Kaelán aurait pu transmettre tout à sa fille beaucoup plus vite, par communication directe entre leurs esprits. Mais il avait choisi de raconter, de tisser lentement les brins de son récit, en les sélectionnant avec soin. Ceux qu'il entrecroisait à présent étaient teintés de nostalgie :
- Ta mère Oanell avait tes cheveux. Un peu plus roux peut-être. Elle les portait mi-longs. Tu lui ressembles beaucoup, à part les yeux. Les siens étaient de la couleur du miel. Son frère Siohlann était son pendant masculin, un vrai coureur des bois, sec et musclé, un peu plus petit que moi. Je ne te sortirai pas les stéréotypes du gars dur et méfiant et de la fille douce et candide. C'était beaucoup plus complexe que cela. Oanell pouvait se montrer impitoyable, comme toutes les femmes de ce peuple ravagé. Mais elle m'a fait confiance tout de suite, confiance assez mal placée à vrai dire, puisque dès notre première rencontre, j'ai extirpé de leurs esprits un tas d'informations que personne ne nous avait jamais révélées encore.
Sa mimique de regret indiqua qu'il s'en voulait toujours.
- Les militaires ne ratent jamais une occasion de solliciter ces talents qu'ils détestent, dès que cela les arrange. Raison d'État, hein ? Quoi qu'il en soit, nous avons dû surmonter bien des obstacles pour nous rapprocher. Ils abhorraient les télépathes. Quant aux êtres comme nous, je crois qu'il n'existe même pas de mot pour décrire ce qu'ils ressentaient à leur égard. Et moi, tant de choses me heurtaient dans leur société : la violence omniprésente et une certaine étroitesse d'esprit. Ils étaient tellement sûrs, tous, d'avoir raison, d'être des victimes et les seuls vrais humains dignes de ce nom. Nous avons échangé pas mal de propos échauffés sur ce sujet. Et sur d'autres.
Il tourna vers elle des yeux pétillants, animés de reflets par l'eau turquoise.
- Dans ces cas-là, les deux me tombaient dessus. Je criais victoire lorsqu'Oanell changeait d'avis ou au moins avouait que cela méritait réflexion. Siohlann, lui, ne revenait jamais sur rien, il était bien trop fier ; pourtant je voyais bien quelques jours après si nos discussions avaient porté leurs fruits. Elle se moquait alors de lui, prétendant que sa mauvaise foi aurait pu déplacer les montagnes.
Il secoua la tête, égayé par ce souvenir.
- Il faut que tu comprennes que j'étais absolument fou de ta mère, mais j'avais hérité de son frère aussi. Dès notre première rencontre, je suis tombé sous le charme de leur perfection gémellaire. À eux deux, ils formaient un équilibre parfait qu'ils tentaient de soustraire au monde extérieur. Personne n'avait réussi à briser la carapace dont ils s'étaient entourés. Je crois bien que personne n'y parviendra jamais. Je n'ai même pas essayé. Je suis entré en douce, par effraction... sans imaginer quelles complications cela allait m'apporter.
Naelmo tâchait de se rendre invisible, afin de le laisser s'imprégner de cette époque si chère. Par magie, le passé était devenu proche, à portée de ses oreilles. Il vivait en lui, par mille petites anecdotes que sa mémoire parfaite avait conservées précieusement, comme de courtes séquences prêtes à être rejouées pour elle.
- Siohlann a été bien plus dur à apprivoiser. Parce que lui, il n'était pas amoureux de moi. L'amour rend bête, et lui n'était pas aveuglé, il avait gardé tout son esprit critique. Il m'a mis à l'épreuve de nombreuses fois, cherchant à découvrir dans quel camp je me situais vraiment. Mais je ne me rangeais d'aucun côté, si ce n'est celui de la paix. Ce n'était pas aisé, crois-moi !
- Parle-moi encore d'elle.
- Ta mère était adorable. Elle se donnait un air sévère qui barrait son front d'une petite ride verticale, mais ce n'était qu'une façade. Elle aimait se moquer de tout, surtout des choses les plus graves. Elle pouvait désamorcer des disputes ou des bagarres rien qu'avec un regard appuyé, à la fois désapprobateur et séducteur. Je l'ai vue, une fois, à l'auberge, se mettre entre deux gros types ivres prêts à se taper dessus et les considérer avec son expression inimitable. Dix secondes après, ils avaient oublié leur querelle et ne pensaient plus qu'à la conquérir. Redoutable !
Dans les minutes qui suivirent, il lui fit partager les images gravées dans sa mémoire : Oanell, Siohlann et la famille tout autour d'eux, oncles, tantes, cousins. Ils semblaient si présents, s'animant pour elle comme si elle avait été là-bas. Elle contempla sa mère, s'émerveilla de la ressemblance entre elles. Elle tenta de l'imaginer aujourd'hui, avec quinze ans de plus, sans succès. Ils paraissaient si jeunes, elle et son frère, si proche, riant en même temps aux mêmes choses, esquissant les mêmes gestes, parlant de la même façon.
Sio et elle étaient installés au dernier étage de l'auberge du bourg, un vieux bâtiment de pierre tenu par l'oncle et la tante chez qui ils vivaient. Kaelán lui montra leur repaire sous les toits, un endroit sombre, chaleureux malgré un certain dénuement : des matelas sur le sol, des coussins et des tentures colorées. Il s'y était ménagé une place, abandonnant le confort impersonnel de la base. Cela manquait un peu d'intimité quelquefois - les toiles laissaient passer plus qu'elles dissimulaient - alors Kaelán et Oanell s'enfuyaient dans la forêt.
- Pas impossible que tu aies été conçue dans les bois, sur la mousse, lui confia son père, un sourire malicieux aux lèvres. Je n'étais pas très à l'aise avec l'idée que Sio puisse nous entendre ou nous apercevoir pendant nos moments privés. Oanell s'en fichait. Elle se moquait de moi, disant que cela ne me faisait pas de mal de réaliser pourquoi les gens n'aimaient pas qu'on viole leur intimité. De toute façon, elle lui racontait toujours tout.
Naelmo se sentit rougir dans le noir. Ces détails un peu triviaux la ramenaient les pieds au sol : cela s'apparentait peut-être à un conte de fées, avec Kaelán dans le rôle du prince charmant, toutefois Oanell n'avait rien de la princesse nunuche soupirant à sa fenêtre. Et Sio ajoutait un élément inattendu à l'équation amoureuse.
- Cet équilibre à trois, tu trouves sûrement cela bizarre et tu as raison. Je n'ai jamais trop fait les choses comme tout le monde... Il faut savoir saisir les chances que le destin nous offre. Mais cela, inutile de te l'expliquer : tu l'as compris bien plus jeune que moi.
Naelmo sourit dans le noir. Impossible de deviner où cela la mènerait, mais avec Shielfen, c'est exactement ce qu'elle avait fait, comme son père en avait eu l'intuition.
- Ça a duré combien de temps ?
- Tu es née dix-huit mois après notre arrivée sur terre. Et je suis parti dix-huit mois plus tard en t'emmenant. Mais pendant ces années, j'ai vécu de manière si intense que la durée importe peu.
Il se tut. Naelmo éprouva le sentiment qu'il n'en dirait pas davantage. Pourtant, elle ne se sentait pas rassasiée :
- Parle-moi encore d'elle, insista-t-elle doucement.
- Pas maintenant. Le temps tourne, et il me reste deux choses cruciales à te transmettre. La première appartient au registre de l'intime ; laisse-moi te montrer.
Comme plus tôt, il lui envoya des images, piochées au fond de sa mémoire. Une scène toute simple : Oanell dormait à l'ombre d'un arbre, allongée dans un grand fauteuil. Le Kaelán du passé, à côté d'elle, mit une main sur son ventre arrondi. Des souvenirs surgirent : Naelmo se rappela la fois où elle avait vu Sondrie, une amie de Théola sur Hevéla, près du terme de sa grossesse. Son bébé émettait un petit ronronnement satisfait, qui s'était transformé en une sensation de présence quand il s'était éveillé et avait lancé quelques coups de pieds vigoureux.
La pression de la paume chaude de Kaelán provoqua un effet similaire. L'illusion était parfaite, la scène préservée dans sa mémoire avec exactitude : une multitude d'échos envahirent Naelmo, qui chercha un moment à se retrouver dans ce tumulte. Elle s'émerveilla : était-elle donc la cause de tout ce grabuge ? Superposé au battement sourd et lent du cœur d'Oanell, on entendait une pulsation rapide. Trop rapide. Sur un rythme complexe. Deux pulsations ?
Deux pulsations ?
Naelmo s'arrêta de respirer pour mieux écouter, manqua d'oxygène, se déconcentra puis fut éjectée du tableau familial. Elle inspira une énorme goulée d'air tiède et l'expulsa en s'exclamant haut et fort :
- On était deux ?
Les rupilshs autour d'eux s'égayèrent en fendant l'air avec des piaillements aigus. Les insectes, eux, se turent, comme pour marquer leur désapprobation à cette intrusion sonore dans leurs affaires. Un oiseau de mer jeta un cri railleur en passant au-dessus d'eux.
Son père lui montra un autre court souvenir, où Oanell, ses yeux dorés plissés par un sourire, déclarait d'un ton désolé que « les filles de cette famille ne sont bonnes qu'à fabriquer des jumeaux ». Il enchaîna sur un suivant où deux bambins de même taille se poursuivaient au ralenti dans un pré, en oscillant sur des jambes mal assurées. Puis un dernier : Trisbée, la tante d'Oanell, ramenait dans ses bras un garçonnet couvert de boue et de duvet, un sourire fendu jusqu'aux oreilles. Il regardait derrière lui sa sœur s'avancer, proprette et triomphante, une longue plume blanche à la main.
Kaelán éclata de rire en expliquant :
- Tu lui aurais fait décrocher la lune pour tes beaux yeux. Là, Arthen, ton frère, du haut de ses seize ou dix-sept mois, est allé défier un cygne, un gros volatile hargneux, pour te rapporter un trophée.
- C'est dangereux ça ! s'insurgea Naelmo.
- Oui ! Trisbée me dévisageait avec cet air outragé parce que je devais vous surveiller. Mais je n'ai pas laissé le cygne s'approcher de lui.
- Encore !
Kaelán lui montra son frère, par petites bribes de souvenir : Arthen et Naelmo mangeant, jouant, fredonnant en cœur ou se regardant avec jalousie quand l'un d'eux monopolisait les faveurs d'un des grands.
Arthen avait hérité des cheveux noirs de son père et de ses yeux bleus, mais au-delà, bien malin qui aurait discerné une réelle ressemblance sur son visage rond de bébé. Naelmo, elle aussi, arborait de grosses joues rebondies et sa peau blanche était encore plus claire que maintenant.
Naelmo sursauta en voyant sa version miniature enrouler une mèche autour d'un de ses doigts, comme elle le faisait toujours aujourd'hui - même si ses cheveux n'étaient plus si bouclés qu'alors. Sortant finalement de sa contemplation absorbée, elle s'enflamma :
- Mais enfin, pourquoi on est partis ? Et lui, il est resté là-bas ?
- Oui, avec Oanell et Siohlann.
- Pourquoi lui et pas moi ?
L'indignation avait envahi Naelmo. Pourquoi donc Kaelán avait-il coupé la famille en deux en emmenant Naelmo, alors qu'il n'avait même pas l'intention de l'élever lui-même ? Il ne lui laissa pas le loisir d'exprimer ses reproches :
- Toi, tu étais comme moi ; ta mère et Sio n'avaient pas la capacité de te protéger. Quant à notre départ, notre fuite presque, c'est la dernière partie de l'histoire que je dois te raconter.
****
Les deux lunes d'Ione s'étaient levées. Chacune occupait son coin de ciel en prenant bien soin de ne pas empiéter sur le territoire de l'autre. Heureusement, car lorsqu'elles se rapprochaient, une fois tous les six à dix ans, leurs deux lumières se mêlant en un vert maléfique, les ennuis débarquaient. Une saison des tempêtes, qui durait quelques semaines, parfois jusqu'à trois mois, envoyait sur les terres son souffle destructeur à intervalles aléatoires. Venait alors le moment de se préparer au pire, de vérifier les volets de protection des habitations, de réviser avec les enfants les procédures : quel son se faisait entendre selon la nature de l'alerte ? De combien de temps disposait-on pour rejoindre les abris publics pressurisés ? Que devait-on emporter à l'intérieur ?
Naelmo n'était pas particulièrement pressée de connaître les ravages des tempêtes. Ce soir, les lunes boudaient chacune de son côté dans le ciel. Rien à craindre. En outre, Naelmo ne les voyait pas vraiment. Les révélations de son père l'avaient renvoyée en arrière, vers cette époque dont elle ne conservait que quelques souvenirs très vagues : parmi ceux-ci, la lune unique de la terre, celle de ses rêves, une sphère jaune pâle à la face criblée de cratères.
- Nous avions entrepris ce voyage, avait-il repris, avant tout pour évaluer le danger que cette planète faisait peser sur notre civilisation. Les nazgars maniaient les sciences les plus avancées. Ils avaient développé des machines ingénieuses que nous comptions bien exploiter, mais il n'y avait rien de vraiment menaçant. Surtout, aucune technologie spatiale encore en état de fonctionner. Pas de vaisseau, pas d'usines pour en fabriquer...
Comme il laissa sa voix en suspens, Naelmo compléta :
- Pas de vaisseau... Pas de problème !
- Exactement. Risque zéro. Nous aurions pu partir alors, pourtant l'idée d'implanter une base permanente sur la planète faisait son chemin chez les nôtres. Il y avait tant à faire pour aider les humains sur place.
- Toi aussi, tu pensais rester ?
- Oui, ou du moins me partager entre ici et là-bas. Mon père et mes amis sur Ione, ma famille et Talie sur Terre.
- Talie ?
- Je l'avais trouvée dans un village de sauvages, chétive et affamée. Orpheline. À six ans, elle en paraissait trois. Quand je l'ai ramenée, Oanell n'a pas été franchement ravie. Vous n'étiez même pas encore nés, et voilà que je lui mettais sur les bras un moineau squelettique, d'ascendance douteuse, couvert de vermine, que n'importe qui là-bas aurait laissé mourir sans un regard. Et cela, c'était sa réaction avant de s'apercevoir qu'elle était différente.
Naelmo fit la grimace, choquée :
- Je crois que je n'aime pas ce monde. Pauvre Talie !
Quel endroit effroyable, se dit-elle. Pourtant, ce n'était toujours pas ça, toujours pas la raison pour laquelle ils étaient partis...
- Là, continuait Kaelán, peut-être parce que j'étais prêt à recevoir ses révélations, j'ai rencontré l'homme-oiseau. Il n'y avait pas que des humains et des télépathes sur ce monde, éluda-t-il avec un geste de main.
- Un homme-oiseau ? s'ébahit Naelmo. Avec des ailes ?
- Non, non, pas d'ailes, s'amusa Kaelán. Des plumes, mais pas d'ailes. Grand, imposant ; où qu'il se trouve, il emplissait l'espace à lui tout seul. Il présidait au destin d'une communauté d'hybrides semblables à lui.
Kaelán montra à Naelmo l'homme-oiseau. Son visage humain, couvert de plumettes beiges parfois ourlées de fauve, était surmonté de longues plumes brunes et grises qui se mêlaient à une chevelure auburn. Le résultat était spectaculaire. Dans un registre exotique, on aurait pu le dire très beau, n'eussent été ses yeux noirs inquiétants qui paraissaient porter tout le savoir du monde.
- Dès que je l'ai vu, j'ai perçu son étrangeté : son aura se déployait autour de lui comme une ample paire d'ailes. Je me suis senti petit et insignifiant. J'Tor Tekal promenait ses plumes sur cette terre depuis près de huit cents ans. Huit cents ans ! Il nous a donné la clé du mystère de cette terre ravagée par les conflits. Elle tient en un seul mot : l'immortalité.
- L'immortalité ? répéta Naelmo sans comprendre.
- Il existe là-bas des êtres dont l'enveloppe corporelle ne s'altère pas, dont les cellules se régénèrent, se réparent de façon si parfaite qu'ils vivent des centaines, voire des milliers d'années. Quelques-uns parcourent la surface de cette terre depuis des dizaines de siècles. Ils jouent tels des marionnettistes avec les peuples de la terre.
Il accompagna le dernier mot d'un geste expressif, comme s'il pétrissait de la pâte à modeler. Naelmo ouvrit la bouche, les yeux écarquillés.
- Je n'ai tout d'abord pas cru l'homme-oiseau quand il a affirmé que ces êtres pouvaient nous nuire. La curiosité m'a envahi, me poussant au plus étrange des voyages, à la rencontre de ces immortels.
Il se perdit dans ses souvenirs, fouillant, exhumant une anecdote çà et là, triant ce qu'il désirait raconter.
Il avait entrepris un périple avec Oanell, Siolhann et quelques autres compagnons sur une île septentrionale. À la recherche d'une femme, une immortelle que J'Tor Tekal estimait et appelait la protectrice.
Naelmo secoua la tête, presque sceptique :
- Ce n'était pas dangereux ?
- Incroyablement dangereux. Stupide. Ces immortels manipulent le destin des habitants de la terre depuis des lustres. Ils sont bien davantage à blâmer pour tous les conflits meurtriers que les différentes races de la planète. Existait-il quelque chose de plus imbécile que de leur servir sur un plateau le moyen de quitter cette planète pour porter ailleurs leurs jeux de destruction et de domination ?
- Quitter la planète ? L'hyperespace ?
- L'hyperespace et toute notre technologie spatiale...
- Pourquoi y être allé alors ?
- Parce que tout ce que je te dis aujourd'hui, je me refusais à l'accepter. Nous nous sentions si supérieurs, bien protégés par notre technologie. Et moi ! Comment admettre d'être le maillon faible ? Il leur suffisait de mettre la main sur moi pour pénétrer les secrets de l'hyperespace. Je me croyais invincible ; je n'étais pas dépourvu d'une certaine arrogance, à l'époque.
Impressionnée, Naelmo frissonna et se cala dans son fauteuil pour écouter. Elle n'avait pas froid, toutefois elle s'emmitoufla dans la fine étoffe étalée sur le dossier dans un geste instinctif de protection.
Le récit de Kaelán dura longtemps. Quand il faisait mine de sauter des événements pour aller à l'essentiel, elle l'arrêtait, le questionnait ; il devait alors ralentir, s'accorder le temps de la description, se forcer à la minutie du détail. Il narra à Naelmo son aventure sur l'île enneigée, sa rencontre avec « la protectrice ». Enfin, il termina par leur fuite éperdue devant la prise de conscience que la sûreté des milliards d'habitants de la Fédération reposait sur la mise à l'abri de leurs technologies spatiales.
- Nous nous refusions à courir le risque qu'un ou plusieurs de ces êtres machiavéliques et éternels s'immisce sur nos planètes pour y reproduire le jeu joué sur la planète de ta mère. Le danger était réel, et l'enjeu bien trop grand.
Sa voix s'était éteinte sur ces derniers mots. Il ne resta plus à Naelmo qu'à compléter :
- Alors vous êtes partis.
- Nous avons décampé comme si nos semelles étaient en feu.
- Mais pourquoi ? Pourquoi tu ne les as pas emmenés ? Oanell et Siohlann ? Et mon frère ? s'indigna Naelmo.
Kaelán soupira et l'éclaira :
- Ils n'ont pas voulu venir. Quitter leur planète, leur famille. Tout abandonner sans espoir de retour.