C’est drôle comme je ne me sens pas autorisée à parler de ça. C’est aussi drôle de penser que tu ne l’entends sans doute pas. Alors, je me demande pourquoi je le dis. Peut-être juste parce que j’ai la nausée.
J’ai des papillons dans l’estomac depuis que tu m’as lâché ça comme une bombe.
J’ai arraché la prise tout à l’heure. Je savais qu’il aurait suffi que je reste calme. Mais je ne voulais pas, à ce moment-là, risquer de te laisser encore une chance.
Quelque part, ça aide à penser que ce n’était qu’un rêve. Après tout, je ne vois pas ce que ça change.
Je cherchais d’où c’était parti. Tu m’as parlé de tampons, puis de bébés.
Je persiste pour Eléa, c’est vrai, c’est devenu commun. Ça m’ennuierait que ma fille porte un prénom “à la mode”. Je suis bien trop anti-conformiste pour tolérer ça.
Tu m’as trouvée froide. Ça m’a fait bizarre. Je ne suis pas habituée à ce que tu me parles si gentiment. En même temps… Je ne sais pas. Mais dans mon esprit, ce n’était pas aussi… chaleureux.
Je n’aurais pas réussi à dire ce que je voulais. Je ne suis pas sûre de savoir où je voulais en venir.
Je ne veux pas dire que tu m’as toujours semblé plus rêche. C’est juste… Je crois que pour mon équilibre mental, je préférais me dire qu’il n’y avait rien.
L’espoir fait vivre. Est-ce que quand on perd tout espoir, on meurt ? Dans le doute, j’ai préféré éviter tout espoir. Et puis, le rôle de victime du destin m’a toujours plu. J’exagère. Mais c’est l’idée.
Ça sonnait vrai, là. En matière d’espoir, je ne peux plus les tuer dans l’œuf. Je vais être bien obligée d’accepter. De vivre avec mes papillons dans l’estomac.
Sincèrement, quel besoin tu avais de me dire ça aujourd’hui, là, comme ça ?
J’ai eu peur. Je croyais un jour pouvoir porter tes enfants. J’ai été choquée quand tu m’as parlé d’elle.
Je ne suis plus très sûre de savoir où j’ai trouvé ce qu’il fallait pour en sortir.
Et voilà. Je ne sais pas où je suis. Entre Paris et Valences… Y’a des vaches.
Je crois que je t’ai coupé, quand j’ai rebranché la prise. Je me demande bien ce que tu allais ajouter.
J’ai hâte que ça se termine. Je vais compter les jours, finalement. C’est éprouvant, tout ça. Nerveusement.
Quelle qu’en soit l’issue, j’ai hâte d’en finir. J’espère qu’elle sera bonne pour moi. Je sais déjà que ce sera la meilleure pour toi.
J’vais essayer de m’occuper, ces jours-ci. J’vais essayer de ne pas penser.
De toute façon, je ne suis pas censée en parler. C’est un interdit absolu ? Ou ça ne concerne que nos connaissances communes ?
J’vais avoir du mal à le garder pour moi. Mon estomac va finir par tuer les papillons.
Je crois que j’ai faim.
Sur ces mots, elle est sortie de la salle de bain, laissant son époux dans la baignoire, avec son sèche-cheveux. Elle s’est dirigée vers la cuisine, elle a préparé des œufs avec du bacon et s’est servie un jus de fruits. Il était 9h04. C’était une belle journée qui commençait.
Je ne suis pas sûr de tout avoir bien compris, mais comme d'habitude tes textes invitent à la réflexion, comme un jeu de piste. On sent que tu as écrit cela avec tes tripes, que tu avais des mots à sortir. Très belle plume.
Ah, il manque un point à la toute fin (oui, j'aime repérer des détails insignifiants).
Merci pour ton commentaire !
J'ajouterai le point !