Epilogue

Sous un ciel grisâtre et sombre, un homme marchait le long d’une route filant à travers champs. Le soleil se levait à peine à l’horizon et englobait dans une clarté pâle le paysage environnant. L'homme portait une large tunique trouée en plusieurs endroits. Des traces de brûlures en avaient abîmé le tissu et de la cendre en tombait à chacun de ses pas. Son visage était encore jeune et nul doute qu’il aurait été beau si ce dernier n’était pas profondément éteint, comme dénudé de toute vie. Ses yeux bruns étaient vides et creux et sa chevelure terne et poussiéreuse. L’homme avançait en trébuchant sur les pavés, l’on aurait dit que chaque pas en avant était un véritable calvaire. De la neige s’était mise à tomber depuis plusieurs heures, formant par endroit un fin duvet blanchâtre. Pourtant, le froid ne semblait pas le gêner, car il continuait inlassablement sa marche morbide sans ralentir l’allure.

L’homme continua sa route jusqu’à s’arrêter au sommet d’une petite colline. Une statue solitaire et couverte de neige trônait piteusement sur celle-ci. Pourtant, il trouva que l’endroit convenait parfaitement. À la force de ses mains, il se mit à creuser un trou dans la terre suffisamment profond pour y faire rentrer un bras entier. Dès qu’il eut terminé, il se leva et retira délicatement un petit talisman en bois qu’il portait autour du cou. C’est alors qu’il déclara :

— Depuis combien de temps ne nous sommes pas vus ?

Derrière lui, une femme éthérée à la chevelure ondulée le regardait avec mélancolie.

— Bien trop longtemps.

Il se retourna et son regard se perdit dans ses yeux translucides.

— Tu m’as fait souffrir, pourtant, je n’ai jamais cessé de t’aimer. Durant toutes ces années, j’ai lutté, car je savais qu’un jour, tu recouvrirais la raison et que je te retrouverai tel que nous sommes rencontrés.

— Je le sais.

— J’ai vécu bien plus longtemps que nul Homme n’aurait dû, continua-t-il. Mais même si ma vie fut une éternité, je n’oublierai pour rien au monde le premier siècle que j’ai passé en ta compagnie. Pardonne-moi, j'aurais dû t'écouter, j'aurais dû te parler. Jamais je n’aurai pensé qu’une déesse puisse avoir autant peur de la mort.

— C’est à moi de te présenter mes excuses. Je me suis laissé corrompre par les Hommes et leurs passions. Je voulais à tout prix vivre comme une déesse éternellement et, au final, je suis devenue l’un d’eux.

Ignis sourit.

— Tu l’as toujours été.

Il contempla le vent déplacer la neige par rafales sur la clairière en contrebas.

— Promets-moi de veiller sur eux. Ils ont leurs défauts, mais ils sont capables de faire de grandes choses. Ils ont juste besoin d’un guide.

Pyrel acquiesça.

Alors, Ignis s’agenouilla et il déposa le médaillon dans le trou puis le recouvrit. Lorsqu’il se releva, ses traits étaient désormais ceux d’un vieillard. Il fit quelques pas hésitants dans la neige avant de s’effondrer. Son corps fut réduit en cendres qu'une brise emporta aussitôt dans le ciel. Un bloc de neige se décrocha alors de la statue, dévoilant brièvement le visage d’une femme magnifique au regard attristé. Derrière elle, au milieu d’un imposant lac gris et morne, la cité de Dérios brûlait paisiblement.

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Talharr
Posté le 18/08/2025
Eh beh il est solide le Ignis, le médaillon est vraiment puissant aha

Mais sinon excellente fin. Pyra devenue Pyrel qui est celle qu'elle a connu au départ, qu'il a toujours aimé, qu'il a voulu sauver aussi. Voir qu'ils se retrouvent pour quelques instants et Pyrel le laisse partir. Magnifique.

Un peu triste d'avoir déjà fini aha

Je vais laisser mon dernier commentaire sur les remerciements :)
Scribilix
Posté le 22/08/2025
Merci beaucoup, je suis assez satisfait de cette épilogue :)
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