Défi n°1 (Aloha) : L'arrivée

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Contrainte du défi : écrire un texte court sur la façon dont on imagine l'arrivée d'Elsa. Que fait-elle juste après sa sortie de "prison" (dernier épisode de la saison 3) ? Que cherche-t-elle et quel rôle va-t-elle jouer ? 

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Le silence enveloppait tout. Le silence absolu, depuis tant d'années. Partout. Les ténèbres. Le froid. Heureusement, il y avait le froid pour résister à tout ça. C'était comme être lové dans un cocon gelé, qui engourdissait tout, même quand on était... on était... ? La conscience. Un cocon qui vous privait de vos sens au point que l'absence de tout était supplantée par une conscience plus profonde des choses. Plus lointaine.

Mais tout à coup, le lointain s'était rapproché et s'était jeté au milieu de la conscience, la dégivrant, réinventant la douleur. Le bruit était revenu. Un ébranlement dans cet univers sombre et impalpable. Les « ténèbres » s'étaient mises à trembler et à crier. Des cris aux voix de plus en plus distinctes. Comme il était étrange d'entendre depuis tout ce temps. Que disait-on là-bas ? Une voix de femme. Une voix d'homme. Une dispute ? Des bribes... La Sauveuse Swan. New York. « Storybrook est ma maison ». Quelque chose d'autre derrière les mots. « Ta magie est de retour ». Qu'est-ce que... ?

LA DOULEUR. Incisive, comme si l'univers s'était déchiré et que la faille l'appelait. La souffrance aiguë se faufilait dans la conscience, réveillant tout ce qui décantait à l'intérieur !

- Argh !

Un hurlement étouffé sortit de la jarre enchantée tandis que les deux inconnus se jetaient dans le portail, franchissant le temps. L'objet fut attiré dans le vortex lui aussi, à peine quelques secondes plus tard, et les ténèbres enfin s'ouvrirent à la lumière...

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Lumière. Bleue. Tout ce bleu pur, cette lumière de glace, qui s'échappait de ses doigts. Libérée de sa prison, Elsa redressa la tête avec un sourire extatique. Elle laissa son pouvoir découler de ses doigts et englober la grange dans laquelle elle avait réapparu. Sa Majesté la Reine des Neiges était de retour.

La neige ? Non. Il n'y avait pas que cela.

Elsa regarda ses mains. Les extrémités de ses orteils étaient colorées, un mélange de rouge et or qui annonçait... la fin. Sa véritable nature était en train de gagner du terrain.

Il fallait qu'elle aille au bout de ce qu'elle avait commencé, il y a si longtemps. Plus de cinq cent ans, au moins, sinon... elle grimaça quand elle réveilla une douleur sourde et profonde en agitant ses doigts avec l'espoir vain de voir la couleur maudite déteindre.

Elle sortit de la grange rapidement, à peine gênée par la faiblesse de ses jambes qui la faisaient trébucher régulièrement. Elle observa d'un œil vif les alentours. Un village étrange se profilait non loin, une bourgade inconnue, et vraiment... très étrange. Elle n'avait jamais rien vu de tel. Elle marcha dans sa direction, claudicant péniblement, mais déterminée à comprendre avant tout où elle avait atterri. Il était vital qu'elle fasse un repérage des lieux complets avant d'achever le processus.

Mais il y avait quelque chose ici qui la dérangeait. Tout était si... gris ! Si triste. Pourquoi tant de dureté dans cet endroit ? Elsa avait rejoint la ville maintenant. Le sol était mort, les maisons effrayantes, et les gens... Elle se précipita dans une ruelle avant que le couple qu'elle avait failli croiser ne puisse la voir. La reine en profita pour les observer. La femme avait des cheveux courts, noirs, et une façon de parler presque naïve et enfantine, en même temps que déterminée et pleine de caractère. Son compagnon était grand et blond, et marchait avec assurance, tel un prince dans son royaume.

Mais c'était leurs vêtements qui attira l’œil d'Elsa. Si bizarres qu'ils en devenaient indescriptibles.

Elle s'enfonça plus profondément dans la ruelle où elle se cachait. Elle n'était pas dans son monde. Elle le savait. L'air n'était pas le même, l'atmosphère n'était rien de ce qu'elle avait jamais pu connaître avant. Quand on vivait avec de la magie dans les veines depuis des siècles, on sentait ce genre de choses.

Ici, la magie était factice. Artificielle. Elle replaça ses mains devant son visage. Le feu avait encore progressé un peu. Les malédictions, en revanche, étaient donc bien réelles.

Un bruit atroce survint alors. Elsa savait qu'il provenait d'elle : de sa gorge, de son ventre, et de son bassin. Il ressemblait à un déchirement grondant, et à chaque fois elle avait l'impression que c'étaient ses organes qui s’écartelaient ainsi – la douleur en moins. Ce n'était qu'un avertissement, mais le temps pressait. Elle ne pourrait pas explorer la ville.

Elle contracta tous les muscles de son corps, paniquée, puis apposa les mains sur la première porte à proximité, la gela pour la fragiliser et la détruisit. Elsa inspira à fond et entra dans le garage. Elle referma l'ouverture par laquelle elle avait fait son effraction par la glace. Puis elle se retourna, et constata avec bonheur ce qui l'entourait. Des babioles par... centaines ! Des tas et des tas d'objets qu'elle ne parvenait pas à identifier à tous les coups. Gris, morts, et ternes, tous, à l'image de la ville. Ils n'avaient rien à voir avec les jolies brindilles parfumées qu'elle avait toujours utilisé jusque là, mais cela ferait l'affaire.

Fébrile, elle entreprit d'entasser au centre de la pièce tout ce qu'elle pouvait tenir dans ses mains sans trop trembler. Son nid n'aurait jamais été aussi inconfortable. Mais elle n'avait pas le choix.

La reine regarda une fois de plus ses mains, dont la rougeur dorées était parvenue jusqu'à la base de ses doigts.

La malédiction du phénix progressait à une vitesse hallucinante.

* * *

Parmi les nombreuses et fabuleuses créatures de légende que la nature avait créé, le phénix était la plus instable par essence. Il était le Feu, suprême, absolu, aussi bien créateur que destructeur. Tout de rouge, de bleu, et d'or, il était magnifique et son plumage était sacré et loué sur toute la planète qui la surnommait la Reine du Feu.

Elsa était très jeune quand elle avait rencontré la Magicienne, elle n'en était qu'à son six cent cinquante-troisième cycle de renaissance, et à à peine cent ans du prochain. Sa chaleur était donc quasiment au summum de son intensité maximale, tout comme ses pouvoirs, sa magie.

La Magicienne Circé convoitait sa puissance. Extrêmement rusée, elle avait un plan visant à aspirer tout ce qu'elle désirait d'Elsa, si fragile, si jeune, innocente et crédule. Elle lui promit de tout lui apprendre, de lui montrer comment contrôler ses pouvoirs, et comment s'en servir pour faire le bien autour d'elle. Elle promit également de l'introduire auprès du peuple du Désert, qui vénérait les Rois et Reines de Feu depuis toujours. Et elle lui apprit enfin qu'elle pouvait commander aux Djinns, ces génies du sable, et plus particulièrement aux Éfrits, qui comptaient parmi les plus puissants et les inconstants et fluctuants d'entre eux.

Circé avait gagné sa confiance, très facilement. Et puis un jour, sans qu'Elsa ne comprenne pourquoi, elle tenta quelque chose. Un « Sort Souverain ».

Celui de Glace.

La suite était très confuse pour elle, mais Elsa avait alors momentanément basculé dans la folie tant la douleur, incessante, pernicieuse, avait été intense. Elle avait erré pendant des mois dans le désert, ses pouvoirs s'échappant de son corps et de son esprit sans qu'elle ne puisse rien contrôler. Des pouvoirs de glace. Uniquement de glace. Le Feu ne répondait plus en elle.

Pourtant, il était toujours ce qu'elle était, sinon elle serait morte, elle n'existerait plus si on avait réellement détruit ce qu'elle ÉTAIT !

Le phénix déchu avait alors alterné entre création et destruction, entre l'accomplissement de miracles et la désintégration si absolue qu'elle avait engendré des horreurs qu'elle ne pouvait évoquer même mentalement sans hauts-le-coeur.

Déchirée entre le feu à l'intérieur et la glace qui avait conquis et constituait désormais tout son métabolisme, elle parcourut les méandres du désert en hurlant à l'aide, traquant Circé. Elle la savait proche, mais ne parvenait pas à la trouvait. La douleur de la trahison se mélangeant au schisme de sa conscience entre ce qu'elle était et ce que la magie lui avait imposé.

La pauvre enfant cherchait à retrouver le Feu initial, qui la consumait de ne plus brûler en elle. Instinctivement, elle gelait et enneigeait tout ce qui l'entourait : des quantités et des quantités de sable ainsi que tous les merveilles trésors qu'il renfermait... Elle essayait de faire sortir toute la glace de son corps, se disant que peut-être que si elle épuisait ses réserves le Feu reviendrait.

Mais il n'était jamais revenu.

Elle le sentait, pourtant, qui brûlait du rien dans l'étincelle de raison et de vie qu'il lui restait. Peu à peu, elle parvint à dominer sa nouvelle condition de Reine des Neiges...

… Mais c'est à ce moment-là que Circé l'emprisonna dans une urne magique, pour la neutraliser.

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Elsa haletait. Il n'y avait pas assez d'objets suffisamment convenables pour qu'elle puisse faire son nid ici ! Qu'allait-elle faire ? Elle était restée dans cette urne beaucoup, beaucoup plus longtemps que cinq cent ans, qui était la période au bout de laquelle elle devait absolument RENAÎTRE !

Et l'état de ses doigts, ainsi que les douleurs dans ses entrailles, tout était là pour lui rappeler que quelque chose d'abominable allait se produire si elle ne se pliait pas à la loi que la nature avait instauré pour elle. Peu importe son état de neige actuel.

La glace et la neige s'échappaient d'elle sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit. Le garage était un véritable tombeau arctique. Elsa ne pourrait pas les contenir plus longtemps, la ville allait être touchée, bientôt.

La ville et ses habitants.