Toi, le monde, dont je m’extrais du sein ; je te déchire, te broie. Visqueux, difforme, enrobé de fluides et de sang, tel le monstre des temps anciens.
Son regard est ailleurs. La douleur la pénètre de tous côtés, inonde sa gorge d’un cri immonde.
« Faites-le sortir ! Faites-le sortir ! » crie-t-elle,
Sentant l'horreur en ses entrailles ; sans espoir.
Elle est en chemin, tout affamée de pouvoir :
La Bête, détruisant tout de ses mains cruelles !
Son regard se pose sur la chose. Elle est chaude, encore essoufflée de son carnage ; tout en elle est fragile, comme pour dissimuler sa nature bestiale.
Elle la déteste. Elle voudrait la tuer, l’étouffer.
Toi, le monde, dont j’ai fait le deuil. Ton souvenir est tel le miel : sucré, poisseux, écœurant.
« Mon enfant, tu seras comme je le désire »,
Murmure-t-elle. Ses mots, un malin poison ;
Carcan de l'âme, et ainsi s'éteint la raison,
Car le voilà condamné au saint repentir !
Son regard se pose sur la chose. Elle est magnifique, un amas d’échos.
Elle l’aime. Parce qu’elle s’y voit ; médiocre et triste. Et elle pleure. Pas pour la chose, pour elle-même.
Toi, le monde, qui t’es écroulé sous le poids de l’absence, que puis-je te dire ? Rien ; de ton vivant, tu aimais déjà t’enfuir.
Je suis content que tu aimes cette image de "Un amas d'échos" car c'est de loin mon image préférée du texte. Et je vois que tu as saisi le sens que je voulais lui donner.
Un grand merci pour tes lectures ! Je viendrai voir ce que tu fais de ton côté. :)