Au milieu des cendres, un parfum nouveau s’élève. Fragile. Celui du muguet. Des clochettes blanches surgissent entre les pavés souillés de sang.
Je m’éveille parmi elles.
Mon corps, encore couvert d’incantations, se dissipe peu à peu — le muguet boit mes fautes. Chaque fleur aspire une part de moi, une vie.
Et je l'ai vu.
Masque de porcelaine fendu, larmes transparentes, brins de muguet dans les fissures.
— Tu as écrit la mort pour m’aimer, dit-il.
— Je voulais écrire la vie pour nous sauver.
Sa main touche ma peau : le feu. Les fleurs jaillissent de lui, me traversent, me consument.
La pureté n’est qu’un autre nom de l’effacement.
Avant de disparaître, je murmure :
— Si ces fleurs m'emportent, qu’elles te rendent ton âme.
Le masque tombe. Sous la porcelaine, il n’y a plus son visage.
Seulement le muguet qui pousse encore.
