C’est vert partout, partout, partout. Mais c’est gris dans le ciel. C’est gris sur la route. Il est parti. C’est gris dans mon cœur. Le printemps me nargue et me rappelle que la vie a décidé de me narguer aussi. La vie est partie.
Je sens mon cœur battre, je sens mes mains trembler, je sens mon ventre gargouiller. Je suis vivante. Mais les couleurs ont disparu avec lui.
Dans les prairies, les marguerites ont fleuri. L’herbe et les graminées ont envahi l’horizon. Les dents-de-lion rêvent et les bleuets s’amusent. C’est presque comme une petite piqûre dans mon ventre, et puis, ça disparaît. Je ne peux pas être jalouse de mes fleurs. Mais au moins, elles ne souffrent pas.
J’ai oublié ce que ça fait, de ne pas souffrir.
Le ciel commence à pleurer, mais que faire ? Je pleure avec lui. Tout est gris. Les oiseaux se sont tus, les pétales tombent, le vent est trop fort, l’orage rugit. Mon cœur tremble et retient son souffle. J’ai peur des éclairs. Du tonnerre. Des cris.
J’ai peur de vivre en noir et gris.