Des milliers de lucioles

Par Rachael

Extrait du cours moyen standardisé : Relwann

Relwann fait partie des planètes non affiliées à la Fédération en raison de leur localisation (voir : frontières fédérales, ellipsoïde de révolution défini par le Traité de Fondation de l'Alliance fédérale).

La population de Relwann reste faible, malgré une installation vieille de plus de mille cinq cents ans, contemporaine de la première vague de peuplement fédéral (voir : peuplement fédéral, historique). Cela tient à un environnement climatique et géographique peu favorable qui réduit drastiquement les zones habitables.

 

****

 

L'arrivée sur Relwann promit des délices à l'adolescente. Elle fut enchantée par l'air moite aux senteurs florales, par le feu qui tombait du ciel sur les échoppes exiguës alignées le long des ruelles tortueuses. Talie, elle, se plaignit de la chaleur dès le premier instant et les précipita vers le minuscule appartement qu'elles avaient loué.

Tout était étriqué ici. Naelmo avait lu que l'espace habitable était limité, entre gorges inhospitalières, montagnes infranchissables et océans géants. Sans compter les zones sismiques ou inondables. Les humains s'étaient contentés de ce qui restait et avaient dû réduire la taille de leurs logements pour garder de la surface cultivable.

Ainsi Milfaol, la capitale, ressemblait-elle à un assemblage improvisé d'étroites boîtes colorées, tassées les unes contre les autres. Elle était située sur un plateau ceint de sommets élevés, séparé en deux par un fleuve qui se jetait dans le vide au bout de sa course en terrain plat. La ville s'étendait d'un côté des flots boueux en débordant largement sur les contreforts des montagnes ; sur l'autre rive, on trouvait le spatioport, ceinturé de champs cultivés.

Malgré le manque de surface, les Milfaoliens vouaient un amour immodéré aux petites maisons familiales. Ces miniatures donnaient son cachet à la cité, sauf dans les quartiers moins aisés, où elles cédaient la place à de petits immeubles. De minuscules jardins soignés conféraient à beaucoup de demeures une personnalité propre. Individuels ou collectifs, les logements dépassaient rarement une largeur de cinq mètres. Dans le centre de Milfaol poussaient quelques tours d'une hauteur et d'une étroitesse incroyables, qui semblaient défier la gravité. Une végétation de lianes fleuries montait à l'assaut de toutes ces constructions et répandait ses senteurs sucrées dans les rues.

Naelmo n'en eut qu'un aperçu le premier jour, en traversant la ville depuis le spatioport. Comme sur Chuoo, elle s'accrocha à Talie, désorientée par la clameur des esprits autour d'elle. Il y avait beaucoup de gens rien que dans la capitale, leurs consciences superposées en couches serrées. Davantage que sur Chuoo et que sur Hevéla tout entière.

Talie pouffa intérieurement en captant ses pensées :

- Hevéla, pff ! Tu trouveras plus de monde sur n'importe quelle ville prise au hasard. D'ailleurs, je te rappelle qu'il y a plus personne maintenant là-bas.

Cela valait mieux, songea Naelmo. D'après les nouvelles de ses parents, la plante toxique se multipliait toujours, inondant la sylve de ses effluves délétères.

Ici, pas de végétaux homicides, mais des gens partout autour d'elle. Elle s'aperçut que malgré sa panique initiale, elle se débrouillait correctement depuis qu'elle avait commencé à s'entraîner avec les exercices de Kaelán. Trouver son centre, s'y tenir en équilibre, puis repousser les esprits des autres à la périphérie : elle les entendait maintenant de loin, avec un volume qu'elle pouvait réduire ou ajuster de plus en plus finement.

Contente de ne plus se laisser dominer par son malaise, elle se promit d'explorer cette ville exotique si excitante, mais déchanta vite. Talie la cloîtra dans le minuscule appartement, la submergeant de nouveaux exercices à pratiquer pour fermer son esprit.

- Tu dois apprendre à bâtir une frontière étanche entre l'extérieur et l'intérieur. Ces exercices t'y aideront et ils te permettront de séparer les esprits que tu perçois. Ceux des humains ordinaires... et le mien aussi.

Mhm, séparer les esprits... C'était encore autre chose que d'entendre collectivement leur clameur avec plus ou moins de force. Naelmo se demanda si on pouvait réellement parvenir à distinguer chacun, dans cette immense foule.

- Quand t'arriveras à me contacter n'importe quand et n'importe où, je t'autoriserai à visiter cette ville. En attendant, tu m'accompagneras si j'estime que t'as assez bien travaillé, et quand j'aurai pas une sortie prévue déconseillée aux miniatures.

Naelmo pesta intérieurement : elle reconnaissait bien là le style de Talie. Tout pour lui donner une motivation maximale, sans s'embarrasser de finesse ou de pédagogie...

 

****

 

Elle s'appliqua à ses exercices pendant que Talie se distrayait : après la sieste aux heures chaudes, elle allait courir la ville, écumait les boutiques et était, bien entendu, repassée voir son tatoueur préféré. Elle avait dit à Naelmo qu'elle envisageait une extension de son dessin sur le bas du dos, engendrant chez celle-ci des questionnements amusés sur la nature exacte de ses relations avec le talentueux artisan. Ceci dit, Naelmo imaginait mal la Talie qu'elle connaissait s'amouracher d'un humain ordinaire... à moins qu'il ne se révèle maître d'art martial.

Talie avait par ailleurs pris des contacts dans les clubs locaux. Elle combattait le soir, pendant que Naelmo rongeait son frein dans le minuscule appartement. Elle excellait dans plusieurs disciplines. Naelmo n'en connaissait même pas les noms, hormis le shuzo, un art de lutte à main nue, élégant et létal, dans lequel Kaelán s'illustrait également. Encore quelque chose qui les rapprochait, Talie et lui.

Naelmo, elle, n'avait toujours pas trouvé comment diminuer la distance qui la séparait de lui. Elle la ressentait comme un gouffre trop large et trop profond pour être franchi.

En attendant, soucieuse de progresser comme il le souhaitait, elle s'appliquait, en contemplant avec désespoir par la fenêtre - étroite bien sûr - la ville et les gens qui y déambulaient. Leur habillement, leur coiffure et même leur allure générale - haute taille et démarche chaloupée -, tout l'attirait. On voyait beaucoup de voilages et broderies, de tissus chatoyants semi-transparents qui protégeaient des rayons nocifs du soleil. Les citadins portaient également de larges couvre-chefs. Une mer de chapeaux, agitée de vaguelettes de dentelle, voilà ce qu'observait une Naelmo rêveuse depuis sa lucarne, avant de retourner en soupirant à son entraînement.

Elle n'avait jamais eu à travailler autant : sur Hevéla, tout lui avait toujours semblé facile et immédiat, largement à sa portée, même quand elle s'attaquait à des programmes destinés à des jeunes de deux ou trois ans de plus qu'elle. Il en allait tout autrement à présent. Elle progressait, certes, mais au prix d'efforts constants.

Au bout de deux jours, elle eut pourtant un déclic qui récompensa son travail : elle découvrit qu'elle pouvait suivre quelqu'un dans le flot en mouvement, entendre ses pensées et sentir ses émotions en même temps. Elle se mit à naviguer dans cet espace composé de pure énergie mentale, se projetant bien plus loin que sa vision ne le lui permettait. Fantastique !

Une demi-heure plus tard, triomphante, elle apostrophait mentalement Talie :

- Trouvée !

- Bien joué, moucheron. Demain, tu pourras sortir.

 

****

 

Naelmo s'aperçut que la nouvelle dimension mentale qui s'offrait à elle présentait infiniment plus d'intérêt que la visite de la ville. Petites bribes de pensées, fragments d'émotions, ce maelstrom d'humanité la fascinait. Avec Talie, elle occupait un appartement miniature, mais même si elle avait dû rester recluse dans cette boîte à chaussure pour l'éternité, elle aurait eu tant à découvrir qu'elle ne se serait pas ennuyée.

Enfin... tout bien réfléchi, on respirait quand même mieux dehors, dans les étroites venelles où tous se pressaient. Les deux filles étaient sorties à pied en fin de journée pour profiter d'une relative fraîcheur. Satisfaite et courbatue par trois soirées de combats, Talie avait programmé une visite dans un temple à l'extérieur de la ville.

- Est-ce que les gens rentrent chez eux, ou est-ce qu'ils vont travailler ? interrogea Naelmo. On dirait qu'il y a du monde partout tout le temps, à Milfaol.

- Les deux. C'est surpeuplé ici, alors ils font un roulement dans les bureaux. Certains bossent le jour et d'autres la nuit. Comme ça, les employés partagent aussi leur appartement et jusqu'à leur chambre.

Naelmo fit la grimace. Coucher dans la sueur de quelqu'un d'autre lui paraissait bien au-delà de ce que pouvait supporter une personne civilisée.

- Pourquoi ils ne s'installent pas autre part ? La planète est grande, il y a bien d'autres endroits.

- Certains s'y résignent, mais ici c'est la capitale, le seul point de contact avec le reste de l'univers, et on y vit mieux qu'ailleurs. La plupart des villes sont perchées sur des pitons rocheux ou installées à flanc de montagne. Il existe si peu de terrains cultivables qu'on les réserve à l'agriculture.

Naelmo se sentit honteuse de ne pas avoir mieux regardé les caractéristiques de Relwann. Mais leur départ avait été si rapide...

- Ils ne fabriquent presque rien sur place, continua Talie, alors ils n'ont que ce qu'ils parviennent à importer des grandes planètes industrielles de la Fédération, comme Belquar ou Arkiès. Pour y avoir accès, les gens travaillent beaucoup, soit dans le commerce, soit dans l'extraction de ressources minières, au plus profond des entrailles de la planète. Devine ce qui est le moins dur ?

Pas besoin de répondre. Naelmo comprit que la vie ici était difficile et que beaucoup de Relwanniens préféraient partager l'espace dans la capitale, plutôt que de peiner au fin fond des montagnes afin d'en déterrer les trésors.

- Et les télépathes ? continua-t-elle en privé.

- Les télépathes ? Comme partout, ils se cachent. Surtout en ce moment.

- Pourquoi ? Ça a un rapport avec le projet de loi sur la citoyenneté ?

Naelmo regardait les interventions publiques de son père quand elle s'ennuyait. Si elle n'avait pas tout saisi, elle avait quand même capté qu'il militait contre ce projet.

- Évidemment !

Talie secoua la tête avec une moue désabusée :

- Kaelán s'y oppose, mais il n'arrivera à rien.

- Pourquoi c'est si important ?

Talie la scruta d'un air indéchiffrable sans cesser d'avancer, naviguant au sein des courants qui agitaient la foule pressée.

- Sous prétexte de protéger le bon peuple, les autorités fédérales veulent empêcher les vilains télépathes d'accéder à certains emplois dans lesquels ils pourraient, selon eux, commettre des indiscrétions. Mais comme tous les citoyens sont égaux devant la loi, ils proposent tout simplement de créer deux types de citoyennetés. Les gens ordinaires auraient certains droits et devoirs et les télépathes, d'autres...

-... et ce serait désavantageux pour les télépathes, compléta Naelmo.

- Désavantageux ? railla Talie. Parle plutôt d'une terrible catastrophe, d'un retour aux âges sombres, quand certains humains étaient considérés à peine mieux que du bétail, pendant que d'autres se vautraient dans le luxe et détenaient un droit de vie et de mort sur les premiers.

Talie avait pris un ton véhément. Elle en oubliait son langage familier et s'exprimait avec un vocabulaire policé. Cela formait un contraste d'autant plus fort avec la colère qui palpitait autour d'elle. Naelmo en percevait les échos qui se superposaient aux ondulations de l'air surchauffé.

- Ils veulent rabaisser ceux qui sont plus forts et plus intelligents qu'eux. Les jeter plus bas que terre et leur marcher sur la tête pour s'élever.

Naelmo la fixa, ébahie par tant de rancœur et de haine. Elle retrouva l'expression de dédain qui l'avait frappée chez Talie avant même de la connaître.

- Tu crois que j'en rajoute ? Demande à ton père pourquoi il t'a mise à l'abri le plus longtemps possible. Il aurait agi à l'identique pour moi, si je n'avais pas été plus âgée et obstinée à m'accrocher à lui. Et encore, il y a douze ans, la situation ne s'était pas autant détériorée.

Naelmo ne répondit rien. Elle brûlait d'envie d'en apprendre davantage, cependant la hargne de Talie l'effrayait. Mais celle-ci continua sur sa lancée, lui ôtant le choix de rester dans l'ignorance :

- Qui se battra pour les télépathes s'ils deviennent des citoyens à part ? Personne, laisse-moi te le dire. Et tu sais ce qui se passera ?

Naelmo fit non de la tête.

- Eh bien, ceux qui ne seront pas tués finiront par s'enfuir vers de rares endroits accueillants, et l'humanité sera scindée en deux.

- Est-ce que ce ne serait pas mieux finalement ? S'ils ne veulent pas de nous...

Talie fit de grands gestes de bras qu'elle réprima après avoir reçu quelques regards coléreux de passants bousculés.

- La division, ça ne mène jamais à rien de bon, Momo. Le rejet attise le ressentiment et les désirs de revanche. Et puis, ne me dis pas que c'est ce que tu souhaites : ne plus jamais revoir ton petit copain, à qui tu écris tous les soirs ? Ou tes parents adoptifs ?

Non, bien sûr... Noyée dans la foule compacte de Milfaol, Naelmo se sentit toute frêle face à l'hostilité des milliards d'humains de la Fédération. Prête à être balayée. Pouvait-on avoir raison contre tous ou fallait-il croire que leur haine et leur crainte étaient justifiées ?

Arriverait le jour où elle devrait répondre honnêtement à cette question. Kaelán l'avait bien pressenti : la vie d'avant sur Hevéla, avec Théola et Delum, était bien finie, loin derrière elle...

 

****

 

Elles sortirent de la ville et se retrouvèrent bientôt à gravir un sentier en pente raide. La nuit était claire, la température avait décru, rendant la marche agréable.

Le chemin zigzaguait à flanc de montagne ; les pierres roulaient sous leurs pas et allaient se fracasser en bas. Paysage vertigineux et solitude garantie : les habitants de Milfaol n'avaient pas de temps à consacrer à des promenades, la montée au temple était réservée à une occasion spéciale, une journée durant laquelle les Milfaoliens célébraient l'installation sur leur planète.

- Le soir, ils allument des bougies au bord du sentier, expliqua Talie à Naelmo en cheminant. Ils en déposent sur l'eau d'un étroit canal creusé à flanc de montagne qui traverse le jardin du temple. C'est une façon de renouer le pacte qui les lie avec leur planète. Ils la croient animée d'un souffle vital, la voient comme un immense esprit qu'il faut apaiser pour qu'il autorise leur présence ici.

Naelmo frissonna, malgré la chaleur. Comme Hevéla ! Cela restait troublant de considérer qu'Hevéla était douée d'intelligence, à sa manière particulière.

- Eh bien ! remarqua-t-elle, si celle-ci pense, elle les a acceptés, contrairement à Hevéla.

- Bah, ici, c'est pas la planète qui pense, rétorqua Talie.

Elle se tut et demeura silencieuse jusqu'à l'arrivée, laissant Naelmo perplexe quant au sens de ses paroles. Elle ne les comprit que quand Talie balaya le paysage d'un ample mouvement du bras, tournant résolument le dos au temple et montrant les lumières de l'agglomération :

- Eux, ils pensent.

En bas, le plateau était dégagé de toute trace de brume. Ici, on ne profitait vraiment de la vue que la nuit : la ville scintillait, comme envahie de milliers de lucioles. On distinguait jusqu'aux carrés minuscules des fenêtres les plus proches dans l'air qui faisait loupe.

- Toutes ces loupiotes, elles éclairent des gens qui vivent là-bas. C'est peut-être pas une par personne, mais t'as qu'à penser aux esprits des habitants comme des têtes d'épingle brillantes. Ben tiens, c'est ce que tu vas faire.

Naelmo resta bouche bée. Talie l'avait-elle emmenée ici pour une leçon ? Rien d'étonnant : la balade culturelle, ce n'était pas vraiment son genre. Elle la regarda du coin de l'œil et vit qu'elle ne plaisantait pas. D'ailleurs, ses émotions ne reflétaient pas d'amusement ou de moquerie.

Naelmo se concentra et tenta d'imaginer chaque lumière comme une personne. Ou plutôt... chaque personne comme une lumière. Elle ouvrit son esprit, percevant d'abord le vide - rien à des kilomètres - puis une rumeur de plus en plus vive : la ville.

À chaque individu qui sortait du brouhaha confus, elle superposait une lumière. Un paysage se créa, composé de milliers de petits points papillotants, de dizaines de milliers, de centaines de milliers de points.

Incroyable ! Il n'existait pas de limite au nombre de gens que Naelmo parvenait à distinguer. Aucune, en tout cas, sur laquelle elle serait venue buter. Les lucioles s'additionnaient, cependant il restait toujours de la place pour une de plus. Naelmo aurait pu identifier chaque personne, et derrière chaque nom elle savait trouver à volonté une vie, une histoire, des sentiments, des proches. Ceux-ci s'ajoutaient à leur tour à une vitesse sidérante.

Elle baigna un moment dans cette multitude d'humains, extatique, puis, sur une injonction de Talie, elle s'éloigna, s'isola à regret.

- Wouahouh ! hulula-t-elle

- C'est bien exprimé, se moqua Talie.

Décontenancée, saisie de vertiges, Naelmo s'assit dans l'herbe et envoya valser ses chaussures. Elle reprit lentement ses esprits, les pieds nus pédalant dans l'eau fraîche et sombre du canal. Elle se sentait triste après cette expérience et déçue d'avoir dû arrêter si vite.

- C'est beau, dit-elle.

- Quel art de la description ! rétorqua la grande.

- Oh, zut ! Je ne sais pas quoi en penser, ça te va ?

Talie soupira et expliqua :

- Cette façon de contempler les hommes, elle est précieuse, tu vois. Nous ne sommes pas si différents d'eux. Si nous sommes encore humains, c'est que nous restons capables de l'apprécier, malgré tout. Enfin, c'est ce que dit Kaelán.

- Encore humains ?

L'autre haussa les épaules, estimant sans doute que cela ne méritait pas de commentaire.

- S'il y avait eu des télépathes, tu les aurais sentis aussi, mais avec leur identité particulière. Leur lumière aurait brillé d'une couleur un peu spéciale, si tu veux.

- Il n'y en a pas ici ? questionna Naelmo.

- Il faut croire que non. Pas dans la capitale en tout cas. Ils se cachent sûrement ailleurs.

Naelmo retint un « pourquoi » qui menaçait de s'échapper. Elle s'estimait capable de trouver mieux :

- On ne voit nulle part la proportion de télépathes par rapport aux humains ordinaires. Tu la connais ?

- Pas très précisément, quelque chose comme dix pour un million. En réalité, c'est peut-être dix fois plus ou dix fois moins. Sur une planète quasi déserte comme celle-ci, où ne vivent que quelques dizaines de millions d'habitants, il doit en naître très peu. Sur les planètes-mères, c'est autre chose ; mais pour t'y frotter, il va falloir attendre la suite du voyage.

Naelmo leva un nez curieux. À voyager avec Talie, elle allait prendre goût à l'errance...

- Et les gens comme nous ?

- Quelques centaines... ou milliers tout au plus. Éparpillés de-ci de-là.

- Tu veux dire... quelques milliers, au total ? Dans toute la sphère humaine ?

Talie acquiesça, mais ne commenta pas plus, laissant Naelmo décontenancée. Des raretés... des singularités, avait dit son père. Devait-elle le regretter ou s'en réjouir ?

 

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