Episode 5 : Au parc

Par Isapass

EPISODE 5 : Au parc

 

Le temps de se relever, Juju sent que l’animal s’est encore rapproché de lui. Il se remet à courir plus vite qu’il ne l’a jamais fait.

Il est maintenant sorti de sous la vitrine et longe le mur, tout droit vers les pieds de Caroline. Il passe à toute allure sous le fil électrique, toujours bien branché, de la vitrine à glaces. Dans un dernier élan, il dépasse le pied gauche de Caroline, côté talon, et en fait le tour pour se mettre à l’abri.

Il s’arrête enfin pour souffler, et jette un œil vers la tortue pour voir où elle se trouve.

 

Jeu de la tortue : cherche sur internet ou dans une encyclopédie, avec l’aide d’une grande personne, ce que mange Salade. Est-ce qu’elle pourrait manger Juju ?

 

Il constate alors avec surprise que Salade est restée loin derrière. Pourquoi ?

 

Parce qu’à sa suite, elle a voulu passer elle aussi sous le fil électrique de la vitrine. Si sa tête a pu franchir l’obstacle sans problème, son corps est trop haut, et le fil s’est coincé juste entre la base de son cou et sa carapace ! La pauvre bête continue de marcher sur place en tirant pour s’arracher à ce piège.

 

« Ca alors ! Ce n’est sans doute pas la première fois que Salade se coince comme ça, pense Juju. Ce qui veut dire… » Juju se frappe le front de la paume de la main : il vient de résoudre le mystère de la vitrine à glaces !

 

Il grimpe alors sur la ballerine de la boulangère, fait le tour de sa cheville et se met à chatouiller Caroline pour attirer son attention. Et juste comme Juju l’espérait, le regard de la jeune femme tombe alors sur Salade au moment même où la tortue, à force de tirer, arrache le câble électrique de sa prise murale.

 

« Salade ! s’écrie Caroline qui en a oublié les chatouilles. C’est donc toi qui me faisais cette mauvaise plaisanterie ? Ma pauvre tortue, je n’ai pas pensé à toi quand j’ai branché la vitrine ! Il va me suffire d’accrocher le fil assez haut pour que tu puisses passer, et mes ennuis seront terminés. Quel soulagement ! »

 

La jeune femme est tellement contente qu’elle rit toute seule. Elle a pris Salade dans sa main et frotte son nez contre le bec de la tortue.

 

Juju est ravi d’avoir rendu son sourire à Caroline.

 

 

Impatient de faire à Benoît le compte-rendu de l’aventure, Juju se faufile dehors, sort le diamant de sa poche et le remue lentement sous le soleil pour signaler à Benoît qu’il attend son retour.

 

Quelques minutes plus tard, les deux garçons sont allongés dans l’herbe du petit jardin public en face de l’école.

Juju commence par raconter à Benoît comment sa course face à la tortue lui a permis de découvrir la solution du mystère de la vitrine.

« Bravo ! le félicite Benoît. Caroline va être tranquille maintenant. Et elle va continuer à faire ses glaces, en plus.

-        Mais ce n’est pas tout, j’ai appris d’autres choses pendant que j’étais caché. Par exemple, je crois que la maman des triplées est malade. Et ça a l’air grave.

-        La maman de Louise est malade ? La pauvre ! »

 

Juju sourit. S’il a une préférence pour Anna, apparemment c’est à Louise que Benoît pense en premier quand il entend parler des triplées.

 

Benoît s’est levé et marche en rond autour de Juju. Il a l’air de réfléchir tellement fort que Juju se demande si de la fumée ne va pas s’échapper de son crâne, comme dans les bandes dessinées.

Il s’arrête soudain et s’écrie :

«  Il faut qu’on l’aide à guérir !

-        Pardon ? s’étonne Juju qui ne s’attendait vraiment pas à ça.

-        Comment pouvons-nous faire ? Il faut trouver un médicament ! On va à la pharmacie ! Viens, je te mets dans ma poche ! On y va en vélo ! »

 

La tête de Benoît ne fait pas que fumer : elle va sûrement exploser.

 

« Benoît ! crie Juju aussi fort qu’il peut, assieds-toi et écoute-moi ! Moi aussi j’aimerais bien aider la maman des triplées. Mais même les docteurs ne savent pas ce qu’elle a. Pour savoir quel médicament il faut prendre, on doit d’abord savoir quelle maladie on a. C’est Maman qui me l’a dit. Ca s’appelle un diagnostic.

-        Un diagnostic ? répète Benoît qui s’est enfin arrêté de tourner.

-        Oui, c’est ce que le docteur fait quand il dit le nom de ta maladie.

-        Alors on ne peut rien faire ?

-        Je ne crois pas. C’est triste, mais c’est comme ça. »

 

Benoît se laisse tomber dans l’herbe en soupirant.

« Mon grand-père a été malade aussi l’année dernière. Les docteurs ne savaient pas non plus ce qu’il avait. Ils ont mis très longtemps à trouver et à le guérir. J’avais très peur pour lui et j’étais vraiment triste de le voir avoir mal.

Je voudrais que les triplées ne soient pas tristes comme ça. »

 

Juju pense alors à Maman. Elle est toujours là, forte. Elle le protège, le nourrit. Elle le câline et le fait rire. Elle lui apprend des choses et lui lit des histoires. Elle le soigne quand il s’est fait mal. Mais si elle était malade, elle aussi ? Très malade ? N’aurait-il pas envie que quelqu’un trouve le remède pour la guérir ?

 

« Ecoute, Benoît, continuons à penser à elle et peut-être que nous trouverons une solution.

-        D’accord, dit Benoît. Il ne faut pas oublier.

Et maintenant, raconte-moi ce que tu as entendu d’autre, à la boulangerie. 

-        Ah oui ! Quelque chose de très étrange est arrivé. Le vieux barbu m’a parlé ! »

 

Juju explique à son ami stupéfait la discussion entre le Vieux Barbu et Caroline, puis ce qui s’est déroulé lorsque la pièce est tombée.

 « Ce vieil artichaut connait Caroline ? s’étonne Benoît. Et il sait pour le bonbon !

-        Il faut aller lui parler ! Il peut peut-être m’aider à grandir ! Mais il faudrait déjà savoir où il habite, répond Juju.

-        Ca ne doit pas être loin : on le voit tout le temps dans le quartier. Nous allons parcourir toutes les rues à vélo, jusqu’à ce qu’on le trouve. »

 

Benoît se fige tout à coup, apparemment saisi par une idée importante :

« Peut-être que ce n’est pas une bonne chose d’aller le trouver. Peut-être qu’il sait ce qui t’est arrivé parce que c’est à cause de lui. Et si c’est lui qui fabrique les bonbons qui font rétrécir ? 

-        Impossible ! répond Juju. Jamais un ami de Caroline ne ferait ça.

-        Peut-être qu’il n’est pas vraiment son ami. Il lui a peut-être fait prendre un bonbon magique à elle aussi.

-        On pourrait poser la question à Caroline, lui demander comment elle le connaît.

-        Ca c’est une bonne idée ! s’exclame Benoît en attrapant Juju pour le mettre dans sa poche. Allons-y ! »

 

 Juju se rend compte avec surprise que sa tête dépasse de sa cachette. Ce n’était pas le cas quand les deux garçons ont fait le trajet vers la boulangerie ce matin.

«  Benoît, regarde, je crois que j’ai grandi ! 

-        C’est vrai ! constate Benoît. De plusieurs centimètres ! Maintenant tu as la taille d’un index de grande personne.

-        Je ne sais pas pourquoi, ni quand c’est arrivé. Peut-être que c’est l’herbe : j’étais allongé dessus.

-        Oui… dit Benoît qui n’a pas l’air très convaincu.

-        On verra plus tard. Allons voir Caroline. »

 

La poche du polo de Benoit mesure 7 centimètres. Quand les pieds de Juju repose au fond de la poche, sa tête dépasse de 2 centimètres. Combien de centimètres Juju mesure-t-il ?

Juste après avoir pris le bonbon, Juju mesurait 3 cm. De combien de centimètres a-t-il grandi depuis ?

 

Les deux garçons quittent le parc. Près de l’entrée, un jeune homme très agité marmonne tout seul et semble regarder quelque chose à ses pieds. Il porte des baskets et un jean et tient à la main une boîte de macarons.

« C’est Thomas, se souvient Juju. Je l’ai entendu à la boulangerie, il racontait qu’il avait rendez-vous avec son amoureuse. Il n’a pas l’air tranquille. Allons voir ce qui lui arrive ! »

 

Fin de l’épisode

 

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