Déchirure

Par Bubbles

Mes doigts caressent la surface lisse de ma peau. Je suis le chemin formé par le creux de mes seins, descend jusqu’au nombril. Je palpe doucement les vagues de mon ventre puis je remonte d’un index distrait vers mon mamelon dont je fais lentement le tour, avant de glisser vers l’autre. Les stimulis rayonnent sous la surface tranquille de ma peau et font frissonner mes nerfs impatients. 

Je ferme les yeux et ma main épouse maintenant le lit de ma poitrine, savourant la douce chaleur qui irradie de mon corps. De l’index et mon majeur joints, j’appuie doucement sur le côté intérieur de mon sein, dont la chair tendre s’enfonce sous la pression. La peau ondule et se craquèle. Mes doigts y pénètrent sans rencontrer plus de résistance. J’ai l’impression de pétrir une motte d’argile tiède.

Je fouille les chairs à la recherche des côtes, repoussant la graisse et les muscles qui s’insurgent contre mon exploration. Mes doigts se crispent, tâtonnent entre les côtes, en écartent les os pour mieux mettre mon cœur à nu. 

Mon palpitant s’expose enfin à mon regard et je ne sais plus si c’est moi qui frissonne ou si c’est lui. Je ne ressens ni douleur, ni émotions. Mon cœur se fait pudique et refuse de partager avec moi ses états d’âme. A le voir ainsi exposé, je pourrais douter qu’il m’ait tant fait souffrir. 

Il est là pourtant, rouge et luisant, frémissant au rythme des puissantes contractions qui résonnent dans mes veines. J’enfonce un doigt dans sa chair, laissant un sillon ensanglanté se former sous mon ongle incisif. Les battements de mon cœur s’accélèrent, jusqu’à résonner dans mon crâne comme une multitude d’échos. J’ai envie de mettre mon cœur en pièces pour que mon esprit puisse s’apaiser. Je voudrais l’arracher de sa gangue et l’enterrer sous un millier de faux-semblants. 

Mais je me retiens et laisse ma main en suspens, la paume contre ma chair à vif. Mon cœur frémit doucement, dans l’expectative. Je me surprend à regarder plus attentivement ce petit amas de fibres musculaires posé entre mes seins. Les veines et ridules qui parsèment sa surface sont autant de blessures passées sous silence.

Je tends l’oreille et en-dessous du vacarme de ses pulsations, un autre rythme s’impose à moi. Le sang qui circule dans mes veines se fait murmure, et me rappelle que sans cœur, aucune vie n’a de sens. Flux et reflux, comme les vagues de l’océan qui encerclent mes sens. 

Alors, je retire ma main d’une caresse et lisse les chairs à vif pour offrir à mon cœur l’écrin d’un corps soumis à ses désirs. 

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