Quelques étoiles argentées virevoltaient dans le vent, descendant en spirales jusqu’à Windane. Elle suivit des yeux la course d’un flocon repoussé par son souffle. Il n’était plus qu’à un doigt de son poignet quand il fondit. Il disparut subitement, laissant place à une goutte qui s’écrasa sur la peau dénudée de son bras. Windane leva les yeux vers ces nuages grisâtres. Ils déversaient lentement leur poids sur les montagnes pour s’élever. En quelques minutes, le premier flocon fut suivi de centaines d’autres, et bientôt la route devint moins visible devant eux.
Sur le chemin des hautes montagnes d’Ayjaell, la température avait considérablement chuté. Ils avançaient face au vent depuis des jours, mais c’était la première fois que la neige faisait son apparition. Windane tira sur la manche de sa chemise pour recouvrir son bras et replia la cape violine autour de son corps. Ce n’était pas qu’elle avait froid, pourtant. Chaque flocon qui virevoltait près d’elle lui rappelait la force sauvage qui la possédait, car ils fondaient toujours avant de toucher sa peau. Ils se perdaient dans cette aura invisible qui l’entourait et disparaissaient comme un insecte pris dans les flammes.
Neige et blizzard n’étaient qu’une caresse sur sa peau. En vérité, elle n’avait jamais eu froid. Pas même lors des plus terribles hivers de son enfance. Bien sûr, elle avait aimé se blottir dans des vêtements de laines confectionnés par sa mère, cacher ses doigts fins dans de longs gants, s’emmitoufler dans une couverture tandis que le vent sifflait au-dehors… Elle avait toujours apprécié ces moments, mais pas au même titre que sa sœur. Quand Naelle, petite fille, grelottait dans ses couvertures, Windane se blottissait contre elle, imitant ses gestes comme un miroir. Ce n’était qu’un jeu. Depuis toujours, il régnait dans son corps un brasier perpétuel qui l’empêchait de ressentir la morsure du froid.
Un démon ! Windane est un démon !
Elle souffla pour chasser les flocons qui approchaient de son nez. Fichue neige ! C’était à cause d’elle que remontaient les souvenirs. La course jusqu’à l’école. Les rires. Les bagarres. Et ce dernier jour à Belledanne.
— Fallait-il vraiment passer par les montagnes ?
Sa remarque attira l’attention de Lyron, qui souleva un sourcil étonné devant son expression boudeuse.
— Le voyage aurait été plus rapide par la mer, remarqua Windane. Mais j’imagine que c’est encore une sorte de mise à l’épreuve…
— Ah oui ? Et quel en serait le but, selon toi ?
— Se confronter au passé, ou quelque chose comme ça. Et puis vous terminerez en me disant qu’il faut faire face à ses fantômes pour aller vers l’avenir.
— Ce serait une excellente leçon, répondit-il d’un sourire. Tu me sembles avoir un très bon professeur.
Windane lui jeta un regard noir et soupira. Au moins, il ne leur faisait pas traverser Belledanne. Il aurait fallu faire un long détour par le Nord, en direction du Duché de Salbrun. Cela les aurait obligés à traverser également la région des Monts Creux. Là où Lyron avait vécu, où Sylvan avait grandi. Où Felyen était morte. Lyron pensait-il parfois à sa femme ? Windane ne l’avait entendu qu’une fois prononcer son nom. Sylvan, lui, l’évoquait souvent. Il disait que Naelle était son portrait.
Windane avait tenté plusieurs fois de tirer un souvenir de la mémoire de Lyron. Elle s’était confrontée à un mur. Même lors de leurs entraînements à la lecture des esprits, il ne laissait rien échapper d’elle. Il y avait pourtant une émotion dans ses yeux. Ce n’était qu’un fragment, juste une ombre sur son visage quand il regardait les pics enneigés. Juste assez pour attiser la curiosité de son élève.
Lorsqu’ils furent installés pour la nuit dans un refuge à flanc de montagne, elle resta longtemps à tourner sous sa couverture, à écouter le vent siffler contre la porte. Il se faisait l’écho du passé, il attisait les cauchemars. Le sang battait au même rythme à l’intérieur de son corps, prêt à céder à l’émotion. Windane rouvrit les yeux et souffla pour tenter de se calmer. De son côté, Lyron respirait à un rythme régulier, détendu. Comment pouvait-il trouver si facilement le sommeil ? Comment pouvait-il si facilement oublier ? Elle cala son souffle sur le sien, chercha l’écho de son pouls dans ses veines. Ses yeux le fixèrent si bien, si longtemps qu’elle semblait le voir encore après avoir fermé les paupières. Puis elle sombra dans les rêves d’un autre, sans prendre conscience de la magie qu’elle avait réveillée.
Les rues étaient plongées dans une lueur nacrée, révélant des êtres gris qui arpentaient par milliers les pavés. Le jeune Protecteur, tout juste sorti de son apprentissage, laissait sa cape violine traverser leurs corps éphémères. Ils n’étaient que les silhouettes des morts, les spectres des enfants à naître mêlés aux visages de leurs ancêtres, tournés vers la Baie des Lumières, vers la promesse de l’aube. Combien d’âmes avaient traversé le pays pour voir ce spectacle ? Lyron n’était qu’un parmi d’autres. Il n’était qu’un fragment infime, vulnérable, prisonnier d’une cité aux millions de fantômes. Ils l’assaillaient de toutes parts, mais ce serait la dernière fois. Oui. C’était ce qu’il s’était juré. En ce jour, face au spectacle du soleil montant sur la mer, il faisait ses adieux à cette vie.
Dès demain, il fuirait Solastène, il fuirait les hommes, les femmes, et tous ces visages qui muaient sous ses yeux. Il n’en pouvait plus de découvrir tout de la vie des autres en ne croisant que leur regard. Il voyait leurs traits d’enfants, leurs traits de vieillards, leur cadavre. Avenir, passé et présent mêlés dans un même flux continu, une unité à laquelle les hommes tentaient de s’arracher en vain. Ils n’étaient que fleurs d’une saison, papillons d’une nuit : ils ne vivaient qu’un instant avant de disparaître dans le néant et devenir ces ombres qui peuplaient le royaume.
Lyron serra le poing et se tourna vers la mer, si étincelante que son scintillement effaçait les fantômes de marins et de navires. Il ne voyait plus que les flots dorés sous le soleil. C’était là le seul remède à son malheur. Vivre en pleine nature, loin de toute vie humaine… Comment aurait-il pu supporter une vie d’homme ? Comment pourrait-il prendre épouse, ne voyant en elle que le visage d’une morte ? Que les Fondateurs lui pardonnent, il n’était pas capable de vivre ainsi !
Des pas se firent entendre dans son dos, puis le froissement d’une jupe. Elle s’arrêta si près de lui qu’il sentit des frissons dans sa nuque. Aucune importance. Elle aurait un visage éphémère et deviendrait une ombre parmi les ombres, comme tous les autres. Pourtant, quelque chose dans son corps l’incitait, lui commandait, l’intimait de se retourner. Était-ce son parfum ? Ce souffle qui frôlait sa peau ? Il finit par obéir à son impulsion, et tourna la tête de côté pour l’apercevoir. Alors il vit. Oh, il vit comme il n’avait jamais vu !
Felyen avait un visage si gracieux. Une peau d’or, tout comme ses cheveux si fins qu’ils semblaient le vent incarné. Des yeux en amande, verts et brillants d’un éclat qui lui transperça l’âme entière. Elle lui lançait son fameux sourire. Celui, espiègle et malicieux, qu’elle arborait quand elle avait décidé de vous jouer un tour. Mais, plus que tout, plus que sa beauté ou son parfum de soleil, c’était ses traits immobiles… C’était son éternité qui le fascinait. Elle était figée dans le présent. Aucun spectre, aucun cadavre, aucun passé. Elle était simplement ici, maintenant, pour toujours.
— La Baie des Lumières… N’est-ce pas magnifique ?
Sa voix n’était que musique à ses oreilles.
— Pas autant que vous, fit-il, surpris par sa propre audace.
Elle porta sur lui un regard intrigant, comme si elle cherchait en lui une réponse.
— Je suis Felyen, avait-elle dit.
Comme s’il devait savoir qui elle était. Comme s’ils s’étaient même donné rendez-vous.
Windane ouvrit les yeux et se redressa, l’air hagard. Les sensations du rêve flottaient encore autour d’elle. Le parfum de la mer, le soleil sur sa peau. Elle avait pourtant retrouvé le refuge accroché à la falaise, le vent qui s’infiltrait entre les planches. Et la voix de Lyron, pareille à un murmure.
— Felyen.
Elle écarquilla les yeux à l’idée de ce qu’elle avait fait. La magie battait dans son cou, tournée vers le corps endormi du Protecteur. C’était un frisson dans son dos, dans ses mains, dans son sang. L’air vibrait d’un lien qu’elle avait tissé sans le vouloir, sans même savoir comment.
— Lyron ?
La voix tremblante de Windane ne suffit pas à le faire réagir. Son cœur cognait d’impatience, de joie et d’un chagrin si profond qu’il lui tordait le ventre. Ce n’était pas ses émotions. Ce n’était pas ses souvenirs. Il fallait briser le lien pour rendre sa mémoire à Lyron. Elle tendit la main vers son épaule, fébrile. Il ouvrit aussitôt de grands yeux, sans pour autant la voir. Son expression était perdue, comme voilée de magie.
— Felyen ?
Elle aurait voulu nier. Elle aurait voulu trouver la force de rompre le courant qui mélangeait leurs regards, mais le visage de Felyen s’était superposé au sien. Des traits figés dans le présent, pour toutes les deux. Dans sa poitrine, Windane sentit la magie s’embraser. Il était trop tard. Les images se formaient déjà, effaçant la silhouette de Lyron, effaçant le sifflement du vent, effaçant jusqu’au sol sous ses pieds. La lueur de la Rochelune scintilla de nouveau sur sa peau.
Comment Lyron avait-il pu envisager de vivre loin de toute vie ? Ce jour-là, à Solastène, le visage de Felyen avait fait voler en éclat toutes ses résolutions. Elle était son miracle, un don des Fondateurs pour compenser le fardeau de sa magie.
— Je ne suis pas de ce pays.
Felyen avait quitté sa famille pour rencontrer son destin. Elle pensait le trouver à Ayjaell. À Solastène, la cité magique, dont la réputation s’étendait par-delà des océans. Et puis elle l’avait rencontré. Lui. Bien sûr, elle avait d’autres soupirants. Comment ne pas remarquer sa peau de miel, ses cheveux d’or, ses yeux aussi doux que les premiers bourgeons ? Aucun riche marchand, aucun seigneur n’était parvenu à retenir son attention : elle avait choisi Lyron. Ils s’étaient mariés quelques mois plus tard et Felyen avait voulu s’installer dans les montagnes.
Felyen avait cette étincelle dans le regard, comme l’éclat d’un diamant caché au fond de ses pupilles. Elle ne changeait pas. Lyron aurait pu passer des heures, des jours, à contempler ses traits immobiles et parfaits. Le petit grain de beauté sur le haut de sa joue. La boucle de cette mèche rebelle contre son cou. Le pli au coin de ses yeux quand elle prenait cet air songeur.
Leur fils avait hérité de son sourire. Sylvan était né aux premiers jours d’automne, avec les mêmes cheveux sombres, le même regard noir que son père. Il n’était qu’un Protégé, un sans magie, mais ils s’en moquaient.
— Là d’où je viens, il n’y a pas de Protecteurs, disait Felyen.
Peu importait la magie. Lyron était heureux tant qu’il pouvait contempler leurs visages. Mais comment avait-il pu croire que le temps les épargnerait ? Le dernier jour était venu sans s’annoncer.
Il se souviendrait à jamais de leurs derniers instants. Lui, qui décrochait sa cape violine pour la draper sur ses épaules sous le regard admiratif de son fils. Felyen, caressant son collier du bout des doigts tandis qu’elle l’observait. L’éclat dans son regard, si intense ce matin-là. Son visage était le même qu’au premier jour, le temps n’avait aucune prise sur elle.
— Reste bien couvert, il fait froid dehors, ordonna-t-elle en posant un baiser sur le front de leur fils. Je t’aime, petit homme !
Sylvan grommela qu’il n’était plus en enfant. À l’aube de ses dix ans, sa carrure évoquait déjà celle d’un homme, ses épaules ne tarderaient pas à s’étoffer. Il était si fer d’accompagner son père ! Lyron l’emmenait réparer le toit d’une bergerie, qui aurait cédé à la prochaine tempête sans leur intervention. Les habitants des Monts Creux bénissaient chaque jour les Fondateurs de leur avoir offert la présence d’un devin.
— Veille bien sur lui, ajouta Felyen à l’attention de son époux.
Il acquiesça, amusé par son inquiétude. N’était-il pas le plus à même de protéger leur fils ? Felyen le savait, pourtant elle repoussait le moment de les laisser partir. Elle se détendit quand Lyron déposa un baiser dans son cou, juste sous son oreille.
— Tout ira bien, assura-t-il. Va, tu nous retrouveras sains et sauf à ton retour !
Ils sortirent ensemble du chalet puis se séparèrent au croisement. Lyron descendait vers la vallée de l’ouest, Felyen continuerait sur la route du village jusqu’au marché. Ils se retournèrent une dernière fois pour échanger un signe de la main, puis sa silhouette se fondit dans les pentes enneigées.
Lyron et Sylvan ne remontèrent la côte qu’en fin de journée, avant que le soleil se perde dans l’horizon. Leurs pas s’arrêtèrent en parvenant au croisement. Le chalet était froid et silencieux.
— Maman n’est pas rentrée ?
La question innocente de son fils frappa Lyron en plein cœur. Il le renvoya sans ménagement à l’intérieur avant de s’élancer sur les pas de Felyen. Il s’enfonça jusqu’aux genoux, longea la pente raide vers le village. Les spectres le suivaient, indifférents à sa peur. Aucun d’eux ne portait le châle de son épouse. Il ne la trouva que dans un vide, une main tendue serrant le vent entre cinq petits doigts. C’était la silhouette grise de Sylvan, qui avait accompagné sa mère la semaine précédente. Felyen n’était qu’une forme trouble et nacrée, une lueur que le temps ne savait retenir. Lyron ne le savait que trop bien : la magie n’était d’aucun secours pour retrouver son épouse.
Il renonça à son pouvoir et se concentra sur le sol pour ignorer les formes errantes qui envahissaient le chemin. Sûrement verrait-il des marques dans le sol, un morceau de laine, un cheveu. Il finirait bien par trouver sa trace, la neige n’avait pas pu…
Mais la neige avait tout emporté.
La forêt s’arrêtait brusquement, arrachée par une vague blanche. Les arbres étaient brisés, répandus en branchages disloqués sur le sol, engoncés sous des mètres de glace. De l’autre côté de la pente dévastée, les villageois s’affairaient à tâter le sol avec de longs bâtons dans l’espoir de retrouver des survivants de l’avalanche. Lyron se figea devant leur ballet macabre, suivant des yeux ce chien qui allait d’un endroit à un autre en aboyant pour indiquer l’emplacement des corps.
— Maître Lyron ! Par les flammes, où étiez-vous ?
Il trembla sous le regard suppliant de ces visages éreintés. Les secouristes s’étaient arrêtés les uns après les autres en apercevant sa cape violine. La colère se mêlait au chagrin, l’incompréhension se mêlait au désespoir. Pourquoi n’était-il pas venu ? Pourquoi n’avait-il rien vu ? Aucun d’eux n’osa poser la question, mais Lyron la lisait dans leurs cœurs, en écho à ses propres angoisses. Pourquoi ? La réponse lui apparaissait comme une évidence. S’il n’avait rien su, s’il n’avait rien vu, c’était que quelque chose l’en avait empêché… Quelque chose ou quelqu’un, immunisé à son pouvoir.
Non !
C’était impossible. Pas Felyen. Les Fondateurs l’auraient prévenu, les Fondateurs n’auraient pas laissé faire ! Il se mit à dévaler la pente, se répétant encore et encore les mêmes paroles. Non, il l’aurait su. Il l’aurait senti. Il aurait entendu un signe. Pourtant, tandis qu’il s’enfonçait dans la neige assombrie par les arbres emportés, une voix en lui le suppliait de se hâter. Si Felyen avait été prise par l’avalanche, elle devait se trouver là, quelque part. À l’attendre dans une prison de glace.
Le vent siffla, provoqua un frémissement douloureux dans ses jambes. Lyron stoppa sa course folle et avança à pas prudents vers le gouffre. Ses joues étaient humides, mais ce n’était que l’effet du froid. Il refusait de croire que son corps avait déjà cédé aux larmes. Il continua à tâtons, guettant un signe des Dieux pour l’avertir du danger. Ses pieds avancèrent au plus près du vide, ses genoux cédèrent au plus près de la fin. La terre s’ouvrait, béante et profonde, vers un torrent déchaîné que l’avalanche avait transformé en vague mortelle. Les Dieux, pour le consoler, soufflèrent une dernière prière à ses oreilles.
Ils lui indiquaient cette branche, cette racine brisée surgissant de la roche comme un bras tendu. Un collier argenté y pendait, l’éclat de ses émeraudes voilé par la poussière et le sang. Le collier de Felyen, arraché à son cou, arraché à sa vie, pour mettre fin au doute.
Lyron comprit que jamais plus il n’entendrait son rire.
Des larmes de glaces coulaient sur les joues de Windane. Elle cligna des yeux pour chasser le froid et revenir au présent. Le refuge se distingua peu à peu, puis la silhouette de Lyron qui se redressait.
— Je suis désolée, bafouilla-t-elle en essuyant son visage.
Que pouvait-elle dire d’autre ? Son corps était brisé en deux, son cœur n’était plus qu’une plaie ouverte dévorée par le vide. La douleur de Lyron s’effaçait doucement, laissant place à la honte et la confusion d’avoir pénétré sa mémoire. Il rompit lui-même les dernières attaches qui soudaient leurs esprits.
— Tu l’as vue ?
Windane acquiesça.
— Je n’ai pas voulu… C’était un accident.
Lyron soupira en passant la main sur son visage. Il aurait pu cacher sa douleur et reprendre une expression fermée, mais il ne le fit pas. L’obscurité et le silence suffisaient à leur offrir un moment hors du temps, hors du masque.
— Elle est la seule personne que j’ai été incapable de sauver, avoua-t-il.
Le ton de sa voix indigna Windane, qui secoua la tête.
— Vous n’êtes pas responsable !
— Et qui d’autres pourrais-je blâmer pour cet échec ? Les Fondateurs ? Non, Windane. La magie n’est pas toujours la solution. Les Dieux m’ont offert le bonheur, et j’étais si arrogant que je n’imaginais pas pouvoir le perdre un jour. Je porterai à jamais le poids de cet échec.
Elle serra les poings, les lèvres tremblantes.
— Aucun Dieu ne mérite pareil sacrifice.
— Aucun mortel ne mérite pareil pouvoir, répliqua Lyron. Et pourtant les Fondateurs nous ont confié leur magie. Ils ont foi en nous. C’est pourquoi nous devons, jusqu’à la fin, nous montrer digne d’eux. Même si cela nous peine, même si cela demande des sacrifices. Nous avons une mission à accomplir.
C’était cette conviction qui l’aidait à tenir malgré la douleur. Bien sûr, il s’était perdu en chemin. La mort de Felyen l’avait rappelé au désespoir de sa jeunesse. Sa culpabilité l’avait poussé à fuir, loin, dans une lutte suicidaire contre le temps. Les Fondateurs, pourtant, ne l’avaient jamais abandonné. Ils lui avaient offert une nouvelle chance.
Windane continuait de le fixer, et ses yeux étaient si noirs, son visage si grave dans la pénombre. Avait-elle seulement conscience de son potentiel ? En quelques instants, elle était parvenue à briser tous ses remparts pour raviver les images du passé. Plus troublant encore, elle avait redonné vie à ses souvenirs. Il s’était retrouvé là, des années en arrière, déposant un baiser dans le cou de Felyen. Elle n’avait pas seulement rappelé son visage : elle avait recréé sa peau, son parfum, sa chaleur. Les lèvres de Lyron en frémissaient encore.
— Faire face à ses fantômes pour aller vers l’avenir, souffla Lyron. C’est ce que tu disais ce matin. Je ne pensais pas que tu le prendrais au mot.
Il s’était paré d’un sourire pour tenter d’alléger l’humeur de Windane. Comme lui autrefois, elle semblait porter le poids du monde sur ses épaules. Mais elle avait raison. Ils n’avanceraient pas avant d’accepter les douleurs du passé. Même si la plaie était toujours béante dans le cœur de Lyron, il avait découvert qu’il pouvait également repenser avec douceur au sourire de sa femme. Le chagrin n’était rien de plus qu’un rappel, une alerte qu’il devait garder en tête. Sa magie n’était pas infaillible.
— Inutile de continuer à t’entraîner encore à la lecture des esprits, déclara-t-il le lendemain, il est clair que tu me dépasses déjà dans ce domaine !
La neige n’avait pas tenu sous l’éclat du soleil. Ils avaient pu reprendre la route au matin, laissant derrière eux le froid des sommets pour longer les derniers cols en direction de la vallée. Le temps se réchauffait à mesure qu’ils descendaient vers la plaine, le chemin se remplissait de plus en plus de spectres. Seuls les animaux peuplaient encore les montagnes, les hommes avaient depuis longtemps délaissé leurs masures isolées pour trouver refuge auprès des grandes cités. Ils allaient au-devant des Protecteurs, en file éparse et ternie par les années, tandis que d’autres guettaient, visage masqué, derrière les pics et les ravins. Même s’ils n’étaient que des silhouettes fantomatiques, leur simple présence suffisait à inquiéter Lyron. Sa main, plus souvent que d’ordinaire, se portait sur l’épée accrochée à la selle d’Ébène.
— Vous comptez l’utiliser pour chasser un bouquetin ou pour vous venger de la nuit dernière ?
Lyron relâcha le pommeau, son inquiétude dissipée par l’ironie de Windane. Le souvenir de Felyen avait ravivé sa méfiance, mais sans doute en faisait-il trop.
— Simple précaution, répondit-il. J’aime me rappeler que j’ai d’autres moyens que la magie pour me défendre. Nous n’avons pas tous une armure fondue dans le corps !
Elle laissa passer la remarque sans se vexer, sans même lever les yeux au ciel. Leur conversation nocturne avait joué sur leurs échanges : Windane semblait moins méfiante, et un peu plus ouverte que d’ordinaire. Depuis le premier jour, elle jetait des regards inquiets vers le fourreau. Ce matin-là, enfin, elle osa le questionner à son sujet.
— C’est à l’Académie que vous avez appris à manier l’épée ?
— Je n’ai pas été formé à l’Académie, Windane.
— Mais tous les Protecteurs sont formés à l’Académie, vous l’avez dit vous-même. C’est devenu obligatoire depuis la Guerre de Magie, il y a six cents ans.
Il acquiesça, ravi qu’elle se souvienne de ses leçons.
— Seulement je ne suis devenu Protecteur que tardivement, expliqua Lyron. Mon père était Porteur de huitième génération, et je n’étais qu’un enfant un peu plus malin que la moyenne… Pas assez pour faire de moi un Élu, mais assez pour convaincre mes parents de me faire écuyer. Ils rêvaient de me voir intégrer l’Ordre des chevaliers.
— Il n’y a plus de chevaliers depuis… Enfin, je ne vous pensais pas si vieux, remarqua Windane.
Lyron eut un rire et secoua la tête.
— L’Ordre des chevaliers existe toujours, même s’ils sont moins connus et bien moins nombreux qu’autrefois. Seuls les plus riches peuvent s’offrir leurs services de nos jours. Celui qui m’a formé s’appelait Selverin, il était chevalier au domaine du Duc de Salbrun. Un combattant hors pair… Je suis resté son élève pendant près de cinq ans. L’épée que tu vois, c’est lui qui me l’a offerte, quand je l’ai battu en duel. Je devais avoir… treize ou quatorze ans, alors.
Il tourna la tête de côté pour admirer le regard dubitatif de Windane. Il était peut-être vieux, mais il avait su combattre avant elle.
— Je n’étais pas plus fort ou plus rapide qu’un autre, finit-il par avouer. Simplement, c’est à cet âge que mes dons ont commencé à apparaître. Je parvenais à prévoir le moindre mouvement de mon adversaire.
— Alors, pourquoi vos parents ne vous ont-ils pas envoyé à l’Académie ?
— Parce qu’ils sont morts avant d’apprendre ce que j’étais.
Ces mots, brusquement, avaient dissipé son sourire. Il ferma les yeux un instant, songeur.
— J’avais vu l’incendie dans mes rêves, mais Selverin avait pris ma vision pour un simple cauchemar. Quand le Prêcheur est venu nous annoncer leur mort, il a été anéanti, plus encore que moi. C’est pour cette raison qu’il a tenu à me placer auprès d’un Maître de la Pléiade.
Le chevalier s’était senti responsable de son avenir, comme s’il était celui qui l’avait rendu orphelin. Lyron, pourtant, ne lui en avait jamais voulu. Il ne gardait que peu de souvenirs de ses parents. Les années aux côtés de Selverin, en revanche, l’avaient marqué à jamais.
— Je suis bien allé à l’Académie deux ou trois fois, poursuivit Lyron, mais simplement pour accompagner le Protecteur qui avait accepté de me prendre comme élève. As-tu déjà entendu parler de Malek Mancor ?
— Naelle a un livre qui parle de lui… Il a empêché un attentat, ou quelque chose comme ça ?
— Quelque chose comme ça, répéta Lyron, amusé. Il a simplement sauvé Janah Thyl et son fils, le futur roi Thylmor, d’un complot mené par un membre même de la garde royale, ce qui a conduit à la création de la Garde des Protecteurs.
La précision ne tira de Windane qu’un haussement d’épaules.
— Si vous vouliez une historienne pour élève, il fallait choisir ma sœur.
Il leva les yeux au ciel avant de poursuivre :
— Malek était un excellent Protecteur, un maître de la mémoire humaine au point de savoir manipuler les souvenirs, mais… Disons qu’il aimait son succès, et l’arrogance n’a jamais fait partie des qualités que j’estime chez un homme.
— Juste parce qu’il avait conservé son nom de famille ?
— C’est l’une des raisons, approuva Lyron, et c’est ce qui a marqué l’Histoire. Effacer son patronyme n’est pas une loi, c’est vrai… Cependant c’est une tradition respectée chez les Protecteurs. Nous sommes Élus des Fondateurs, et les Fondateurs n’ont pas de nom. Pourquoi en aurions-nous ?
C’était le genre de petites phrases qui la rendait mutique. Lyron n’était pas un fervent défenseur de la prière, heureusement, mais il y avait dans ses choix, dans ses mots, une croyance qui tiraillait la conscience de Windane. Elle baissa les yeux sur ses mains et, machinalement, fit rouler entre ses doigts la perle de Rochelave qui pendait à son cou. Le geste provoquait toujours un frisson désagréable dans son ventre. Un frisson qu’un Protecteur n’aurait pas dû ressentir, elle en avait la certitude.
Ils passèrent les derniers cols en quelques jours, s’arrêtant la nuit dans des refuges ou des hameaux abandonnés. Windane ne se plaignait pas de ces abris improvisés, ni des soirées passer à méditer ou à évoquer l’Histoire. En revanche, elle se surprit à rêver d’un vrai lit et d’un bain chaud pour récurer sa peau. Lyron avait beau leur trouver régulièrement un cours d’eau pour se rafraîchir, son corps semblait irrémédiablement imprégné de l’odeur du cheval. Alors, quand ils virent enfin la plaine de l’Est s’ouvrir devant eux, elle tendit le cou d’un air ravi devant le spectacle tant attendu. Les vallées laissaient place à une plaine en pente douce traversée de ruisseaux qui se rassembleraient, par-delà les rocheuses, pour former l’Oranielle. Le plus grand fleuve d’Ayjaell serpentait ensuite, entre cités florissantes et vergers, jusqu’à la rejoindre la capitale et se jeter dans la Baie des Lumières.
— Nous ne rejoindrons le fleuve que dans quelques jours au mieux, expliqua Lyron quand ils furent installés pour la nuit, il faudra d’abord franchir les Collines Mortes… Et avant cela, nous devons faire étape à Silë. La milice aura besoin de nos services.
La remarque intrigua Windane.
— Je pensais que vous faisiez en sorte d’éviter les autres Protecteurs mais… Sashanka, Watz, Silë : cela fait déjà trois villes sans cape violine. Pourtant, c’est à eux de diriger les milices, non ? Alors où sont-ils tous ?
Lyron acquiesça, sans répondre aussitôt. Il découpa le dernier pain qu’il leur restait des provisions offertes par les gens de Watz, tendit sa part à Windane.
— Je me demandais quand tu allais poser la question, déclara-t-il enfin. Nous aurions dû croiser d’autres Élus, c’est vrai… Et c’est bien là le problème. Nous étions des milliers du temps de la Guerre de Magie, et nous ne sommes plus que quelques centaines aujourd’hui. Sais-tu ce que cela signifie ?
— La guerre a décimé les Protecteurs ?
— Le conflit n’a tué que quelques centaines d’entre nous, Windane. Non, la Guerre de Magie a causé bien plus de dommages que de prendre des vies… Elle a arraché l’énergie. C’est pour cette raison que les Protecteurs sont moins puissants qu’autrefois, que les lignées de Porteurs s’éteignent sans donner naissance à des Élus. J’ignore si c’est la guerre qui a déclenché l’événement, ou si la magie avait déjà commencé à disparaître avant cela… Mais elle disparaît peu à peu, c’est une certitude.
Elle le regardait avec des yeux effarés. Il pouvait comprendre son étonnement. Comment imaginer un monde sans magie ? Elle était un élément tout autant indispensable que l’eau ou la lumière : elle faisait pousser les plantes, elle donnait la vie, elle éclairait leurs esprits. C’était l’âme même du monde qui s’éteignait sous leurs yeux.
— Vous devez bien avoir une idée de ce qui provoque ça, non ? Vous pensez qu’on peut l’empêcher ?
— Voilà bien une chose que j’ignore, avoua Lyron. Mais s’il y a une réponse à cette question, je crois qu’elle se trouve devant moi.
Elle cessa de mâcher en entendant ces mots et le fixa d’un air effaré. Il poursuivit en souriant :
— Tu es plus puissante que tous les Protecteurs que j’ai croisés au cours de mon existence et tu apparais au moment où le royaume en a le plus besoin, Windane. Je crois… Non. Je sais que ton destin est lié à celui d’Ayjaell.
Il observa sa réaction, devina son trouble. Le doute et la culpabilité rongeaient son regard. Alors, il évoqua la vision qui le hantait : ce rêve qu’il faisait, nuit après nuit, depuis des années. Lui, qui assistait à la disparition des Protecteurs au cœur de Solastène tandis que le royaume s’effondrait. Il était trop tôt, encore, pour évoquer l’armée qui envahirait Ayjaell, mais elle devait entendre le reste. Cette silhouette sur le rivage, son éclat si intense.
— Le but de ce voyage n’est pas seulement de te former, reprit-il. Je veux découvrir l’origine de la magie pour l’empêcher de disparaître de nos terres. Je crois que c’est pour cette raison que les Fondateurs t’ont envoyée.
— C’est pour cela que vous m’emmenez à Solastène ? Pour comprendre d’où vient la magie d’Ayjaell ?
— Pas à Solastène, corrigea Lyron. Nous n’y resterons que quelques semaines, quelques mois tout au plus. Le temps pour toi d’acquérir suffisamment de connaissances… Mais d’après les Dieux, la réponse que je cherche se trouve par-delà l’océan. Lorsque tu seras prête, Windane, nous partirons pour les Terres du Nord.
Ce chapitre était vraiment très cool, autant dans le fond que la forme. En particulier les passages du début sont exquis. Très joliment écrit.
Quand il commence à avoir beaucoup d'informations sur des personnages ou lieux que je ne connais pas, je me laisse aller dans l'histoire. En gros, j'espère que si un truc est important, l'histoire insistera dessus assez pour que je retienne. Car contrairement à l'auteure je ne connais pas le monde entier donc je ne peux pas tout retenir lol.
La magie dans ce monde est vraiment puissante. C'est super cool la façon dont Windane peut ressentir ainsi les émotions des autres.
La relation entre Lyron et la seule femme qui ne subissait pas son pouvoir fait également beaucoup de sens. C'est très bien trouvé. Je suis d'ailleurs un peu surpris qu'il ne maudisse pas plus son don, vu qu'il n'a pas servi à la protéger.
Quelques passages que j'ai vraiment appréciés :
"Quelques étoiles argentées virevoltaient dans le vent, descendant en spirales jusqu’à Windane. Elle suivit des yeux la course d’un flocon repoussé par son souffle. Il n’était plus qu’à un doigt de son poignet quand il fondit."
"Chaque flocon qui virevoltait près d’elle lui rappelait la force sauvage qui la possédait, car ils fondaient toujours avant de toucher sa peau." => C'est super bien trouvé pour illustrer son pouvoir.
Windane se blottissait contre elle, imitant ses gestes comme un miroir. Ce n’était qu’un jeu. Depuis toujours, il régnait dans son corps un brasier perpétuel qui l’empêchait de ressentir la morsure du froid.
"c’était ses traits immobiles… C’était son éternité qui le fascinait."
Des larmes de glaces coulaient sur les joues de Windane. Elle cligna des yeux pour chasser le froid sur sa peau et revenir au présent. => Tiens, Windane qui ressent du froid, c'est d'autant plus cool quand on a lu en haut qu'elle ne ressent quasiment jamais la vraie fraicheur.
Il y a quelques petits éléments qui m'ont perdu aussi :
Comment ne pas remarquer sa peau de miel, ses cheveux d’or, ses yeux aussi doux que les premiers bourgeons ? => J'ai trouvé que ce passage faisait redondant, répété.
Ses traces avaient été effacées par la neige, alors qu’aucun nuage n’avait laissé tomber ses flocons. => Je n'ai pas compris le passage.
Bon courage pour la suite ;).
Quant à cette phrase sur la neige, j'avoue que je n'arrive même pas à savoir moi-même ce que j'ai voulu dire. Une erreur de réécriture, je pense.
Merci encore pour ta lecture et tes commentaires !
Bon, par contre, mamie est super louche je trouve x) Déjà, le fait qu'elle tombe pile sur Lyron au bon moment, et surtout, le fait qu'elle donnait l'impression d'attendre qu'il se retourne, ça fait pas juste "le destin", ça donne vraiment l'impression qu'elle le suivait en fait depuis une semaine et qu'il l'a seulement remarquée là x) Pareil, le jour de sa mort, elle voulait pas les laisser partir, ça donne un peu l'impression qu'elle savait qu'elle allait partir. Du coup, je me demande, est-ce qu'elle est vraiment morte ? Si je continue sur l'idée qu'elle a la magie-flamme comme Windane, elle a pu provoquer l'avalanche (et du coup, Lyron pouvait pas le prévoir) et s'en sortir sans trop de souci, juste laisser le collier pour faire genre. Breeeeef. Pour moi, elle est louche, ya clairement un truc qui me titille là et je me demande si on ne va pas la revoir plus tard ^^ Genre elle avait pour mission de créer une lignée magie-flamme / protecteur. Bon, je vais peut-être trop loin, mais là, ça m'interroge vraiment beaucoup ^^
En tout cas, je suis contente d'en apprendre plus, j'ai de plus en plus d'affection pour ce brave Lyron <3 Malgré les années, il l'aime encore, c'est vraiment touchant et je trouve que ça ne fait pas artificiel.
Bon, après, le côté magie qui disparait, ce n'est pas très rassurant x) Mais en vrai, on vit très bien sans magie, sisi :p Bon, blague à part, je me demande à quel point le fait de créer une magie un peu bâtarde avec la magie flamme est pas justement la solution :/ Même si pas mal de monde vont avoir du mal à l'admettre x) Surtout si c'est une magie utilisable que par les femmes, comment casser d'un coup tous les acquis de la société ='D Curieuse d'en savoir plus en tout cas !
J'étais morte de rire en lisant tes réflexions sur "mamie" : elle a toujours été juste "Felyen" dans ma tête donc j'avoue que le surnom casse quelque peu son image XD
Comment ça on vit très bien sans magie ? Mais non pas du tout, c'est pour ça que la lecture, c'est un besoin vital ! ^^ (et à Ayjaell c'est encore pire, tu le verras assez vite !)
J'ai relevé ceci :
"Lyron pensait-il parfois à sa femme ? Windane ne l’avait entendu qu’une fois prononcer son nom. Son père, lui, l’évoquait souvent." --> Au début, j'ai pensé que "son père" désignait Lyron puisqu'on parle de Windane juste avant. N'est-ce pas mieux d'écrire "son grand-père" ?
"Les spectres le suivaient, indifférents à sa peu" --> peur" ?
"Elle cessa brutalement de mâcher en entendant ses mots" --> "marcher" ?
La relation père-fille évolue. La description de Felyen lui rend honneur,
Cette phase d'introspection et de récit est très bien écrite et tombe bien après l'action précédente, mais j'admet être impatiente de lire les prochains combats, et la mention des terres du Nord fait peser pas mal d'attente sur la suite.
A bientôt :)
Ah, si tu veux de l'action... tu devrais être servie bientôt ;-)
Cool, pressée de lire la suite ;)
Super chapitre encore une fois. Un très beau portrait de Lyron d'une certaine manière, très touchant.
J'ai bien aimé aussi le moment où tu évoques l'Ordre des chevaliers. C'est un élément de ton univers qui n'a jamais été évoqué auparavant si je ne me trompes pas. Et là il vient enrichir notre vision du monde de manière cohérente et justifier. Je trouve que ce genre de détail démontre une belle maîtrise narrative.
J'ai noté deux trois bricoles dans mes notes.
"Il voyait les silhouettes des morts, les fantômes des enfants à naître, mêlés aux visages de leurs ancêtres."
Très jolie phrase :)
"Je ne suis pas de ce pays, disait Felyen.
Elle disait avoir quitté sa famille pour rencontrer son destin."
Répétition de "disait"
"— C’est bien la seule chose que j’ignore, avoua Lyron."
Ce n'est pas trop présomptueux de sa part ?
"Voilà bien au moins une chose que j'ignore", le serait moins sans amoindrir ses compétences non ?
Voilà c'est tout.
Encore bravo pour ce travail et merci de nous le partager :)
Encore un chapitre intéressant, on commence à vraiment faire connaissance avec Lyron et son histoire ce qui le rend attachant. Après, à mon avis il faut faire attention à ne pas trop en dire sur ce personnage afin de garder son côté mystérieux !
J’ai adoré les premiers paragraphes où l’on découvre que Windane ne peut pas avoir froid et que petite, elle imitait sa sœur. C’est le genre de détail qui rend vraiment le personnage réel et vivant je trouve 😊
Petite question : comment se fait-il que Windane arrive subitement à lire en Lyron et pourquoi n’en est-elle pas plus étonnée ?
J’aime beaucoup la manière dont est écrite cette phrase : « Elle le scruta si bien, si longtemps, qu’elle semblait le voir encore lorsque le sommeil lui fit fermer les paupières. »
Deux petites remarques de forme :
- Il y a une répétition dans cette phrase : « Un visage éphémère comme les autres, qui ne serait qu’une ombre comme les autres, dans si peu de temps… » je remplacerais peut-être un des deux « comme les autres » ou alors le dire autrement, par exemple : « Un visage éphémère comme les autres, dont l’ombre ne tarderait pas à rejoindre ses semblables… »
- L’utilisation du « vous » m’a un peu étonnée dans la phrase « quand elle avait décidé de vous jouer un tour », j’ai l’impression qu’il sort du registre utilisé tout au long du roman … Personnellement je l’enlèverais : « quand elle avait décidé de jouer un tour »
Dans les chapitres précédents, Lyron l'a laissée peu à peu lire dans ses pensées, elle est donc devenue un peu plus douée à ce jeu là... Elle se demande comment elle est parvenue à lire autant en lui, sans réaliser vraiment ce qu'elle a réussi à faire.
Si tu souhaites tout de même retravailler ça tu peux répartir les découvertes sur Felyen au fil des chapitres, ça permettrait de se poser des questions sur ce qu'elle est devenue plus longtemps et la faire vivre au sein du roman.
Mais sinon c'est bien comme ça aussi je trouve !