Vous vous y attendiez peut-être, mais il y a quelque chose que je dois vous dire avant de continuer : cette histoire ne raconte pas celle du roi Morholt. Comme tous les autres personnages, il n’est qu’un petit bout parmi le reste. Bon, un gros bout peut-être, et même un sacré morceau, n’empêche, il n’en est pas le héros.
Le héros de cette histoire n’en est même pas un. Ce n’est pas un héros, dans le sens qu’il n’a rien accompli d’extraordinaire et qu’il n’a jamais fait preuve d’un altruisme inouï. Si j’étais honnête, je vous dirais même qu’il a fait beaucoup de mal dans sa vie. Beaucoup plus de mal que de bien.
On pourrait penser, en lisant l’histoire d’un seul œil un peu distrait, sans bien y faire attention, que le prince Malo était une abominable personne. Qu’il lui manquait beaucoup de cœur et qu’on n’aurait jamais dû lui laisser un royaume, même tout petit, entre les mains.
Vous pourriez le penser, et cela me ferait beaucoup de peine, car cela voudrait dire que je suis un mauvais conteur.
Alors, je vous demanderais de vous en souvenir pour tout le temps qu’il vous plaira de passer à me lire : le prince Malo n’était ni une bonne, ni une mauvaise personne.
C’était simplement quelqu’un qui avait très peur de mal faire et surtout, qui avait très envie d’être aimé.