Le Temple Maudit
Epilogue
Une semaine plus tard, aux bureaux new-yorkais de l’Agence.
- Nila, tu as eu une semaine difficile, tu es juste en train de te remettre de tes blessures, donc peut-être que tu devrais reconsidérer ce que tu viens de me dire…dit le Grand Chef de l’Agence avec toute la bienveillance possible.
- Sérieusement, Zero ? On sait tout les deux que si tu n’acceptes pas, c’est parce que tu tiens trop à la neutralité de l’Agence.
Ils étaient au bureau New-Yorkais de l’Agence. Le bureau du grand chef, situé au dernier étage d’un immeuble comme il y en a des centaines dans la ville qui ne dort jamais, ressemblait à un salon traditionnel japonais : tatami, bureau bas, armure de samouraï trônant au mur, bonsaï, etc. Seul l’ordinateur quantique portable transgressait la déco.
- Tu ne veux pas accepter ma demande tout simplement parce que tu as peur des répercussions. Si je vais voler le deuxième sabre de Miyamoto Musashi directement dans la maison impériale du Japon, cela risque de contrecarrer les accords passés avec le pays. Tu penses juste au business, alors que j’essaye de sauver mon ami.
- Ecoute, Arthur est entre de bonnes mains. Les meilleurs médecins de l’Agence s’occupent de lui.
- J’ai discuté avec eux. Ils m’ont dit qu’il n’avait plus que quelques semaines.
- Nila, je sais que tu t’en veux. D’autant plus que ton guide est mort à cause de toi. Tu veux réparer les erreurs que tu as faite. C’est tout à ton honneur. Mais pense à la vision d’ensemble. Tu as réussi la mission, le village est libéré du temple maudit et vous avez mis fin aux agissements d’un dieu malveillant. La famille du guide est mise à l’abri et ils bénéficient de réparations. Tu devrais plutôt prendre des vacances et te reposer, dit Zero en dardant son regard dans les yeux de Nila. Nos docteurs trouveront une solution.
Nila se leva brusquement. Elle arpenta la pièce et alla observer l’armure de samouraï accrochée au mur.
- Ecoute moi bien, Zero. Je ne suis pas bête, tu le sais très bien, c’est toi qui m’as formé. La seule manière de sauver Arthur, c’est de démêler les réalités. Et je ne peux pas le faire avec un seul sabre. Il me faut les deux.
Zero se leva à son tour. Il était petit mais ses mouvements félins étaient intimidants. Il s’approcha de Nila.
- Je te l’interdis. Si tu fais ça, l’Agence en sera grandement déstabilisée.
- Zero, tu te souviens de notre dernière engueulade ? Tu m’as sorti les mêmes excuses. Tu tiens trop à la tradition, à la sécurité, aux contrats entre les pays et l’Agence, aux protocoles. Tu ne prends pas assez de risque. Nos ennemis gagnent du terrain sur nous parce qu’ils ne respectent pas les règles du jeu. Arthur est un des meilleurs éléments que l’on ait et on a besoin de lui pour la guerre qui vient. Tu vois, je pense moi aussi à la vision d’ensemble.
Elle s’écarta du grand chef et sortit le wakizashi de Musashi. Zero se tendit.
- Que fais-tu ?
Nila fendit l’air. Une faille multicolore apparut.
- Tu m’as dis que tu m’interdisais de le faire ? Personne ne m’interdit rien.
Elle disparut dans la faille qui se referma derrière elle dans un puissant BANG. Cela fit trembler toute la pièce, et l’armure de samouraï tomba du mur. Zero la regarda d’un air las.
- Tu parles d’un mauvais présage.