Lorsque la nuit fut noire et que tous les convives se furent retirés, Adam se faufila dans les jardins et escalada la façade du château telle une ombre pour rejoindre le balcon de sa belle. Tout aussi silencieuse, la princesse ouvrit la porte-fenêtre avant qu’il ne l’atteigne et referma derrière lui. Alors elle se précipita dans ses bras et l’enlaça tendrement.
- Tu m’as manqué, souffla-t-il en la berçant contre lui.
- Toi aussi.
Elle rit en silence et l’entraina vers son lit.
- Tu vas passer la nuit avec moi, n’est-ce pas ?
Il acquiesça.
- C’est peut-être notre dernière nuit ensemble, dit-il en la retenant. J’aimerais qu’on en profite.
Elle protesta intérieurement, mais resta silencieuse. Elle l’interrogea du regard, inquiète. Elle ne voulait pas qu’il parle comme ça, mais elle reconnaissait volontiers qu’Adam avait toujours été le plus sensé des deux.
En voyant son regard, il lui sourit.
- La dernière avant un moment, corrigea-t-il. Si je dois partir un temps pour Saad, demain, je veux que cette nuit soit inoubliable. Tu veux bien ?
- Oui, approuva-t-elle rassurée. Qu’est-ce que tu as en tête ?
- je veux faire ce qu’on a pas encore pu faire. Je veux te découvrir toute entière. Que dirais-tu d’un bain ?
- Un bain d’eau salée, comme sur l’île ? plaisanta-t-elle. C’est une bonne idée. Viens.
Elle le prit par la main et l’entraina dans sa salle de bain. Un bassin fumant les attendait au centre d’une pièce d’eau luxueuse, ce soir elle le partagerait avec lui. Cette idée lui plaisait. Alors elle ôta sa robe de chambre, révélant sa chemise de nuit.
Il la détailla des pieds à la tête. Subjugué, il s’approcha d’elle et posa ses mains sur ses épaules.
- Est-ce pour moi cette tenue affriolante ou c’est habituel ?
- Mmh… Les deux. Disons que j’ai choisi celle qui me paraissait la plus apte à satisfaire ton regard.
Il lui sourit, tendre.
- Je peux ? demanda-t-il d’une voix douce.
Elle hocha la tête en se mordillant la lèvre.
- C’est même conseillé.
Ses yeux rivés aux siens, il fit glisser ses mains le long de ses bras, emportant les fines bretelles dans son mouvement. La chemise de nuit de soie légère glissa sur son corps, dévoilant son corps nu. Alors, il fit un pas en arrière pour la contempler.
- Tu es magnifique, souffla-t-il ému.
- À ton tour ? demanda-t-elle en posant les mains sur sa chemise.
Il hocha la tête et la laissa ôter ses vêtements. Elle s’appliqua, en admirant sa peau blanche et ses muscles dessinés à la perfection. Elle eut un petit temps d’arrêt plein de malice en posant les mains sur sa ceinture avant de la lui enlever.
- Devrais-je en assumer les conséquences ? demanda-t-elle tendit que son pantalon tombait sur le sol avec son caleçon.
- C’est bien possible, dit-il en prenant sa main pour l’entrainer dans l’eau.
Il s’assit et l’attira tout contre lui.
- Je t’aime. Tu es la plus merveilleuse des femmes.
- Je voudrais passer ma vie à tes côtés, quelles que soient les épreuves à surmonter.
Elle lui sourit et le gicla. Il répliqua immédiatement.
- Tu casses notre moment romantique ! s’insurgea-t-il. Peste ! Tu ne respectes donc rien ?
- Ne suis-je pas incroyablement romantique quand je t’invite à jouer avec moi ? demanda-t-elle en papillonnant des cils.
- Tu vas voir, gronda-t-il.
Il la souleva et la lança plus loin dans le bassin où l’eau était profonde.
- Tu aimes mon jeu ? fit-il goguenard.
Elle revint près de lui et tenta de le soulever pour en faire autant.
- Non… il est injuste !
Il rit et la serra contre lui, avant de se pencher sur ses lèvres et l’embrasser longuement.
- Je t’aime… Après ce bain, je vais te ramener à ta chambre et t’initier à un tout autre jeu, susurra-t-il.
Amélie savoura un long frisson qui la traversa toute entière.
- Maintenant ?
- Déjà ? rit-il. On vient à peine d’entrer. Il faut en profiter un peu…
Et comme pour lier le geste à la parole, il pressa sa paume au creux de son dos pour l’attirer tout contre lui et se pencha dans son cou pour y déposer de petits baisers brûlants. Elle poussa un soupir de plaisir et le serra contre elle avant de l’emporter pas à pas jusque là où l’eau était plus profonde avant de l’embrasser encore et encore.
- Tu sais… murmura-t-il fiévreux contre ses lèvres en suivant ses contours. Je me dis… pourquoi attendre ?
Amélie le dévisagea, surprise.
- C’est peut-être idiot de ma part, mais je crois que je préfèrerais qu’on puisse profiter de ce moment sans le voler. Le gagner. Tu comprends ? Pour moi, rien n’est perdu, et je sais que je t’épouserai.
- Moi aussi, mais justement…
Il lui sourit.
- Un mois, c’est long…
Il se pencha sur ses lèvres et y déposa un petit baiser rapide.
- Mais je vais tâcher d’être patient. C’est toi qui as raison.
- Ce sera difficile, rit-elle. Mais ce sera mérité.
Elle lui caressa la joue.
- J’ai hâte que mon père annonce nos fiançailles.
- Le fera-t-il un jour ? soupira-t-il.
Il se reprit. Il ne fallait pas qu’il gâche ce moment en étant toujours si pessimiste. Il leva sa main et la porta à ses lèvres.
- Tu l’as toujours, dit-il en jouant avec la bague qu’il lui avait offerte sur l’ile.
- Évidemment.
Elle la contempla en souriant.
- La bague de la reine de l’Ilotrésors.
- Ma reine, souffla-t-il.
Il l’embrassa encore, savourant la douceur de son corps contre le sien.
Ils profitèrent encore de la chaleur du bain puis rentrèrent dans la chambre de la jeune fille. Allongés nu l’un contre l’autre dans le grand lit à baldaquin, ils se dévoraient des yeux comme des enfants amoureux.
- Et ça ? souffla-t-il en écartant une mèche de cheveux de son visage. Ce n’est pas de la torture ?
- Un peu, mais… j’aime bien.
Elle le couva du regard.
- Tant qu’on est tous les deux, tout me va.
- Tu n’as aucune pitié, gémit-il.
Il la serra contre lui et déposa un baiser sur son front.
- Bonne nuit, ma reine.
- Bonne nuit, mon courtisan.
Elle se nicha dans ses bras, trouvant une pose confortable et ferma les yeux. Au bout de quelques minutes, elle se mit à rire tant la situation était étrange, et finalement, longtemps plus tard, elle s’endormit dans ses bras.
Adam resta longtemps frustré de la sentir si près, mais inaccessible. Il fallait qu’il se répète que c’était mieux comme ça. Qu’ils devaient attendre. Que c’était la preuve de son amour désintéressé. Ça n’en était pas moins dur. Et puis peu à peu, son corps et son esprit s’apaisèrent. Elle était là, douce, et adorable dans ses bras. Sa peau contre la sienne. En paix. En confiance. Et finalement, il se dit que c’était la plus belle nuit de sa vie… et il n’en perdit pas une miette.