Le lendemain matin, Galatée sortit très vite de chez elle et courut jusqu’au lac. Méline avait-elle son diadème ?
L’eau bouillonna et la tête de la vouivre apparut. Elle ne portait pas l’escarboucle.
Une exclamation s’étouffa sur les lèvres de Galatée.
— J’espérais que tu l’aurais retrouvée, dit-elle simplement.
Méline poussa un grand soupir. Des trombes d’eau lui sortirent des narines et aussi un petit poisson. Elle se hissa sur la rive et entreprit de se transformer en fée.
La lumière qu’elle émettait était plus faible, presqu’orangée. La métamorphose prit plus de temps que d’habitude. Au bout de quelques minutes, elle avait repris son apparence humaine habituelle, mais ses pieds et ses mains restaient très grands, couverts d’écailles vertes, et se finissaient par des griffes.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Galatée, curieuse, à force de voir Méline fermer les yeux et se concentrer pour achever sa transformation, sans succès.
— C’est la perte de l’escarboucle, balbutia la fée. Ma maman m’avait averti que ça pouvait arriver si je la perdais, mais je croyais que je la garderai toujours… L’escarboucle me donne certains pouvoirs magiques, poursuivit-elle. Notamment celui de me transformer en vouivre, qui peut voler et nager. Si je reste trop longtemps sans elle, je vais oublier petit à petit la langue des démons, celle des formules magiques que je connais, et je n’aurai plus aucun pouvoir. Je ne serai même plus capable de parler aux animaux et aux plantes.
Méline se mit alors à pleurer. Galatée la prit dans ses bras pour la réconforter et se mit à réfléchir.
— Moi, je vais t’aider, déclara-t-elle.
— Merci, sanglota la fée. Mais comment vas-tu faire ?
Galatée marqua une pause.
— Tu vas voir, dit-elle, alors qu’elle avait à peine l’ombre du début d’une idée.