«Courageux celui qui marche sur la tête pour parvenir à ses fins..»
Ce qu'on dit, à ce qu'il paraît.
Chaque matin, je me réveille avec une nouvelle lubie. Chaque matin, non.. plutôt chaque fois que je me réveille, en fait.
C'est quelque chose que je ne contrôle pas encore, le sommeil ! C'est étrange : à chaque fois, sans m'en rendre compte, j'ai un gros coup de fatigue et d'un coup, d'un seul, je dors à poings fermés.
Ce qui me dérange, c'est que je ne peux rien faire d'autre quand je dors. C'est que je perds mon temps ! Ces derniers jours, je me lance des défis pour montrer que je peux faire autre chose que dormir.
Comme je disais tout à l'heure, j'ai des lubies. C'est vrai, je vous assure ! Cette fois, ma lubie, c'est de me lancer des défis !
Courageusement, un jour, j'ai même essayé de me tenir debout...
Complètement surréaliste étant donné que je ne suis âgé que de six mois, à peine. C'est ce que j'ai entendu dire parce que personnellement, les jours, les semaines, les mois et les années, je patauge encore un peu dans tout ça. Ces histoires de temps qui passe me dépassent. C'est comme si le temps qui passe défilait sans moi, figurez-vous ! C'est sans doute une crise existentielle de bébé, une parmi tant d'autres !
C'est que là, je viens de me réveiller et j'ai très envie de me lancer un défi ! Cependant, j'ai vraiment peur qu'on me prenne pour un fou. Cela m'a-t-il déjà arrêté jusqu'à aujourd'hui ? Certainement pas !
C'est décidé : aujourd'hui, je veux voyager !
C'est-à-dire, voyager ?
Calmez-vous, je sais que je ne suis qu'un bébé et qu'un bébé ne peut pas voyager tout seul. Ce n'est pas le bout du monde que je vise. Ça, non ! C'est que j'ai quand même conscience de ce qui est à ma portée ou pas, à mon plus grand chagrin, hélas... Ce que je veux ? C'est juste traverser le couloir de la maison par mes propres moyens, sans aide, sans aucun filet de sécurité. C'est qu'en fait, je veux me prouver que je ne suis pas tout en sucre... Chose qui ne semble pas si évidente si l'on en croit le regard des autres.
C'est sûr, je suis petit.
C'est sûr, j'ai l'air fragile.
C'est sûr, je suis mignon à croquer.
Cela ne vient pas de moi tout ça mais on me le dit tellement de fois que je finis par le croire.
Cela ne m'empêche pas de me concentrer de nouveau sur mon fameux voyage. Certainement une lubie de bébé mais une lubie que je suis fin prêt à mener jusqu'au bout, foi de bébé ! Ce qui est bien, c'est que je n'ai pas mis longtemps pour mettre en place mon plan d'attaque.
Ce qu'il faut savoir, c'est que je me trouve dans mon petit parc. Ce qu'il me reste à faire, c'est me mettre à couiner et regarder la première personne qui viendra me voir en mode «C'est quand qu'on me porte ! C'est quand qu'on me porte ! C'est que je veux sortir de là» et le tour est joué !
Comprenez, si je suis hors de mon parc, je peux errer à volonté aux alentours sous surveillance rapprochée ! Ce serait trop facile sinon... Cependant, il suffit juste d'échapper à cette surveillance et de ramper jusqu'au fameux couloir.
Ce que j'ai hâte, je vous dis pas !
Comme prévu, mon petit tour fonctionne à merveille. Ça y est : j'ai pu m'échapper de mon parc et des paires d'yeux rabat-joies. C'est qu'il me faut un peu de courage car le couloir me semble beaucoup plus impressionnant tout à coup. C'est fou comme on peut avoir peur de tout et de rien quand on est livré à soi-même.
Courage, bébé ! Courage !
C'est parti !
C'est pas sûr, en fait...
C'est-à-dire que je ne sais pas trop comment traverser ce couloir : en rampant, à quatre pattes, en traînant mon derrière sur le sol, en essayant pour la millionième fois de me tenir debout et de m'accrocher au mur ? C'est que je pourrais presque y aller en free-style...
C'est vrai que «free-style» est un terme qu'on n'entend jamais dans la tête d'un bébé mais j'ai entendu plusieurs fois mon oncle dire ce mot et ça m'avait l'air sacrément rigolo !
C'est que je veux que ma traversée du couloir soit rigolote, moi !
C'est parti !
Cette fois-ci, je me lance une bonne fois pour toutes !
Ce que c'est effrayant...
Ce que le couloir peut sembler long quand on se roule par terre comme un cascadeur !
Ce que c'est dingue comme le monde ne semble plus tourner rond...
C'est vrai, quoi ! Comme si les murs du couloir s'étaient soudainement donnés comme mission de m'écrabouiller pour me punir de mon trop-plein de courage. Ce que je voudrais que les murs puissent se calmer. C'est qu'ils s'agitent trop, bien trop !C'est que je me suis juré de ne pas appeler au secours et de traverser le couloir sans l'aide de personne mais j'ai envie de pleurer tout à coup...
Craquer, il en est hors de question !
C'est qu'il me semble que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.
C'est qu'en plus, personne ne semble avoir remarqué mon absence : qui viendra me sauver si mon voyage tourne mal ou si les murs gagnent et parviennent à me piétiner ?
Courage, bébé ! Courage, allez !
Contre tout attente, je reprends ma traversée avec plus ou moins de difficultés. C'est-à-dire qu'au début, j'y allais un peu en tâtonnant, et en tremblant un peu. C'est que je gardais un œil sur ces méchants murs ! Curieusement, au bout de quelques pas, je me sens bien plus à l'aise ! Cela m'amuse presque : je nargue les vilains murs, je roule, je me mets en boule, je fais du roulé-boulé comme personne, je rampe sur le sol et je parviens même de temps à temps à me mettre à quatre pattes !
C'est que je dois dire que je suis un peu déçu que personne ne soit là pour voir ça, en fait...
Cherchant du regard ces murs qui semblent déterminés à me réduire en bouillie, je continue de me frayer mon petit bonhomme de chemin puis... Chouette ! C'est que je suis déjà arrivé au bout, tout compte fait !
Crions victoire maintenant !
Crions victoire !
Crions simplement parce que je ne suis pas encore capable de prononcer le mot «victoire».
Un chapitre très plaisant, forcément avec le C, la qualité de ton style est encore meilleure. J'en oubliais presque la contrainte par moments.
Un chapitre très amusant, sur la volonté de voyage de bébé, très drôle de le voir élaborer toutes ces stratégies.
Mes petites remarques :
"C'est vrai que «free-style» est un terme qu'on n'entend jamais dans la tête d'un bébé mais j'ai entendu plusieurs fois mon oncle dire ce mot et ça m'avait l'air sacrément rigolo !" ahah
"Crions victoire maintenant ! Crions victoire ! Crions simplement parce que je ne suis pas encore capable de prononcer le mot «victoire»." ahah génial
J'attaque le D !!
Merci d'être passé dans ce couloir ! :D Et à bientôt pour la suite, si jamais.
bon, j'imagine que le C n'était pas la lettre de l'alphabet la plus compliquée .... Mais quand même, encore bravo !
Comme Myfanwi, la fin m'a pas mal fait rire. Pour les "c'est", je n'ai pas remarqué, sans doute que j'étais trop plongée dans ma lecture ....
Vraiment, j'adore ce personnage, il est trop drôle ! Juste .... il n'a pas encore de prénom ? Au bout de 6 mois ça fait long quand même ....
Voilà pour ce chapitre ...
A bientôt !
Encore un très bon chapitre qui remplit très bien le défi. Il y a encore beaucoup de "C'est", mais c'est pas très gênant, une fois qu'on est dans la lecture on ne les voit même plus.
Le personnage est toujours aussi attachant et très bien traité, je l'aime beaucoup et ça donne vraiment un plus à l'histoire pour encourager à continuer à la lire. Les premiers pas sont très bien gérés.
Hâte de lire la suite !
Et c'est cool si tu aimes le personnage. Avec la contrainte, c'est difficile de faire une intrigue, de travailler la psychologie du personnage, tout ça. Donc, ton commentaire me va droit au cœur. Merci bien !
A bientôt pour la suite de l'alphabet !