Solal a rapidement repéré Aimé sur la piste. Il l’a observé, ses notes dorées sont si belles, même si la mélodie qu’il dégage semble hésitante, comme si l’homme était en proie au doute. Les nuances qu’il parvient à percevoir chez cet homme épatent le musicien en lui. Par contre, il en veut plus. Il est certain que si Aimé se laisse plus approcher, il pourrait créer un chef d’œuvre hors du commun par rapport à tout ce qu’il a fait à ce jour. La couleur est une invitation à la découverte comme si son don était à un point de bascule. Si ça se trouve, son don est à deux doigts d’une nouvelle mutation ? Cette idée enthousiasme tellement le musicien que cette simple hypothèse provoque des réactions quasiment orgasmiques. À nouveau, il confie un inédit, celui sur lequel il a travaillé pendant son voyage, à Ivana et va rejoindre la piste de danse.
Il avertit discrètement la danseuse qu’il souhaite prendre sa place. L’échange se fait en douceur afin de ne pas faire éclater la bulle dans laquelle se trouve Aimé. Solal sent déjà l’affolement de son corps au contact d’Aimé. La puissance et la force physique qui émanent de lui sont contre balancé par la fragilité que son attitude laisse transparaitre. Solal rend son sourire à Aimé sans rien ajouter avant la fin du morceau. Après quoi, il l’entraine vers le bar où deux boissons les attendent déjà grâce à la prévenance de la barmaid.
− Je me languissais d’une nouvelle danse avec toi Aimé.
− J’avoue avoir beaucoup pensé à notre dernière danse ces dernières semaines. Je m’attendais à te revoir plutôt.
− Tu n’as pas voulu prendre mon numéro et pourtant tu voulais me revoir remarque Solal, heureux de cet aveux
− Oui, c’est vrai. Il se peut que j’ai regretté un peu ma politique !
− Qu’entends tu par politique ?
− Mon choix de ne pas sortir les rencontres de soirée de leur cadre.
− Pour éviter les mauvaises rencontres ?
− Très juste.
− Tu t’es fait agressé en sortant de boite ?
− C’est ce qui me vaut cette magnifique estafilade !
− C’est arrivée une fois, qui dit que ça recommencera ? Ces gens là tu les sens venir, non ?
− Justement, non. J’ai passé un très bon moment avec lui à danser et à discuter et quand je l’ai suivi dehors avec l’intention d’effectuer un rapprochement physique, j’ai croisé une lame aiguisée et un mec odieux et violent.
− Tu ne donnes plus ça chance à personne du coup ? Et cela ne te chagrine pas ? Il ne te reste quoi, qu’à te branler pour évacuer le désir accumulé pendant la soirée ?
Aimé sursaute en entendant ses paroles dures. Il pensait que Solal comprendrait son point de vue après avoir entendu son histoire. Il a envie de s’éloigner, il n’aime pas l’agressivité. Son partenaire a du le sentir car il lui prend la main doucement pour le retenir.
− Je suis désolé de me montrer aussi maladroit. Je comprends ta réaction. Je suis frustré car cela fait trois semaines que je veux te voir et que je cherche la faille dans ta politique pour que tu acceptes de me voir en dehors de la piste de danse. Et à ce que j’entends rien ne fera plier.
− Et pourquoi tu me veux moi ? Tu n’as pas l’air d’avoir de souci pour ramener du monde en fin de soirée si je me fie au regard enfiévré que la barmaid à pour toi.
− Tes déductions sont bonnes. Il m’arrive de finir la soirée avec la barmaid. En toi,Aimé, je descelle une aura particulière et elle me donne envie d’en apprendre plus sur toi. Et je ne te parle même pas de l’état d’excitation dans lequel me met ton physique, peu importe cette cicatrice d’ailleurs.
− Une aura ? C’est une technique de drague innovante sourit Aimé
− Je ne sais pas comment t’expliquer ce qui me donne tant envie d’approfondir la relation avec toi. Si tu veux, on passe un marché : tu acceptes de te joindre à moi pour le reste de la nuit, nous allons où tu veux et si besoin te me fouilles intégralement avant que l’on parte. Si il le faut, je me mets à poil devant toi dans les toilettes pour te prouver que je n’ai aucune intention de te nuire, juste apprendre à te connaitre et si tu le souhaite partager au minimum une nuit de plaisir.
Aimé en reste coi. La fougue et la volonté de Solal lui faire accepter une exception pour lui dans sa politique de ce qui se passe en boite reste en boite lui a mis le feu aux joues. Elles sont cuisantes, heureusement qu’il n’a pas le teint qui rougi facilement.
− Je réserve mon jugement après d’autres danses conclut Aimé avec un clin d’œil
Sans plus attendre, il prend la main de Solal et l’entraine sur la piste alors que débute le morceau Something about us de Daft Punk. Titre langoureux, parfait pour une danse rapprochée.
Ivana observe Solal, elle ne l’a pas vu depuis trois semaines et voilà qu’elle n’a plus du tout le droit à ses attentions. Il est obnubilé par ce danseur affligé d’une hideuse cicatrice. Franchement, elle ne sait pas comment Solal arrive à ne pas y prêter attention. Elle forme un bourrelet de peau pale qui lui barre la joue gauche et descend le long du coup. Elle n’est pas récente, elle a mal cicatrisée ou celui qui l’a recousu a fait un travail de boucher. Pourtant, Solal bave et, Ivana constate que maintenant qu’il danse, il à l’air moins crispé et sur les nerfs. Elle reconnait que en dehors de sa défiguration, le danseur à un corps de rêve bien musclé, à la limite du un peu trop, il a des gestes graciles et un regard amical. D’ailleurs, lui semble aussi se détendre et s’ouvrir maintenant qu’il a eu l’occasion de discuter avec Solal. Ivana réalise avec dépit qu’elle est jalouse. Elle aurait donné beaucoup pour avoir un tel degrés d’intimité avec Solal. Elle couche avec lui, et quelle chance elle a, cependant, son amant ne parle pas de lui et ne lâche rien sur sa vie. Elle n’a jamais vu son appartement. Et en l’observant avec cet homme, elle perçoit bien que Solal est prêt à plus d’effort pour lui. Elle n’a jamais réussi ce tours de force. D’ailleurs, elle s’interroge sur Solal car elle a vu passer nombres de ses conquêtes et contrairement à la plus part des gens, il n’a pas un type de physique de préférence. Il est clairement bisexuel. Sa longue expérience dans les boites de nuit lui a montré que les habitués des lieux ont toujours un type favori que ce soit la taille, la rondeur, la couleur des cheveux ou quoi que ce soit d’autre. Habituellement, Ivana finit par le deviner après trois quatre soirées. Solal ne rentre pas du tout dans ce schéma. Il doit bien y avoir une critère commun à ses conquêtes. Lequel ? Cela reste un mystère complet pour elle. Elle croit l’avoir entendu parler d’aura tout à l’heure. Elle n’écoutait pas vraiment, essaye -t-elle de se convaincre. C’est sans doute le critère de sélection de Solal.
Il n’est qu’une heure et demi du matin quand elle voit Aimé et Solal quitter la salle ensemble, main dans la main. Ivana, jalouse, aurait bien aimé retenir Solal et le garder pour elle. Dans son fort intérieur, elle espère qu’il traitera Aimé aussi mal qu’elle. Dans le fond, Solal est un consommateur qui utilise et jette dès son intérêt passé.
Ton histoire, à mi-chemin entre romance et fantastique m'avait donné envie de la lire
De ce que j'ai pu lire dans d'autres commentaire, tu ne souhaites pas forcément retravailler la nouvelle de fond en comble, mais je vais quand même me permettre un petit retour
Si je le fais sur ce chapitre, c'est que je pense avoir descellé une petite incohérence : lorsque solal et aimé discutent, solal se confie très facilement à propos de sa cicatrice, il en parle sans aucune gêne, alors que dans les chapitres précédant, il semblait assez complexé, du coup je m'étonne qu'il se confie aussi aisément !
Autrement, je trouve ton style agréable, même s'il a encore quelques lourdeurs, notamment au niveau des dialogues (la syntaxe ne rend pas les échanges très naturels)
Mais c'est quand même encouragent ! Avec de l’entraînement, ces petits défauts s'effaceront bien vite
A bientôt !
Merci pour ta lecture et ton retour. L’incohérence que tu as relevé mérite une correction. Je la note et je ferais en sorte d’y remédier. Je vais tâcher d’alléger les dialogues dès à présent (sur le projet en cours). Merci pour ces précieuses remarques !