Episode 2 (chap 4) : Planet of the Kongs

Par NaL

Jones se tourna vers son équipe, occupée à soigner la cheville de l'Agent 40.

 

"Bon les glands, on a approximativement deux heures pour atteindre le centre ville avant que les Kongs ne réduisent ce qu'il reste de l'humanité à néant. Des questions ?"

 

Personne n'osa répondre, bien que Numéro 12 s'autorisa une proposition une fois le calme établi.

 

"On devrait faire un tour à l'Agence pour s'équiper. Si un Mécha géant n'a rien pu faire à Harambe, nos armes ne nous seront d'aucune utilité."

 

Le Colonel sembla convaincu par la proposition, et commença aussitôt à tapoter sur sa tablette.

 

"Très bien, nous sommes à moins de dix minutes d'un point d'accès. Univers parallèle ou non, on devrait trouver de quoi latter les Kongs plus efficacement qu'au bazooka."

 

L’équipe approuva et commença à se diriger vers le point d'accès à pas de course, bien que la blessure de 40 ralentissait légèrement la démarche. Gene et 5 se tenaient à ses côtés, l'aidant à avancer. La force tranquille semblait plus loquace qu'à son habitude.

 

"-Merci du coup de main.

-Je n'ai été d'aucune utilité jusque lors, si je peux rendre service..."

 

L'agent 5 rigola, se remémorant le moment où son collègue s'était uriné dessus.

 

"-T'inquiètes pas, la première mission c'est toujours un sacré bordel. Et encore, t'as pas vu les prochaines.

-J'ai hâte."

 

Ils continuèrent à s'échanger des sarcasmes pendant quelques moments encore, durant lesquels ils traversèrent les rues désertes de New-York. La végétation avait repris ses droits parmi les décombres : des plantes géantes s'extirpaient du béton pour venir côtoyer les lampadaires, tandis que la mousse avait remplacé le crépis des bâtiments délabrés. C'était plus que suffisant pour échapper à la vigilance des Kongs, qui passaient par les toits pour rejoindre le centre-ville.

 

"-On est arrivé. Un problème Numéro 5 ? T'as l'air encore plus abruti que d'habitude.

-Mais ce sont... des toilettes publiques ?!

-Exactement, t'enfonces un pied à l'intérieur et tu tires la chasse. Ça te téléporte directement au quartier général.

-Aussi stupide que ce soit, j'ai l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part.

-On a emprunté l'idée à une obscure organisation londonienne, le principe est plutôt marrant."

 

Les membres de l'Agence pénétrèrent l'endroit nauséabond. Les égouts étaient remontés, et le sol était à présent recouvert d’une épaisse couche marron à l’origine inconnue.

 

« -Je dois vraiment mettre le pied à l’intérieur ?

-Tu peux toujours essayer avec ta tête. »

 

Des rires étouffés saluèrent la réponse de Jones, qui venait de disparaître dans la cuvette accompagnée d’un gargouillement guttural. Ses subordonnés suivirent l’exemple.

 

« J’y vais, ne tardez pas trop. »

 

L’Agent 12 venait de disparaître. Gene, le suivant de peu, s’avança à son tour vers la cuvette.

 

« Va y Redford, j’aide 40 à passer. »

 

Avec tout le déplaisir du monde, l’homme plongea sa chaussure dans l’épaisse mare de crasse qui emplissait la cuve et tira sur le cordon. Il sentit alors une force extraordinaire l’aspirer à travers la tuyauterie, le baladant à travers les égouts New-yorkais jusqu’à la recracher dans un lieu inconnu.

 

« Dégueulasse ! »

 

Il était à présent couvert de déjections, mais quelque chose de plus inquiétant encore l’alerta : le long couloir blanchâtre dans lequel il avait atterri était désert. Aucune trace de Jones, et encore moins des autres agents.

 

« Les gars, y’a quelqu’un ? »

 

Aucune réponse. Bien obligé d’avancer, Redford arma son flingue et s’aventura à travers le couloir. Ce dernier n’avait rien de particulièrement notable : le long couloir blanchâtre était simplement long… et blanchâtre. Il s’y attarda pendant une bonne demie-heure.

 

« -Bordel, c’est sans fin.

-... »

 

Un frisson traversa l’échine du nouveau.

 

« Qui est là ?! »

 

Il se retourna, l’arme braquée vers la présence qu’il avait senti à l’instant : rien, alors qu’il aurait juré que quelqu’un se trouvait dans son dos. Le couloir était aussi désert qu’à son habitude.

 

« Merde, voilà que je deviens barjo. »

 

Repartant dans sa direction d’origine, Gene fut stoppé net. A l’autre bout du couloir se tenait une étrange créature. Grande, de noir vêtue, et au visage affreusement effrayant. Plus spécifiquement, l’apparition n’avait pas de visage : sa tête était dépourvue de tout élément. Pas de nez, de bouche, d’yeux : rien. Une forte angoisse prit possession du corps de Gene alors qu’il mettait en joue l’étrange créature, lui hurlant quelques insanités.

 

«-Déclinez votre identité ou je tire !

- …

-Putain réponds ! »

 

Un grésillement soudain retentit dans l’oreillette de Redford, et il tira par réflexe en direction de l’homme sans visage. Le coup de feu lui fit fermer des yeux un instant : la créature avait disparu.

Profitant de l’occasion, Gene s’élança de toutes ses forces à travers le couloir, espérant en voir le bout.

 

« PUTAIN, IL ME SUIT ! »

 

Le grésillement se faisait de plus en plus fort. C’était derrière lui, il en était sur. Soudain, Gene aperçut le bout du couloir : une porte se situait à une dizaine de mètres.

 

« J’y suis presque ! »

 

La porte n’était plus qu’à quelques pas. L’agent sentit une peur intense s’insinuer dans son esprit. Il n’était plus dans le couloir : le temps et l’espace ne faisaient plus sens. C’était terminé.

 

« Redford, baisse toi ! »

 

Revenant à la réalité pendant un instant, Gene se jeta au sol. L’Agent 12 venait d’apparaître dans l’ouverture de la porte : il vida son AK-47 sur le monstre sans visage, qui disparut aussitôt.

 

« Bordel, alors ils gardent même ces trucs dans les locaux de l’Agence ? »

 

L’ancien militaire, après avoir repris difficilement son souffle, ferma lourdement la porte d’acier qui terminait le couloir. Il s’empressa ensuite de remercier son camarade.

 

«-Merci 12, sans toi je serais mort.

-Dans le meilleur des cas. Ça va pas tarder à revenir, on devrait se bouger de rejoindre le Colonel.

-Vous me cherchez ? »

 

Jones venait d’apparaître dans un coin de la salle, l’arme à la main.

Elle semblait fortement ennuyée par la situation.

 

« -Les chiottes nous ont balancé à divers endroits du quartier général, qui grouille à présent des créatures qu’il était censé emprisonner.

-On l’a remarqué Colonel, Redford a manqué de se faire butter.

-Dans le meilleur des cas. »

 

Ils prirent un instant pour s’allumer une cigarette, la pause clope permettant de faire le point sur la situation.

 

« -Remercie la créature qui t’as poursuivi le nouveau, sans ton coup de feu on t’aurait pas retrouvé.

-J’y songerai lors de notre prochaine rencontre. Où sont les autres ?

-Aucune nouvelle. »

 

Le Colonel rangea son épée, l’air songeur.

 

« A défaut d’avoir croisé 40 et 5, j’ai mis la main sur quelques trucs bien utiles pour combattre les Kongs. »

 

L’Agent 12 tira une dernière latte sur sa Camel.

 

« -Et je suis tombé sur la salle de sécurité, où j’ai récupéré les enregistrements des derniers jours de l’Agence. Il semblerait qu’il y ait eu une sacrée putain de bataille ici.

-On se fera la soirée popcorn plus tard, la priorité c’est de chopper les deux glands restants et de rejoindre le Centre-Ville. »

 

Face à l’efficacité de ses coéquipiers, le nouveau se sentait sacrément con. La seule chose qu’il avait faite jusque lors avait été de courir dans un couloir sans fin pourchassé par une version cauchemardée de Michael Jackson.

 

« Il reste un point d’arrivé que l’on a pas visité, suivez moi. »

 

Pendant une bonne demie-heure, le trio traversa le labyrinthe qu’était l’Agence de New-York, rencontrant par moment quelques effrayantes créatures qui ne firent pas long feu face à l’épée de Jones. Gene ne s’en sentait que plus inutile.

 

« -C’est quoi cette putain d’épée magique ? Je peux en avoir une moi aussi ?

-Dans tes rêves le bleu, Durandal ne choisit que quelques rares élus.

-Je vois, je vais me contenter de mon flingue alors. »

 

Il n’eut pas le temps de prononcer ces mots que des coups de feu retentirent dans une pièce adjacente. L’Équipe réduite s’y précipita pour tomber sur l’Agent 5, affrontant une horde de petits êtres verts aux yeux rougeoyants.

 

« -Faites gaffes, ils explosent en mourant !

-Oui mon Colonel ! Ça fait plaisir de vous voir.

-Tout le déplaisir est pour moi Agent 5. Des nouvelles de 40 ?

-Négatif. Je l’ai aidé à rentrer dans les chiottes, et plus de nouvelles. J’espère qu’il est pas mort. »

 

Ensemble, ils réussirent à enfermer les créatures verdâtres dans une salle en acier trempé. Les quatre membres se rassemblèrent alors, décidés à quitter définitivement l’endroit.

 

« -Bon les glands, ça fait déjà une heure qu’on fait les cons ici, on a plus le temps.

-Et l’Agent 40 ?!

-On viendra le récupérer une fois qu’on en aura terminé avec les Kongs. »

 

L’Agent 12 jeta un œil à sa montre, inquiet.

 

«-Si nos pronostics sont bons, ils ont du commencer à attaquer la dernière barricade. Il nous reste une heure pour tuer Harambe.

-J’ai ce qu’il faut pour ça. »

 

Le Colonel Jones dégaina deux objets de son sac à dos. L’un était une imposante fiole contenant un liquide violacé étrange, et l’autre était… un vieux Nokia des années 2000. L’Agent 5 sembla troublé par la soudaine apparition.

 

« -Un téléphone portable ? Vous voulez affronter les Kongs avec un téléphone portable ? Autant utiliser nos gros braquemards ! Oui, merveilleuse idée, allez les gars, Dicks Out for Harambe !

-Patiente un instant, insignifiant crétin. »

 

Elle jeta le cellulaire à Gene, qui l’attrapa avec surprise.

 

« -Ça ne te rappelle rien ?

-Si, ma grand-mère avait le même. »

 

5 profita de l’occasion pour ironiser.

 

« -Génial, on va pouvoir appeler la grand-mère de Redford à la rescousse.

-Un instant. »

 

Le nouveau fronça les sourcils.

 

« -Mais oui, le virus biotechnologique !

-Exact. »

 

Le Colonel récupéra la téléphone, heureux de sa trouvaille.

 

« Le liquide violet, c’est un condensé de nano-robots ultra-performants. On balance ça dans l’atmosphère et en moins de deux, les Kongs seront transformés en robots géants. »

 

La fine équipe apprécia l’idée, se tournant ensuite vers le Nokia dans l’attente de la suite du plan.

 

« Et ce téléphone contient une version altérée du virus habituel, qui détruit rapidement toute technologie ayant le malheur de le rencontrer. Vous vous souvenez peut-être des Samsungs qui avaient explosé ? »

 

Gene se remémoré avec douleur l’explosion de son Note 7 flambant-neuf, qui avait manqué de lui arracher la couille droite.

 

« -Donc si je résume, le plan c’est de transformer les Kongs en Samsungs géants grâce aux nano-robots, puis de balancer le virus pour les neutraliser ?

-Exact, tu vois quand tu veux 5. »

 

L’agent 12 stoppa la conversation, sceptique.

 

« -On risque pas de se faire infecter par les nano-robots nous aussi ?

-Aucun risque, ils ont été programmés pour ne pas s’attaquer à l’homme. Du moins dans notre univers, c’était le cas.

-On va dire que je n’ai rien entendu. Quand partons-nous Colonel ?

-De suite. »

 

Elle rangea ses nouveaux jouets et dirigea ses hommes vers le point d’extraction le plus proche, une  étrange cabine téléphonique posée nonchalamment au milieu d’une pièce vide. Les quatre agents se réunirent autour de l’édifice, prêts à retourner à la surface affronter leur destin.

 

« Des questions, au cas où on finirait de nouveau séparés ? »

 

L’Agent 5 baissa les yeux l’espace d’un instant.

 

« -L’Agent 40, vous pensez qu’il va bien ?

-Ça, cela ne dépend que de lui. »

 

Jones rentra dans la cabine, prenant le combiné en main.

 

« Vous tapez 1-2-1-2-1-9-9-3, et vous croisez les doigts pour pas vous retrouver paumé au beau milieu de New-York. Ce point d’extraction est supposé nous amener en plein centre-ville. On se voit là-bas. »

 

Elle s’exécuta, disparaissant dans un soudain flash lumineux. L’Agent 12 fit de même, laissant Gene seul avec le numéro 5. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer dans la cabine, le nouveau membre entendit un cliquetis métallique résonner dans son dos.

 

« Il semblerait que ta première mission se termine ici le bleu. Passe le bonjour à 40 de ma part. »

 

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