Confessions sous les Étoiles : Chapitre II

Par Rânoh

Au plus Kapris pressait le pas, au plus l’enfant le distançait. Pourtant, broussailles et ronces ne manquaient pas de ralentir la course d’une personne peu familière avec ce genre d’environnement. Heureusement, l’immortel pouvait compter sur l’éclat bleuté des étoiles, particulièrement vivace en cette saison chaude. Le ciel s’était découvert des fins nuages qui le voilaient la journée durant, offrant un champ de vision satisfaisant aux imprudents. Une drôle de sensation caressait le cœur de l’ancien chevalier, ce n’était ni de la peur, ni de l’angoisse, mais une curieuse manifestation d’appréhension. Jusqu’où allait-il se traîner pour venir en aide à ce petit être ? L’inconnu ne l’effrayait point, bien au contraire, il était son motif de vie. Malgré cela, la tournure de cette poursuite insensée ne lui plaisait guère, il avait la sensation de courir dans les filets d’un piège grossier. Kapris ne pouvait, hélas, résister à l’appel de justice qui sonnait au plus profond de ces étendues boisées. Sans jamais fatiguer, il filait par-delà le terrain accidenté, avec comme seul repère l’ombre menue qu’il distinguait à peine entre deux troncs.

Son improbable course le mena à une clairière. Voilà des heures, déjà, que l’homme serpentait sous le couvert des feuillages quand, enfin, il vit l’enfant. Il s’agissait d’une petite fille, assise sur un rocher saillant comme un éperon d’une motte de terre, le regard porté vers la voûte céleste. Ses cheveux noirs et bouclés retombaient sur ses épaules, tout juste couvertes de haillons blancs, tandis que ses pieds nus martelaient faiblement son siège rocailleux. Lorsque Kapris émergea de la forêt, il la vit, là, immobile, exempte de fatigue et le souffle léger comme un fantôme. Il l’observa sans un mot depuis le sol feuillu de la clairière, récupérant de la fatigue des kilomètres parcourus à toute vitesse. L’homme retira son chapeau pour essuyer la sueur ruisselante de son front, ses mains sales laissèrent une trace de terre sur sa peau, alors que sa sombre barbe se gorgeait des gouttes suintantes.

— Ah, te voilà enfin, projeta la minuscule voix de l’enfant.

Le regard de la fillette se tourna en direction de l’ancien chevalier, des yeux brillants à la lueur des étoiles et pétillants de gaieté s’offrirent à sa vue. Ces yeux s’accompagnaient d’un énigmatique sourire, aux allures nostalgiques, un de ceux qui ne seyaient guère à une enfant de son âge.

— Par ici, je t’attendais. Il y a assez de place sur ce rocher pour nous deux, reprit la gamine.

Prudent, l’immortel observa les environs, pensant tomber dans quelque guet-apens, ou se croyant victime d’un sortilège de magie noire. Enfin, ne voyant aucune menace se dissimuler sous les branches ou les feuilles des bois, l’homme s’avança, sans se presser, vers l’enfant qui le regardait d’un air patient. Il déposa le tricorne qu’il tenait à la main sur le rocher, puis vint s’asseoir aux côtés de la petite fille. Tout à coup, il sentit une douce chaleur se propager en son sein, la fatigue disparut et les douleurs s’en allèrent comme par enchantement.

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