Défi n°3 (Slyth) : Opération Disney

Opération Disney

Henry s'était levé d'excellente humeur : il avait passé la nuit chez Regina et, en rangeant sa chambre le soir précédent, il avait fait une découverte très intéressante. Il s'agissait d'un livre. Bon, il n'était peut-être pas d'origine aussi mystérieuse que celui sur les contes de fées, mais le jeune garçon avait presque oublié qu'il le possédait. Et retomber dessus comme ça, par hasard, ne pouvait pas être une simple coïncidence. Au contraire, c'était une occasion à ne pas manquer !

Il descendit les escaliers quatre à quatre, sa nouvelle trouvaille soigneusement calée dans ses bras. Sur la table de la salle à manger, il découvrit une assiette pleine de pancakes encore fumants ainsi que tout un choix de garnitures différentes. Pourtant, une fois installé sur sa chaise, il prit à peine le temps de savourer son petit-déjeuner, engloutissant la nourriture le plus vite possible.

« Eh bien, j'ignorais que mon fils s'était transformé en lion durant la nuit ! »

Pris sur le fait, Henry se retourna (la bouche encore pleine) pour faire face à l'expression mi-surprise mi-amusée de sa mère adoptive. Excité comme une puce, il s'empressa d'avaler avant d'annoncer fièrement :

« J'ai trouvé un truc génial ! »

Joignant le geste à la parole, il brandit triomphalement l'ouvrage qu'il avait déniché. Curieuse de savoir ce qui avait bien pu mettre le garçon dans un tel état, Regina s'approcha pour déchiffrer le titre inscrit sur la couverture. Il tenait en quelques lettres : Disney.

« C'est... un livre, conclut-elle, apparemment guère impressionnée.

— Mais pas n'importe quel livre ! répliqua Henry sans se laisser démonter. »

Il se lança aussitôt dans une explication farfelue qui impliquait divers contes de fées, un certain monsieur Walt Disney et des dessins-animés – apparemment très célèbres – basés sur lesdits contes.

« Merci chéri, commença Regina en voyant qu'il reprenait son souffle. Mais je ne vois pas très bien en quoi cette découverte est si sensationnelle.

— Tu comprends pas ? La moitié des habitants de Storybrooke possèdent leur double dans l'un de ces films. C'est l'occasion idéale pour les confronter à leur version animée ! »

Notant l'air perplexe de sa mère, il fronça les sourcils avant de faire de la place sur la table tout en marmonnant "qu'elle allait voir". Déposant l'épais volume devant lui, il entreprit de le feuilleter. L'ouvrage était principalement composé d'images – certainement tirées de ces fameux films – mais les pages défilaient trop vite pour que quiconque puisse les identifier. Puis, finalement, le mouvement s'arrêta et Henry invita Regina à s'approcher. Intriguée, elle obéit et ce qu'elle découvrit la laissa sans voix : une femme a l'air hautain, coiffée d'une couronne et drapée d'un sombre manteau. Ses yeux perçants semblaient consulter un miroir à l'intérieur duquel se reflétaient des flammes ainsi qu'un étrange masque.

« Est-ce... murmura-t-elle, estomaquée.

— Oui, c'est toi ! confirma Henry avant de rectifier. Enfin... la méchante reine. »

Regina fronça les sourcils devant ce portrait peu flatteur mais ce n'était rien comparé à l'image suivante que lui présenta son fils : une vieille femme hideuse qui apparaissait au milieu d'un nuage de fumée.

« Quelle horreur ! s'exclama-t-elle en reculant d'un pas.

— Elle veut s'en prendre personnellement à Blanche-Neige sans qu'elle ne la reconnaisse.

— Ah oui ? Eh bien elle n'est vraiment pas douée ! répliqua Regina en croisant les bras. N'importe qui se méfierait ! Et tu vas me faire croire qu'elle cherche à se débarrasser de Blanche juste pour "redevenir la plus belle du royaume" ?

— Ben... oui, admit Henry, un peu gêné.

— C'est absurde. Ton monsieur Disney n'a rien compris à cette histoire ! Et cette... méchante reine est une sorcière vraiment pitoyable ! »

Face à la moue frustrée qu'affichait sa mère adoptive, le garçon ne put s'empêcher d'éclater de rire : pour sûr, sa réaction en valait vraiment la peine ! Regina comprit alors que son fils souhaitait seulement s'amuser et s'autorisa donc un léger sourire, tout en secouant la tête.

« Tu m'as bien eue, admit-elle avant de lui déposer un baiser sur le front. Dis donc, pourquoi tu n'irais pas montrer ta trouvaille à d'autres habitants ?

— C'est prévu oui ! confirma-t-il joyeusement. Mais il faut que j'aille en parler à Emma avant, on va lancer "l'Opération Disney" ! »

Gonflé à bloc, le garçon sauta sur ses pieds, ramassa le livre et sortit en trombe de la maison. Regina l'observa calmement, les bras toujours croisés. Quand la porte se referma, elle repensa à ses derniers mots et une expression moqueuse vint éclairer ses traits.

« Oh, je suis certaine qu'elle va adorer ça... »

******

Dès qu'il fut à l'extérieur, Henry se mit à courir en direction de chez Granny : il savait que sa mère biologique avait pris l'habitude de prendre son petit-déjeuner là-bas. Il tenait très fort le livre entre ses bras tout en essayant de prendre garde où il mettait les pieds. Bien sûr, il aurait pu limiter les risques en choisissant de marcher mais il s'en sentait tout à fait incapable pour le moment. Il avait un projet en tête et il comptait bien le réaliser le plus vite possible. La réaction de Regina l'avait galvanisé. Et il était certain qu'Emma allait adorer son idée. Oh oui, ils allaient vraiment s'amuser tous les deux !

Tout à sa hâte, le garçon ne prêtait plus vraiment attention à son environnement. Aussi, lorsqu'un obstacle massif apparut devant lui, ses réflexes furent mis à rude épreuve : laissant échapper une exclamation de surprise, il freina de toutes ses forces. Cela ne fut pas suffisant mais Leroy était solide comme un roc et il bougea à peine lorsque l'adolescent le heurta.

« Où tu vas comme ça gamin ? lui demanda-t-il de son ton bourru habituel en lui posant une main sur l'épaule. »

Henry ne répondit pas tout de suite, encore légèrement étourdi par le choc et tentant de reprendre son souffle. Puis, une fois calmé, il se mit à déblatérer quelque chose au sujet de sa mère et d'une opération secrète qu'ils devaient lancer. Leroy fronça les sourcils, intrigué par ses propos incohérents. Comme il ne semblait pas décidé à le lâcher tant qu'il n'en saurait pas plus, Henry lui fit signe d'attendre et ouvrit son livre. Une fois qu'il eut trouvé ce qu'il cherchait, il présenta une illustration à son interlocuteur.

« Qu'est-ce que c'est que... grommela Leroy avant de s'interrompre. Dis donc, cette fille qui tient un oiseau dans sa main... on dirait Blanche.

— Oui c'est elle ! sourit le garçon. C'est votre histoire en fait. Regarde le titre, Blanche-Neige et les sept nains.

— Non tu rigoles, c'est censé être nous là ? Oh attends... c'est vrai qu'on dirait Prof ici, avec ses petites lunettes. Mais il détesterait cette chemise. Et ces chapeaux ridicules, sérieusement ? Ah ah, elle est bien bonne gamin ! »

Il éclata d'un rire franc devant le regard un peu frustré d'Henry. Mais, soudain, il se tut et se pencha sur l'ouvrage.

« Mais, attends... c'est qui celui-là qui tire la tronche ? Il a un problème ou quoi ? »

Cette fois-ci, ce fut au tour d'Henry de laisser s'exprimer sa joie : il riait tellement que les larmes lui montèrent aux yeux. Et, pendant ce temps, Leroy le toisait d'un regard noir.

« Celle-là c'est vraiment la meilleure ! parvint finalement à articuler le garçon. C'est toi voyons, Grincheux ! »

Le concerné commença d'abord par sourire, prêt à réagir à cette nouvelle blague, mais il se ravisa soudainement. Retrouvant son sérieux, il croisa les bras sur son torse et grimaça.

« N'importe quoi.

— Mais enfin, tu fais exactement la même tête là, juste maintenant ! »

Henry se tenait les côtes d'une main, incapable de se calmer. Perplexe, Leroy jeta un nouveau coup d’œil à l'image. C'est vrai qu'il fallait reconnaître que... Non, il ne pouvait pas être vraiment comme ça quand même ! Son visage se décomposa tandis que le garçon lui tapotait gentiment l'épaule.

« T'en fais pas, c'est juste une version pour les enfants. Moi je te préfère carrément en vrai ! »

Continuant de pouffer, il referma le livre et s'en alla, laissant Leroy planté sur place. Ce dernier le regarda s'éloigner à grands pas en direction du restaurant et poussa un soupir.

« Il m'a coupé l'appétit. Et dire que Granny m'attendait avec du bacon... »

******

L'adolescent repéra Emma sitôt qu'il eut poussé la porte du bâtiment. Impatient, il s'installa en face d'elle et déposa bruyamment son ouvrage sur la table.

« Regarde ça ! s'exclama-t-il tandis qu'elle sursautait, surprise.

— Bonjour à toi aussi, l'accueillit-elle ironiquement. »

Il balaya son salut d'un revers de la main, signifiant qu'ils n'avaient pas de temps à perdre, et commença aussitôt à lui exposer son plan. Comme il ne voulait pas trop attirer l'attention sur eux, il s'efforçait de chuchoter mais avait beaucoup de mal à masquer son excitation. Sa mère l'écoutait patiemment, vaguement amusée par son comportement. Mais elle commença à se dérider franchement lorsqu'il lui raconta les réactions de Regina et de Leroy face à leurs "doubles".

« Alors, qu'est-ce que t'en dis ? On lance "l'Opération Disney" ? lui demanda-t-il d'un ton pressé tandis que la sonnette accrochée au-dessus de la porte annonçait l'entrée d'un nouvel arrivant. »

Emma leva les yeux, regardant par-dessus l'épaule de son fils et un sourire malicieux vint soudainement éclairer ses traits. Puis, l'air de rien, elle reporta son attention sur Henry.

« Oh que oui ! murmura-t-elle, une lueur mystérieuse dans le regard. Et je sais exactement quelle sera notre prochaine victime ! »

Elle se cala confortablement sur son siège, sirotant son chocolat chaud, tandis que le garçon l'observait d'un air déconcerté.

« Bonjour Swan, quelle délicieuse surprise de te retrouver ici. Oh, et bonjour à toi aussi Henry, les salua une voix rauque reconnaissable entre mille.

— Bonjour Killian ! lui répondit l'adolescent avec un grand sourire avant de lancer un clin d’œil complice à sa mère. »

Le pirate, à qui cet échange n'avait pas échappé, s'installa à leurs côtés.

« Qu'est-ce que vous mijotez ? demanda-t-il, haussant un sourcil interrogateur.

— Ce n'est pas toi qui voulais savoir à quoi tu ressemblais dans l'histoire de Peter Pan que les enfants connaissent ? lui lança malicieusement Emma.

— Hm... C'est vrai Swan. Mais du moment qu'ils mentionnent mon charme irrésistible, je ne m'en fais pas trop. »

Elle hocha la tête, l'air faussement compréhensif, avant d'adresser un signe à Henry. Ce dernier ouvrit aussitôt son livre, choisit une page bien précise et la présenta au pirate. Intrigué, il s'approcha. Un seul coup d’œil lui suffit pour perdre toute sa superbe : les yeux écarquillés, la bouche légèrement entrouverte, il semblait paralysé sur place.

« Alors, qu'est-ce que tu en dis ? murmura Emma, un grand sourire aux lèvres. Ils ont plutôt bien représenté ton charme irrésistible non ? »

Toujours sous le choc, Killian ne répondit pas. Puis, au bout de plusieurs secondes, il se redressa lentement.

« Je... je crois que je vais aller faire un tour, marmonna-t-il, le regard dans le vague. »

Et il sortit, le pas mal assuré, sans un regard en arrière. C'est alors qu'Emma éclata de rire : elle venait de rabattre le caquet du grand capitaine Crochet et ça, ça n'avait pas de prix !

« Tu crois qu'il va s'en remettre ? demanda Henry, tout aussi hilare.

— Je crois qu'on est tranquille pour au moins un jour ou deux là ! Alors, à qui le tour ? répondit Emma d'un ton enjoué.

— On a du pain sur la planche, "l'Opération Disney" est officiellement lancée ! annonça fièrement le garçon. »

D'un même élan, la mère et le fils se tapèrent dans la main pour sceller leur accord. La journée ne faisait que commencer et elle promettait d'être belle !