- Clope ?
Franck vide sa coupe de champagne. En face de lui - à la table des connaissances que l’on ne peut omettre d’inviter mais dont l’absence ne se ferait pas sentir - Marianne acquiesce et fait de même. Franck la regarde déposer sa flûte sur la nappe crème ; le peu de rouge à lèvres qui lui restait marque le bord du verre. Elle passe sa langue sur ses lèvres, les presse l’une contre l’autre pour les humecter. Elle le fait sans y penser, un mouvement léger et sensuel que Franck n’a pas pu s’empêcher de remarquer pendant le dîner.
Ils sortent de la tente où l’on finit de découper la pièce montée. Le vacarme des enceintes s’estompe, Marianne n’entend plus que le crissement des cigales et le bruit de leurs pas dans l’herbe brûlée par le soleil de juillet. Elle suit de près la tâche claire de la chemise de Franck qui se découpe dans l’obscurité. Lui descend une pente douce et s’arrête au pied d’un muret de pierres séparant le jardin du vignoble.
Marianne s’adosse contre la pierre chaude, Franck sort des mains vides de ses poches, simule un sourire contrit.
- Je crois que j’ai laissé mon paquet dans ma veste.
- Tant mieux, il paraît que c’est onze minutes de vie de gagnées.
Elle regrette immédiatement cette phrase, se sent idiote. Citer des statistiques, mais qu’est-ce qui lui prend ? Elle devrait tourner sa langue dans sa bouche.
Il ne répond rien et s’approche d’elle, très près. Elle ne voit plus que la chemise blanche.
Il dit qu’il a envie de l’embrasser mais ne se penche pas pour le faire, l’attire vers lui. Plaquée contre son torse, Marianne glisse les mains dans son dos et sent ses muscles tièdes se tendre sous le grain du lin. Elle voudrait dissoudre le tissu sous ses doigts, prend conscience de la moiteur de sa propre peau sous la soie de sa robe. Elle lui semblait si légère, quelques heures plus tôt, dans la fraîcheur de l’église.
Franck frôle son épaule du bout des lèvres, remonte le long de son cou. Marianne retient son souffle lorsqu’il frôle sa joue, le sent s’approcher de sa bouche entrouverte. Elle devine le goût qu’aura sa langue sur la sienne. Un mélange léger de tabac et de champagne, de sueur, aussi. Âpre, acide et doux.
Il l’embrasse. Marianne a presque honte de l’excitation que déclenche ce baiser, de sentir son désir s’étirer dans chacun de ses membres. Il recule légèrement, sa main descend le long de son ventre, caresse l’étoffe de sa robe, survole son nombril.
Elle sent ses doigts glisser sur l’élastique de son tanga lorsqu’une brusque déflagration sature l’air de la nuit.
Franck et Marianne se figent. Des explosions de lumières jaune, rouge, verte, illuminent la tente, le muret, le vignoble.
Du haut de la colline, deux cent invités les dévisagent alors qu’un feu d’artifice se déchaîne au-dessus de leurs têtes.
Si je peux me permettre une petite remarque, peut-être que la toute première phrase est un peu longue, j'ai dû la relire afin de la comprendre.
Je pense que changer la ponctuation peut aider, par exemple :
"En face de lui, à la table des connaissances que l’on ne peut omettre d’inviter - mais dont l’absence ne se ferait pas sentir - , Marianne acquiesce et fait de même."