Samyrise Fertia

Mon père a toujours détesté notre curiosité. Enfants et aventuriers à la fois, mon frère et moi ont exploré les secrets et les mystères du grand manoir Thibault de fonds en comble. Découvrant le sous-sol, toujours aussi vide qu’à son habitude, où des employés de maintenance viennent de temps en temps, faire un peu de nettoyage. Allant dans le grenier pour découvrir de vieilles photos et de holos anciens, chaque minime découverte était un trophée pour nous. Notre indiscrétion a toujours été un grand défaut pour Léon. Il n’aurait jamais pu deviner qu’aux soins de notre traumatisme, on aurait commencé à fouiller l’entièreté de son manoir. Archéologues amateurs d’un monde à part, il nous avait engueulé quand on avait creusé dans le jardin pour essayer de découvrir le squelette de l’Ancien Gouverneur, ayant habité dans le Manoir avant lui. Je l’avoue… c’était plutôt macabre comme projet. Mais selon Junto, l’ancien propriétaire du domaine avait un large trésor éternel que tous les enfants voulaient.

Après théories et enquêtes, on avait conclu que la carte holographique du trésor doit se retrouver sur le corps de l’Ancien Gouverneur. Dans plusieurs civilisations religieuses, on enterrait quand même les choses précieuses à l’endroit où que la personne était inhumée. Quitte à découvrir l’ensemble de la Civilisation Thibaultienne, pourquoi ne pas tout ratisser? À ces aventures improbables, notre destin était déjà tourné vers cette exploration de l’inconnu. Après avoir tout découvert du manoir, notre adolescence s’est tournée vers les étoiles.

L’ambition de découvrir un univers à part, où tous êtres ont développé mythologie sur mythologie. Dessinant les angles de leur environnement pour les définir d’une façon ou d’une autre, il ne restait qu’à nous pour le découvrir. Il ne restait qu’à prendre nos sacs de voyages et de partir vers des lieux connus ou non, où la religion, le climat ou la population transfiguraient des images. Nos découvertes des lieux par le témoignage des habitants ou encore par la découverte d’une fine pluie, nous suivant, à travers un soleil mystique, embellie encore plus notre envie d’exploration.

Nous ne sommes pas faits pour se marier, pour avoir des enfants ou encore se trouver un emploi en temps-plein à Constantinox. Nous sommes faits pour découvrir chacun des mystères possibles dans des galaxies qui en regorgent. Il va toujours avoir une beauté à dénicher dans cet univers, il suffit juste de le trouver, de l’ouvrir et de le visiter.

À travers le désagréable spectacle de notre père avant sa mort, il est facile de savoir pourquoi nous sommes partis le plus rapidement possible de ce Manoir dans le passé. Je décèle aussi pourquoi les raisons que nos relations avec Mary, Cally et Jasper sont dans une relation tendue. Ils n’ont pas uniquement supporté notre père durant le dernier mois avant son trépas, ils l’ont supporté pendant toutes leurs vies.

Et malgré la fin de la vie de celui-ci, il continue à les hanter. Son fantôme idéalisé est transporté encore par une foule, ambitionné par les images des médias et par des mythes populaires. Peut-être que l’actualité va ralentir après un petit mois, mais j’ai toujours l’impression que cela va écoper dans les vies du petit trio. Malheureusement pour eux, je crois que la seule solution, c’est de quitter cette planète.

Constantinox est en train de fusionner avec l’image populaire de Léon Thibault, ne laissant aucune place aux nuances. Ce dessein douloureux nous enferme aussi de cet axiome incassable, que même si on tente de bousculer les mœurs, on risque aussitôt de se faire incendier par les légendes locales. Je suis triste pour eux, parce qu’ils sont complètement contrôlés par une fausse image, sans d’options alternatives. On les aime, parce qu’ils sont d’un sang de noblesse. On les aime parce qu’ils sont les enfants du plus grand héros de la Galaxie. On les aime par le croquis que les médias et que les politiciens forment d’eux.

Mais, on ne les aime pas vraiment. On ne les connaît même pas. On ne connaît pas leurs perceptions de cette vie toxique. Et malheureusement, c’est ça qui manque à Constantinox, c’est comprendre que parfois, même si on désire construire une image vraie par les sentiments qu’on lui donne, elle peut être fausse.

Alors malheureusement pour eux, ils méritent d’être aimer plus que par leur généalogie ou que par leur sang. Ils ont tous un talent particulier à dévoiler, une forme de composition unique à illustrer, mais Constantinox les noie par la montagne d’informations qu’ils sont obligés de suivre. C’est triste pour eux, car on ne leur offre pas des possibilités de sortir de cette image surfaite.

À cette vie bien particulière, j’aimerais les faire découvrir une partie de mon monde. Cette exploration du possible et dans l’impossible, même dans un manoir où la haine a régné depuis trop longtemps. Envahissant chacun des recoins de ce domicile, je suis sûre que je peux leur montrer des places qu’ils n’ont jamais visitées. De cette manière, en visitant un lieu inhabituel de toute cette rage, ils vont peut-être trouver le sourire.

Malheureusement, Jasper doit faire attention au niveau de la consommation d’alcool vu ses antécédents. Je ne l’invite pas, de toute façon, il m’a répondu qu’ils préféraient jouer aux billards dans la salle de divertissement que faire mon activité proposé. En plus de cela, Il est le plus solide du trio pour ne pas se peiner de la mort de notre père. Pour Marissa et pour Callienne, les dernières journées les ont visiblement détruites.

Aucune surprise pour Mary. Déjà gamine, sa timidité et sa gentillesse n’avaient aucune limite. Son innocence a été son plus grand défaut contre les injures de Léon. Sa plus grande erreur était essayée de plaire à notre père, alors que celui-ci l’avait déjà jugé inapte et fragile. Elle a tout essayé pour sortir de cette image de sensibilité, faisant même une carrière dans les Forces Armées de Constantinox. Malheureusement pour elle, malgré tous les efforts physiques et son renforcement mental dans sa formation militaire, son cœur d’enfant est toujours aussi présent. Elle a essayé d’être fière et grande, mais son problème est de toujours se comparer à Cally ou à moi. Elle doit être capable de mettre ses propres limites en étant consciente de ses propres capacités au lieu de toujours se comparer.

Quant à Cally, son désabusement est bien plus récent. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé aux dernières minutes de la vie de mon père, mais selon Halek, elle était bien dans la chambre de celui-ci. Depuis ce moment bien précis, elle s’est enfermée dans un mutisme. Capable de communiquer comme à son habitude sur des propos générales, mais incapable de nous définir cette dernière prestation de Léon. Comme quoi, il cherchait absolument à la condamner dans la dépression avant de partir.

Invitant mes deux sœurs par un message discret de leur courrier, j’ai déjà placé les indices à suivre pour me rejoindre. J’ai tout préparé pour une petite soirée entre nous trois. J’ai même descendu l’échelle mécanisé pour montrer le chemin. Durant mon enfance, on a découvert l’échelle derrière un mécanisme de la bibliothèque, nous laissant des grands yeux émerveillés à la magie de voir l’échelle descendre tout seul, trouvant ainsi un indice pour nos prochaines aventures. Bien sûr, Père nous avait engueulés lorsqu’il nous avait découvert sur le toit du manoir, en train de chercher encore les prochains mécanismes pour essayer de découvrir les autres pièces secrètes. En réalité, ce mécanisme servait surtout pour des employés afin d’enlever le surplus de neige qui pouvait s’accumuler sur le toit.

Enfant, on n’est pas très intéressé par toutes ces réponses prosaïques, on préfère imaginer un monde à part où dragons d’anciens mondes et  artefacts magiques se cachent. Cette échelle est maintenant complètement normale pour moi, elle ne se distingue que par sa rouille. Logiquement, je crois que c’est juste Junto, dans son agenda automatisé, qui fait ce travail de déneigement depuis quelques années. Le toit et l’échelle semblent être oubliés par cette histoire, parce que dès que je pose un pied sur l’escabeau, la corrosion hurle sa souffrance. J’ai presque peur de casser le premier appui en entreprenant la fameuse marche vers le sommet.

Prudente à cette avancée, j’espère pouvoir retrouver mes deux sœurs pour discuter un peu et pour au moins profiter du petit spectacle. La nuit va bientôt nous envahir et vu le nombre de record de touristes des dernières semaines, nos invités pour l’incinération de notre père a pris un grand retard. Selon les premières prévisions gouvernementaux, ceux-ci auraient dût arriver deux jours avant la crémation au manoir. Mais avec les délais et les embouteillages spatiaux, ils ont été ajournés sur des lunes ou des stations d’habitats en attendant.

Malheureusement, le chef du Parti Progressiste d'Asthar, Adam Atlar, a annulé sa présence aux funérailles pour des causes personnelles. La théorie du désabusement des heures d’attentes pour trouver une seule localisation d’atterrissage semble plus probable que les causes personnelles. Quelques autres noms ont annulé leurs présences, dont des militaires du Gouvernement de Restauration de Relly ou encore des personnalités de l’extérieur de nos horizons. Origorn et les Forces Sismantistes sont bien trop éloignés de nous pour montrer un tel intérêt envers Constantinox, même pour les plus grands héros de guerres antérieures. Le déplacement est trop couteux pour les funérailles en temps et en en énergie.

Arrivant sur le toit, respirant une bonne bouffée d’air frais, je ressens le vent froid du dernier mois touché ma peau. Portant mon manteau d’hiver et un petit chapeau pour me protéger du froid, mes jambes sont toujours moins protégées par un simple pantalon noir que je porte. Une petite croute de neige s’est formée sur le toit, pendant que je vois de loin, une petite foule s’être amassée devant les grilles. Entre des journalistes et des citoyens curieux, la police a formé une grande allée pour accueillir les invités de renoms.

Allant à l’extrémité du manoir pour regarder cette première assez curieuse, je pose le vieil alcool ancien à ma droite. Je m’assois en regardant la grille et en étant bien sûre assez visible pour des yeux observateurs. Je sors les trois petits gobelets pour nous trois, espérant vivement que Cally vienne malgré ses dernières consternations. Mouvant mes pieds dans le vide, je garde encore des bons souvenirs de cette place. Parce qu’après notre enfance d’aventures, mon frère et moi, adolescents, avaient destinés ce petit lieu sacré à la visite de plusieurs alcools de toutes les galaxies. Les nains sont doués dans ce domaine, et il est encore dommage que Constantinox ne développe pas un contrat définitif d’échanges économiques avec Origorn, uniquement pour l’alcool des nains.

À travers cette attente interminable, j’ai une petite peur que mes sœurs me posent un lapin. Dans les pires des scénarios, je peux toujours appeler Halek pour se retrouver en nostalgie à la place qui a bercé notre adolescence. Au moins, après une dizaine de minutes, j’entends la rouille souffrir d’une nouvelle pression. Par un bruit plutôt léger et son poids sur l’échelle, j’en conclue rapidement que c’est Mary. Toujours plus petite et légère que son frère et que sa sœur, ses pas et sa démarche peuvent toujours être remarqués de loin, enfin surtout pour les êtres qui ont des oreilles d’elfes.

Voyant sa tête sortir, je souris en la voyant découvrir le toit du manoir. Ses yeux visitent les alentours avant de me rejoindre à l’extrémité du fameux manoir.

« Cally ne va pas venir? » Demande-je doucement un peu déçue en connaissant la réponse d’avance. « Non, j’ai essayé de la motiver pour venir tantôt, mais elle m’a dit qu’elle a besoin de rester seule. »

Triste, c’est rare que je voie mon artiste favori rentré dans un tel isolement. « Je me demande bien ce que Léon lui a dit avant de mourir. Elle n’a pas l’habitude de se faire blesser par les propos de notre père habituellement. » Mary a un petit sourire amer à cette remarque, n’appréciant pas que les derniers moments de Léon blesse encore sa sœur, même après son décès.

« Viens t’asseoir, ma belle. » Dis-je en lui donnant ma main. « C’est rare qu’on se fasse quelque chose, uniquement entre nous deux. C’est le temps de se rattraper. Tu ne sais pas ce que je t’ai réservé pour notre soirée historique… »

Cachant l’une des derniers œuvres de l’Ancien Royaume des Nains derrière moi, je garde mon sourire amusé devant sa timidité. Acceptant cette main, elle vient s’asseoir à mes cotés pour poursuivre cette veillée. « Alors, peut-être que tu vas crier à la fraude. Je sais que cela peut être très surprenant. Même moi au début, j’étais plutôt sceptique. Lorsqu’on a visité un ancien champ de construction naval des nains, Halek et moi, on a trouvé l’une de leur distillerie sous-terraine où les machines étaient encore en bon état. Curieux, on a averti Origorn de notre découverte, mais on a demandé au moins de garder quelques souvenirs.

Pas grand-chose. Je t’assure. La Société des Savants d’Origorn a accepté de nous donner quelques cuves d’alcool nain en échange de notre silence. Au début, on ne savait pas trop de quelle époque que cela datait. Alors, on est allé voir ensuite un collectionneur nain sur une planète voisine pour nous donner une date. Et devine quoi… »

Dis-je en sortant enfin la bouteille moderne de ma droite que le collectionneur a faite spécialement pour nous. « Ce que je tiens dans ma main, date d’environ cinq milles avant notre ère. Toute suite, le nain a presque fait un arrêt cardiaque. À genoux devant nous, il nous a dit : Ô Lord Compagnon, par tous les Dieux, je ferai tout pour avoir un seul échantillon de cet art si rare. Réfléchissant, on lui a fait un marché. Un vrai scientifique sur deux pattes, cet adorable nain. On savait que l’alcool risquait de perdre sa saveur, si son ancienne enceinte se cassait, alors il nous a fait des petites bouteilles artisanalement. Il l’a ensuite transféré dans ces bouteilles sans contact avec l’extérieur par l’une de ses machines. En échange, on lui a donné quelques échantillons de chacun des alcools ramassés durant notre découverte.

Aujourd’hui et maintenant, tu vas pouvoir délecter la gnôle unique de l’Histoire, Mary. Cet art ancestral et légendaire que peu d’êtres visitent, tu vas pouvoir en profiter pleinement. Imagine le labeur du travail pour arriver à un tel résultat, imagine les ingrédients légendaires utilisés. Imagine les mains naines préparant le moult, tout ça pour que cela arrive entre nos mains après cinq milles ans après sa création. » Ouvrant doucement l’alcool, je le renifle l’arôme avant de le verser dans les deux petits gobelets différents. 

C’est difficile de casser la carapace de Mary. Intravertie et enfermée dans son monde, elle ne dévoile que rarement ses sentiments. L’entendre légèrement ricanée devant toute cette histoire me laisse l’impression au moins de trouver une proximité avec elle. Prenant une petite gorgée de l’alcool, le prunus de la Quriam semble avoir été utilisé dans cette élaboration. Entendant les petits cris de joies de foule, cela nous signale d’une éventuelle arrivée d’une vedette.

« Pendant des années, même des décennies, j’ai l’impression de m’avoir toujours fermé au monde, pour même ignorer tout ce qu’il s’est passé avant et maintenant. Quand mes collègues au Spatioport parlent d’ Holofilms, de livres ou encore de musiques, je me sens toujours déconnectée. Je suis même gênée de dire aux gens que je ne connais pratiquement personne de la liste des invités. » Suivant ma petite gorgée, elle boit après s’être confiée. Je lui lance un sourire sincère à cet aveu. Cela confirme un peu mon idée à son sujet, sa crainte d’être jugée est extrême et même central dans sa personnalité.

« Tu sais quoi, Mary? Je ne crois que personne devrait te juger réellement pour tes peurs. Chacun possède des passions assez particulières, et ne pas s’intéresser aux personnalités publiques n’est pas synonyme d’inculture. Même je dirais que c’est à ton avantage. Plusieurs jugent des êtres selon l’image qu’on leur envoie, pendant que toi, tu peux les juger en discutant directement avec eux. Tout le monde voit Léon comme un grand héros, alors qu’on sait très bien que ce n’est pas exactement juste. Peut-être que c’est aussi le cas avec ces invités. Peut-être qu’on les juge trop bons ou trop mauvais, sans les connaître réellement. »

Je ne connais pas exactement ce qui la passionne, mais aujourd’hui, peut-être qu’elle va plus m’en dévoiler. Je vais découvrir ces petites facettes qui la personnalisent tant. Je monte légèrement le ton en entendant le cri des foules. Curieuse, je tourne mon regard vers notre premier invité. Je remarque toute suite sa petite taille, mesurant environ un mètre et vingt, il marche avec droiture lorsque la grille s’ouvre. Gimangi le Sage est l’une des personnalités les plus connues de tout l’univers connu. Son rôle dans la Huitième République est aussi important que celui du Grande Ministre. Elle fait fonctionner une grande partie de tout le système autour du Concile Psionique sur Asthar.

« Il est tellement mignon… » Mary sourit naïvement en voyant le primate avancée vers notre destination. Je commence à rire à cette remarque en la soutenant par un : « C’est souvent ça qu’on lui dit en général, mais on ne doit pas douter de sa férocité. »

Reprenant une petite gorgée de l’alcool, je me souviens l’histoire de son espèce. Découverts sur une planète de la Huitième République, c’était des animaux proche des primates, mais avec une grande intelligence sur la mémoire et sur les mathématiques. Humanoïde, la différence avec plusieurs animaux, c’est que ceux-ci se promenaient à deux pattes au lieu de quatre comme la plupart des animaux. Selon les premiers scientifiques à les avoir découverts, dans des millions d’années, ils avaient une forte possibilité de ressembler aux humains ou aux elfes par la continuité de leur évolution.

Cela avait motivé une partie de la communauté scientifique d’essayer un nouveau test de provolution avec cette espèce. Ils voulaient forcer l’évolution en changeant la génétique des primates. Plus tard, ils ont développé le nom du projet : des Fleurs pour Almon. Ce nom était surtout pour honorer le premier primate provolué, Almon, mais qui a connu une longue dépression en voyant les moqueries autour de ses frères par le reste de l’univers.

Après des années, ils ont été capables de parler et de vivre dans des sociétés civilisées. Les Archi-Primeus sont devenues la première réussite de cette nouvelle technologie. Maintenant, il est possible de les voir un peu partout dans Asthar ou même dans Belgrum.

« Gimangi a une histoire tellement particulière, tu sais? Vu les religions présentes sur Asthar, son espèce a toujours été un peu marginalisé au début par une partie de la population. Provoluer des espèces, cela renforce la colère des religieux, comme créer des unités de combats liés à une intelligence artificielle. Pour eux, la provolution des Archi-Primeus étaient de dénaturaliser le dessein de Dieu.

Gimangi, doué, a commencé ses études en littérature classique. Dans ses mémoires, il décrit même que son rêve était de devenir un poète connu, mais malheureusement, quelques théologiens ont été frustrés de le voir s’intéresser aux écrits des Églises. Ils ont même sauté au plafond lorsque Gimangi a relevé qu’il avait un potentiel psychique.

Un potentiel psi, pour plusieurs Églises, c’est automatiquement lié à Dieu ou à la Foi…

Ils ne l’ont même pas cru au début, jusqu’à temps qu’il fasse ses preuves devant le Concile d’Elam. Malgré son bannissement de l’Université pour mauvais comportement, les religieux ont été fortement frustrés quand le chef de ce Concile, Kisaomak le Grand, exige que Gimangi puisse rejoindre les Pagodes du Concile d’Elam, afin de pratiquer ses pouvoirs psychiques.

C’était la confusion totale parce que Kisaomak était surtout connu pour être fondamentalement hostile contre toute pensée matérialiste et surtout contre leurs dernières expériences.

Au plus grand dam des religieux, je crois que le Grand Archevêque d’Asthar a failli mourir d’une crise cardiaque quand il a appris que c’était Kisaomak qui allait entraîner Gimangi. » J’ajoute cette remarque en rigolant, pour que Mary accompagne aussi mon hilarité.

 « Quelques années, il était tellement doué dans ce domaine, que durant les changements de paradigmes de l’époque, et contre toute attente, Gimangi est devenu le Grand-Administrateur du Nouvel Concile appelé Ostrom. Cette annonce a été un petit choc pour ceux qui ont suivi l’actualité. En 778, après des années de craintes envers le système matérialistes, Gimangi se dirige vers des politiques pacifiques et réunificatrices.

Selon des rumeurs, il a un grand froid entre son ancien professeur et Grand-Administrateur du Concile d’Elam depuis ces années. Je te conseille vivement de lui parler, il est connu pour sa philanthropie et son ouverture. » 

Ce long résumé intéresse beaucoup Mary, pendant que le Grand-Administrateur du Concile Ostrom nous regarde. Je pense même le voir sourire en voyant la fugue de notre vivacité. Théoriquement, je crois sincèrement que tous nos futurs invités connaissent la réputation de notre père et de son éducation stricte avec nous. Ils ne doivent pas être surpris de notre propre hostilité ou de notre affront  d’un deuil normal pour lui.

Suite à ça, je vois les grands yeux de Mary s’ouvrir devant le deuxième invité. Son physique impressionnant est toujours aussi imposant, surtout pour les docteurs intéressés à son anatomie. Pour connaître légèrement de ce peuple, il faut comprendre qu’ils ont été découverts très récemment. De trois mètre d’hauteurs, ce grand être doit marcher par tonnes à chacun de ses pas. Je ne donnerais pas une chance de survie à l’échelle (Et  aussi à l’ouverture amenant au toit), si celui-ci essayait de nous suivre à cette aventure.

« À voir ta surprise, je crois que c’est la première fois que tu en voies un. Cette espèce a été découverte par Léon, il y a environ quarante ans, dans un système solaire complètement vide de vie organique. » On entend ses grands pas de loin,  voyant même l’eau de la fontaine tremblée un peu par ces mouvements. Des peuples lithoïdes, alias des grandes roches vivantes, sont rares, mais existantes. Dans plusieurs légendes, c’était des êtres mythologiques inexistants jusqu’à cette nouvelle découverte. D’une couleur légèrement rouge, il porte aussi une partie de ses couleurs en marbre.

« Je te présente donc Bengris Rocherouge. Ne te fie pas à son apparence, selon les rares témoignages autour de lui, il sait d’être une grande gentillesse. Comme tu vois, il semble être humanoïde, mais on sait qu’ils peuvent changer souvent de formes en quelques mois. Bengris est actuellement l’un des rares  membres de son peuple, qui discute énormément avec les médias et les politiciens de nos mondes. La Grande Larvikite est le nom qu’il a donné de son peuple.

S’ils ne sont pas très nombreux, les avoir comme alliés au niveau militaire, c’est d’un avantage tactique considérable. Et attends, je te raconte le meilleur pour la fin.

Tu sais comment ils se reproduisent? Non, je ne t’encourage pas à aller voir des holofilms bizarres dessus. Parce que tu risques d’en être déçue vu comment c’est sobre. Chaque Larvk qui veut se reproduire peut le faire seul ou en groupe. Aux terres de leur peuple, où des volcans en fusion sont toujours actifs, ils peuvent forger un nouvel être après avoir donné chacune une partie de leur cœur pour ce futur enfant. Il n’existe pas de limite au niveau du nombre…

Bengris est officiellement l’enfant de neuf Larvk’s, dont l’un est son frère. Oui, je te le jure! »

Encore très étonnée, elle faillit s’étrangler avec l’alcool des nains vu les différences majeures entre notre vie organique et cette vie extraordinairement exotique.

« Dans leurs cultures, l’inceste n’existe pas. Même, les raisons de donner naissance se différencient énormément de nos désirs. On n’est pas trop sûr si des croissances biologiques existent chez eux. Il existe tant de choses passionnantes à découvrir de cette culture, Mary. »

Je crois sincèrement que Mary manque de voyage, parce que malgré que les Larvk’s sont une exception à la règle, ils sont un peuple parmi des centaines d’autres qui sont très différents de notre système de vie. Toute culture mérite un coup d’œil, car c’est la beauté de cette diversification est incroyable. Voir comment des peuples peuvent se construire, sans suivre nos principaux envies ou  nos structures sociales, c’est le rêve de tout explorateur amateur.

Deux nouvelles silhouettes apparaissent après. Deux visages humains cette fois, chacun portant leurs armes par habitude de vie, mais aussi parce qu’ils veulent honorer les combats de Léon au sein de leurs régimes. La Ligue de Protection de Belgrum est souvent représenté par ses deux visages, pour leurs pensées tournées vers l’ouverture ou encore par cette rivalité naturelle avec Asthar, vu les similarités entre leur Ligue et les Conciles d’Asthar.

« Je les connais eux. C’est Hysa de la Rima et Aldim Kant! » Hurle Mary en les pointant du doigt. On est rapidement remarqué par Hysa, toujours à l’alerte de n’importe quel danger ou encore par deux alcooliques suicidaires au bord d’un toit d’un manoir quelconque.

Je sais très bien que je ne dois pas les présenter, surtout vu leurs popularités à l’extérieur. Cependant, je suis l’heureuse élue de les avoir rencontré dans le passé. « Ouep, les deux personnes les plus sexys  de Belgrum, ou même de l’univers connu. » Je le dis pratiquement sans gênes. Malgré la musculature impressionnante des deux guerriers, tout semble être perfectible chez eux. Les hanches, les fesses, leurs forces ou encore leurs visages. Ma rencontre avec Aldim m’a touchée d’une force, sa bonté et sa générosité, dépassant largement les sinistres évènements qu’il a vécus. Si je peux choisir un seul représentant de l’espèce humaine, Aldim serait parfait pour représenter toute l’humanité. En plus au niveau beauté, sa grandeur n’efface aucunement de ses muscles ou de sa flexibilité au combat. Contrairement à sa conjointe, Aldim n’utilise que de la technologie pour se renforcer convenablement.

Pour Hysa, elle est assez unique par une personnalité toujours très attachée par un naturalisme, par un environnementalisme et  par une religion assez à part. Ce que j’ai cru comprendre de son peuple, rares les hommes sont acceptés sur sa planète. Dans toute cette mythologie de mystère, son mystère est tellement apetissant vu ses nombreux talents. Rencontrée avec Aldim, on avait longuement discuté après qu’Halek et que moi, on les aide contre les brigands. J’ai découvert autant sa mentalité que plusieurs autre s de ses dons. Après notre conflit contre les brigands, j’ai pu gambillée avec elle. Danser une fois avec Hysa est tellement particulier, envoutante et hypnotisant, son gestuel et sa beauté sont dignes d’une Déesse.

C’est normal avec sa planète d’origine, d’autant plus ils ont créé l’un des sujets les plus controversés après la guerre contre l’Empire Akhanien. Cette histoire est assez particulière, parce que lorsque les frontières se sont formées entre chaque puissance, Sa planète d’origine est restée indépendante pendant plusieurs années. Rima avait le choix de rejoindre soit Asthar, soit Belgrum. Très peu matérialiste, Rima rimait aussi avec un polythéisme religieux très différent des anciennes Églises Pollackiennes. La planète d’Hysa, par une grande surprise, avait choisi de rejoindre Belgrum au lieu d’Asthar, intensifiant ainsi la rivalité entre les deux démocraties. C’était un choix étonnant vu tout le potentiel psychique des femmes de Rima et les écoles psioniques d’Asthar.

Hysa a fait des choix particulièrement différents autour de ses armes. Au dos, on peut la voir avec un bouclier énergétique, mais elle possède à la fois une épée en Altarium et une lame d’énergie, où elle pouvait aussi utiliser son potentiel psionique pour une meilleure défense.

« Je ne connais cependant pas beaucoup l’Histoire d’Aldim. J’ai déjà lu son livre sur sa passion d’aider et de toujours voir le positif à chaque être au lieu du pire, mais je ne connais pas ses origines. »

Aussi très normal, parce que c’est toujours très étonnant de connaître l’envers du décor. Aldim, un humain noir, avait déjà parlé de sa planète d’origine dans l’un de ses livres, mais il faut faire des recherches extérieures pour en trouver plus.

« C’est normal. Belgrum n’aime pas beaucoup en parler, parce que cela fait parti de leur petite honte géographique. Sa planète d’origine s’appelle Ulyssa. Ils ont été découverts très récemment sur la carte des étoiles, mais on sait qu’ils étaient sur les anciennes cartes avant dans l’Ancienne Confédération des Étoiles-Unies qui date au moins de cinquante milles ans.

Ce qui est le plus choquant à la découverte de sa planète d’origine…

C’est surtout qu’ils avaient uniquement des humains sur cette planète, et quand on les a découvert, leur monde était dans un état lamentable. L’environnement détériorée, la xénophobie, les guerres du passé et même de l’esclavage… »

Mary est surprise et c’est bien normal, comment on peut développer de la xénophobie, lorsque seuls des humains habitent sur une planète? C’est d’une absurdité sans nom.

C’est aussi pour cette raison qu’Aldim est toujours perçu comme un être modeste et sage dans son histoire. Il a su pu remonter les défis d’une planète outrageusement égoïste et dépassée, pour devenir l’un des chefs de la Ligue de Protection. Je suis cependant curieuse de les trouver ici, parce que je ne vois pas comment Léon a pu les influencer. Conciliants et amicaux dans leurs actions, Léon a toujours fait le choix de la brutalité et du pragmatisme. Je vais essayée de me souvenir de cette interrogation pour leur poser la question aux concernés sur la coopération entre ces deux écoles de pensées.

Le bruit de la foule est un peu plus silencieux après. Avoir accueilli Hysa, Aldim et Gimangi d’un coup, on ne voit pas encore quelle personnalité pourrait avoir autant de succès que ces trois chefs.

Quelques légers cris peuvent encore se faire entendre à l’arrivé d’un visage médiatique connue, mais quand on passe de trois héros de la guerre ou contre le mercenariat, pour tomber sur un scientifique qui pourrait  être anonyme sans ses dernières recherches sur la physique, les moteurs FTL et ainsi sa prolifique littérature académique, le souffle dans la foule est un peu coupé.

Rien n’est enlevé du prestige de l’Atmori ci-présent. Toujours équipé dans son dos de la technologie pour visiter la surface, je reconnais facilement ses couleurs. Ses deux gros yeux noirs avec ses couleurs rouges et grises sont assez connus aujourd’hui. Perçu comme arrogant et surtout fuyant tout débat politique, Illi-Haturim-Jot-Mie-Xaru-Balik est un scientifique reconnu, mais aussi un écrivain et un musicien accomplis.

« Je ne croyais pas qu’on allait sortir Xaru de son Université. Si tu le rencontres, n’essaie pas de dire son nom en entier, il déteste ça. Je pense que Cally pourrait aimer sa présence, il joue aussi un peu d’Akordion dans ses temps-perdus. 

As-tu déjà été curieuse de leur sexualité? Les Atmori sont… » Je vois Mary légèrement gênée par ces questions, se rétractant doucement dans sa timidité habituelle.

« Tu es drôlement curieuse sur ces sujets… »

Réfléchissant à mon approche, parce que oui, bien avant que j’arrive ici, Mary a toujours un énorme problème de confiance en soi, surtout sur les relations intimes ou même sur sa propre sexualité. On ne l’a jamais vu accompagnée par quelqu’un dans sa vie.

« Je comprends un peu ton réticence, désolée, c’est que quand on rencontre toujours des personnalités similaires, tout se ressemble, cependant avec Bengris ou avec Xaru, leurs relations sont définitivement antonymes à nous.

Souvent les anthropologues disent que si tu veux vérifier ce qui est fondamentalement lié à la culture, il suffit souvent de regarder la définition de leur nature. Comme ça, on voit souvent comment la culture joue sur notre perception. La sexualité et même les attirances physiques, c’est parfois une définition elle-même de la nature pour plusieurs sociétés. Qu’on définisse tout genre naturel ou pas, c’est normal de prendre un peu de plaisir à travers ces critères.

Cependant, je trouve cela toujours passionnant de voir comment les Atmoris sont un peu à part. Depuis des siècles, ils se sont proclamés asexués ou asexuels. Ils ne ressentent pas d’attirances, mais je te jure que toutes personnes qui tombent sous les charmes d’un Atmori, tu ne peux pas avoir plus romantique qu’eux. Ils connaissent cette empathie qu’il faut avoir à tout prix. Ils comprennent la différence entre eux et la plupart des humanoïdes. Donc, ils font toujours beaucoup de travail s’ils sont en couple avec des individus qui ne sont pas Atmoris. On peut ainsi les voir parfois se parfaire dans un romantisme jamais-vu pour combler le vide de cette intimité. » 

Cette question est un peu épineuse, mais je suis curieuse en savoir plus sur les relations de Mary. Je m’inquiète réellement de sa solitude, fusionnée par une fermeture de toute relation par ses propres exigences ou par sa communication difficile. Notre père a toujours eu des jugements très conservateurs sur des relations sortant de la conformité, mais avec sa mort, peut-être que Mary va pouvoir en profiter. Je ne l’encourage pas à une vie de débauche, mais j’ai peut-être des contacts pour elle.

« Tu sais, j’ai quelques amis célibataires, qui aimeraient bien rencontrer une jeune et charmante militaire qui sauve héroïquement la vie de réfugiés en détresse. »

Indélicat ou non, il est mieux d’essayer toute suite qu’attendre à la fin des funérailles. Sa tête montre une fermeture totale à cette discussion. Elle cherche une réponse, mais elle ne veut pas relancer le sujet. Je l’ai mise en difficulté et je m’en veux un peu pour cette histoire, j’espère que le prochain invité m’aiderait à évacuer ce sujet. La prochaine fois, je vais essayée d’être plus prudente envers ce sujet, surtout avec elle.

Je saute donc sur l’occasion pour changer de sujets. Pointant mon doigt vers le nouvel invité, j’acte rapidement la surprise pour éviter d’être piégée au plus profond de ce malaise entre ma sœur et moi.

« Regarde! C’est Kisaomak! Quelle surprise! Je ne croyais pas qu’il allait venir sur place, surtout avec son froid avec Gimangi. Depuis que son Concile a été défait, il paraît qu’il s’occupe un peu de ses enfants et n’apporte que peu de regards probatoires envers le pacifisme de Gimangi. »

Retrouvant mon calme, je commence à me reposer en voyant les traits du visage de Mary s’adoucir pour éviter encore de s’enfermer dans sa carapace. Je respire en voyant enfin notre lien être plus cordial en se concentrant sur les avancées du grand félin mystique. Sa fourrure violette et grise est connue par ses légendes. Avant son départ de Grand-Administrateur, il a quand même régné pendant près de cinquante ans à son Concile. Comme tous Pollackiens, il est d’une vitesse, d’une force et surtout d’une psyché extraordinaire.

« Tu crois que Kisaomak est plus puissant qu’Hysa, qu’Aldim ou que Gimangi? »

Cette question est assurément confrontée et enflammée des deux grands groupes de partisans, vu la rivalité naturelle entre Belgrum et Asthar, ou même entre expérience et jeunesse.

« Difficile à dire, Mary. Koak… Kisaomak est connu réellement pour être d’un sang psionique exceptionnel, contrairement à plusieurs autres Pollackiens. Il est l’un des seuls à pouvoir former des lames psychiques en longue durée et même de faire un combat avec. Il se sert surtout de lame d’énergie pour éviter de tout épuiser son psychique dans des épées psychiques, mais il a aussi des avantages de son physique. Agile, puissant et avec des excellents réflexes, les Pollackiens peuvent être rapidement comme une espèce assez supérieure au niveau physique devant tous humains… mais avec de la tactique, on a toujours vu des exceptions. »

Réfléchissant légèrement, Mary, pensive, semble encore s’être retrouvée dans ses gênes habituelles.

« Tu vas peut-être me trouver ridicule, mais j’ai toujours du mal à faire la différence entre les lames d’énergies et les lames psychiques… »

Cela peut paraître assez stupide de ne pas savoir cette différence, mais très peu de soldats sur Constantinox se servent des armes rapprochées. Ils se servent surtout d’armes de longues distances. Des combattants comme Koak, Gimangi ou Hysa ont tous un potentiel à tordre un char d’assaut ou un chasseur spatial avec leur énergie psychique. Cette puissance est immense, mais très peu pratiquée en général sur des territoires qui ne sont pas affilés directement avec Asthar ou Belgrum.

« Léon possède de tout en bas dans son armurerie, je vais te montrer dès qu’on finit avec cette bouteille. »

Peut-être que cela va aller plus rapide que prévu, en entendant les cris de joies et encore les acclamations envers un nom que je connais assez. Mary éclate de rire en entendant cette célébration, qui m’horripile à chaque fois. Aleister Blancam est peut-être la dernière personne que j’aurai aimée voir ici. Si Xaru est un être respectable, malgré qu’il puisse devenir méprisable si on lui parle de généralités, Aleister est tout son contraire. Je n’enlève rien à son intelligence ou encore à son travail remarquable pour les prochaines explorations.

Dans les prochaines années, il va peut-être possible d’aller vers une galaxie non-connue pour coloniser une planète à l’extérieure de tout système. Créateur du FTA, abréviation du Faster Than Aleister, ce moteur va pouvoir nous faire ce voyage en quelques semaines au lieu de plusieurs années. Grâce à ses inventions, il va peut-être pouvoir reprendre contact avec plusieurs arches, qui ont quitté le territoire par peur d’être exterminer par l’Empire Akhanien. Je n’enlève rien de ce travail démentiel, se voulant concrétiser dans les plus grands progrès des prochains siècles.

Cependant toute son image ne me revient jamais dans la gueule. Cheveux noir grisonnant avec des lunettes, il fait tout pour rajeunir afin de conquérir des adoratrices. Plusieurs scientifiques vantent énormément son intelligence, et personne n’en doute, mais il a souvent pris les croquis des autres ingénieurs pour construire ses propres plans.

Controversé et mégalomane, il a fondé la Blancam Industrie peu après. Sa carrière est reconnue, il a travaillé avec la Confédération Jumarienne, Egoria, Asthar et Belgrum. Devenant facilement l’un des scientifiques les plus connus de la région, mais aussi le plus controversé. Car l’année dernière, lors des plus récentes élections de Belgrum, il s’est présenté comme éventuel chef pour essayer de devenir chef de Démocratie et Progrès. Par démagogie et par provocation, il s’est fait au moins écarté rapidement par le Parti durant les élections primaires. Avant qu’il nous voie, je prépare déjà le plan évacuation en vidant complètement la bouteille d’une gorgée pour bouger rapidement vers la démonstration que ma jeune sœur veut voir

« Plan évacuation, Mary! On ne reste pas là! »

Rigolant de bon cœur, on bouge rapidement pour éviter d’être capturer par le regard de ce vieux pervers. Je reviens doucement vers l’échelle, mais j’attends que Mary me rejoigne. Niveau sécurité, on n’est pas dans l’esprit de survie le plus élevé. Boire de l’alcool fort où on peut accidentellement se casser la nuque par la moindre maladresse en tombant du manoir, j’ai connu mieux de ma part. Mais comme dit pendant une autre décennie, mon frère est souvent la tête de notre formidable duo.

Après, je ne suis pas sûre que c’est une bonne idée de se diriger vers les armes de notre feu-père avec autant d’alcool dans le sang. Autrefois, j’aurai été plus prudente, mais il faut bien trouver une alternative à notre petite soirée.  

Si je suis une réelle passionnée à tout ce qui rapporte dans une culture, que cela soit par sa religion, par sa sexualité ou encore par la construction de certains modes de vies, les armes font partis de la plus grande différence de culture qu’on peut retrouver dans chaque empire.

Dans les différentes galaxies, les cultures politiques se sont énormément formées en cherchant à être à tout prix différent de son voisin. Certaines entités politiques communiquent bien ensemble, mais souvent leurs dirigeants, comme leurs populations, ont souvent une idée assez fixe des sociétés voisines. Dépassés, corrompus et barbares pour eux, ceux-ci se décrivent souvent avant-gardiste, intègre et civilisé. Chaque grande puissance ressort toujours cet argument.

À cette perception, c’est difficile de juger sérieusement les sociétés en question. Notre Histoire nous ne permet pas de se convaincre ce qui est mieux ou pas. Les abus et les injustices dans notre univers, ils sont de monnaie courante sur chaque planète qui accompagne ses milliards d’êtres dans les galaxies. Par leurs propres repères, ils cherchent souvent des réponses dans un Dieu, plusieurs divinités, dans le Gouvernement ou encore dans des motivations personnelles afin d’éviter de sombrer.

Dans ces motivations personnelles, j’ai parlé avec d’innombrables vétérans des guerres du passé, qui se reposent maintenant de trouver une ère peut-être de tensions, mais pas uniquement de massacres et de violences. Avec plusieurs d’entre eux, ils m’ont appris les différences des armes, des armures, de leurs véhicules ou encore dans leurs navires de guerre. L’Histoire des combats rapprochés, c’est un synonyme à notre passé mélangé entre religion, monarchie et science.

Enlevant nous deux nos manteaux, on se retrouve ensemble devant le mur d’armes de notre père. Je regarde les alentours avant de prendre une arme. La poussière s’est un peu accumulée depuis les années. Plusieurs armes ne sont pas à lui, cela semble surtout servir comme salle de trophée. J’essaie de trouver d’abord la future explication du pourquoi de l’existence d’une telle variété d’armes à Mary. Trouvant la première lame argentée possible, je le prends par sa manche pour l’enlever du mur avec un petit tremblement dans mon bras. Malgré toute l’apparence des Holofilms et de leurs combats sobroique, rien n’est très simple dans son maniement.

« Attention. Essaie de noter tous les détails liés à cette lame avant de penser à son matériel. Cette arme est utilisée depuis environ le Premier Empire d’Or, mais surtout pendant le début de l’ère psionique. Au début, ce n’était pas du Altarium qui forgeait sa lourde lame, mais bien du matériel comme du Raminium ou encore du Hellenium. À cette époque, cela pouvait être une arme symbolique, mais aussi une manière pour que les soldats soient le plus forts possibles dans un champ de bataille ou même sur un siège de pilote de chasseur. Il faut des foutus bras et jambes pour naviguer un chasseur d’Origorn.

Au fil de son évolution, les métaux ont changé. Et par plusieurs effets de modes guerriers et d’arts de combats, les nains d’Origorn ont surtout décidé d’utiliser l’Altarium comme ressource première. La plupart des monarchies a suivi cette mode, parce que c’est le matériel qui sert le plus à contrer des lames psychiques ou des armes d’énergies. À ce développement, les Royaumes Indépendants d’Origorn se retrouvaient souvent en conflit avec l’Empire Pollackien. Avant la conquête du territoire, les Pollackiens se servaient surtout de leur puissance psychique ou des lames d’énergies pour les guerres.

Dès les premières batailles, ils se sont rendus compte que les armes faites par du Raminium ou encore par du Hellenium se cassaient très rapidement. Alors, ils se sont penchés sur l’Altarium comme alternative. Avec cet élément, la lame ne se cassait presque jamais contre les lames d’énergies.

En plus, les nains ont trouvé un moyen de rétracter le métal par sa malléabilité pour commencer à former les premières armes rétractables. Ils ont essayé au début de faire des épées rétractables, mais cela n’a pas trop fonctionné vu la rigidité demandée par une lame d’épée. Après quelques années, les Oumarus, les Rezanerds, les nains et les Hellens ont commencé utilisé les mêmes matériaux. Chaque arme se conformant avec leur morphologie, tu peux voir des marteaux, des haches, des masses et d’autres armes construites en forgeant sur l’Altarium.» 

Je ne lui explique pas immédiatement la différence entre lames psychiques et lames d’énergies au début, car l’Altarium est essentiel pour comprendre le développement militaire. Prenant une petite pause en déposant doucement la fameuse épée sur la rambarde. Mary me sourit à cette première explication, ne se frustrant pas à cette longue introduction. Après mon discours, Mary se focalise sur les autres armes argentées que notre père a amenées sur le mur.

Cela variait beaucoup entre chaque arme Altar. Des petites lames à lancer, des flèches, des bracelets ou même des poings. En regardant vers la porte centrale, je me sens soulagée. On a évité le regard de perversité d’Aleister. Junto a dû l’accueillir assez rapidement pour nous sauver de sa présence. L’armurerie de notre père est toujours visible, lorsqu’on rentre dans le manoir. Le grand mur de ces précieux artefacts se retrouve au second étage, supportés par deux escaliers, visible au centre de l’entrée.

En déposant l’épée, je remarque doucement la grande porte s’ouvrir. Une humaine, assez maigre avec des cheveux noirs, et un œil manquant, porte les couleurs militaires d’Egoria. Son uniforme est assez différent de ce que j’ai déjà vu avant dans les Armées Egoriennes. Elle doit peut-être faire des agences scientifiques ou encore du service de l’espionnage. Egoria est rentré dans une zone politique de la méfiance par les nombreuses tensions créées depuis la fondation de la Fédération des Sismantiques.

« Bienvenue dans le Manoir Thibault, Lieutenante Varya Hortia. » La roue de Junto interrompt ce silence. Cette femme, je pense l’avoir déjà vu quelque part. Elle est très intrigante dans sa posture ou dans sa démarche. « Veuillez me suivre, je vais vous montrer votre chambre ». Au départ de notre invitée de l’entrée, Mary, assez curieuse, commence à me demander cette question qui me vient aussi en tête. 

« C’est qui? » Devant cette interrogation, je reste silencieuse un petit moment. Je croyais avoir découvert la majorité des secrets de notre père que cela soit des interventions dans le territoire du Feu-Rouge, de Belgrum, d’Asthar ou encore d’Egoria, mais avec cette femme, les réponses manquent. « Je ne sais pas. »

La lassitude dans ma voix se résonne par une minime de frustration. Je pense avoir déjà vu cette femme, mais peut-être que je vais demander à Halek. L’alcool et la soirée avec Mary ne m’aident pas à me concentrer sur la venue de cette inconnue.

Passant ce malaise, je recommence à me concentrer sur les armes de notre père après. Par l’armée traditionnelle de Constantinox, je crois que c’est important de commencer par la base. Je ne dégrade pas ou ne sous-estime pas les Forces Militaires de Constantinox, dans certain cas plutôt unique, ni les meilleurs chevaliers de la Garde Royale ou ni les combattants des Conciles d’Asthar pourraient rivaliser avec un tireur embusqué. Portés un bouclier psychique, c’est dans une limite de temps qu’un excellent tireur peut profiter. Cependant, chaque style de combat apporte des avantages et des défauts importants.

« Ce qui faut comprendre surtout avec notre époque plutôt innovation dans la guerre, c’est beaucoup de différence tactique entre chaque culture. Je crois que tu connais déjà, Mary… mais très peu d’empires cherchent la destruction totale d’une planète, cherchant surtout à l’incorporer dans sa zone d’influence.

Alors, plusieurs ont des approches différentes de la conquête, se servant des membres élites de combats ou encore de puissantes technologies pour gagner de l’influence. Le but est surtout d’incorporer la planète dans la puissance et non qu’elle devienne aride de vies pendant des siècles.

L’utilisation de l’art psychique, c’est un domaine à part. Devant cette puissance brute, de nombreuses nations ont toujours essayé de gérer cela avec des armes différentes. Origorn se sert peut-être d’éléments psychiques dans leurs Gardes d’élites, mais ils se servent de technologie de nain qui est d’une efficacité légendaire. Les chars d’assauts avec les piques, qui lance uniquement des boules d’Altarium servent à maitriser une personne… en lui coupant parfois une jambe.

Mais elle sert aussi à une guerre efficace et mortelle, en faisant des grenades spécialisées par des petits clous en Altarium pouvant créer des traumatismes physiques majeurs. Ces chars peuvent aussi se transformer en véhicule de transport, pouvant facilement envoyer des escouades pour arrêter la menace.

La Confédération Jumarienne a aussi un autre art de militarisme. Ils se servent surtout de leurs savoirs pour concrétiser un éventuel conflit contre n’importe quels ennemis. Leurs chars d’assauts sont électriques et ils ont parfois dans des combats rapprochés, des bâtons électriques pour essayer de faire reculer un combattant voulant s’approcher d’eux. De plus, j’ai déjà vu des Oze se servir de petites boules afin désactiver dans une petite zone toutes armes électroniques, dont les lames d’énergies.

On sait que les six grandes puissances ont beaucoup changé de tactiques et je crois que c’est certainement pour bloquer des soldats psychiques ou encore la Ligue de Protection de Belgrum.

Contrôler notre psychique ou nos pouvoirs psioniques, c’est extrêmement dangereux pour n’importe quelles personnes autour de toi, incluant pour ta propre personne. En se battant à chaque jour avec ces pouvoirs, tu peux facilement baisser ta moyenne de vie. Avant que les Pollackiens se servent des épées d’énergies, ils se servaient uniquement de leurs pouvoirs psychiques.

Redoutables et puissants, leurs soldats tombaient souvent malades après une utilisation trop longue de leurs capacités. Leurs moyennes de vies n’ont pas été très élevées à cause de ces raisons. C’est pour cette explication que tu vas rarement voir des gens utiliser un tel potentiel. »

Prenant une petite manche noire dans l’armurerie de notre père, où un demi-cercle entoure la manche, je la mets devant moi. Je commence à fermer les yeux pour me concentrer mes deux mains dessus. Par ma concentration, une faible lumière rouge commence à prendre place sur le bout de la manche. Former des épées psychiques, c’est toujours l’élément le plus difficile à créer dans cet art.

« Marchant uniquement avec ta volonté, tu peux bien t’en servir pour affronter une lame altarium ou encore une épée d’énergie, mais dès que ton adversaire frappe dessus, cela t’affaiblit physiquement ou mentalement. Ta volonté peut s’écraser très rapidement dans un long combat. Perdant énergie, force et volonté, rares sont ceux qui combattent uniquement avec cette motivation propre. Comme tu vois, cette lumière au bout de la manche est peu lucide, vu que je n’ai jamais vraiment essayé de porter ce potentiel au sommet. »

Faisant disparaître cette lumière autour de mon arme, je continue doucement à parler. « Tu te rappelles de la peinture de Robin Van Hellen, où son bras est levé vers le ciel, il tient une épée avec une forme d’énergie autour? C’est parce qu’il se servait de cette puissance psychique pour entourer son épée. Les Hellens avec les peuples fondateurs d’Asthar ont été les premiers à se servir de leurs puissances psychiques sur un terrain militaire. Tu peux souvent les utiliser sur n’importe quelle arme, mais à mon avis, c’est à but uniquement décoratif de faire ça.

Ces pouvoirs peuvent te permettre de faire des choses folles durant des guerres. Bloquer des tirs d’armes, des grenades en Altarium ou encore de l’électricité peut être efficaces en défense. Mais pour ceux qui ont un potentiel plus élevés peut faire des miracles. Renvoyer les munitions vers son ennemi, détruire un char d’assaut uniquement avec leurs esprits et même pour les plus sadiques, te mettre carrément en bouillie juste en te regardant.

Ils peuvent créer un mur psychique, uniquement pour détruire des chasseurs dans le ciel. Dans le passé, j’ai lu que certains utilisaient la télépathie ou la création d’illusions contre leurs ennemis, mais je n’en n’ai jamais vu de mon vivant. 

C’est très rare de les voir faire ça, parce que depuis une centaine d’années, les Conciles d’Asthar utilisent des lames d’énergies pour éviter de se servir toujours de leurs pouvoirs psychiques. Néanmoins, ce sont encore eux qui peuvent défaire de nombreuses escouades d’armées classiques. Ils sont très rares, chaque Concile a environ cent à deux-cent membres, donc ils ne peuvent pas être partout en même temps dans un conflit majeur et de longue durée. »  

Les pouvoirs psychiques sont un mystère dans notre univers. Plusieurs prétendent de nombreuses théories différentes à ce sujet. Dans la plus populaire, elle sert uniquement les êtres bénis par Dieu ou par les Dieux, mais malheureusement, malgré que plusieurs Dieux Elfes existent dans ma mythologie, je ne suis pas d’une forte croyance religieuse. D’autres théoriciens plus matérialistes évoquent plutôt la causalité d’une mutation aléatoire selon chacun des êtres avec un avantage biologique pour certaines espèces qui en sont privilégiés par leur évolution.

Encore une fois, je ne peux pas favoriser une théorie ou une autre, mais peut-être que cela vient de notre volonté et de notre sang. Dans des écoles plus sinistres, les idéologues parlent que les êtres utilisant ces pouvoirs psychiques sont ceux le plus proche de la pureté. Pendant encore d’autres thèses d’Origorn nous parlent plutôt que cette puissance peut être servie pour le bien et pour le mal. Tout peut se dire ou se faire avec ce petit mystère.

Ces nombreuses interprétations et théories vont être encore à étudier pour les prochains siècles, nous laissant peut-être uniquement traverser des idées de légendes autour de cette utilisation unique. Sourire aux lèvres, je prends doucement un petit couteau de lancé en Altarium pour le lancer maladroitement vers une peinture de notre père, proche de la porte centrale. Regardant rapidement l’objet, je le fais dériver directement au jeune visage de notre père. Mary commence à rire un peu en voyant cette démonstration. J’assure pour les spectateurs de cette risible attraction, que sans l’utilisation de pouvoirs psychiques, cela aurait pu arriver dans les escaliers ou encore sur la porte.

Reprenant la manche noire, entourée d’un demi-cercle métallique, j’enveloppe ma main au complet dessus pour enfin lui montrer une lame d’énergie bleue. Ce bleu silencieux, comme à son habitude, est d’une rigidité légendaire. Elle est aussi bien plus légère qu’une épée en Altarium, pouvant être ainsi utilisé par elfes, humains, cracoviles et toute espèce moins musculaire que les valeureux guerriers d’Origorn ou du Feu-Rouge.

« Aussi silencieuse que dangereuse, son maniement est plus facile pour nous. Cette arme a été confectionnée très récemment. Utilisée surtout par l’Empire Stellaire de Pollack après leurs conquêtes sur le territoire, ils l’utilisaient pour éviter de toujours prendre de leurs énergies psychiques. C’est aussi pour cette raison que le Feu-Rouge ou qu’Origorn refusent de l’utiliser ou de le commercialiser pour leurs armées, pour leurs milices et leurs groupes de mercenaires. »

Je baisse légèrement le bout de la lame d’énergie au visage de ma petite sœur. « Tu vois le bout? Elle semble coupée légèrement en demi-triangle. Avant, elle n’était pas comme ça. Si tu trouves des premiers modèles, c’était entièrement triangulaire, mais au fil des développements, on a vu des modifications.

Sa création officielle vient des Atmoris, mais ils ne vont jamais le dire. Ils ont même honte de cette création, parce que cela a été utilisé par un régime très religieux. Les Atmoris ont créé la première version officielle, se basant surtout avec l’électricité d’un minuscule mécanisme, avec des minéraux assez riches. Cette épée d’énergie que je tiens, elle doit avoir du Husium à l’intérieur vu sa couleur.

Les dernières versions, où l’extrémité est en demi-triangle, vient surtout des modifications d’Asthar et de leurs Pagodes. Comme une épée en Altarium, tu peux l’utiliser avec ton potentiel psychique et certains combattants d’élites utilisent les trois en même temps. Hysa, par exemple, se sert surtout de son épée en Altarium pour utiliser sa force physique, pendant qu’elle peut se servir d’une lame d’énergie pour favoriser son agilité. Elle use aussi de pouvoirs psychiques pour combattre un groupe d’ennemis, si elle est trop submergée.

L’art du combat dans les galaxies connues est d’une richesse infinie et c’est tellement passionnant à découvrir, Mary. »

Mon petit sourire espiègle revient lorsque je range toutes les armes et que je reprends encore l’un des couteaux de lancées. Mary sait exactement où je veux en venir. Cette pédagogie peut toujours servir pour s’amuser après. M’élançant encore bourrée par l’alcool du nain, je le lance avec vitesse vers la peinture, mais je n’ai pas vraiment le temps de contrôler psychiquement vu que mes cotes frappent directement la rambarde, me faisant presque renverser de l’autre coté. J’imagine mal Mary expliquée mon décès à Halek…

Essayant d’impressionner ou de faire rire, j’ai tenté une technique de combattante d’élite, mais finalement la rambarde a eu raison de moi et de ma nuque. Comme une véritable sauveuse de l’orphelin, Mary me tient par mon chandail, sauvant ainsi ma vie de ma propre stupidité.

Quant au couteau, il rentre directement dans la porte centrale, juste à temps pour qu’un personne ouvre la porte et de voir la pointe traversée la tranche du bois de la porte. Cette tentative de meurtre est encore plus ridicule que mon éventuelle mort.

Attrapant les deux bras de ma petite sœur pour la remercier du premier geste, je ricane doucement de la situation en entendant une voix encore inconnue s’insurger derrière.

« Peste soit ce monde de merdaille! » Tournant un peu ma tête, légèrement gênée de la situation, vers le cri, je remarque un Rezanerd rentré finalement dans notre manoir, grognant cet accident. Son regard s’arrête sur nous deux. Je recommence à le reconnaître légèrement. Kalom Stufford, un arrogant prétendant d’un Royaume quelconque sur le territoire du Feu-Rouge.

Je ne suis pas la type de personne qui s’excuse, mais vu cette tentative de meurtre, je crois que c’est le temps de lui présenter cette première. Avant que je commence à parler, Kalom m’interromps avec un grand sourire narquois.

« Paillarde que vous êtes, je suis prêt à excuser de cette vaine tentative de m’occire, en échange de vos humbles compagnies pour cette brune. »

Mary commence à rire de dérision devant cette proposition complètement grotesque. Les excuses? On peut déjà oublier cette idée.

« Suivez le couloir vers votre chambre, car je crois malheureusement, pour tout respect envers vous, petit prince, que vous allez finir tout seul dans votre lit… hum excusez-moi, dans votre couche seul, pas uniquement pour ce soir, mais pour le reste de votre vie. N’oubliez pas que ce couteau a peut-être été trop proche de votre tête, mais j’aurai pu viser plus bas… »

Grognant lourdement à ma provocation, il quitte doucement la salle, pendant que Mary et moi, nous commençons à rire grossièrement de nos propres bêtises. De son vivant, notre père nous aurait peut-être abandonné dans un coin de rue avec une telle stupidité. Au moins, on en a profité assez longtemps pour savoir quand s’arrêter. Il ne faut pas oublier qu’il faut incinérer notre père demain, devant un prêtre et aussi devant les nombreux invités présents. Avec notre soirée terminée, je propose à Mary qu’on aille se coucher. Parce que oui, peut-être que la cérémonie commence à midi, mais on doit peut-être soigner notre tête de nain avant le fameux évènement.

D’une soirée de douceurs et de blagues, je vise doucement ma chambre tout en faisant attention pour éviter de mourir de nouveau. Je m’arrête doucement à la porte de Cally, l’entendant reniflée comme si elle était encore en larmes depuis une semaine, je ne peux pas m’empêcher de regretter de l’avoir laissée en cible à notre paternel. Je m’en veux réellement de ne pas avoir intervenue pour contenir ce poison que mon père apporte toujours en lui. Je continue cependant mon chemin pour aller m’écraser dans mon lit.

Le sommeil est au moins facile à acquérir.

Le réveil l’est moins.

Halek a raison. Ne jamais boire un vieil alcool de cinq milles ans d’un coup sec, surtout si tu ne veux pas le vomir entièrement le matin même. Cognant à ma porte, je sais que mon frère jumeau connaît mes habitudes à faire n’importe quoi à n’importe quel évènement important. Entendant la voix de mon frère jumeau, et devinant d’une vitesse  ma dernière bêtise, peut-être ayant vu l’état de Marissa, je ne laisse qu’un rire assez lourd, qu’il accompagne.

Finalement, on s’était tous entendus pour éviter de prendre les demandes de notre père au sérieux. Malheureusement pour moi, il me rappelle que c’est moi qui doit déposer les dernières prières pour notre père. Je dois même rencontrer le Prêtre avant de me présenter aux funérailles. Je me prends la tête, me rappelant pourquoi jamais je vais être une elfe responsable et clichée. Droite et lançant les plus belles citations devant mes compagnons guerriers, je pense être devenue légèrement une débauchée.

Apportant une hygiène partielle, je me raffine au mieux que je peux avant mon rendez-vous avec le prêtre. Choisissant le même vêtement unique vert que j’ai porté à la méga-fête où notre père a essayé de pousser Mary au suicide, je ne fais pas attention au froissement des pantalons. Je ne vais pas me forcer d’un doigt à faire un effort pour une pourriture comme lui.

Me dirigeant vers la porte, je commence à m’apercevoir que les lumières ont commencé à s’éteindre durant une petite minute. Une panne? Probable, mais il fait quand même assez beau. Avant mon arrivé à la porte du Manoir, une nouvelle panne… peut-être que c’est un problème venant du centre de l’énergie de Constantinox.

Je me rends aussi à l’accueil que deux couteaux sont plantés à des places aléatoires, je me demande qui peut bien faire un tel acte de vandalisme. Je parie un petit Frautz sur Kalom. Un renard, c’est toujours aussi vicieux quand on refuse leurs avances.

Comme à l’heure prévue, le prêtre ouvre la porte sans aucune gêne. Tout préparé par son long costume blanc, l’humain religieux vient m’accueillir en présentant ses plus grandes condoléances pour le décès de mon père. 

« N’oubliez pas de dire les Versets des Six Verseaux des Origines. Je fais confiance à Léon pour vous avoir tout appris de ça. » J’ouvre les yeux en grand devant cette remarque. J’ai oublié que Constantinox n’a pas une religion liée aux spiritualismes Pollackiens, ne comptant pas sur un seul Dieu, mais sur plusieurs divinités. J’ai aucune putain d’idées, c’est quoi les versets de cette religion ou même l’idée principal du culte. Il doit toujours avoir une histoire de sanctuaire à la fin, c’est toujours comme ça…

« Mon Père, je comprends très bien vos propos et votre démarche. Mais, vu l’intimité du lieu et du cercle social réuni, comprenez-moi que nous ne risquons pas de suivre exactement le rituel désiré par mon père. »

Réticent et un peu effrayé par ma témérité, je préfère l’indiquer directement au lieu de lui réserver la surprise pour les funérailles. Inquiet, il n’essaie pas vraiment de débattre avec ma proposition. Malheureusement pour lui, je ne risque pas aller dans les plans prévus par ses Dieux ou encore par ses versets. L’important n’est pas ce que mon père a fait, l’important est le résultat qui nous amène ici.

Parce que oui, ma rancune et ma haine envers mon père sont bien vivants, mais au moins, je sais mes chances d’avoir vécue cette vie et d’avoir rencontré Jasper, Cally, et Mary. Cette vie n’est pas du hasard, mais des choix d’un homme répugnant pour arriver à nous unir tous dans la même famille. Percevoir ce petit trio comme des membres de ma famille est la seule chose la plus importante qui me tient réellement à cœur aujourd’hui.

J’accorde cependant un petit compromis dans ce dernier adieu au prêtre. Il doit avoir connu mon père jeune, pour lui porter une telle défense. Après une signature orale de bon procédé, on décide de se diriger doucement vers le jardin où tous nos invités sont déjà présents. Ils sont du nombre de neuf d’un coté et quatre de l’autre. Au début de première rangée, Gimangi me regarde avec sourire, me saluant avec sa tête. Kalom, second au poste, ne me dépose même pas un regard, toujours rancunier à mes dernières paroles contre sa personne, hier soir. Aleister poursuit l’ordre avec un regard toujours aussi indiscret envers Hysa à coté de lui, serrant sa main contre celle d’Aldim.

Bengris et son immense diamètre prennent une place considérable, coupant largement la conformité des silhouettes. Xaru poursuit ce lien coupé par le lithoïde après, restant le plus éloigné possible d’Aleister, regardant le centre où un large cercueil fermé. Au bout de cette ligne, Varya dévisage surtout Cally ou Jasper, de l’autre coté de la ligne. Trouvant peut-être un ou l’autre à son goût, je ne la dérange pas durant cette observation.

En dernier, Kisaomak reste assez neutre, ne me portant aucun regard à cette arrivée. Dernier de ces funérailles et au plus loin de Gimangi, pour immédiatement nous faire comprendre le froid entre les deux. Me postant aux cotés du prêtre, il commence citer plusieurs maximes dans le silence obtenu par des personnalités aussi connues, que controversées. Mains au dos, je baisse la tête comme tous les autres, pendant que le petit feu commence à envahir le cercueil de notre père.

Les mots du prêtre sont les mêmes que celle de la mère de Cally, de Jasper et de Mary durant la cérémonie. Rentrant dans la même conformité religieuse et dans le même processus de l’entré dans le sanctuaire, l’œuvre des Dieux tourne ainsi autour de ces concepts abstraits, sans aucune personnalisation, hormis peut-être changer le nom du nouvel client. Devant ce long témoignage, le silence est entier par respect, mais pour moi, cette dizaine minute, cela sera les seules officielles à cette cérémonie. Je détourne parfois le regard vers l’intérieur, percevant encore les lumières, s’éteindre et revenir, liées encore aux pannes.

Le Prêtre continue à citer son manuscrit religieux et ces nombreux versets, jusqu’à temps qu’il me laisse la parole, comme se dessine habituellement chacune des Cérémonies de Constantinox où un dernier proche doit honorer la mémoire du défunt.

« Ici, nous sommes tous aussi pour dire un dernier Adieu à Sir Léon Thibault. Ici, devant les Dieux, nous sommes ici pour compléter cette cérémonie. Normalement, il suffit de livrer quelques versets classiques et incompréhensibles pour comprendre le message du Dieu de la Bonté. Il suffit de dire que Léon va accompagner les anges dans le Sanctuaire divin, oubliant tous pêchés ou vices de sa part au cours de sa vie. Parce qu’être béni, permet de tout récupérer, même si on est l’être le plus odieux ou le plus monstrueux durant toute sa vie.

Je ne doute pas d’un seul moment qu’il a pu faire des choses incroyables dans sa grande vie. Des choses qui ont aidé le progrès, la paix et la découverte. Je ne doute pas que pour plusieurs d’entre vous, vous avez été témoin de sa curiosité, de ses combats ou encore même de sa sagesse. Découvrant des mondes à part. Soufflant une nouvelle vie aux désespérés. Revisitant vos fondements pour qu’elle change au mieux. Je ne doute pas de ses actions, parce que malgré toutes vos obligations, vous êtes venus l’honorer une dernière fois.

Mais à travers les nombreuses aventures de Léon, à travers ce travail démentiel dans les galaxies connues et inconnues, il faut comprendre une autre œuvre que celle présentée. Léon, je ne suis pas sûr comment commencer cet Adieu de ma part, je ne suis pas sûre si je dois être heureuse de t’avoir connue, ou malheureuse de t’avoir vue dans la vie courante.

Dans toutes les curiosités que tu as créées dans cette œuvre, je peux au moins me dire que j’ai existé par tes actions. Tu as été difficile à définir à ma jeunesse, parce que les souvenirs manquent et surtout dispersés, et fragmentés, à travers un multiple de réminiscences différentes. Devant une mémoire défaillante, affligé par les traumatismes les plus lourds, tu as permis à mon frère et à moi de pouvoir revivre. Tu nous as permis de nous relever, d’oublier les pires cruautés et surtout de nous souvenir pourquoi il faut être capable de voir le bon, malgré les pires atrocités que nous avions vécu.

Tu m’as fait découvert l’importance de l’exploration et de l’ouverture à travers les étoiles. Tu m’as fait découvert une famille que tu as essayé de condamner avant de mourir.

Malgré ma vie sauvée, malgré le temps de cette réparation, tu nous as dévoilé ce visage hostile. Tu as dévoilé ton mépris et ta haine contre tes enfants biologiques, comme si à chacun de leurs efforts, tu ne cherchais qu’à les purger dans le ridicule. Devant cet agissement, on peut réellement se demander la légitimité de tes actions. On peut se demander si au final, tu as juste utilisé tes actions pour améliorer ton image, enfin que ton nom reste en mémoire, au moins, sur une planète.

Devant ce comportement immoral, tu m’as aussi offerte la possibilité de créer un lien incassable avec ma famille. Tu nous as permis de se réunir ensemble pour former un tout. Et sans avoir agi en parfait connard, on n’aurait jamais formé cet ensemble qui compose maintenant notre Famille.

Normalement durant ces cérémonies, il faut parler de la totalité de ta vie, de tes qualités et de tes défauts, de ce que tu nous as donné et de ce que tu nous as pris, mais il est difficile de parler de ta personne uniquement par ces critères.

Logiquement, seuls les Dieux peuvent te juger pour toutes tes actions, mais cette fois-ci, le choix doit se conformer à cette existence que tu nous as livrée. Aux derniers mots de cette cérémonie, dans mes derniers vœux de la nostalgie, une seule chimère me vient en tête :

Par l’ensemble de ton œuvre, j’espère que tu ne vivras ni dans un sanctuaire, ni dans un enfer, parce que tu mérites ni un, ni l’autre. »

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SollyR
Posté le 21/06/2020
Coucou !

Super ! On retourne dans un terrain connu ! L’enfant adoptif de Léon Thibault. Tu mentionnes aussi Mary et Cally. C’est une bonne idée de ta part de l’intégrer au début de ton chapitre de la sorte, ça remet le lecteur en contexte !

La présentation de Hysa, Kisaomak etc. est nettement bien développée. L’explication des armes aussi. Par contre ce chapitre, je l’ai trouvé moins intéressant que les autres. Dans les chapitres antérieurs il y avait une histoire liée au personnage que tu relatais, mais ce chapitre-ci, pas vraiment. C’est mon opinion.

J’ai bien aimé le discours qu’a fait Samyrise à la fin sur son défunt père. On voit que tu y as mis beaucoup d’émotions. Cela à l’aire très crédible !

Bonne continuation !
BearOmega
Posté le 23/06/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire!

Cela me fait plaisir que cela te plait. ;)
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