Entracte

Il faisait sombre dans la grotte.

La seule lumière provenait du centre de la pièce. Un grand bassin empli d’eau, circulaire, y était incrusté dans le sol rocheux. Il diffusait une douce clarté, qui peinait à anéantir l’obscurité environnante.

Seul un léger clapotis rompait le silence cinéraire. Des bulles jaillissaient et mouraient à la surface cristalline de la cavité. Elles semblaient vouloir échapper au secret immoral caché au fond de l’eau.

Sept silhouettes apparurent tour à tour, déplaçant l’obscurité dense de par leurs manteaux sombres. L’une d’elles s’approcha du bassin, et s’y pencha légèrement. Rien ne semblait pouvoir percer les ténèbres qui cachaient le visage de l’individu, qui observait pourtant avec attention le fond de l’eau.

Toutefois, l’air parut bouger lorsque sa bouche frémit à la vue du corps allongé contre le sol de la cavité. Un homme, pieds et poings liés, paraissait vouloir s’extraire d’un long sommeil. Il luttait, tirait sur des cordes soudées à des anneaux de métal noir. Sa peau nue se tendait sous l’effort de muscles atrophiés, endormis depuis de trop longues années. De l’air s’échappa de sa bouche crispée, ses traits se contractèrent sous la douloureuse conscience qu’il percevait de son état. De longues mèches brunes barraient tour à tour son visage basané.

Il allait se réveiller.

Presque songeur sous ce spectacle, le corps drapé de noir finit par lever la main. Les autres n’avaient pas bougé, attendant sagement que l’opération s’accomplisse.

Le macchabée cessa de s’agiter. Ses traits se détendirent, la pression sur les cordes se relâcha. Ses crispations disparurent, son visage se lissa.

Ils l’avaient rendormi, une fois de plus.