Je vérifie les chiffres notés dans mon carnet personnel, tout en regardant l’apparence de ce monde et de ces satellites naturels.... c’est bien ici. La grande planète avec ses deux lunes sont identiques à mes rêves. Les chiffres rentrés correspondent aussi parfaitement à cette destination, comme si c’était mon devoir de m’y rendre à tout prix. Aiguisée dans l’idée de comprendre ce qui m’arrive, rien ne m’a aidé à déchiffrer ces terribles cauchemars qui m’ont envahi depuis les dernières semaines. S’intensifiant par ses difformités morbides et par des silhouettes parlantes, j’essaie de trouver une réponse à ces questions par cette destination mystérieuse.
Relatant l’incompréhension et m’approchant peut-être de la folie, tout a été fait pour mon départ. Rentrer à Carslam est simple, en partir demande un casse-tête institutionnel vu le contrôle paranoïaque de l’actuel Régime. Au moins, avec certains contacts, j’ai pu me construire un alibi crédible pour rejoindre cette fameuse planète. Justifiant uniquement mon voyage par une propagande institutionnelle dans des régions éloignées, je me suis présentée en tant que la plus grande partisane de l’idéologie Sismantiste que toute ma province.
Reniant catégoriquement mon sang, mon mythe et mon identité, je me suis confinée à être une agente de développement de l’égalité et de la fin de l’exploitation des élites contre le peuple. Cette fausse image m’a aidée à apporter une certaine bénédiction des Ministères pour mes actions. Malheureusement, cette image politique risque de ne jamais apparaître dans les futurs mondes visités. Parce que mon seul but est de comprendre les raisons pourquoi des nombres aléatoires, vus dans mes rêves, ont commencé à former des coordonnées bien précises. La carte de la galaxie est bien précise s’incorporant non aux mythes révolutionnaires, mais bien à mes cauchemars.
Découvrant de plus en plus de mystères, je suis rentrée dans un petit mutisme pour éviter de condamner ma sœur ou Ethan, mon mari, à mes délires habituels. Ce chemin à suivre fait parti d’une longue route que seule moi, je dois prendre. Ces cauchemars pénètrent de ma tête, pour même devenir une obsession. Poursuivant mon destin vers cette planète, le Régime Sismantiste m’a même donné un vaisseau pour ce voyage.
Un minime petit vaisseau, où dans un effort bâclé, ils ont essayé de remplacer l’ancienne effigie du Royaume Monarchiste pour la comète de l’idéologie des travailleurs. Sa couleur verte est encore visible, malgré la domination du rouge, pour encore suivre cette mentalité sismantiste. Cette fierté est importante dans le Régime, malgré que tous les autres institutions politiques peuvent facilement nous pour prendre des fanatiques. Observant encore cette planète de mes yeux, comparant ensuite avec les dessins dans mon carnet, ces similitudes sont tellement proches, que cela en devient horrible.
« Matricule-09374-438-YX, ici Caporale Tamya Tekhadra, de l’Armée Navale de Constantinox. M’entendez-vous? » Posant mon carnet sur le siège voisin à mes cotés, je commence à jouer avec les ondes radios des principaux commandes pour aller vers celle de cette Tamya.
« Affirmatif, Caporale Tamya Tekhadra. Ici, Eeiza Pothra, venant de Carslam-II. Je vous envoie immédiatement les documents officiels permettant de voyager légalement sur votre planète. J’aimerais pouvoir trouver un logement temporaire à Constantinox pour une durée d’environ trois semaines. » Par la suite, je fais toutes les maniements nécessaires pour envoyer mon visa et ainsi que mon droit de passage par le système informatique.
« Tamya Tekhadra à Eeiza Pothra. Tous vos papiers sont en règles. Veuillez me suivre, je vais vous envoyer dans des habitations à Astrophox. »
Prise en dépourvue, la militaire semble très concise et fuyante de me donner plus de détails sur le refus d’un éventuel atterrissage sur Constantinox, pour plutôt viser la lune voisine de ce grand monde. Réfléchissant à une excuse, j’y vais dans le plus simple cette nouvelle communication.
« Eeiza Pothra à Tamya Tekhadra. Puis-je vous demander de réviser ma demande? Il serait très important que j’arrive à Constantinox le plus rapidement possible. »
Attendant encore quelques secondes, la réponse arrive assez rapidement.
« Tamya Tekhadra à Eeiza Pothra. Négatif. Veuillez excuser notre refus, mais actuellement, nous n’avons plus d’habitations disponibles sur Constantinox. D’ici une semaine, vous allez pouvoir peut-être trouver une habitation sur la planète par une demande au Spatioport, mais présentement, c’est impossible. »
Soupirant d’exaspération et légèrement découragée de cette obligation, je lève les yeux vers le ciel pour accepter sa requête. De toute façon, je ne crois pas que j’aurai pu trouver immédiatement les réponses en allant directement sur Constantinox. Qu’est-ce que je pouvais bien rechercher à travers ces informations aussi incomplètes?
Suivant le vaisseau de la Caporale Tamya, j’arrive à amarrer mon vaisseau où une centaine d’autres sont visibles. Les informations données sont plutôt simples, je dois me présenter au bureau des douanes pour recevoir normalement un logement. On me répète que c’est très important de payer le droit d’entreposage et de logement d’avances. Je dois aussi présentée mes armes et mes objets personnels avant de pouvoir trouver la civilisation.
Sans accroc, je n’ai pas eu beaucoup de problèmes avec les directives des douanes. Enregistrant automatiquement mon identité et mes objets personnels au cas où que je fasse du grabuge. Les douaniers m’ont aussi prévenu que ces vérifications vont me donner accès à Constantinox, lorsqu’un logement de la planète va se libérer, m’évitant donc de répéter le processus inutilement.
Avant de partir, ils m’ont proposé quelques places à visiter sur la lune. Ils m’ont même dits que tous les commerces étaient ouverts en tout temps pour les touristes. Vivant ici, l’un des douaniers m’a suggéré de trouver quelques amusements avant de partir. Cette demande particulière est curieuse, parce qu’on dirait vraiment qu’il voulait que je vois l’ensemble des commerces de Constantinox. À ce moment-là, il faut comprendre pourquoi il a formulé une telle demande envers ma personne.
Le grand territoire de l’UST est bien différent entre chaque région dans la galaxie, malgré l’autorité sanguinaire et contrôlant de l’Administration centrale. Le Secrétaire-Général Demetrious Stakrine est, pour plusieurs fonctionnaires internes et médias extérieurs, l’un des êtres les plus meurtriers de l’Histoire de la Galaxie. Il nous est souvent impossible de pouvoir réellement en parler, mais on sait tous que les planètes de rééducation existent. Si par erreur, on dit planète-prison, on risque souvent d’être exécuter sur le champ pour diffamation. Favorisant une classe de population, d’autres sont uniquement servis en pâture à son environnement de travail mécanisé sans en porter un seul regard sur notre existence.
Chacune des planètes de la Fédération Sismantiste peut promulguer ses propres lois, mais elle ne doit jamais déformée les directives primaires du Secrétaire-Général. Certaines constellations peuvent avoir des lois un peu plus libertaires au niveau de la liberté de conscience ou encore la liberté d’expression. Plusieurs Régimes affilés à l’UST permettent qu’on pratique une religion, mais on ne doit pas en faire de la propagande. Mais pour Carslam-II, comme pour plusieurs autres planètes similaires, jamais on n’a connu de telles libertés, parce que même avant cette révolution politique, notre monde s’est toujours tourné vers l’oppression.
En blague, pour ceux qui nous analysent de loin, nous sommes plus totalitaires que le Régime totalitaire en question. Nous sommes plus enfermés que tous les autres, et cette vision touche grandement la réputation de notre population. Pendant que des Rois mégalomanes se disputaient le pouvoir, ils ont aussi été d’une répression sanguinaire contre leurs opposants, ou même contre des personnes qui n’étaient nullement impliqués au système. Cette peur et cette paranoïa chronique ont continué pour nous purger dans toujours les mêmes paradigmes.
Consciente de ce système, consciente de ces différences et consciente de ce totalitarisme, il m’est facile de croire à comprendre les libertés de l’extérieur. Je crois surtout que les douaniers ont été très étonnés de ne pas me voir réciter chacune des grandes maximes du Sismantisme dès le premier contact. Ils avaient un regard coopératif et amical envers ma situation, même si je ne demande aucune compassion.
Prenant le train central pour me diriger vers le point urbain, je baisse toujours le regard, ne voulant pas briser la gêne occasionnée par une fixation étrange de toutes ces espèces, sortant de l’aspect de l’UST. Je remarque des pattes gigantesque, des plumes et des petits pieds, tous ne sont pas très visibles sur Carslam-II. Nous avons peut-être d’autres espèces non-humaines, mais comme la plupart, ils préfèrent rester dans leurs régions respectives. À l’opposé de mon monde, je me retrouve en face de cette première curiosité.
Arrivant dans la nuit, tout me paraît plutôt particulier maintenant. Les immeubles semblent datés d’un siècle par leur état, mais je trouve encore des êtres qui se promènent dans la nuit. Sans couvre-feu, ils semblent à l’aise d’être des parfaits débauchés. Je ne fais que regarder quelques humains, se provoquant au milieu de la nuit, curieuse pourquoi ils ont tel intérêt de débattre tout en étant complètement bourrés. L’alcool doit être légal sur le territoire, ce n’est pas étonnant. La loi autour de l’interdiction de ce type de boisson est surtout apparue lorsque le Régime Sismantiste supportait très mal de voir autant d’ouvriers perdre leurs temps.
Je suis plutôt étonnée de voir les immenses publicités, qui suivent sur les murs, sur des affiches ou encore même devant des commerces. Ces apparences colorées des édifices me rendent vraiment plus curieuses, m’arrêtant même devant une épicerie ouverte malgré la nuit, regardant les dessins grotesques de certains produits. Je souris à une image de gobelin mangé des céréales avec un grand sourire.
Une pression semble s’être effacée, uniquement liée par le sourire grotesque du gobelin dessiné, portant un bonheur complètement anormal par la seule option de manger des céréales. Les immeubles changent selon le désir de tous, un peu perdue, je demande même à un passant la localisation le lieu de mon habitation. Chaque rue a une particularité différente, une distinction qui personnalise cet étrange spectacle urbain. Au final, je n’étais peut-être pas prête. Au final, malgré mon idée de cette civilisation, je n’étais peut-être pas consciente de ces différences. Née dans un Régime Totalitaire, je n’ai jamais quitté Carslam avant aujourd’hui.
Et peut-être que finalement, je le regrette. Je regrette de ne pas avoir pu quitter mon confort pour aller voir ailleurs. Je regrette de ne pas avoir vue toutes les particularités de chaque petite rue d’Astrophox. Je regrette que mon introspection sur moi-même ait aveuglé ma curiosité. Peut-être que c’est la raison définitive de ce voyage, peut-être que mes rêves ne me cherchent pas à me noyer dans l’obscurité, mais à trouver des images uniques à imprimer dans ma mémoire pour me faire revivre.
Trouvant enfin le large immeuble où je dois habitée, il me suffit de ma carte magnétique pour débarrer les portes d’entrées. Facilement, je trouve ma chambre, dans l’avant-dernier étage où l’ascenseur m’apporte. Le couloir est similaire de l’entrée, d’un tapis rouge avec les murs en couleur marbre, je vois les larges portes métalliques pouvant parfois mesurer trois mètres pour faire rentrer toute espèce. Devant ma porte, j’entre sans problème, encore avec la carte magnétique pour regarder l’énorme lit. Cette couche doit surtout permettre aux espèces bien plus immenses que les humains à trouver un confort. M’écrasant rapidement dessus, en entendant parfois des discussions chez les voisins, je commence à sourire de cette vivacité citadine avant de me demander la fameuse question.
« Maintenant, je dois faire quoi, ici? »
Je recommence à dessiner dans mon carnet durant les deux premiers jours, trouvant n’importe quelle graffiti à essayer de reprendre le sens des lignes et de ses formes. Parfois, j’écoute les musiciens amateurs, faisant un petit spectacle, dans les rues pour amuser la foule. Cette énergie et cette vie sont si rares, elles me rendent encore plus souriantes à découvrir cette lune. Oubliant même les raisons officielles et officieuses de ma première visite. À mes temps-libres, je me rends compte de l’existence de plusieurs commerces inexistants à Carslam-II.
Légèrement étonnée, je vois des industries, encourageant des coupes de cheveux aussi variés qu’étranges chez des capilliculteurs. Je prends aussi un temps, prenant un courage à inspecter enfin l’une de leurs fameuses boites de nuit. À la troisième nuit, je coupe l’idée habituelle du couvre-feu pour visiter les effets de lumière et une musique ressortant de chacun des instruments, souvent interdits sur Carslam-II. Je lève parfois mon regard vers le centre, trouvant une douzaine d’êtres dansés sur un seul rythme. Synchronisés décemment ou presque, leurs mouvements sont assez mystiques. Tournant parfois en rond, se tenant les mains, le groupe de personnes, change parfois de mouvement. Par un signal presque collectif encore inconnu, ils se détachent. Ils gambadent presque, suivant un ordre circulaire, se serrant la main de plusieurs danseurs, avant de choisir un être.
Puis à ce dernier mouvement, leurs deux mains s’enserrent avec l’être choisi pour tourner en rond sur eux-mêmes. Après quelques secondes, ils reviennent à leurs places originales, refont ce cycle comme si c’était complètement naturel. Mes yeux s’arrêtent parfois sur une femme, essayant de suivre le mouvement, mais surtout conduite par les autres danseurs quand la boucle change. Terminant toujours dans les mêmes bras d’un être, on dirait que tout est calculé pour arriver à cette finalité. Arrivant dans les bras d’un homme plutôt massif, ils ont une familiarité unique, la regardant avec des yeux aussi admirateurs qu’amoureux. Je crois que la femme est sourde, c’est pour cette raison que ces voisins la tapotent doucement sur l’avant-bras pour la prévenir du retour du refrain.
À cette musique, cela me donne même envie de dessiner ce mouvement circulaire dans mon carnet. Ce type de danse et cette partition doivent être interdits à Carslam-II, comme tout ce qui peut être défini comme une manifestation de la foule. Je suis brutalement interrompue par l’une des serveuses, qui me donnent un calice de bière et me faire un petit signe vers une table. Mon obsession envers cette répétition m’a faite remarquée quatre observateurs à ce curieux arrêt sur une image aussi rythmique.
Mes yeux se concentrent surtout sur la forme la plus massive d’entre-elle. Cela doit être un Oumarus, une espèce devenue très rare depuis leurs dernières cupidités. Je sais que leur gouvernement a malencontreusement détruit leur système solaire pour des raisons qui me sont encore obscures. Cette espèce, très indépendante, a souvent une tendance militariste, mais selon des récentes observations, très peu de ce peuple se tourne vers l’UST, ils vont plutôt vers Egoria en alternative. Mon regard insistant sur cette énorme forme ne me fait pas remarquer les autres clients entourant sa table.
« Pas besoin de me mater comme ça, je le sais... je suis extrêmement sexy. » Rigole l’énorme Oumarus en me voyant m’approcher en le fixant maladroitement. Son rire est accompagné très rapidement par ses trois compères. Baissant mon regard, je m’excuse immédiatement. « Désolée… » Puis, le nain d’un âge plutôt avancé me fait signe de m’asseoir. Sa grande barbe blanche et une petite canne me font parler de son expérience. Souriant, il laisse plutôt l’Oze parlé.
« Ne vous en faites pas, madame. On vous voyait un peu perdu par cette danse et on a pensé que vous cherchiez peut-être une place à vous asseoir. Et ainsi que des petites boissons pour profiter de votre soirée. En plus, on se voulait au sommet des espèces de la galaxie, il nous manquait donc une humaine comme représentante. » Sourire aux lèvres, je remarque bien sûre cette diversification. Oumarus, Nain, Oze et finalement un Rezanerd, qui semble le plus jeune du petit groupe.
« Moi, c’est Eltin Gibrator. Le petit Reza à mes côtés, c’est Tymon. Et je vous présente les deux plus grands explorateurs des galaxies connues, Tourasin et Cécil. » Faisant un petit salut de la tête à chacune des présentations, j’effectue à mon tour ce processus. « Eeiza Pothra. Enchantées. » Eltin semble tout d’un coup intrigué par mon nom, me regardant avec un air plutôt curieux.
« Cécil, elle habite dans le même logement que nous. Je reconnais son odeur. » Dit Tourasin, le fameux Oumarus, en reniflant avec son large nez dans ma bulle de confort.
L’Oze, avec ses petites ailes bleues et oranges, lui réponds en laissant un petit ricanement. « Ce n’est pas une manière de charmer une femme, Tourasin. » Souriant à la remarque du petit explorateur, c’est surtout Eltin qui nous lance réellement dans les discussions.
« D’où venez-vous? Vous ne semblez pas du coin sous tout votre respect. » Perspicace, je crois qu’il a surtout reconnu mon nom de famille. Vu son accoutrement, il doit venir d’un Royaume des Nains, affilé à Origorn. Et peut-être dans des théories un peu plus complexes, il doit avoir déjà entendu le nom de mon ancêtre. « Je viens de Carslam. Je suis venue pour faire un peu d’exploration, découvrir des nouveaux mondes… » Interrompue rapidement, j’entends le Rezanerd s’impliquer la première fois oralement à notre discussion.
Il est un peu surpris de ma provenance, comme Tourasin et Cécil, qui me regardent aussi bizarrement que lui. « Je ne savais pas qu’on pouvait quitter Carslam, vivant en tout cas.... » Cette sinistre remarque, créent un petit malaise avec mon petit groupe.
Les secondes passantes me laissent planées dans le doute d’une erreur dans ma présentation. « J’ai réussi à demander un transfert. » Le silence continue, sentant un peu la compassion de plusieurs à mon égard, malgré cette confusion. Ils ont trouvé la réponse de mon comportement plutôt inédite dans ce regard curieux autour de la précédente danse.
Changeant un peu de sujets par les différentes pannes du système, je remarque facilement le creuset qui s’était créé depuis la mention de Carslam. La réputation de ma planète n’est pas à refaire, elle se concrétise par une réputation macabre et sinistre. S’engouffrant pendant des siècles dans des guerres interminables et des idéologies demandant souvent des changements par des violences symboliques ou physiques. Malgré tout ça, nos discussions se reprennent doucement pour la nuit. Tourasin et Cécil se connaissent depuis des années. Ils sont en mission pour le Gouvernement de Restauration de Relly afin de trouver des planètes à coloniser dans des multiples territoires pour les Oumarus.
Pour Tymon, il habite sur Astrophox depuis sa jeunesse, ne comptant même plus les décennies. Travaillant entre l’épicerie du coin et à l’accueil de touristes, il semble parfaitement à son aise dans ce milieu. Pour Eltin, comme prévu dans mon intuition, il vient d’Origorn et des Royaumes des Nains. Ancien vétéran de guerre, il est maintenant chargé de projets sur plusieurs domaines liés à la mécanique. Il me présente même des croquis de centrifuges d’énergies sur sa tablette virtuelle. Chacun est à Constantinox pour une chose ou pour une autre. Entre le ravitaillement des deux explorateurs, la présentation de projet ou simplement vivre, cette question me trotte la tête.
Pourquoi suis-je ici? Accompagnés de sourires et surtout d’expressions symboliques rares, peut-être que mes cauchemars avaient but de trouver une porte de sortie à cet enfer qu’est Carslam. Au fil des heures, je pense comprendre ma démarche, ici.
À s’habituer de ne plus exister, rien n’existe.
Toute envie particulière disparaît dans les méandres d’une indifférence aussi monstrueusement que les êtres qui aident actuellement le Régime en place. À cette vision, je pense avoir apprise plus en trois jours que dans toute ma vie. Il me suffisait peut-être uniquement un recul à mon monde pour voir les couleurs qui manquaient afin de trouver une liberté et une indépendance.
À la fin de notre soirée, se souhaitant tous une bonne nuit, pour peut-être se retrouver demain, nous commençons à quitter la boite de nuit. En marchant avec Tourasin et Cécil pour revenir à notre habitation, ils vont aller acheter des matériaux dans une autre ville demain, ont-ils justifié, avant de rentrer à leur étage de notre immeuble, expliquant leur future absence pour demain. Devant cette diversité et cette vie, je trouve peut-être maintenant une raison d’exister uniquement par ces rencontres et la vision de cette danse. Les cauchemars se sont atténués depuis les derniers jours, les faisant pratiquement disparaître durant mes nuits. Quelques échos s’évadent, des voix qui s’étouffent, mais rien ne me noie dans cette solitude et dans cette aliénation.
Aujourd’hui est cependant un changement dans cet ordre fait par ma mémoire. Dès que mes yeux se ferment pour aller vers la somnolence. L’obscurité revient uniquement avec une parole pour me prévenir.
« Il va venir, il va te regarder et il va te poursuivre. »
Cette voix déformée revient largement vers moi, me poussant dans une sorte de paralysie, m’empêchant de dormir ou de bouger par moi-même Je me sens transportée, lévitée ou déposée sur une terre rugueuse, ne me permettant pas de voir les pénombres de cet enfer. Par les intentions du monstre en arrière de cette folie, il ne me permet pas d’ouvrir mes yeux, ni de bouger d’un seul millimètre. Derrière cette démence cosmique, je suis coincée cette vision. Je sais épouvantablement que les couleurs indéfinis de ce monstre sont plus effrayants que toute créature se cachant à l’intérieur des ombres de mes cauchemars.
On s’approche du moment, on s’approche de cette nouvelle réalité qu’il est en train de moduler pour nous. D’un coup, il me laisse regarder, me laisse me mouvoir, je suis déplacée dans un autre monde que celui-ci. Le nuage obscur cache toute évidence, pendant que ces formes organiques illogiques à toute biologique normale se matérialisent. Des nerfs, des muscles ou de la chaire se mélangent pour former des couleurs rouges et bleus. À travers cette expérience, bien que je puisse me relever, je sens le sol se déplacer par les fusions incohérentes de ce monde.
Bloquant tout chemin, m’enfermant dans une cage de répugnance, les formes abjectes commencent à bouger. Les mouvements illogiques des organes finissent par me fournir un chemin. Avançant dans ce couloir macabre, une roche, parfaitement rectangulaire de quatre mètres, est maître du domaine planté debout au sol. Son apparence vitreuse, comme un iris d’un œil, mélange des différentes couleurs, rouges, bleus et noirs. Approchant mon bras de ce mystérieux artefact, les couleurs de la pierre se tournoient vers ma présence comme s’ils voulaient avaler mon bras.
La chaire de mon bras tombe au sol, comme si elle est en train de fondre sur place. J’hurle à cette douleur insoutenable. Je vois littéralement mon bras disparaître sur place, ne faire apparaître que les os, pendant que tout le reste tombe au sol. Envahissant mon corps, fondant sur place, ma seule réponse est mes larmes et mes hurlements.
Ce sursaut est violent dans mon lit. Encore écopée par cette incompréhension, où l’un des mes yeux saignent de nouveau. En sueur et encore aux toilettes pour vomir les dernières boissons alcoolisées de la dernière soirée. Je ne peux pas fuir de cet abîme, car à chacune de mes tentatives, ses nuages viennent me replonger à nouveau dans ce chaos. Volant tous mes repères de bonheurs ou d’euphories, rien ne l’échappe. Tremblantes et fuyantes, je me demande encore pourquoi j’ai décidé de suivre ces coordonnées. Je me demande même pourquoi je ne choisis pas une autre solution fatale au lieu de subir nocturnement chacune de ces observations morbides.
Trouvant un moyen de reprendre des heures de sommeil durant la journée, j’espère pouvoir retrouver mon sourire d’hier. Même si les terreurs détruisent tout de mon esprit, les rares journées où je peux trouver un sourire, sont d’une petite victoire. Minime et sans importance, mais au moins, c’est une légère défense contre toute cette négativité qui tente de me conquérir. Prenant douches et soignant mon apparence, je ne peux pas enlever les cernes autour de mes yeux.
« Ô Lord Compagnonne, quelle mauvaise mine, vous avez. » Dessinant dans mon carnet la pierre de mes cauchemars, j’ai pu entendre la canne d’Eltin s’approchée de ma personne malgré les différents tests musicaux des deux artisans sur la scène. Assisse à la même place d’hier, cette boite de nuit est toujours ouverte. Comme prévue, je n’ai pas pu enlever les plus importants signes de ma fatigue. « J’ai mal dormie, désolée. » D’un pas patient, ses yeux nains me regardent avec un air plutôt accablé. Il est trop tôt pour que les danses reprennent ou encore trop tôt pour que les boissons alcoolisées reviennent, cependant Eltin commande déjà sa bière naine préférée.
« Au début, j’étais sceptique. » Mes traits de crayons s’arrêtent doucement pour le lever mon regard vers lui. « D’innombrables affabulateurs viennent se vanter de porter un sang ou d’avoir des œuvres qui ne leur appartiennent pas. D’innombrables êtres viennent pour exiger Royaume ou Gloire qui ont été autrement gagnés par la violence. D’innombrables mensonges ternissent la réelle représentation d’un passé tragique » Eltin prends une petite pause en voyant le serveur lui apporter son litron de bière naine « Vous êtes bien une Pothra. » Je vois une petite larme coulée de son œil droit, comme si un fantôme revenait le hanter.
« Je ne veux pas que vous croyez que je juge votre vie selon l’œuvre de votre ancêtre, vous transportant automatiquement vers un héritage obligatoire. Mes enfants détestent quand des royaumes leur donnent des privilèges par le sang et je peux comprendre. Mais, j’ai connu Jinora Pothra. J’ai connu cette époque où nous étions tous unis à travers un combat où le mal était clairement défini par des formes précises. Jinora n’était ni faite pour devenir une princesse, ni pour être une chevalière, ni pour être une noble… elle était meilleure que tout ces titres.
Levant son épée au ciel, pendant que tous crièrent à l’infamie d’utiliser une technologie des matérialistes, elle a levé la charge historique des lunes de Grindator. Personne ne faisait la différence de voir une femme, de voir une matérialiste ou encore de voir une usurpatrice courir vers les ennemis.
Foncer droit devant, guidée par ce combat qui l’avait autant motivé, sachant nullement si les autres chevaliers suivront, elle a chargé seule. Avec mes anciens compagnons, nous l’avons tous suivis.
Parce qu’à travers un monde aussi obscur que violent, on ne voulait pas un Roi ou une Reine, on voulait croire. Tous ont finis par suivre, les chasseurs ont volé dans le ciel, en lançant les protections énergétiques pour éviter les armes des tireurs embusqués. Les hordes de chevaliers et les mercenaires nous ont tous suivis. Mais elle a été la première à se battre, elle était la première à dézinguer la tête d’un orque. Elle était la première à ébaucher la route vers les ennemis. Car… elle a toujours été la première.
Pendant que tous se cachèrent, elle est l’une des rares à avoir bousculé mon monde. Avant, pendant et même après la guerre. Quand tout fut fini, quand nous étions tous prêts à partir et peut-être ne plus jamais se revoir, pendant que les derniers Adieux se définissaient par un deuil. Elle nous a dessinés, elle a dessiné notre groupe dans son carnet. Nous donnant ainsi cette image, elle est restée dans ma mémoire, car quand son coup de crayon se faisait, je la voyais parfois sourire.
Vous lui ressemblez tellement. Vous ressemblez à cet esprit de combattante, mais aussi à cette femme incertaine dans ses moments de tristesse.
Et d’un regard généreux, d’un amour indéfinissable et d’une bonté rare, elle m’a dit ces derniers mots avant qu’on se quitte : Malgré toutes les étoiles de cet univers, malgré toutes les menaces de la galaxie et malgré tous les sombres crimes des systèmes solaires, on va toujours se retrouver d’une façon ou d’une autre. C’est notre destin.
Je croyais à une maxime, mais grâce à vous, je la retrouve. Je retrouve ces souvenirs et je suis tellement heureux de récupérer ces moments. Vous voulez peut-être suivre votre propre chemin, mais par tous les nains et par tous mes anciens compagnons, j’espère que vous vous rendez compte du bien que vous venez de me faire revivre depuis hier. »
Je dépose mon crayon immédiatement, écoutant cette nostalgie douloureuse et soignante à la fois. Je ne peux pas m’empêcher de sourire, parce qu’à le voir traversé des montagnes, des obstacles immenses ou encore d’abnégation du passé, mon sang existe peut-être encore dans les souvenirs d’un vieux nain comme Eltin. À renier la totalité de mon Histoire, pour essayer uniquement de comprendre de mes cauchemars, j’oublie parfois l’humanité à travers l’image de chacune de mes ancêtres. Voyant encore ses larmes coulées, je ne peux pas m’empêcher de lui prendre l’épaule et de compassionner avec un passé qu’il retrouve enfin.
Tymon s’est réuni à nous après, pendant qu’une petite foule commençait à s’accumuler, le Rezanerd avait fini son travail et depuis le temps qu’Eltin se pointait à cette boite de nuit, il s’est habitué à toujours lui rendre visite. Tymon se plaint d’abord d’un gobelin, ayant cambriolé discrètement le pain et le fromage de l’épicerie. Devant cette anecdote, on le prend à la rigolade. Encore une fois, je me retrouve dans ce triangle d’amitié et d’altruismes, alors que je berçais dans les ténèbres quelques heures plus tôt. Je me suis même surprise à rire devant d’autres anecdotes de ce type.
Pendant que la musique reprend, pendant qu’une dizaine de personnes se retrouve pour aller vers cette danse collective, je regarde encore ce rythme. Toujours dans les mêmes modèles, je vois cependant une petite modification par quelques mouvements différents des danseurs. Accordés entre un Akordion et un Piandron, l’universalité de cette musique me marque.
Elle me marque tellement que Tymon le voit directement dans mes yeux. Peut-être par une envie inavouée, il le sait au fond de moi. Je veux aller rejoindre cette petite communauté. Tymon m’oblige de me lever pour rejoindre le fameux cercle, pendant qu’Eltin en ricane. Gentiment, le groupe nous laisse rentrer dans leur danse. Au début, tout est très difficile à réapprendre, il est laborieux de suivre vraiment le rythme, parce que ce n’est pas simplement tourner en rond. Les participants claquent leurs pieds pour accompagner les musiciens, faisant un autre accompagnement aux deux artistes.
La première fois qu’on se sépare, pour gambader en se serrant rapidement les mains, je bouscule un Oze au début. Celui-ci poursuit le mouvement sans prendre en compte cette erreur. Je termine à tournoyer avec une femme plutôt âgée, avant de reformer le cercle. Je commence à comprendre les mouvements, les claquements et le rythme. Tymon me fait signe avec la tête que le but serait de se retrouver.
Au deuxième essai, cela va un peu mieux. Je ne bouscule personne, mais un humain m’évite avec une esquive légendaire. Je termine avec Tymon, tournant sur nous-mêmes pendant quelques secondes avant de reprendre place dans ce cercle. Je comprends un peu mieux le mouvement des gambades, peut-être que je vais éviter un autre accident la prochaine fois.
Au troisième essai, j’évite parfaitement tous contacts, mais je manque de serrer la main de la deuxième personne. Mais, un phénomène assez étrange se passe quand mes deux enserrent les mains de l’homme visé aléatoirement. On s’arrête immédiatement. Un silence absolu apparaît durant les secondes où nos deux mains se sont touchées. Chacun de nos mouvements s’arrête, détachant mes mains de celui-ci rapidement en le dévisageant. Un peu plus grand que moi, ses cheveux bruns sont assez courts. Il possède une petite barbe fine de quelques jours, mais rien ne le démarque des autres danseurs.
« Il t’a touché? » Grogne Tymon en brisant aussi le rythme de la danse pour me rejoindre confuse. « Non. » À cette négativité, comme le mystérieux homme, on quitte tous les deux le danse, chacun dans sa direction. Tymon me suit doucement, toujours intrigué pourquoi à un tel arrêt que je ne peux pas expliquer.
Eltin, qui voit aussi mon petit malaise, nous suggère d’aller vers un autre lieu de divertissement. Il nous suggère soit un mystérieux endroit où on peut faire des jeux de sociétés ou encore se faire un classique sobroique aux Holos vendus dans le coin. Faisant un petit vote, on porte doucement notre attention vers un holofilm. Quittant la boite musicale, je regarde un peu le ciel pour voir quelques lumières revenir et partir sur Constantinox. Je ne fais pas vraiment attention, je ne connais pas vraiment la situation énergétique de la planète.
Pendant cette petite marche, mes yeux s’arrêtent encore chez le coiffeur, extrêmement curieux par ce commerce rare. Habituellement à Carslam, c’est le ministère qui permet de couper nos cheveux. Brigués par cette curiosité étrange, comme si cela faisait parti de toute culture d’avoir ce commerce, ils me demandent si je veux une nouvelle coupe de cheveux.
« On ne doit pas demander aux douanes en premier? » Ils sont automatiquement intrigués par mes paroles. Encore une fois, vivre dans le Carslam Sismantique semble avoir vraiment un repère sur les autres sociétés. Eltin me demande naturellement pourquoi je demande une telle question, et je commence à me parler des lois autour de mon ministère.
« Attends, ils vous permettent d’avoir uniquement huit coupes de cheveux? » Tymon est assez estomaqué à cette idée. « Huit chez les femmes, dix chez les hommes. Cela doit être conforme aux lois du Ministère. » Cette brève discussion permet de les motiver à me faire devenir la plus grande rebelle de Carslam, et aller directement demander une coupe de cheveux complètement contre toutes les réglementions habituelles.
Eltin suggère une longue crinière derrière le dos pour suivre les traditions naines, pendant que Tymon m’encourage à suivre les coupes de cheveux des Guerriers d’Asorom, des humains qui se battent régulièrement pour les Régimes du Feu-Rouge. Toujours avec des cheveux assez longs, ils se rasaient souvent la moitié du crâne pour rester dans les traditions politiques du fameux régime militaire autonome.
Je conclue les débats par un mélange de trois styles. Coupant une partie des cheveux de mon crâne, mais pas totalement vu la petite chevelure restante, une petite couette-crinière sépare ce coté pendant je garde des cheveux jusqu’à mon cou de l’autre. Selon l’artisan local, cette coupe de cheveux se définit uniquement par rasées sur le coté…
S’ensuit un grand interrogatoire de curiosité autour des lois plus absurdes de toutes les étoiles selon Tymon. Naturellement, ils m’ont amené aux magasins de vêtements du coin, pour me donner une nouvelle couleur. Même Eltin a décidé de me payer des nouveaux accoutrements, voyant toute ma curiosité sur les couleurs disponibles. Ce n’est pas obligatoire de toujours porter du rouge et du noir, on peut aller vraiment dans tous les sens. Je me suis aperçue de ce détail à ma première visite, mais je croyais encore qu’il fallait demander l’avis de leurs gouvernements respectifs avant de prendre ces libertés.
À cette autonomie acquise, je suis capable de mieux voir le sourire d’Eltin quand on commence à traverser les différentes rues, retrouvant peut-être un mélange de nostalgies et de souvenirs. Attentif à ma présence pour ensuite porter un regard sur Tymon, il nous sourit.
« Mon âge a peut-être raison de moi. Je vous avoue épuiser par nos dernières aventures. Je vais rentrer à mon logement pour somnoler un peu. Tymon, me permets-tu de parler seul avec Eeiza? » Curieuse demande, que le Rezanerd accepte de reculer par respect au nain.
« Merci pour cette soirée et cette rencontre, Eeiza Pothra. Je ne doute pas une seule seconde de votre gentillesse et de votre amour envers les autres. Je ne doute pas de votre intégrité, ni de vos valeurs. Vous êtes une Fleur qui mérite de pousser et de dépasser les plus grands arbres qui cachent votre présence. Cependant… j’ai une impression, peut-être fausse d’une partie de vos difficultés.
Ne le prenez aucunement contre vous-mêmes. J’ai uniquement l’impression qu’une sombre couleur tente de détruire votre cœur et votre compassion. Il faut le combattre à tout prix, car je suis assurée qu’Eeiza Pothra sera bientôt dans les légendes, dépassant même son ancêtre. Une future légende de bonté et de gentillesse. » Eltin est toujours aussi touchant, refaisant vivre son esprit aussi positif qu’à son premier aveu. Il me tend doucement la main pour ce respect qui s’est construit entre nous deux.
Je prends sa main, poussant un soupire de soulagement, et me rappelant ces mots : « Malgré toutes les étoiles de cet univers, malgré toutes les menaces de la galaxie et malgré tous les sombres crimes des systèmes solaires, on va toujours se retrouver d’une façon ou d’une autre. C’est notre destin. » L’un de ses yeux gonfle d’une petite larme, heureux encore de ces souvenirs retrouvés.
Revenant vers Tymon, avec son plus grand sourire, il commence aussi à faillir. Demain, il doit se réveiller tôt et il veut sincèrement que nous continuons à se côtoyer. Comme à chaque fin de soirée, il suffit peut-être de se retrouver dans la boite de nuit. En plus, Tourasin et Cécil vont revenir pour profiter encore d’Astrophox. Regardant ces yeux, j’ai l’impression que par politesse, il désire autre chose, mais je suis encore incapable de le définir. Peut-être il cherche une relation plus sérieuse ou simplement enfin des compagnons pour toujours profiter d’une bonne soirée.
Je peux me permettre d’exister à travers ces connaissances. Je peux me permettre de faire reculer les sombres couleurs se sont dessinés autour de moi. Je peux enfin me permettre de trouver peut-être un objectif dans ma vie. Mon but est peut-être d’explorer cet univers aussi vaste pour rencontrer des personnalités aussi exceptionnelles comme Eltin, Tourasin, Cécil et Tymon.
Retournant dans mon logement, mon sourire me permet de me repositionner. Je sais que les cauchemars vont revenir, je sais que cela va prendre du temps à les atténuer, mais une solution est maintenant possible pour contrer ma passivité de toujours subir cette malédiction. Psychologique ou pas, je me fais le vœu d’effacer cette obscurité.
M’écrasant dans mon lit, attendant encore les monstruosités se propager. Seul le silence m’accompagne dans mon logement. Un silence presque terrifiant par l’absence de cette main violente, tendant toujours de me basculer dans l’obscurité.
Les yeux fermés, essayant de trouver le sommeil, un bruit me fait sursauter. Un bruit familier, mais assez étrange, elle résonne clairement dans mes oreilles, comme si cela venait directement de ma chambre, ou encore de la chambre voisine. Cela vient d’un instrument de musique… d’un piandron surtout… Les sons du piandron ne sont pas logiques, je ne comprends pas. Les notes suivent bien l’ordre de la logique du clavier, mais ni de musique. On dirait que quelqu’un est en train juste de passer une main dessus. Croyant à une alarme au début, je commence à me lever de mon lit. Puis tout d’un coup, un petit rythme commence à se répéter dans un ordre bien précis. Loin des grandes musiques entendues dans la boite de nuit, on dirait qu’une personne effleure le clavier pour tester un rythme bien précis.
Toujours dans mes oreilles, je sors de mon logement, cherchant d’où les bruits pouvaient venir. On dirait que cela vient de nulle part, mais me guidant quand même à travers une direction bien précise. Je cogne doucement à la porte de la chambre voisine, je sais que cela peut être dérangeant en pleine nuit, mais je préfère vérifier. Entendant quelques pas lourds en arrière de la ladite ouverture, je suis ahurie en voyant une immense femme ouvrir la porte. Me regardant avec le plus grand mépris du monde et dérangée par ma présence, je vois l’une de ces mains rejoindre une partie du mur cachée, comme si elle tient quelque chose en arrière de son immense profil.
« Excusez-moi, mais vous entendez la musique? » Elle soupire sur moi laissant une partie de sa haine pour le dérangement nocturne contre ma personne pour fermer brutalement la mort après un sec : « Non. »
Étrangement, je croyais que la musique venait de sa chambre, mais ce n’est pas le cas. La mélodie continue à suivre ce petit rythme, testant peut-être l’instrument en question pour améliorer sa vitesse. Poursuivant d’un pas lent cette partition mystérieuse, je suis encore incapable de trouver exactement ces origines.
Puis d’un coup, le rythme devient complètement fou, comme si au moins deux personnes jouaient sur le piandron en même temps. Cette montagne d’émotions commence à définir une place, suivant les couloirs pour aller vers les escaliers de secours intérieur. Je commence à comprendre que la musique semble venir du toit. Durant ma marche vers le sommet des deux étages à passer, tout d’un coup, la musique s’arrête d’une brutalité. Je m’arrête de marcher en même temps que cette pause violente.
Puis, cela reprends au même rythme que cela a été laissé. Je course presque vers la porte du toit, ne comprenant pas encore ce qu’il était en train de se passer. Puis, j’ouvre rapidement la porte du toit d’une grande vitesse. Ce lieu est visiblement vivant et visé, parce que quatre personnes semblent être sorties de leurs sommeils pour vers le même chemin que moi. À l’opposé de moi, je vois un homme, cheveux noir assez court et visage longiligne, qui a aussi ouvert une porte, comme moi. Bizarrement, ses bottes ont des traces de terre et d’eau, comme s’il venait de traverser une forêt.
Mon regard se tourne ensuite vers un homme que je reconnais immédiatement, qui au bord du muret, regarde vers le bas. C’était l’homme du bar, où que dès que nos mains se sont touchés, le monde autour de nous s’est arrêté. Puis regardant chacune des morphologies, je crois avoir trouvé une réponse.
D’un homme avec une barbe noire, avec une carrure assez impressionnante, ou de la femme portant des vêtements verts foncés, je reconnais chacune des silhouettes ici, présentes, vues et revues dans un autre monde que le notre.
« Je comprends… on voit tous la même chose, hein? »
Nerveux, nos regards s’échangent, appréhendant exactement de quoi je parlais. Par cette incompréhension intemporelle et géographique, ce silence tendu ne nous permet pas de sortir immédiatement de ce mutisme de surprise. L’homme au bord du toit regarde ensuite vers le haut, pour uniquement voir que notre obscurité s’est étendue sur l’entièreté de Constantinox.