Je suis seul au monde. Il n’y a plus que moi et l’eau, dessus, dessous, partout. Mes poumons commencent à crier mais je les fais taire. Pas tout de suite. Pas déjà. Encore quelques brasses.
J’inspire. Ma vue clignote. Peut-être que je suis allé trop loin. Tant pis. De toute façon, qui s’en souciera ? J’essaie de reprendre mon souffle, mais mes poumons hurlent encore. Puis la douleur se stabilise, et mes yeux retrouvent peu à peu la réalité. Je vois deux paires de jambes interminables. Au-dessus, des bikinis mauves, des corps un peu trop plats. Des chevelures si parfaitement ondulées qu’elles ont l’air de mannequins. Elles m’observent.
Je sais ce qu’elles voient. Un mec bronzé, sportif. Pas sûr qu’elles aient remarqué mes yeux verts, mais elles n’en ont pas besoin. Je sais que je leur plais, même si je suis pas devin. Dommage qu’elles soient tombées sur moi. Elles sont comme toutes les autres.
Je lève les yeux sur l’horloge murale. Je dois y aller. Mais elle n’est pas venue. Elle ne vient jamais. Quand la verrai-je à nouveau ? Malgré mon cœur qui se brise un peu plus chaque fois, elle me manque. L’oxygène n’a plus de valeur, sans elle.