Aux jours et aux nuits que l’on m’a accordés
Aux sourires sincères, à ton visage mordoré quand l’horizon t’élève
Aux mains chaudes du sommeil, à celles, hâlées, halant nos corps vers l’océan
Là où la pensée s’unit à l’univers
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Au moment où se couche la lumière,
On peut voir la pointe d’un soleil comme le mât d’un bateau fatigué, et puis, par-delà la mer, la grâce insaisissable s’éteignant
Au moment où se couche la lumière,
On peut voir le reflet de l’autour sur les vagues mugissantes, qui sépare le ciel et notre terre
Au moment où se couche la lumière,
On peut voir s’écrire sur l’aigue-marine d’un trait d’algue tremblant la prière d’un oiseau achevée par sa plume sur les embruns vermeils
Au moment où se couche la lumière,
On rêve, pour vous, d’un vin d’ardeur nouvelle
Au moment où se couche la lumière,
Les mots sont des images car on ne pense plus, on sent simplement sur nos lèvres évanescentes se déposer le baiser d’une lyre sans cordes
Au moment où se couche la lumière,
On sent le passé dans nos veines et l’avenir qui picote nos pieds nus
Au moment où se couche la lumière,
On comprend enfin le rêve que l’on faisait, enfant, de s’envoler de notre lit et d’étreindre, au bas de l’escalier, ses derniers rayons
Au moment où se couche la lumière,
J’écris le prologue de ma mort pour l’épervier aux yeux crevés qui se cache sous les draps sombres de cette nuit naissante
Au moment où se couche la lumière,
Des bribes de poèmes nous reviennent, et alors… on comprend enfin l'amour
Si ce n'est pas trop indiscret, je m'interroge sur la présence du "vous" dans "On rêve, pour vous, d’un vin d’ardeur nouvelle" dans ce poème qui m'inspire une contemplation plutôt solitaire. Ce n'est en aucun cas un point négatif bien au contraire, cela pique la curiosité du lecteur.