Annie se réveilla aux protestations de ses jambes courbaturées. Elle grimaça et se redressant, constata qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Du sable chaud et blafard crissait sous ses orteils empoussiérés et, au-dessus d'elle, le feuillage des arbres écrasait la voûte céleste. Elle écarquilla les yeux en visualisant sa teinte azuréenne, et l'aveuglant soleil qui tentait d'introduire ses indiscrets rayons à travers les branchages. Ce n'était pas un climat matinal. Combien de temps avait-elle dormi ?
Elle passa une main égratignée dans son indomptable tignasse, où s'accumulait des brindilles. Son crâne lui faisait un mal de chien.
- Où suis-je ? Murmura-elle d'une voix rauque.
Sa main se contracta alors qu'elle était en plein démêlage. Son regard interrogateur bondit de troncs d'arbres en troncs d'arbres, de feuilles mortes en feuilles mortes. Elle se trouvait vraisemblablement dans une sorte de clairière.
Ses lèvres forcèrent un soupir. Dans ce lieu au silence inhumain, ce soupir reproduisait l'effet d'un coup de tonnerre. Cependant, ce fut cette sensation qui convainc Annie qu'elle ne se trouvait pas sur Terre. En effet, on aurait pu croire cette forêt terrienne sans la mousse bleuâtre qui mangeait le bois des hêtres, et la taille vertigineuse de ceux-ci. Le sable également était une anormalité pour un lieu où la végétation semblait si dense. Un délicat parfum résineux chatouillait les narines de la jeune fille, le chant des oiseaux ruisselait avec délice dans ses oreilles.
Pourtant, une panique sans pareille grossissait dans son esprit. Nom d'une pince à linge, où était-elle ? Annie essaya avec précipitation de se remémorer les rares indications géographiques que lui avait privilégié Xia. Selon toutes probabilités, elle se trouvait dans la Cité Verte.
- J'ai couru à ce point ?
Apparemment, oui. Et ses abominables courbatures le lui faisaient bien savoir. Une grimace convulsa son visage. Annie tenta de se lever mais un craquement articulaire lui apprit très clairement qu'elle en était incapable pour le moment.
Annie esquissa un sourire bref. Au moins, la nature autour d'elle lui apportait un semblant de réconfort. Ce n'était pas ici que les Wolkenais allaient venir la chercher. Pour le moment.
Elle frissonna. Bien sûr qu'ils allaient venir la chercher, et qu'importe le lieu ! L'avenir du Monde des Nuages dépendait d'elle, et il fallait qu'elle trouvât un moyen de sortir de cet univers. Cette pensée lui pinça toutefois le cœur. Elle avait commencé à s'attacher à la Wolken, et à s'habituer aux demeures parlantes. Xia, Solveig et Varid... les quitter serait un vrai déchirement. Même si à l'heure qui était, ils désiraient certainement sa mort.
Annie décida de ne pas leur en vouloir. Après tout, leurs motifs étaient très recevables. Quant à cette étreinte fournie par Solveig...
Un léger bruissement la ramena à la réalité. Devant elle, un magnifique geai bleu se posait gracieusement sur une branche, tout en écumant une mélodie exotique. Son plumage d'un azur océanique se prolongeait de deux yeux noirs et intelligents, puis d'un long bec argenté. Une fois ses ailes repliées, il l'observa avec une expression curieuse, la tête inclinée sur le côté.
Annie sourcilla, mais elle était abasourdie par l'élégance et la beauté qui émanait de l'animal. Cette beauté était telle que la jeune fille arrivait presque à oublier ses membres qui pulsaient rageusement. Et le volatile ne bougeait pas.
Ils restèrent longtemps immobiles, lui perché sur un arbre, elle à moitié avachie par terre, retenant son souffle. Avec toute considération, ce geai avait des yeux vraiment très captivants, vraiment très profonds. Comme deux flaques d'encre. Annie tenta une expiration. L'oiseau ne frémit pas. Le silence qui s'était installé entre ces deux être bien différents s'éternisait extraordinairement. Ce fut finalement un long gargouillement qui rompit le charme.
Stupéfiée par la sonorité de son propre estomac, Annie se plaqua une main dessus.
L'oiseau s'envola au son de son ventre affamé, tandis que la jeune fille réalisait à quel point elle mourrait de faim.
Ses doigts cherchèrent à tâtons sa sacoche remplie de provisions, mais au lieu de rencontrer une surface de fourrure brune, ils tombèrent sur quelque chose qui semblait être un bout de papier. Annie tourna la tête vers le mystérieux objet. Effectivement, il s'agissait d'un message plié.
Piquée par la curiosité et la peur, tandis que son cœur préparait son concert assourdissant, Annie se hâta de le déplier. Le message se rédigeait d'une écriture grossière et maladroite, dotée d'énormes boucles tracées à la va-vite.
Chère Annie,
Je suis tellement contente d'apprendre que le tam-tam de ton cœur n'a jamais cessé qu'en te trouvant dans cette forêt, j'en ai oublié ma colère. On t'a mené à moi alors que tu étais dans le coma, et nous nous sommes quittées alors que ta santé semblait encore bien frêle.
Et voilà que je te retrouves affalée au sol au beau milieu d'une clairière, avec un teint plus pâlichon que jamais. Que tu es inconsciente, nom d'une dent de dragon !
Heureusement, j'ai plus d'un tour dans ma besace. Le hasard a bien agi en te menant là où j'errai, âme vagabonde, âme de hors-la-loi.
La fiole que tu trouveras dans ta sacoche contient un médicament façonné de mes doigts. Il est réalisé avec des herbes tout droit sorties de Croanguimauve, ma Porte d'origine. Elles sont très efficaces contre la faiblesse.
Dans l'espoir de te trouver debout pour notre prochaine rencontre,
Kadambini.
- Kadambini ? Répéta Annie en clignant des yeux.
Mais cette écriture pâteuse et coulante ne pouvait appartenir qu'à la gremline, quelqu'un qui était complètement sorti de la tête d'Annie pendant que ses problèmes devenaient de plus en plus conséquents.
Ignorant ses membres courbaturés, la jeune fille rêvassa du jour où elle s'était réveillée, alors qu'elle n'avait aucune idée du monde dans lequel elle s'apprêtait d'entrer. Lorsque l'innocence lui brûlait le cœur.
Elle s'arracha finalement de sa torpeur pour fouiller sa sacoche, et y dénicher bientôt la fiole indiquée par Kadambini. Celle-ci ressemblait d'ailleurs atrocement à l'ancien biberon de diamant. Les joyaux qui l'incrustaient luisaient sous les rayons du soleil rageur.
Mais Annie ne s'employa pas davantage à la contemplation de l'objet. D'un geste brusque, elle le décapuchonna et en avala quelques lampées. Kadambini n'avait pas précisé quelle dose elle devait ingurgiter, mais vu la petitesse du biberon, Annie supposait qu'elle devait le vider entièrement.
Une grimace de dégoût s'imprégna sur son visage au-fur-et-à-mesure qu'elle buvait. Le médicament lui évoquait un mélange d'urine et de vanille ; autrement dit, une répugnance. L'acide goût du mensonge.
Une douce chaleur fulgura dans le corps d'Annie. Malgré sa fétidité, le médicament réagissait avec une impressionnante efficacité. Déjà, la morsure de ses membres ankylosés s'adoucissait, jusqu'à s'évaporer dans la brise légère. Entre soupir de confort et exclamation écœurée, Annie trouva la force de se relever, et d'épousseter son pantalon un peu crasseux.
Pourtant, une fois juchée sur ses deux pieds, une fois ses indociles cheveux disciplinés en une queue-de-cheval grotesque, Annie sentit une vague de découragement l'envahir. Que faire ? Où aller ? Elle n'allait tout de même pas attendre que la fureur des Wolkenais tombe sur elle pour bouger son arrière-train ? Il fallait qu'elle trouvât un lieu caché, isolé. Le bois des arbres semblait trop lisse pour être grimpé, et les branches trop fines pour supporter un poids humain. Sans compter la hauteur vertigineuse des hêtres...
Annie mordilla une mèche déjà échappée de sa piètre coiffure, sonnée par l'évidence. Une grotte. Il fallait qu'elle dégotât une grotte.
La jeune fille tourna un regard hagard autour d'elle. Cette forêt contenait-elle des galeries souterraines ? A la première vue, on ne croirait pas. Le sable du sol dessinait une surface parfaitement horizontale, et aucun morceau rocheux ne troublait sa superbe lisseur.
- Pourtant... Soupira-elle désespéramment.
Mais le désespoir ne la gagna pas. Annie releva son menton aiguisé avec détermination, tandis que ses jambes s'activèrent mécaniquement. Si elle voulait sortir du gouffre, si elle espérait avoir une minuscule chance de sauver le Monde des Nuages, elle devait se montrer courageuse. Ne pas faillir. Ne pas pleurer. Agir.
La démarche d'Annie s'avéra toutefois maladroite alors qu'elle progressait entre la végétation colorée, sa sacoche nonchalamment jetée sur son épaule. La jeune humaine ne pouvait s'empêcher de rester éberluée face à ses membres déjà en parfait état. Si ses potions étaient infectes, Kadambini avait vraiment un don en médecine.
Puis son hébétude dévia peu à peu vers la beauté exotique des bois. Plus elle s'enfonçait parmi la végétation, plus les troncs des arbres grossissaient. Dorénavant, leurs tailles étaient si écrasantes qu'Annie devait sauter pour franchir leurs racines tentaculaires, serpentant longuement sur le sable, puis s'engouffrant définitivement sous terre. Les couleurs de leurs feuilles aussi étaient inattendues. D'un rouge automnal, elles pouvaient passer à un bleu océanique, puis à un vert émeraude à la texture velouteuse.
Germant sur les racines des hêtres, des fleurs de nacre s'ouvraient sur son passage. Parfois, elles cédaient à des fleurs de diamant, parfois, à des créations pleinement naturelles.
Puis, après quelques pas, les branchages s'affinèrent de nouveau, ciselant à leurs extrémités de longues et tortueuses boucles prolongées de bourgeons. Elles s'inclinaient vers le chemin de sable taillé en spirale, un chemin ni grimpant, ni descendant, un chemin parfaitement plat, facile à gravir.
Annie était redevable à la nature. Malgré la brise fraîche, le soleil lui frappait le visage. Devoir fournir des efforts pour escalader une pente ne lui aurait pas plu. Assez de sueur mouillait déjà son visage.
Cette nature inouïe n'existait pas non plus sans animal. Par deux fois, l'humaine avait vu surgir des écureuils à l'anormale et sublime toison neigeuse. Ce pelage contrastait splendidement avec les fentes obscures qui leur servaient d'yeux. Annie avait également remarqué les majestueux volatiles qui filaient au-dessus de sa tête. Et avec beaucoup de soulagement, elle constatait qu'aucun oiseau ne ressemblait à Minuit, le dévoué plumeux de Schyama.
Le chemin se divisa soudain en quatre bras sablonneux. Annie cessa brutalement de marcher, et ferma les yeux pour mieux humecter l'air divin. Il bruissait entre ses mèches de cheveux, et glissait glacialement sur sa nuque. Elle soupira d'aise. Tout était si calme ! Il n'y avait que les piailleries infernales des oiseaux qui perturbaient le silence seigneurial de la forêt, ainsi que les échos fantomatiques de ses pas contre le sable.
Ses paupières se relevèrent doucement. Le ciel se tâchait de nuages éclatants, comme à l'accoutumée.
Rassasiée, Annie se laissa une seconde fois transporter par ses pieds, et emprunta la route de gauche. De toute manière, où que la mènerait cet énième serpent de sable, la saveur rance de l'égarement la poursuivrait. Elle n'avait nul part où aller, et pendant son trajet, elle avait déjà eu tout le loisir d'étudier ce goût infect. Il s'agissait d'une mixture abominable de sel et de sucre noyés dans de l'eau glacée, le tout renforcé par une épice à la douceur trompeuse.
De l'air lui remonta le long de sa gorge, et Annie l'expédia de son corps sous forme de soupir excédé. Elle remporta laborieusement son attention à la forêt. Craquements de brindilles, souffle saccadé, chant des oisillons, sifflement du vent, tapement de sa sacoche contre sa hanche avaient pour objectif de rompre le calme ambiant – en vain. Ses jambes la menèrent dans une nouvelle clairière, plus vaste, plus lumineuse. Sous le fort éclairage du soleil, le sable blanc ressemblait plus que jamais à une étendue de poussières d'étoiles.
La douceur sableuse l'amoura tellement qu'Annie décida de s'allonger à même le sol, entre deux énormes racines. Comme si elle en était le prolongement naturel.
Elle commençait à déballer ses provisions quand elle entendit un étrange bruitage. Un couinement. Bien que faible, il n'échappa pas à ses oreilles. Annie tourna la tête si brutalement qu'un torticolis prit sa nuque captive.
La jeune fille considérait cette douleur comme la benjamine de ses soucis. Son sang venait de se figer dans ses veines.
A quelques pas d'elle, une silhouette mince venait de s'arrêter. Croisement incertain entre loup et fennec – quel qu’il soit – on ne pouvait nier son pelage azuré, absolument fantastique. De très longues oreilles s'évadaient de chaque côtés de sa tête, un museau humide en son milieu.
Sa queue semblable à celle d'un écureuil s'auréolait de reflets or, conformément au reste de son corps sculpté dans la grâce. En effet, chacun de ses mouvements, chacun de ses poils se muait d'une fluidité saisissante. Ses minuscules coussinets dorés, ses yeux d'ambre captivants... Mais la plus grande particularité de cet animal s'avérait être ce joyau brut, encastré dans son front. Il scintillait d'une étrange lueur, comme un phare illuminé dans la plus terrible des nuits.
Annie resta éberluée face à une telle créature. Était-ce un rêve ?
Le fennec couina. La jeune fille réémergea. La gorge déglutissant, elle ravala sa faim et céda à son ahurissement. Elle ne rêvait pas, et cette créature n'était pas non plus une illusion. La gracieuse et puissante respiration qui animait la fourrure de son ventre le prouvait rigoureusement.
L'espace d'un battement de cœur suffit toutefois à Annie pour reprendre ses esprits. D'une voix qu'elle espérait rassurante, tandis qu'un sourire se dépliait lentement sur son visage, elle incita l'animal à s'approcher :
- N'aies pas peur...
L'une des pattes du fennec recula imperceptiblement. Mais ses yeux restaient rivés dans les siens, avec une intensité hors du commun.
La main opalescente de l'humaine se tendit doucement vers lui, tremblante. La créature la renifla de loin, éternua et couina. Ce dernier cri retentit à travers la clairière, fantomatique. Annie entendait aussi des bourdonnements tout bonnement belliqueux ; les insectes devaient ragoter avec férocité. Mais elle n'y prêta guère attention, absorbée par ce gracieux félin.
Une perle de sueur vint se détacher avec délicatesse de son front. Collées à ses joues transpirantes, quelques mèches de cheveux commençaient à boucler. Sa main, paume ouverte vers le ciel, devenait elle aussi de plus en plus moite. Mais le fennec ne bougeait pas. Depuis ces dernières minutes, il se contentait de l'observer de ses iris ambrées, les oreilles vaguement rabattues en arrière.
Alors Annie referma sa main tendue d'un geste sec, tandis que son autre main, fourrée dans sa sacoche, se refermait sur le pain « saveur Grande Ourse » dernièrement piqué dans la cuisine de Scintillam.
Ce fut à l'instant même où la nourriture s'émiettait par terre que les prunelles du fennec s'éclairèrent d'une lueur d'intérêt. Ses pattes eurent un encourageant pas en avant. Sa queue redressée dansait fraîchement dans le vent.
Avec une grâce digne d'une ballerine, l'animal baissa la nuque vers le sol en quête de quoi se mettre sous la dent. Une langue dorée jaillit spectaculairement de sa bouche, et se mit à lécher le sol avec des lapements silencieux.
Ce fut pourquoi Annie ne réagit pas tout de suite lorsque de nouveaux couinements se faufilèrent jusqu'à ses oreilles. Elle laissa tomber un nez effaré vers la créature qu'elle apprivoisait par pain « saveur Grande Ourse ». Le fennec ne pouvait pas couiner et déglutir à la fois, c'était impossible ! Et elle avait raison. Ces nouveaux couinements provenaient de l'arbre auquel elle s'accoudait nonchalamment. La symphonie de petits cris perçants persista longtemps, très longtemps... et Annie réalisa enfin qu'elle s'était assise sur un terrier.
Elle se releva en toute hâte.
Un éclair de couleur passa devant ses yeux.
- Nom d'un...
Mais elle avait perdu ses mots. Au nom de quel objet, dieu ou élément naturel pouvait-elle jurer alors qu'une nuée de fennecs multicolores galopait à ses pieds ? Éberluée, Annie tenta de les compter. Trois... Cinq... Six... Huit... Dix... Onze... non ! Elle avait compté le violet deux fois ! Il y en avait donc dix.
Dix créatures merveilleusement gracieuses, dotées d'un regard fascinant. Ils possédaient tous le même diamant doré incrusté dans le front, tandis que la couleur de leur robe, elle, ne cessait de varier. Du bleu azur venait le jaune soleil, en passant par le vert jade, le rose bonbon, le violet lavande, le rouge sang et l'orange feu. Un arc-en-ciel de museaux couinant, d’œillades obstinées et de douceur enchanteresse.
Annie était tout attendrie. Son attendrissement était tel qu'elle en oublia momentanément d'être prudente.
Elle trancha le pain « saveur grande Ourse » à l'aide d'un canif dégoupillé à Scintillam, en enfourna une partie dans sa bouche, et laissa tomber l'autre parterre.
Les fennecs colorés ne se firent pas prier pour ramasser ce butin inespéré. Avec une rapidité sidérante, la queue fouettant cruellement l'air, ils fondirent tout dix sur le festin. Certains se mirent à grogner pour avoir leur part, d'autres à geindre avec mignoté. Les pattes griffèrent le pain, n'arrivant qu'à l'émietter davantage. Les museaux plongèrent au sol. Les langues caressèrent le sable. Et tout là-haut, Annie contemplait le spectacle de ses deux yeux ahuris, la joue gauche arrondie par son morceau de gâteau pas encore avalé.
Depuis quand ces bestioles n'avaient-elles pas mangé ? Elles devaient être affamées pour se bousculer ainsi, se donner des coups de pattes, ou des coups de leurs frêles hanches... Surtout que la nourriture, maintenant qu'elle commençait à la mâcher, ne disposait pas d'un goût particulièrement sympathique. Elle semblait même un peu sèche.
Annie s'assit prudemment sur la racine, mais aucun fennec ne parut la remarquer. Avec un haussement d'épaules, elle tordit son regard vers le ciel. Son champ de vision débouchait sur une une interminable flaque d'encre bleue, où brillait aveuglément quelque chose qui ressemblait à une lampe à pétrole. De longues formes moutonneuses dansaient sur l'immensité. Annie était incapable de dire si le vent qu'ils lui soufflaient lui faisait un bien fou, où lui glaçait davantage le cœur.
Un sourire triste plia ses longues lèvres sans volume. Désormais, le ciel était la seule chose qui savait la ramener à la réalité. Son seul véritable ami. Même si elle avait déménagé dans un autre monde, il l'avait suivi sans ciller, et la contemplait toujours de ses grands yeux compatissants. Il s'agissait de l'un de ses seuls souvenirs de la Terre. Les doigts d'Annie plongèrent dans sa sacoche, y rencontrèrent une texture laineuse. Avec Lys et son béret.
L'humaine laissa planer son regard hagard autour d'elle. Autrefois, elle ne croyait n'avoir aucune attache sur Terre. L'expérience qu'elle vivait lui prouvait à quel point cette idée s'avouait fausse. Si ce n'était pas des personnes qui lui manquait, c'était des saveurs et des odeurs. Jamais elle n'aurait cru regretter un jour la mer et son sel. Jamais elle n'aurait cru regretter un jour le sol herbeux. Tout ce sable lui filait le vertige.
Toutefois, ce fut dans ce même sable qu'une énorme branche tomba soudainement, suivi de près par une silhouette humanoïde.
C'est une belle idée le fait que Annie regrette sa Terre. Le mal du pays, en quelque sorte. Je continue à lire.
Ce chapitre est aussi calme que les dialogues ^^ et cette rencontre fantastique avec ces fennecs ou loups enchantés est tout bonnement magique. L'univers est merveilleux, j'ai l'impression que chaque description fait honneur à l'environnement
Câlin virtuel !
On ressent la perte de repères d'Annie, elle qui était presque amoureuse de ce nouveau pays, une fois seule et perdue se met à regretter la Terre. Elle cherche à se rassurer...
(un fennec ou un loup, ce n'est pas un félin, mais un canidé, famille des chiens, loups, renards... Les félins sont les chats, lions, guépards, tigres ...)
(En effet, voilà une belle incohérence ! Oups... Je pense que cette faute est due à la manière dont j'imaginais les reneklous intérieurement, entre renard et chat... Merci de l'avoir relevé ! :))
"qu'elle trouvât" -> "qu'elle trouve" je pense
Sinon, je me demande quel rôle ces fennecs vont bien pouvoir jouer par la suite huhu, ils me font vraiment penser à des bestioles de magical girl. Peut-être qu'Annie est une magical girl d'ailleurs huhu? Ce serait donc là ce secret. Je dis que ça mériterait d'être creusé
Ne t'inquiètes pas, les fennecs vont jouer leur part de rôle très bientôt ;)
Merci beaucoup pour ton commentaire ! <3