Au bord du lac encore, il y a des fleurs. Constantine aime penser qu'en partie elles existent pour lui. Il est sensible au calme profond qui berce la berge vide, aux couleurs de l'eau pure et claire. Le fond du lac n'a rien de la tourbe boueuse, habituels herbages qui peuplent les fonds d'eaux anglais. Il s'avance sur le bord du rivage pour explorer du regard la roche qui jette négligemment ses parures sur les éclats brillants d'eau que reflète le soleil. On dirait une grande piscine comme un caprice de prince qui aurait construit sa cuve avec le quartz rose le plus pur, mais ici, la roche elle-même saille en arêtes arrondies par le remous comme pour témoigner de son usure véritable et des années entières passées dans le silence du vent. Constantine se penche, du bout des doigts, il caresse l'eau, la recueille dans le creux de sa main et la boit. Elle est fraîche, elle a un arrière-goût de rose. Avec un frémissement de plaisir ennobli par la chaleur du vent, Constantine laisse tomber ses vêtements sur l'herbe sèche. Son corps épouse la courbe de l'air avec un plaisir indicible. Il n'aime pas les caresses humaines. Son épiderme blessé par la main des hommes dans sa jeunesse se rappelle à chaque frôlement de peau à peau combien la douleur peut surgir aussi brutalement que le plaisir et ce mélange, il le craint avec l'angoisse qui reste en souvenir de l'abus. Le vent, par contre, l'air intangible du Plan Astral, la liberté de la solitude totale qui règne dans cet univers à l'horizon illimité, lui prodiguent un bienfait si entier qu'il s'y abandonne sans inquiétude. Sur son torse cousu de cicatrices en tableau abstrait, il garde l'amulette dans laquelle est enchâssée une pierre de lune épaisse. C'est son portail à lui. Sa construction qui lui permet de déroger et d'habiter le plan sans la présence d'un passeur. Il triche. Il triche au nez et à la barbe de tous les alphas, et il adore ce sentiment de toute puissance.
En entrant dans l’eau, il frissonne sous la caresse et s’y immerge avec un délice qu’il déploie pas à pas. Ça envahit ses fondations jusqu’au plus profond de lui-même, parfois Constantine a la certitude de n’être pas humain, plutôt une créature animale familière de l’eau et de la terre mais qu’un feu passionnel est venu dévorer. Dans la quiétude mouillée du lac, il apaise le brasier douloureux qui lui dévore la poitrine et dilate son cœur. Âme en apnée suspendue, il respire enfin. Il se couche dans l’eau, l’embrasse comme une amante, ferme les yeux sous ses baisers, plonge le visage au fond de son corps moelleux, suffoque d’un plaisir intense. Sur la rive, des créatures silencieuses s'approchent et l'observent.
Ton retour est vraiment très agréable à lire, je te remercie mille fois ! Tu as absolument raison qu’il le fait de manière illicite, héhé, Constantine n’est pas exactement le genre de personne qui porte beaucoup d’intérêt au règles… Ni qui les comprends.
J’espère que la suite de ta lecture te plaira !
J'ai jamais lu une baignade aussi sensuelle xD
Sérieusement, je trouve que c'est superbement bien décrit ! J'ai un coup de coeur pour cette phrase : "Âme en apnée suspendue, il respire enfin."
Je pense que je préfère les points de vue de Constantine en raison du style, clairement, mais ça ne veut pas dire que je n'apprécie pas ceux de Fergus !
(D'ailleurs joli pied de nez à la binarité de genre avec le personnage de Constantine :D )
Plein de bisous
Et c'est super rigolo, je n'avais pas du tout réfléchis au fait que ça rend sa binarité de genre ambiguë ! Alors qu'il est vrai que malgré moi le personnage s'est révélé être très fluctuent à ce niveau, pas forcément de manière concrète, mais je pense qu'il a un ressentit assez proche de la non binarité, effectivement ! Héhé, merci d'avoir mis le doigt dessus, je n'avais jamais formulé cet aspect concernant ce personnage !
Si je comprends bien tu imaginais Constantine plutôt genderfluid dans l'idée ? Dans tous les cas pour moi ça reste un pied de nez au genre ! En français les prénoms avec la terminologie "ine" sont plutôt attribués à des personnes qui se genrent avec le pronom elle, rien que le fait d'avoir un perso Constantine utilisant il, pour moi, ça suffit à chatouiller la binarité figée qu'on a longtemps trimballée dans l'inconscient collectif français (chais pas si c'est clair)
J'ai été particulièrement sensible à la beauté de ce court chapitre, encore plus que pour les deux premiers ! On est presque à se baigner avec lui, tu décris tellement bien le caresse de l'eau chaude sur la chaude ou d'un vent d'été... Vraiment superbe !
En plus, tu glisses des éléments très intéressants sur le passé de Constantine, ses traumatismes. C'est subtil et efficace !
Je reglisse un petit truc sur la longueur des paragraphes, le premier pourrait être coupé ^^ Par exemple juste après le silence du vent.
Mes remarques :
"de la tourbe boueuse, habituels herbages" -> et des habituels herbages ?
"Elle est fraîche, elle a un arrière-goût de rose." -> elle est fraîche, avec un arrière-goût de rose ? (ou pas, parce que tu réutilises avec juste après, à voir^^)
Un plaisir,
A bientôt !
Je prends notes pour les paragraphe, pour ne rien te cacher je galère complétement avec la mise en page de PA, comme je fais pas mal de retours à la lignes avec alinéa, dès qu'il faut faire un saut ici j'ai l'impression de faire la mise en page d'une éllipse et ça me perturbe, résultat je panique et je coupe n'importe comment :'D Je crois que je commence à comprendre que c'est juste plus agréable de faire un saut de ligne à la place d'un retour à la ligne, ici.
Et merci pour tes relevés, évidemment !
Retour sur notre cher naïf Constantine, finalement pas si naïf que ça. À la lecture de son chapitre précédent, j'avais sincèrement pensé qu'il s'était retrouvé dans le Plan Astral par complet accident, et explorait donc quelque chose de complètement nouveau, inconnu, et inexpliqué, avec l'émerveillement que ça implique (ou peut impliquer, selon notre tempérament, je suppose). La présence de cette amulette à son cou raconte pourtant une autre histoire. Le mystère s'épaissit !
J'avais perçu Fergus comme un connaisseur, un professionnel, quelqu'un d'averti et au courant, et l'avais donc mis en opposition à Constantine sur ces points, mais il semblerait finalement que ce dernier ne soit pas complètement en reste non plus. Il fait également mention des "passeurs" et des "alphas", maintenant. Les deux personnages évolueraient donc non pas dans des mondes différents (au sens d'un monde magique dissimulé au reste de l'humanité) mais potentiellement dans le même. Hum hum. Très intéressant !
En dehors du sujet principal (pour moi, en tous cas) du Plan Astral et ses facéties, on apprend également que notre ami Constantine, une fois de plus vu jusqu'ici comme un grand enfant insouciant, a en réalité connu bien des misères dans sa vie. Avec tant de voyages à travers le monde, j'ai bêtement présumé qu'il était au contraire plutôt d'origine disons privilégiée, mais il aurait été physiquement (et a fortiori émotionnellement) battu. Ça lui confère une relation au toucher et surtout au toucher de son environnement pour le moins... particulière, mais pourquoi pas ! Étant moi-même très peu (ou trop, selon le point de vue) tactile, ce passage m'a à la fois trop et pas assez parlé. Cette impression ne fait pas trop sens, je m'en rends compte, mais je n'arrive pas à faire mieux dans l'immédiat. ^^
Quant aux créatures à la fin du chapitre, c'est quitte ou double. Soit le paradis de Constantine s'apprête à voler en éclats, soit il s'agit au contraire de jouer sur les présomptions du lecteur, basées sur le point de vue de Fergus lu juste avant. Affaire à suivre !
Merci encore bon un petit moment de lecture sympa, et à très vite ! =)
Et ton commentaire au sujet du toucher est très intéressant, étant moi-même quelqu'un d'assez tactile je suis assez curieuse, si jamais tu arrives à démêler le paradoxe de ton ressentit par rapport à ce passage, n'hésite pas, ça m'intéresse !
Quant aux origines de Constantine, tu touches juste, sur les deux points... ;)
Avec plaisir, puisse la suite te rester agréable !
Je ne me considère pas comme tactile tout simplement parce que je n'apprécie pas qu'on me touche. Et je touche très peu les gens, aussi. Mais paradoxalement, c'est aussi parce que je suis assez sensible au toucher. Ce n'est pas n'importe qui que je vais prendre dans mes bras, ni n'importe quoi sur lequel je vais poser mes mains, là où d'autres personnes n'auront pas vraiment de filtre. Pour une illustration très primaire de mon paradoxe : je ne porte que des gants coupés, parce que sans gants je suis mal à l'aise, mais avec des gants entiers je me sens comme entravée. Voilà pour une forme de contexte.
Bon, contrairement à Constantine, cette forme de "sensibilité" ne me vient absolument pas d'un abus quelconque, j'ai grandi et suis toujours en totale sécurité, c'est juste une caractéristique comme une autre. Mais en conséquence, lorsque Constantine se sent en quelque sorte "libéré" de sa sensibilité (pour lui craintive, pour moi à sa place qui relèverait plutôt d'une forme de pudeur tout bête), et bien c'est à la fois curieusement compréhensible et refroidissant.
- Compréhensible parce que je sais bien ce que ça fait de franchir ce pas pour un texture en particulier, de se sentir suffisamment à l'aise avec pour l'approcher, se l'approprier.
- Refroidissant parce que là, il y va assez vite. Il se met presque tout nu dans un lac, et c'est clairement une expérience un peu extrême pour laquelle je ne serais pas aussi téméraire à sa place. Mais je ne suis pas lui, donc je ne suis pas en train de dire que ça sonne faux, juste que ça a résonné étrangement dans ma tête lors de ma lecture.
J'espère que c'est plus clair, même si le bilan global reste que tu nous offres de très bonnes descriptions dans ce récit, à mon avis. =)
En tout cas merci d'avoir pris le temps de développer ! C'est fort intéressant, de voir comment chacun fonctionne hehe
Et encore mille fois merci <3
Certes encore pas mal de redondance (comme dans les chapitres précédents) et pourtant, cette fois, cela me "titille" moins. Peut-être par ce que tu décris le lac, la baignade... Je sais pas ! redondant et pourtant lyrique, faut le faire !
Tu verras cela en relecture. je poursuis.
"de l'eau pure et claire" claire suffit comme adjectif je pense, sinon cela fait un peu redondant
"habituels herbages" pas utile, ça alourdit inutilement
"qui jette négligemment ses parures sur les éclats brillants d'eau que reflète le soleil." construction lourde, on perd un chouïa le fil et du coup l'image est moins forte
"comme un caprice de prince qui aurait construit sa cuve avec le quartz rose le plus pur, mais ici, la roche elle-même saille en arêtes arrondies par le remous " Le "mais" ici est censé est apporter une confrontation que je ne vois pas. J'aurais même tendance à penser que tu pourrais scinder cette phrase en deux
"ennobli par la chaleur du vent, " ennobli fait un peu lyrique too much, du coup l'image perd en intensité
Sinon, à partir du moment où Constantine se baigne, où on découvre son passé, c'est très chouette. La baignade surtout, est bien immersive. On s'y croirait haha ptêt aussi que c'est pck je sors de la douche. On en apprend davantage aussi sur le passé de Constantine, et cela permet de renforcer l'affection envers le perso <3
Une potite suggestion peut-être : les fins de chapitre manque d'un truc qui titille la curiosité et donne le besoin de tourner la page, pas en mode page turner non plus, mais comme l'intrigue principale n'est pas encore très claire, cela aiderait le lecteur à s'orienter un peu
Peace !
Du coup j'avais bien lu tes retours, évidemment, que je garde précieusement !
Et alors je crois me souvenir que j'avais essayé de poser un peu des cliffhanger à la fin des chapitres mais visiblement ça marche pas du tout hahahahaha Ou alors ça va de paire avec le fait que l'implication soit difficile car le texte est obtus ? Je vais réfléchir là-dessus ! En tout cas merci encore !
>> "couleurs de l'eau pure et claire" un peu redondant et il me semble que tu as déjà utilisé cette tournure dans une section précédente
>> "Il s'avance sur le bord du rivage pour explorer du regard la roche qui jette négligemment ses parures sur les éclats brillants d'eau que reflète le soleil." Beaucoup de très belles images dans cette phrase, notamment celle des parures, mais trop de brillance tue la brillance x) Je pense que tu peux garder juste "sur les éclats du soleil à la surface de l'eau" l'idée de reflets et de brillance à la fois de l'eau et du soleil passerait tout aussi bien =)
>> "Son corps épouse la courbe de l'air avec un plaisir indicible." Très jolie phrase, pleine de sensualité dans les jeux de sonorités (corps / courbe), dans le rythme et l'idée de courbe du vent, j'aime beaucoup
>> "Son épiderme blessé par la main des hommes dans sa jeunesse se rappelle à chaque frôlement de peau à peau" Hm, on sent que tu as mis "épiderme" là pour éviter la répétition avec "peau" juste après, c'est dommage. A mon avis tu peux tourner ça du genre "Ses vieilles blessures se rappellent à lui à chaque frôlement etc" Par contre toute la suite de la phrase est très belle
Un plaisir de retrouver Constantine, il me plaît de plus en plus ! J'aime sa grande sensibilité, son approche poétique des choses, mais aussi ses blessures, ce côté animal fragile qu'il a et un passé qui semble avoir été bien difficile. On a très envie de faire plus ample connaissance, ce personnage me touche <3
Au plaisir !
Comme d'habitude je note tout, effectivement la brillance c'est une bonne remarque, comme je l'avais dis j'ai tendance à enfoncer un peu trop le clou du coup merci de pointer les choses qui vraiment peuvent s'alléger en deux mots !
Ravie que Constantine te plaise, c'est effectivement un grand sensible maladroit avec un passé un peu compliqué, ça fait plaisir de voir que sa nature est suffisamment communiquée dans le texte ! Encore merci pour ton retour !