- INT. Couloirs du château, Porte de la chambre d’Arthur – NUIT.
Milieu de la nuit. Bohort court le long du couloir, en tenue de nuit, bonnet sur la tête et un chandelier à la main. Il est tout excité, souriant. Il finit par s’arrêter à la porte de la chambre d’Arthur et frappe. Arthur ouvre la porte, à peine réveillé.
Arthur (la voix fatiguée)
Mais enfin Bohort, vous êtes dingues ? Qu’est-ce qui vous prend de frapper comme un marteau à ma porte, et à cette heure en plus ?
Bohort (plein de joie)
Oh Sire, je suis désolé mais c’est l’excitation qui me tient éveillée ! C’est la joie qui m’anime en ce moment !
Arthur
Mais la joie de quoi, Bohort ? Expliquez-moi. Mais je vous préviens Bohort, si c’est encore une de vos stupides fêtes que vous voulez organiser, ou encore une histoire de fantômes, c’est le cachot.
Bohort
C’est le Seigneur Amaury, Sire ! Il est arrivé ! A l’instant !
Arthur regarde fixement Bohort, sans dire un mot, lève les yeux au ciel et les ferme, l’air exaspéré et soupire. Bohort continue de sourire.
Générique de début.
- INT. Salle du trône – JOUR
Le matin suivant. Arthur est assis sur son trône, Bohort et Lancelot sont assis de chaque côté du trône. Le seigneur Amaury se tient debout face à eux, en armure, bien droit, le heaume sur la tête, la main sur le pommeau de son épée, l’air sérieux.
Arthur et Lancelot le regardent d’un air sérieux, Bohort est impressionné par sa stature, presque effrayé. Amaury ne prononce pas un mot et reste droit, immobile.
Lancelot (à Arthur)
Euh, Sire ?
Arthur
Quoi ?
Lancelot
Peut-être devrions-nous commencer à parler.
Bohort (bégayant légèrement)
Il est vrai que… ce silence est quelque peu pesant. D’autant que son armure, épaisse comme elle est, me fait froid dans le dos.
Amaury (la voix étouffée par le casque, presque inaudible)
Ah, moi on m’a dit de venir en armure.
Arthur
Ah, vous parlez finalement ? Bah dis donc, c’est pas dommage, cinq minutes que vous bougez pas. Et d’ailleurs j’ai pas pigé un mot. Retirez votre casque.
Amaury retire son casque, révélant son visage de jeune homme. Il porte une barbe de trois jours et les cheveux coupés courts.
Arthur
Dites-moi, vous avez l’air bien jeune pour être chevalier.
Amaury
Je vais néanmoins sur mes vingt-cinq ans, sire Arthur. Chevalier depuis mes dix-neuf, comme c’est de coutume dans ma famille.
Bohort
Chevaliers de père en fils ? Sire, que voilà un homme de bonne lignée.
Lancelot
Et puis, jeune comme il est, il a la force de la jeunesse. Un point à ne pas négliger, sire.
Arthur
Ouais, enfin ça n’explique pas pourquoi vous êtes arrivés à 4 heures du matin. Vous savez, arriver à l’aube aurait pu être préférable, ça aurait évité à certains d’en réveiller d’autres alors que leur journée avait été longue.
Tout en parlant, Arthur se tourne vers Bohort.
Arthur
N’est-ce pas, Bohort ?
Bohort ne dit rien et baisse légèrement la tête.
Amaury
Sans doute, sire. Mais moi, les longs voyages finissent toujours par me mettre de mauvais poil. Alors, par expérience, je fais en sorte d’arriver dans la nuit, ça me permet de me reposer et d’être plus présentable et supportable. Vous auriez préféré me voir balancer des fions à tout le monde ?
Arthur
En effet, et pour une première impression, cela n’aurait pas joué en votre faveur. Donc bref, vous dite que c’est une coutume familiale, la chevalerie ?
Amaury
Oui, enfin quand je dis coutume, c’est que je ne suis que la quatrième génération de ma famille à être chevalier.
Lancelot
Ah bon ? Et avant ça, qu’était votre famille ? Si ce n’est pas trop indiscret.
Amaury
Des campagnards, rien de plus.
Arthur
Bah dites donc, sacrée évolution, mon vieux. Elle a pas due se faire toute seule, je me trompe ?
Amaury
En effet, sire. Mon grand-père, et son père avant lui ont péri en affrontant l’envahisseur romain.
Lancelot
Et votre père ?
Amaury
Eh bien, mon père ne s’est pas vraiment illustré en tant que chevalier. Il a souhaité servir sous les ordres de feu Uther Pendragon, mais…
Arthur
Mais ?
Amaury
Sans vouloir manquer de respect à votre défunt père…
Arthur
Ça ne risque pas de m’atteindre, je l’ai jamais connu.
Amaury
Mon père nous disait qu’il avait un tempérament assez chaotique. Il hurlait partout sur tout et tout le monde.
Arthur
Ah ça, vous êtes pas le premier à le dire.
Lancelot
Autant dire que tout le monde pense la même chose.
Amaury
Mon père ne l’a pas supporté et a préféré revenir à notre maison, afin de m’apprendre les usages de la chevalerie. Il m’a presque tout enseigné, ceci dans le dessein que je serve sous les ordres du nouveau roi.
Bohort
Cela a dû être difficile de perdre votre grand-père, n’est-ce pas ?
Amaury
Pas pour moi, mon grand-père est mort environ quinze ans avant ma naissance, je sais à peine quel homme il fut. Mais ce fut difficile pour mon père. Mais il sut remonter la pente, et ainsi pu m’enseigner l’art militaire.
Lancelot
C’est votre père qui vous a tout appris ?
Amaury
En grande partie, mais son manque d’expérience pratique m’a obligé à apprendre de moi-même. Et en cela, j’ai énormément voyagé, de contrées en royaume, d’une civilisation à une autre. Cela fit de moi quelqu’un de solitaire. Et mon frère a aussi apporté sa pierre à l’édifice. Il m’a enseigné le maniement de l’épée et de la lance notamment, c’est à lui que je dois mes talents au combat. Mon oncle aussi a apporté sa contribution... à sa façon.il m’a enseigné l’art de l’éloquence, comment ne pas craindre le public.
Bohort
Attendez. Votre oncle était comédien ?
Amaury
En effet. Il a tout de même fait ses classes mais a préféré vivre de sa passion. Et cette passion, il me l’a transmise.
Bohort
Vous êtes aussi passionné par le théâtre ?
Amaury
En effet, et...
Arthur (coupant Amaury)
Et rien Bohort ! Je pense pas qu’il ait fait tout ce chemin pour parler comédie. N’est-ce pas ?
Amaury (se reprenant)
Non, en effet.
Arthur
Mais quand même, vous avez une famille qui a su vous soutenir. Je crois bien que c’est une première à Camelot.
Amaury
Ah bon ?
Arthur
Disons qu’ici, les relations familiales ne sont pas ce qu’il y a de plus... familiale.
Amaury
J’en prends bonne note, sire Arthur.
Lancelot
En tout cas, seigneur Amaury, je peux vous dire que nous sommes tous ravis de votre venue à Camelot. Accueillir un nouveau chevalier à la Table Ronde ne s’était plus fait depuis longtemps.
Amaury s’incline, en signe de remerciement.
Arthur
Et à titre personnel, je vous souhaite bon courage. Je pense que vous allez en avoir besoin pour ce qui vous attend.
Générique de fin. Les crédits défilent.
Bohort attend Amaury derrière la porte de la salle du trône. Ce dernier en sort.
Bohort
Seigneur Amaury ?
Amaury
Oui, seigneur... Bohort.
Bohort
Pardonnez-moi de remettre ça sur la table, mais il se trouve que je suis moi-même très féru de théâtre.
Amaury
Voyez-vous ça ?
Bohort
Et jusqu’à présent, cette passion n’était pas vraiment partagée avec mes collègues.
Amaury
Eh bien dites-vous que vous n’êtes plus seul.
Bohort
Oh ! Vous j’imaginez pas à quel point cela me rassure. Jusque-là, personne ne prenait cette passion au sérieux.
Amaury
Il faut connaître ce métier pour comprendre les gens comme nous. Si vous le désirez, j’ai commencé à écrire une pièce sur le trajet. Que diriez-vous de la travailler avec moi ?
Bohort ne répond pas, trop occupé à exprimer sa joie, en souriant, en silence.
Amaury (souriant, un peu gêné)
D’accord... Je vais prendre ça pour un oui.
NOIR
Amaury
J'ai l’intuition que nous allons bien nous entendre, vous et moi.
FIN
continue !
Hâte de publier la suite et de voir ce que tu en penseras ;)