Dieux hivernaux

Des nuées recouvrant le ciel à l’allure laiteuse,

La pluie tombe blanche, doucement

Mes pas s’imprègnent sur la surface farineuse

En de doux éclatements croquants

 

Les feuillus remuent leurs branches au plâtre

Tandis que les conifères blanchis agitent leur fourrure verdâtre

À la volonté indécise du souffle qui émet, dans l’air,

Un léger cri m’engourdissant de la pureté de la Terre

 

Sur ce sentier boisé de silence venteux,

La finalité guide mes pas machinaux

À peine j’entends les ponts clairs et mélodieux

Égaré dans ces noirs refrains mentaux

 

Douce matinée tamisée,

Dis-moi, pourquoi suis-je né?

Pour périr de mon nid congelé

Ou pour éclore en ton été réfrigéré?

 

Tel un pilier organique, mes jambes se plantent

Les flocons révélateurs m’agrippent dans l’attente

La voilà, qu’elle parade, vibrant mes racines

Cette révélation, ce monde qui se dessine

 

Oh, depuis toujours, c’est de toi

Que me vaut cette incertitude de la joie

Oui, celle dont me réchauffe les dieux hivernaux

En me prescrivant leur grand et gras chapeau

 

La vie au repos d’un climat glacial,

Ces dieux n’ont de cesse de courir leurs forêts commerciales

Aux arbres vitrés, aux paysages asphaltés, bétonnés

Environnés du tintamarre d’un naturel déréglé

 

Ironique pourtant que ce qui anime l’immortelle chorale

Soit la cacophonie d’un vide abyssale

Leur cœur s’abime en l’abîme du sens

Tandis qu’ils s’animent à l’hymne de la dépendance

 

Et, en leur territoires mesquins,

La saison même est un butin

Endossé au dos d'un Divin Messager

En une célébration capitalisée

 

Dieux hivernaux,

Enlevons nos chapeaux

 

La nature repose, paisible

En cette Joie audible

Suivons-là en son sommeil

Que neige recouvre nos têtes

Que puisse l’éveil

Faire fondre nos tempêtes

Que puisse le printemps

Raviver les couleurs, réchauffer les vents

 

Il est temps de déposer nos chapeaux,

Dieux hivernaux

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