Eau noire presque diabolique, m’attire, m’appelle. Il n’y a pas de reflets, et n’importe quel monstre cauchemardesque des précipices pourrait surgir là pour m’engloutir loin dans les abysses. L’eau coule, lente, platonique, telle une immondice face à ce monde qui tourne et qui ne s’arrête jamais, comme en témoigne le bruit des roues des voitures qui se pressent derrière moi, marée vivante de la ville où l’on se noie. Je me penche encore, plus proche du vide, plus proche de l’ombre mouvante, elle chuchote une musique, imitant les sirènes d’Ulysse, mais je n’ai pas de mât et de cire pour ne pas entendre, je n’ai rien qui puisse me retenir de sombrer, alors je me penche encore, et encore et encore. Et je tombe à la renverse, plongeant dans la fosse humide et froide, et la tête sous l’eau, tout devient clair, et la tête sous l’eau, tout trouve une paix intérieure, et la tête sous l’eau, bouche béante, le cœur s’arrête.
*changement de ton radical*
Comparer le suicide à des eaux sombres par lesquelles on se laisse charmer avant de s'y plonger est une image vachement bien trouvée. L'épisode des sirènes du mythe d'Ulysse ne traite pas de ce sujet même métaphoriquement (à ma connaissance en tout cas), et c'est ce qui fait une bonne part de la richesse de ton idée : tu utilises ce mythe en filigrane pour donner une profondeur à ton texte, et tu lui donnes du même coup (au mythe) une nouvelle dimension. Bref je suis fan, chapeau bas
Premièrement, ta définition de ce qu'est un texte est très intéressante, profonde voir inspirante... tu as mis combien de temps à l'écrire celle ci ? 45minutes ?
Secondairement, merci beaucoup pour ton avis plus sérieux ( <3 ). J'aime bien reprendre les mythes et les déconstruire, revoir leur morale, les ajuster à mes valeurs/croyances ( comme le mythe de Perséphone, reine des enfers ), mais ça on en reparlera sûrement ;)
Au plaisir
Merci pour ce partage.
Au plaisir