Là, pendu sur cette croix, je crie, j'exulte !
Le sang brûle, étouffe ; cruel étau de fer.
Je suis tout : le fruit, l'arbre, la terre et l'éclair !
Comme le marbre brut, qu'on entaille et qu'on sculpte.
Brandissez-moi tel l'étendard, au nom du culte !
S'abat la colère ! Se déchaine la mer !
Et en mon honneur, vous goûterez à l'enfer.
Voyez votre destin : de sang et de tumulte.
Trop tard pour me bénir, car voilà le trépas.
Ils seront maudits ; tout ceux marchant dans vos pas.
Et chaque jour, ils en porteront l'anathème.
Je suis la semence de la terre et des cieux,
Qu'on transperce d'un épieu ; pardonne-moi Dieu.
Car je suis l'Homme ; sacrifié par lui-même.
Très intéressant ton commentaire.
Si par "catharsis", tu entends la purification du mal, je dirais que la réponse est plus complexe qu'un oui ou qu'un non.
Pour comprendre, je vais t'expliquer en résumé ce que j'avais en tête en écrivant ce poème :
J'avais l'image "Sur cette croix, j'exulte", "Je suis le fruit, l'arbre, la terre et l'éclair" et "Je suis la semence de la terre et des cieux". J'ai bien vite fait le lien entre ces trois images en pensant au christ. Et j'ai essayé de me mettre à sa place, portant sa croix, constatant avec effroi le plus misérable de ce que l'Homme peut offrir. Et, j'ai considéré le christ comme un homme comme les autres, c'est-à-dire avec ses forces, ses faiblesses, ses réussites et ses échecs. Je l'ai imaginé comme ça car je le vois comme la part de Dieu qui veut prouver à la partie divine de Dieu que l'Homme est bon. Une sorte de débat interne. Et devant son échec, le christ ressent de l'amertume, de la colère, car il comprend que sa partie humaine a échoué et que la partie divine avait raison quant au mal habitant l'humain.
Cependant, non je ne pense pas que ce soit un chemin sans retour. Et c'est bien pour ça que le christ demande pardon à sa part divine à la fin, car il sait que l'Homme est un être de nuances et non d'extrêmes.
C'est un peu long, mais peut-être que ça t'éclairera sur le poème.
je comprends mieux ta vision d'ensemble désormais, merci. J'y ai bien vu l'image christique avec toute sa tumultueuse humanité mais la fin pour moi se concluait plus vers la résignation de son statut. La demande de son salut pour lui-même s'abandonnant de facto, définitivement au côté "sombre" de l'homme. Pour ce qui est de la catharsis je le voyais plus comme le cheminement biblique typique. Ont-ils suffisamment souffert, éprouvés de passion, fais transpirés leurs âmes, pour pouvoir s'élever ? Cette figure messianique qui se démène ici entre humain et divin a-t-elle pu leur montrer le chemin ?
Mais le simple fait que je m'interroge montre la réussite de ton écrit, merci pour ça
C'est très intense, j'adore !
Que dire ? Merci. :)
Je suis particulièrement satisfait de celui-ci, je le voulais intense, haletant. Je suis très content de savoir que tu as ressenti cette intensité.