Donovan.

Donovan.

Je commence à être réellement inquiet pour Lison. Depuis qu’on a aperçu Thibault à la télévision, elle devient chaque jour plus sombre.

Je crois que ce garçon qu’elle fréquente a une mauvaise influence sur elle. Je ne suis pas certain de quoi il s’agit, mais j’ai peur de le deviner. Lison était si douce, et elle est tellement pleine de colère maintenant. Elle est persuadée qu’ils ont fait du mal à Thibault. Qu’ils l’ont cassé, réduit à néant, dépossédé de toute volonté. Pour ma part, je crois plutôt qu’il tire profit de sa situation, mais elle ne l’entendra jamais de cette oreille. Elle ne cesse de déblatérer ces drôles d’idées révolutionnaires, et j’en suis réduit à espérer qu’elle ne commettra pas l’irréparable.

Ils viennent manger à la maison ce soir, tous les deux. La première fois qu’il est venu, il est resté assez silencieux. Il observait beaucoup. J’ai senti qu’il n’aimait pas maman à la façon qu’il avait de la regarder. Ça ne m’a pas plu mais je n’ai rien osé dire. La seconde fois qu’ils sont venus, il a tellement parlé que j’ai cru qu’il ne partirait plus jamais. Je voyais Lison boire chacune de ses paroles, acquiescer à chacune de ses interrogations, applaudir toutes ses remarques acerbes. Il a profité de sa souffrance pour entrer dans sa tête.

Il n’a rien dit au sujet de Diane. Mais ses idéaux sont si proches des leurs que sa seule présence à notre table me terrorise.

Je ne sais plus quoi faire.