expliqué la marche à suivre ; je lui en aurais été reconnaissant si ça n’avait pas été la quinzième fois qu’il me faisait profiter de sa science. Je suis sûr qu’il ne radote que pour se gausser d’en savoir – pour une fois – plus que moi. Comme si sa maîtrise des données topographiques avait une quelconque importance…

Toujours est-il que nous sommes arrivés à destination, le ventre un peu noué mais le menton fièrement braqué en direction des baraquements. Jean m’a signalé d’un geste – inutilement théâtral – que le champ était libre. Nous avons donc longé les murs, pliés en deux comme si un bataillon entier nous guettait ; nous n’avons pourtant croisé que deux chats et un bleu de passage, lequel, vu sa course effrénée à travers le corridor, était apparemment à la bourre pour l’entraînement.

Arrivés au niveau du portillon du dépôt, Jean a dégainé son crochet de fortune, un morceau de fil de fer tordu qu’il tenait comme un sabre. Je l’ai regardé faire, sceptique. Il a triché : la serrure n’était même pas fermée. Mais il a poussé un soupir satisfait en entrouvrant la porte, comme s’il venait de percer le coffre d’un banquier.

« Par là, a-t-il murmuré en désignant un escalier étroit. Deuxième étage, couloir de gauche. Dernière porte au fond. Elle a une chambre rien que pour elle, t’imagines ? »

J’imaginais très bien. Je trouvais même que c’était plutôt mérité, étant donné qu’on avait tenté de la brûler vive. Mais je n’ai rien dit. Petit-Jean m’a d’ailleurs détrompé quant aux raisons de son particulier confort. Après que nous ayons monté les marches une à une, poussé la porte de sa chambre de la demoiselle et pénétré à l’intérieur, mon copain n’a pas pu s’empêcher de maugréer !

« Tout ça parce que son père est duc… Y en a vraiment toujours que pour les mêmes. Son père aurait été boulanger, et voilà-t-il pas qu’elle aurait été dans un dortoir, comme tout le monde. Je vous jure… Regarde, y a même une deuxième pièce ! »

C’était le cas. À l’intérieur, la chambre était séparée en deux parties : la première servait de petit bureau et de boudoir, la seconde abritant un lit parfaitement tiré ainsi qu’une énorme armoire doublé d’un buste permettant d’y exposer une belle armure d’apparat.

J’ai fait un pas. Jean, derrière moi, s’était glissé dans la pièce avec l’air d’un cambrioleur satisfait. Il m’a lancé : « Allez, au travail ! »

J’ai obéi. J’ai ouvert les tiroirs, fouillé sous le lit, derrière les rideaux, même sous le matelas. Jean tapotait les murs, comme si Josèphe avait planqué des secrets d’État derrière les plinthes. On s’est retrouvés séparés, lui dans la chambre, moi dans le vestibule, et c’est là que tout a dérapé.

La poignée a tourné. Pas de bruit de bottes, pas de voix annonçant l’arrivée d’un tiers. Juste un clac net, suivi d’un souffle dans l’encadrement. C’était une femme. Pas Josèphe, quoique j’eusse pu leur trouver un air de ressemblance – mais celle-ci était si bien vêtue, et son port de tête était si altier qu’il ne m’est pas venu tout de suite à l’idée que je me trouvais, à ce moment-là, face à la sœur de ma chevaleresse. Elle fit un premier pas avant de croiser mon regard. Nous écarquillâmes probablement les yeux de concert. Dans ma surprise, je ne pensais soudain qu’à une chose : la fuite. Je me précipitai en avant, bondissant vers la porte non loin de laquelle elle se trouvait toujours.

Vu son attirail, je ne me serai pas douté qu’elle se montrerait si vive à me saisir par le bras – ni que sa poigne serait si ferme. « Qu’est-ce que… » murmura-t-elle en tirant mon poignet vers le haut, comme pour mieux me dévisager.

C’est là que je me dis que, Petit-Jean et moi, nous avons cruellement manqué de chance, cette fois-ci ; c’est effectivement à cet instant qu’il a cru bon de débarquer, l’air de rien, apparemment trop peiné de n’avoir rien trouvé pour réfléchir deux secondes de plus au pourquoi du comment il m’avait entendu l’appeler – car j’avoue que ce fut mon deuxième réflexe, lorsque la demoiselle me souleva presque du sol.

« — Quoi, Feuillet ; t’as trouvé quelque chose ?

À peine avait-il passé la porte que, nous apercevant, mon ami se figea.

— Feuillet ? reprit l’inconnue en me regardant de nouveau. »

Je sentis ses doigts se crisper légèrement autour de mon poignet. Elle ne me tenait pas méchamment, pas encore, mais avec une insistance nouvelle. Petit-Jean dut se dire, planté qu’il était toujours dans l’encadrement de la porte, que c’était le bon moment de déguerpir : il fit un pas en direction de la fenêtre, mais l’inconnue le fusilla du regard :

« — Ne pense même pas à me filer sous le nez, toi… Si tu fais encore un pas, je rameute toute la caserne. Tu n’aimerais pas qu’on te mette une tentative d’agression sur le dos, je me trompe ? »

Jean s’immobilisa net, bras en l’air.

« — Dis-moi, petit – et aies l’obligeance de ne pas me mentir… Comment est-ce que tu t’appelles ?

Inutile de nier à ce stade.

— Théodore.

— Théodore Feuillet ? Le fils de Joachim ?

— Oui, madame. »

Elle fronça les sourcils, mais la tension au coin de ses lèvres se radoucit. Ou tout du moins, elle sembla se radoucir durant une fraction de seconde, jusqu’à ce que Petit-Jean crut bon d’intervenir : « On a rien fait de mal, m’dame ! Rien qu’un truc citoyen… »

Petit Jean un vrai talent pour creuser sa tombe à coups de pelle verbale. Je le fixai d’un œil désespéré. L’inconnue, quant à elle, haussa un sourcil. J’aurais juré qu’elle s’amusait des bêtises qu’on déblatérait, mais peut-être était-ce simplement notre allure qui nous rendait caustiques.

« Et quelle action citoyenne un fils de journaliste peut-il bien avoir à mener dans la chambre d’une duchesse ? »

Petit-Jean se serait sans doute empressé de tisser un filet de bobards dans lequel il se serait lui-même pris les pieds si je n’avais pas si vite relevé la tête : « Vous connaissez mon père ? »

La prise de la femme se radoucit, et un sourire vint étirer ses lèvres : « Oui. C’était un ami, si j’ose dire. Nos deux familles étaient très liées avant que… Pardon, je ne devrais pas… »

Elle plongea son regard dans le mien, redoutant d’y trouver une peine qu’elle n’avait pas désiré susciter. C’est seulement à cet instant que je remarquai qu’en dépit du fard qui colorait ses joues, de sa stature et de son parler, l’inconnue en face de moi n’en était pas moins une toute jeune femme. Elle ne devait avoir qu’une vingtaine d’années, tout au plus.

Elle se racla la gorge puis relâcha complètement mon bras. J’en profitai pour rabattre le pan de ma manche, comme si cela allait m’aider à retrouver de la contenance. « — Et je suppose, de fait, que le mioche que Josèphe a croisé l’autre soir, c’était toi…

Mon léger hochement de tête la fit soupirer.

« Mais qu’est-ce qu’il t’a pris, de vouloir saboter une action républicaine ? C’est parce que tu as besoin d’argent, que tu joues les coursiers politiques ? Au point de bafouer les idées de ton père ? »

Sa réponse fut comme un électrochoc ; je me redressai perdu : « Pas du tout ! C’est… C’est pour mon père que… »

Alors que je m’embourbais tout seul dans mes explications, la porte devant moi s’ouvrit dans un grand fracas : « Annie ! » s’écria-t-on. C’était une voix féminine. Un peu rugueuse. Enjouée. Je l’aurais reconnue entre milles : c’était la voix de la demoiselle Josèphe.

« — Annie, c’est formidable ! Le Vauréal a fait l’unanimité à l’assemblée ! Sa loi est passée ! Je les imagine déjà ruminer, ces foutus…

— Bonjour, sœurette. Tu nous verras déjà quelque peu occupés, avec tes invités. »

Josèphe se figea, les yeux écarquillés, nous dévisageant tour à tour, Annie, moi et Petit-Jean.

« — C’est toi, le fouineur de l’autre soir, articula-t-elle en arrêtant son regard sur moi.

— Et tu ne devineras jamais le nom de l’intéressé, sourit Annie. Théodore Feuillet.

— Le fils de… C’était pas Duval, qui l’avait pris sous son aile ? »

À sa façon de considérer ma mise et mon air effarouché, elle me croyait sans doute sous la seule protection de la providence.

« L’aile en question doit manquer d’envergure ; autrement, m’est avis qu’elle ne le laisserait pas farfouiller comme un pitre chez d’honnêtes gens… »

Le regard appuyé qu’elle me lança en disant ces mots était sans équivoque. Je me redressai – pas très vaillamment – pour tenter de garder un semblant de dignité. Petit Jean crut bon d’intervenir. « On n’était rien qu’là à récupérer ce qu’était à nous ! » rétorqua-t-il, ne réussissant par-là même qu’à relever une moue sardonique sur la figure de Josèphe. Elle allait commenter l’assertion, mais Annie l’interrompit d’un geste. Elle préféra, à l’ironie et aux accusations froides la douceur de la patience : elle nous proposa de nous asseoir pour discuter plus tranquillement, ce que nous fîmes, non pas que cela nous fasse le plus grand plaisir, mais plutôt que nous ne nous sentîmes pas le droit de refuser l’invitation.

Aussi ne tardâmes-nous pas, Petit Jean et moi, à nous trémousser sur une banquette tandis qu’en face de nous, Annie dans un fauteuil et Josèphe sur une chaise, les deux femmes nous dévisageaient, de façon plus ou moins affable. « Si nous avions été chez moi, je vous aurais fait servir le thé, ou bien quelques rafraîchissements, commença Annie. Vous pardonnerez la rigueur de notre hospitalité… C’est que vous ne vous êtes pas fait annoncés comme de coutume. » Je sentis comme une once de plaisir à parsemer ses phrases de pointes d’ironie. Je me renfrognais davantage, appréciant peu que l’on me prenne pour un idiot. Agacé, j’ouvris la bouche, mais Annie me devança :

« — Mais commençons, voulez-vous ? Je crois pouvoir dire, au nom de ma sœur et de l’amitié qui liaient nos deux familles, que votre sort nous préoccupe. Pourriez-vous, Théodore, nous expliquer où vous habitez, dernièrement ?

— À l’orphelinat, grommelai-je. Celui des sœurs Hyacinthe. »

Les deux femmes s’échangèrent un coup d’œil dont je ne parvins à déceler le signification intrinsèque. Un sentiment de honte me glaçait progressivement le cœur : je me sentais comme un môme, dépendant d’autrui, le genre qu’on regarde de haut, que l’on n’imagine pas une seconde capable de prendre des décisions pour lui-même, de faire des choix avisés… Et une petite voix, en moi-même, me confirmait non seulement que c’était ce dont j’avais l’air, mais surtout, que c’était exactement ce que j’étais. Un gosse.

« — Et là-bas, on te nourrit correctement ? Pas de coups ? Pas de mauvais traitements ? demanda Josèphe.

— Les sœurs sont très gentilles. Elles nous traitent bien, tous.

— Tu t’es fait des amis, peut-être ? rebondit Annie.

— Oui.

— Bon. Et ces papiers qu’on t’avait demandé de cacher chez Louis Vauréal. Tu sais, le politicien chez qui tu t’es introduit ?

— Là où nous nous sommes… Croisés, précisa Josèphe.

— Oui ?

— Eh bien, reprit Annie. Qui est-ce qui te les a confiés ? Serait-ce quelqu’un de l’orphelinat ? »

Je secouai la tête avant de considérer Petit-Jean qui, à côté de moi, semblait s’affaisser au fur et à mesure que le temps passait. Voyant que j’hésitais, Annie relança la conversation d’une nouvelle question, me demandant si je savais ce que contenaient les documents. Je compris qu’elle cherchait à mesurer mon implication dans ces affaires. Une seconde durant, une pointe d’orgueil aiguisa mon désir d’exagérer la situation ; si je prétendais avoir été davantage conscient de la situation, peut-être enfin me prendrait-on au sérieux. Ma raison prit cependant le dessus, et c’est la tête baissée que je révélais la réalité :

« Ce paquet, commençai-je. C’est un type de l’assemblée qui me l’a confié. Il a fait passé ça pour une commission ordinaire. A la différence que c’était urgent, que le Vauréal devait la trouver chez lui dès son retour – c’est qu’on m’avait précisé qu’il rentrerait dans la nuit, qu’il aurait besoin de ces informations pour la première séance du lendemain, à l’assemblée.

— Et tu ne savais rien de plus ?

— Non.

— Mais comment est-ce que tu t’es retrouvé à faire le coursier pour des gars de l’Assemblée ? s’interrogea Josèphe.

— Comme ça. Un service en appelant un autre. Au début, c’était juste une course pour un gars de la Caserne.

— Et ça a terminé en missions politiques…

— Des missions dont il semblait ignorer les conséquences, trouva bon de préciser Annie à sa sœur.

— Tout de même… Je n’arrive pas à croire que c’est de cette façon qu’ils se créent leur petit réseau de ratons crédules.

— Penses-tu qu’ils n’aient jamais su ton nom ? Qu’ils n’aient jamais fait le lien avec ton père ?

— Je ne crois pas qu’ils se soient jamais posé la question.

— Bon. C’est déjà ça.

— Mais maintenant qu’il a paumé leur dossier, pouvez être sûr que la question, ils se la posent. »

Tout le monde se tourna vers Petit-Jean qui, sur sa banquette, continuait de se triturer les doigts. Josèphe se leva et se mit à faire nerveusement les cent pas. À la façon qu’elle avait de taper du pied sur le sol, je devinai qu’elle s’était difficilement retenu de le faire plus tôt. C’est qu’elle avait sacrément la bougeotte, la demoiselle. Elle se mordillait toujours l’ongle de l’index lorsqu’elle finit par conclure qu’il devenait urgent de m’éloigner du danger : « Il faut que nous te mettions en sécurité. De préférence, loin de la capitale. Ça ne peut pas durer comme ça ; tu n’as rien à faire dans un orphelinat. Je ne comprends même pas que tu aies atterri là-bas. Tu n’as pas de famille ? Des cousins éloignés ? »

Annie l’interrompit en secouant la tête, mais trop tard ; je rétorquais déjà, blessé qu’on me prenne pour un rat d’égout à la merci du hasard. « Bien sûr que si, j’ai de la famille », j’affirmai vaillamment. Mais je n’étais sûr de rien. Il me semblait bien que mon père avait eu un frère, mais je n’avais pas souvenir de ne l’avoir jamais rencontré. Sa présence se résumait à quelques lettres éparses, de temps à autre. Sans doute vivait-il plus loin, au sud-est. Ou bien peut-être était-ce au bord de l’océan…

« Nous voulons simplement t’aider », me rassura Annie en faisant un mouvement pour me prendre la main. Je ne lui fis pas cette grâce et m’écartai vivement. « Je ne veux pas partir », je répondis. Et c’était vrai : j’avais mes amis, ici, je connaissais les lieux, les gens. J’avais mon père – ou tout du moins ma tentative de le retrouver… Que l’on veuille de nouveau me déraciner faisait résonner toute la colère et la peur qui m’avait déjà assailli quelques semaines auparavant.

« — Je comprends parfaitement, petit bonhomme, commença Annie.. Et je ne te parle pas partir définitivement. Simplement, tu pourrais t’éloigner quelque temps ? Qu’en dis-tu ? Tu serais plus en sécurité, loin de la capitale – surtout compte tenu de la situation.

— Et tu comptes le planquer où, ton raton ? bougonna Josèphe. Notre propre maison a été incendiée ; je ne suis pas sûre qu’on soit les mieux placées pour protéger qui que ce soit.

— Tes parents aussi, avaient une maison à la campagne, poursuivit Annie sans se préoccuper de sa sœur. Peut-être que tu t’en rappelles ? Ce serait comme des vacances. Un retour aux sources de quelques mois. Rien de plus. Prends le temps d’y réfléchir. Pendant ce temps, nous essaierons de voir ce qui nous est possible, de notre côté. »

Je ne répondis rien. Je sentais ma gorge se serrer, et je savais que si je parlais, ce ne serait pas pour dire quelque chose d’intelligent. Alors je me tus. Le pire, dans tout ça, c’est que je prenais soudainement conscience que, quoi que j’eusse essayé de mener à bien, j’avais échoué. Je m’étais persuadé que je menais à bien une mission, que j’étais parti pour sauver mon père, mais je n’avais rien fait d’autres, depuis des semaines, que de me laisser balader par les décisions et les volontés d’autrui. Annie se leva et ne revint que quelques secondes plus tard, un morceau de papier à la main. « Voici notre adresse, me dit-elle. N’hésite pas à nous écrire au moindre problème. Quant à Josèphe, je crois que tu sais, désormais, où la trouver lorsqu’elle travaille… »

Sentant que la conversation allait prendre fin, Petit-Jean trouva l’énergie de se lever à son tour. Je remarquai seulement l’éclat de colère qui brillait dans son regard. Considérant les personnes présentes, il s’écria :

« — Et moi ?

— Toi, répondit Josèphe avant que l’autre ne puisse poursuivre, tu vas nous promettre de te faire oublier pendant quelques jours.

— Vous m’donnerez combien, pour ça ?

Un léger rire nerveux nous échappa, à tous les trois. Même Annie sourit. Elle reprit cependant son sérieux et trouva quelques mots pour caresser l’égo de mon ami – ainsi qu’une poignée de pièces. Aussi étrange que cela puisse paraître, je fus raccompagné vers la porte comme si je n’avais jamais été ici qu’un invité de passage. Annie fut la première à retourner à l’intérieur de la Caserne. Josèphe, pourtant, s’attarda quelques secondes, observant les champs d’entraînement, les jardins, les rues, au-delà des grilles. Petit-Jean avait prit la tête du groupe et s’éloignait déjà vers la sortie. Lorsqu’elle fut sûre de n’être entendue que de moi, la chevaleresse se pencha vers mon oreille :

« — Ton père a été assassiné, Feuillet, murmura-t-elle. Ma sœur pense qu’il est cruel de te confronter directement à la réalité ; moi je crains que l’ignorance ne te fasse faire des bêtises. Il est temps que tu prennes conscience de combien la capitale est dangereuse. Je n’ai pas la prétention de t’empêcher de faire quoi que ce soit. Mais par pitié, gamin ; aies au moins l’intelligence de faire ça bien. Et si décidément tu te rends compte que tu n’en es pas capable, alors… Alors tiens-toi tranquille. »
 

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adelys1778
Posté le 23/08/2025
Ca se corse encore plus décidément ! Je ne pourrai m'arrêter si facilement !! En tout cas, je suis trop contente que les soeurs reviennent sur le devant de la scène, même si c'est pour rajouter des mystères aux questions en suspens... rhaaaa, je veux savoir la suiteee !
itchane
Posté le 23/07/2025
Coucou ! : )

Ooooh qu'il est intéressant ce chapitre.
Le personnage d'Annie est vraiment hyper bienveillant, c'est un personnage très attachant. Heureusement qu'elle était là !

C'est un chapitre vraiment finement mené, notamment au niveau de la psychologie de Théo. Ici tout nous rappelle qu'il est un enfant. Son vocabulaire et sa jugeote nous le font parfois oublier et il l'oublie lui-même.
Cela le vexe d'être ramené à ça, mais c'est aussi une bonne leçon de vie, qui remet l'ensemble des personnages à leur place, rappelant qui a la responsabilité de qui.

Le mystère se renforce aussi concernant la mort du père, j'avais envie de croire que Théo avait raison de le penser vivant, mais je me mets à douter de plus en plus... dur dur... mais narrativement, c'est super bien joué ! : )

Je vais lire la suite ! : )
Ozskcar
Posté le 25/07/2025
Hello !
Content qu'Annie te plaise ! C'est sûr qu'elle a plus de tact que la cadette... Pour gérer un gosse, ça peut être utile. ;)

Effectivement, ce chapitre sert un peu de bascule. Théo qui gambadait assez librement jusqu'ici retrouve un semblant de cadre. Et forcément, ça va faire évoluer l'enquête.

Ah ! Je me demandais justement ce qu'on pouvait en penser, à la lecture, de la disparition du père. Si on penchait plus pour la théorie de Théo ou pour les retours de tous les adultes autour de lui. Je te laisse découvrir avec le récit où se trouve la vérité.

Encore merci pour ton passage et tes retours ! :)
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