Elle se tenait debout, une étendue de "ciel" se reflétant à ses pieds.
Elle scruta l’image longtemps sans la regarder véritablement. Qu’elle en aie conscience ou non, cette masse aqueuse était l’exact reflet de ses pensées à cet instant même.
Vide.
Elle devinait ce qu’elle allait traverser. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir quelques appréhensions sans pour autant les réaliser vraiment.
Et avant que son cerveau ne formule des idées plus concrètes, elle anihilait toutes pensées négatives.
Disons plutôt que la curiosité de la découverte avait su développer ses charmes et séduire Mizu.
C’est quelque chose qu’elle avait secrètement désiré depuis longtemps.
Elle sentait que cela marquerait le début d’un véritable changement pour son minuscule univers.
Sa mère lui avait fait une démonstration, une fois. Pour le reste, elle devrait se débrouiller seule.
Ce serait pour elle une première.
Sans se poser réellement la question, elle se laissa chuter pour rejoindre instantanément son reflet… Sa chute… ou sa remontée à la surface (Après tout, cela n’était qu’une question de perspective !) avait été fait d’un geste résolu.
Ainsi, sans subir le moindre choc, elle se retrouva de l’autre côté du Monde.
En traversant le miroir d’eau, une seconde peau s’était formée pour épouser son corps malléable avant de prendre forme humaine.
Des vêtements s’étaient forgés également. Ils étaient simples et pratiques.
La sensation était étrange et légèrement inconfortable. Mais en tant que novice, elle n’avait pas le choix : elle devait évoluer incognito.
Cette mini victoire avait réussi à lui décrocher un sourire et à satisfaire son égo.
Loin de s’attarder sur son apparence, son premier réflexe fut de scruter ce nouveau décors dans ses moindres recoins avant de s’orienter.
Elle était au beau milieu d’un parc au cœur d’une ville mêlée à la végétation, où la mécanique et la technologie demeuraient présentes.
Tout semblait animé et cela l’émerveilla.
Les formes, les couleurs, tout était nouveau pour elle. Et cette mixité avait de quoi lui plaire. Elle resta ainsi à contempler des milliers de choses étonnantes qui avaient de quoi la surprendre au-delà de ses attentes.
Elle repéra non loin, un poisson-bulle. La crème des humains s’en servaient pour rejoindre les profondeurs d’Aquatempus, la capitale des êtres temporels.
Mais seule la voie d’eau lui importait : elle la rejoignit à pied et gagna le flux. Ainsi, elle se déplacerait beaucoup plus vite pour rejoindre le cœur de la ville.
Elle glissa ses pieds chaussés dans l’eau. Mais très vite, elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas…avant de se retirer aussitôt de l’eau glacée.
Impossible de faire corps avec l’élément liquide pour se déplacer. Cette pensée lui souleva l’estomac un instant. Puis elle réalisa pleinement qu’elle était humaine à présent.
Elle scruta de nouveau les alentours en espérant que personne ne l’observait. Fort heureusement, il était encore très tôt et le parc était désert.
Elle ne possédait plus les avantages de sa nature mais cela ne changeait rien.
Tout en pivotant vers la bonne direction, elle partit d’un pas assuré vers la forêt verticale, le point de repère idéal.
Pas après pas, elle y arriverait.
Elle s’y était prise très en avance justement pour arriver à l’heure quelle que soit la situation.
Sa destination ? L’atelier du Monde.