EPISODE 3 : Le plan
Le radio-réveil indique 20h22. Après tout, Benoît et Marie-Anne sont peut-être simplement en train de diner.
Benoît a laissé sa montre par terre. C’est une montre à aiguilles. Découvre à quoi elle ressemble parmi celles dessinées ci-dessous. Voici deux indices pour t’aider :
1) C’est celle qui indique la même heure que le radio-réveil.
2) Il y a deux exemplaires de chaque montre, sauf celle de Benoît qui est unique.
Alors qu’il se demande où s’installer pour attendre, la porte de la chambre s’ouvre à la volée, et Benoît, nu comme un ver, entre en bondissant et exécute une superbe galipette sur son lit. Ses cheveux châtains, encore mouillés par la douche qu’il vient apparemment de prendre, sont dressés sur sa tête. Il chante à tue-tête : « Un éléphant qui se balançait, sur une toile, toile, toile, toile d’araignée… ».
Apparemment, il est d’excellente humeur !
Juju éclate de rire et Benoît s’interrompt en l’entendant. Il cherche des yeux ce qui a pu produire ce petit bruit inhabituel. Il voit alors un tout petit bonhomme qui court vers lui en lui faisant de grands signes et en produisant de petits sons incompréhensibles. Comme il est très petit, la voix de Juju ne s’entend pas très bien. Benoît se frotte les yeux, mais le personnage est toujours là. Il attrape ses lunettes rouges sur sa table de chevet, les chausse, se met à quatre pattes par terre pour mieux voir et finit par reconnaître…
« Juju ! Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ?! J’ai cru qu’un de mes jouets bougeait tout seul ! »
Benoît, habituellement plus petit que lui, est grand comme un immeuble par rapport à Juju ! Mais ça fait du bien de voir son visage rond et souriant.
Juju attrape un mini porte-voix jouet pour que Benoît l’entende mieux :
« Qu’est-ce que je suis content de te trouver ! Tu as vu ce qui m’arrive ?!
- Comment tu as fait ça ? C’est génial ! s’enthousiasme Benoît,
- Ah non, ce n’est pas génial du tout ! Tout est très difficile quand on fait cette taille, et très dangereux. » le contredit Juju.
Et il raconte à son ami le bonbon orange trouvé dans le sachet de la kermesse, le mot laissé à Maman, la traversée sur le fil du téléphone, et l’attaque de l’oiseau.
« Ouaaaaaaaaaaah, souffle Benoît impressionné, tu as mis presqu’une heure pour venir ici ? Trop fort, le yoyo, tu as de sacrées bonnes idées !
- Oui mais maintenant, tu vas pouvoir m’aider parce que je ne sais pas si je vais en avoir tout le temps, des bonnes idées.
- T’aider à quoi ? interroge Benoît
- A retrouver ma taille habituelle, bien sûr ! s’écrie Juju
- Ah ? Tu ne veux pas rester comme ça ? » s’étonne Benoît.
Juju ouvre de grands yeux. Son meilleur copain est devenu fou ! N’a-t-il pas bien compris ce qu’il vient de lui raconter ?! Il a failli finir dans un oiseau, quand même !
« Tu es dingue ! Pourquoi je voudrais rester comme ça ? lui demande-t-il,
- Parce que je pense que ça doit être bien pratique pour certaines choses, dit Benoît en prenant l’air de celui qui sait.
- Pour quoi par exemple ?
- Par exemple, pour résoudre les mystères… » annonce Benoît dans un chuchotement.
Il se lève et commence à danser en rond comme un guerrier indien autour du feu, préparant la chasse aux bisons.
Juju a beaucoup moins envie de danser, lui. D’accord, Benoît le fait toujours rire quand il fait le clown comme maintenant, mais il trouve qu’il prend la situation un peu à la légère. Evidemment, ce n’est pas lui qui mesure trois centimètres !
« Benoît ! Arrête de danser ! De quoi parles-tu ? Quels mystères ?
- D’abord, le mystère de la vitrine à glaces de Caroline ! déclare Benoît, très fier de lui. On pourrait découvrir qui débranche la machine, et l’empêcher de continuer. Comme ça Caroline serait contente, et elle continuerait à vendre ses délicieuses glaces. »
Juju trouve l’idée excellente. Après tout, il n’a aucune idée de ce qu’il doit faire pour retrouver sa taille normale, alors en attendant, il peut bien aider Caroline.
« D’accord, approuve-t-il, ça me plait de l’aider. Mais il faudra chercher le remède à ce qui m’arrive en même temps.
- Bien sûr » promet Benoît en levant la main droite.
« Maintenant que cette décision est prise, dit Juju malicieusement, tu peux peut-être t’habiller ? »
Benoît, qui avait oublié qu’il était tout nu, ouvre de grands yeux surpris, et se jette dans son pantalon de pyjama. Les deux copains éclatent de rire. Cette aventure promet d’être chouette !
♦
Un peu plus tard, les garçons, installés sur le lit, réfléchissent à la façon dont ils vont mener leur enquête. Benoît est allé à la cuisine sans que Marie-Anne ne le voie. Il a ramené une grosse miette de pain pour le dîner de Juju, et il est en train de découper une feuille de papier qu’il compte ensuite plier pour former une boîte qui servira de lit à son ami. Juju le regarde faire et se demande comment cette chose biscornue en papier va devenir une boîte. Il n’est pas sûr que Benoît sache vraiment faire ça.
Aide Benoît à fabriquer le lit-boîte en papier de Juju, en copiant le modèle à la bonne taille (aide- toi d’une règle et d’une équerre). Tu pourras ensuite la garnir de coton, de mouchoirs, ou de ce que tu veux pour que Juju dorme bien.
« Le mieux est que je me cache dans la boulangerie et que je surveille, commence Juju.
- Je suis d’accord, approuve Benoît. Il faudra que je t’emmène jusqu’à la boulangerie. Ensuite il faudra que tu trouves un endroit d’où tu pourras voir la prise de la vitrine à glaces, et où tu ne risqueras pas de te faire écraser.
- Peut-être sous la machine ?
- Bonne idée ! Il faudrait aussi que tu puisses me prévenir si tu as un problème, ajoute Benoît.
- C’est vrai. Est-ce que tu vois la boulangerie par la fenêtre ? » demande Juju.
Benoît se lève et se penche au dehors pour vérifier.
« Oui je la vois, dit-il en revenant s’allonger sur le lit. Maman a des petites jumelles. Je pourrais les utiliser pour voir encore mieux.
- Je crois que je suis trop petit, même avec les jumelles, tu ne me verras pas. Il me faudrait quelque chose de brillant pour que je puisse te faire des signes avec le soleil. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Mais Benoît ne répond pas : il s’est endormi.
Juju saute du lit à la table de chevet et s’installe dans sa boîte-lit. Il réfléchit à cette incroyable fin de journée. Il est très content de pouvoir aider Caroline et impatient d’être au lendemain. Mais il ne sait pas du tout comment il va faire pour annuler l’effet du bonbon. Ni même si un remède existe. Et s’il restait minuscule toute sa vie ? Maman lui fabriquerait sûrement une chambre à sa taille.
Il s’endort en rêvant à un tout petit lit, un bureau assorti, et des posters de la taille de timbres-postes. Et aussi à une immense Maman qui lui caresserait tendrement la joue du bout du doigt…
♦
Le lendemain matin, après un petit déjeuner rapide, Benoît sort faire du vélo dans la petite rue. Juju est installé dans la poche de son polo. Dans sa poche à lui, il a mis un petit diamant en plastique trouvé dans les jouets de son copain, pour pouvoir faire le signal lumineux.
Direction : la boulangerie de Caroline.
Arrivés devant la boutique, Benoît pose son vélo contre le mur, et dépose discrètement Juju sur le seuil de la porte, en faisant mine de caresser la tête de Salade. La tortue est installée à sa place préférée, juste à l’entrée de la boulangerie, pour profiter des rayons de soleil matinaux.
Benoît murmure :
« Je retourne à la maison pour guetter ton signal depuis la fenêtre de ma chambre.
- D’accord, je commence la surveillance » répond Juju, avant de se glisser le long du mur pour aller se cacher sous la vitrine à glaces.
Il vérifie qu’il est bien invisible de Caroline et des clients qui entrent, et qu’il a une bonne vue sur la prise électrique. Puis il s’assoit par terre, les jambes croisées. Va-t-il pouvoir aider Caroline ? Et s’il découvre qui débranche la prise, comment pourra-t-il avertir la jeune boulangère ?
Fin de l’épisode