Envier

Par Carl

L’anarchiste la trouvait très jolie. Très drôle. Très intelligente. Et lorsqu’elle avait en bouche des phrases de paumé, il adorait l’élégance avec laquelle elle les déclamait. Il était fasciné par ses paradoxes. Par la tendresse qu’elle portait au paumé, la douceur avec laquelle elle le traitait. Alors même qu’il réduisait en poussière l’ordre qu’elle s’épuisait à construire et à reconstruire. Par l’aisance avec laquelle elle se fondait dans la haute société le jour, alors qu’elle passait ses plus belles soirées en compagnie de révoltés et d’anarchistes, elle le fascinait.

Il aimait sa façon de rire. Cet éclat qui lui échappait. Puis la manière dont elle tentait de retenir les autres. Il adorait voir ses épaules se secouer lorsqu’il lui glissait une moquerie à l’oreille.
Il aimait la main qu’elle posait sur son épaule lorsqu’elle ne pouvait plus s’empêcher de glousser. Lorsque ses yeux pleuraient d’amusement. Il n’était jamais plus satisfait qu’après l’avoir fait rire.

Il aimait la tendresse avec laquelle elle s’occupait de son ami. La douceur avec laquelle elle passait une main dans ses cheveux ou sur ses plaies. La bienveillance avec laquelle elle l’écoutait se révolter contre le monde. La dévotion avec laquelle elle s’appliquait à cuisiner pour lui. La patience avec laquelle elle s’en occupait, peu importe son état et la cause de cet état. Quelques fois, sans le montrer, l’anarchiste enviait le paumé.

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