De sa vie Constantine n'a jamais ressenti un tel calme. Les êtres sont devant lui, debout, la bouche cousue d'un fil invisible. Silencieux.
Et Constantine se noie dans ce silence. Il s'en imprègne, s'y immerge comme il s'est immergé dans le lac. Aucune pensée, aucune parole, aucun son, aucun bruit. Seul le silence. La respiration lente et les fragrances douces des fleurs que les êtres tiennent entre leurs mains.
Il marche vers eux. Le cœur battant, il entend raisonner contre ses tempes le tambour sourd des profondeurs. Quand il avance, les êtres ne reculent pas, s'immobilisent dans une posture de statue que seules les veines bleues sous les peaux multicolores font frémir comme un démenti de vie ténue. Il voit à peine leurs poitrines se soulever sous la transparence étrange de leurs chairs, il peut presque voir au travers les organes qui s'agitent lentement, enfouis en eux comme des trésors palpitants. Constantine arrête sa fascination à l'étude de ces corps immobiles, à ces peaux de toutes couleurs, sombres, claires, pâles, profondes. Il voit dans leurs yeux l'immensité des âges traversés et le mutisme impénétrable de leurs esprits. Il étudie ces visages en essayant de reconnaître ceux qui ont pu êtres humains et ceux qui sont nés sur cette terre mystérieuse et ont vieilli avec elle, mais la différence est invisible.
Il est attiré, infiniment attiré. Constantine ne lutte pas. Il laisse son corps rejoindre ceux de ces créatures si supérieures, frémit en sentant sur lui leur souffle capable d’apporter la vie. Il sent celui qu'ils lui ont donné raisonner à leur approche, il sent contre ses lèvres la vie vive de cette magie mystique qui pénètre ses poumons et s'enfouit en lui profondément. Une main se tend vers lui. Il la touche. Et alors qu'il la touche, il laisse une plénitude formidable couler dans son être. Du miel sur ses plaies salées. Doucement Constantine murmure "pourquoi ?" mais sa voix se disperse dans l'air comme un filet et ne trouve pour toute réponse qu'un sourire étrange et sans explication. L'être serre sa main dans la sienne, pose ses lèvres sur son front. Ses cheveux forment un soleil noir autour de son visage aux angles suaves, au squelette en transparence. L'être a placé dans la main qu'il serre une pierre veinée où se reflète, comme une trace d'un feu intérieur, une lueur flamboyante. Constantine n'en a jamais vue de semblable. Il sait que cette pierre appartient au plan et que c'est un cadeau inestimable. Il veut remercier pour ce présent, mais quand il relève la tête, les êtres ont disparu.
Quel sont ces petits éléments si délicatement introduits que je me demande si je comprends bien ? Comme quoi les êtres ont (re)donné la vie à Constantine ? Que les humains peuvent devenir des êtres ? ça reste si mystérieux que je reste perplexe, mais de façon agréable. Tu écrirais un autre texte sur cet univers, je le lirais instantanément pour apaiser ma soif de curiosité envers tout ce monde !
En termes d'infos données sur ton univers, on est loin des gros sabots et de l'info dump, c'est agréable ! ça attise mon intérêt envers le plan et le vécu de Constantine.
Plein de bisous !
Pardon. C'est un peu vil, car j'ai effectivement écris une autre nouvelle autours de cet univers, que je me tâte à poster ici d'ailleurs, mais qui aborde un aspect autrement différent et qui ne t'apporterai du coup pas tellement plus de réponses, je crois :'(
Mais en effet, certains être humains peuvent devenir des créatures, et le plan astral et notre plan sont étroitement imbriqués l'un avec l'autre, et dans leur relation l'un à l'autre :)
Et je suis super heureuse, c'est un mode de narration que j'apprécie beaucoup, le fait d'arriver dans un univers où j'ai la sensation que les choses étaient là avant et seront là après que j'ai commencé/terminé ma lecture, et ça suppose souvent d'être assez perdu et de comprendre les choses au fur et à mesure. C'est un aspect que je voulais particulièrement développer ici, donc je suis super contente de voir que ça fonctionne, que ça attise ta curiosité sans pour autant te perdre totalement !
Toujours aussi bien écrit, poétique, mystérieux. Il y a quelque chose de planant, d'hors-sol dans ce moment, une rencontre feutrée et silencieuse. Pleine de questionnements. J'ai beaucoup pensé à Alien, avec le côté corps transparents, aspect blanchâtre, l'absence de bouche. Et finalement cette disparition très étrange après un contact furtif mais intense.
J'aime beaucoup cette phrase : "La respiration lente et les fragrances douces des fleurs que les êtres tiennent entre leurs mains."
Petite coquille : "il entend raisonner" > résonner (là sinon c'est dans le sens raison)
Figures toi que... Je n'ai toujours pas vu alien. Je crois que c'est une raison de plus pour que je m'y mette (et comme j'ai aucune mémoire visuelle, je me souviens de la tête des espèces de petits machins qui se greffent aux visage, mais pas des grands aliens, enfin en tout cas pas de leur translucidité, je suis curieuse de voir ça)
Et dis donc, tout à fait pour résonner. Merci à toi !!
C'est de plus en plus mystérieux, j'attends la suite avec impatience.
Coquilles : Constantine n'en a jamais vue de semblable - Constantine n'en a jamais vu de semblable.
au travers les organes - au travers des organes (c'est "au travers de" mais dans le sens de ta phrase même si l'expression n'est pas correcte, je ne sais pas s'il faut changer les par des).
Des peaux de toutes couleurs - Des peaux de toute couleur - Des peaux de toutes les couleurs
Et merci pour les relevés de coquilles, je regarderai tout ça pour voir ce qui convient le mieux !