Etienne - L'empire des limaces

Etienne

L’empire des limaces

 

 

« C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S’il se passe un truc moche, on boit pour essayer d’oublier ; s’il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s’il ne se passe rien, on boit pour qu’il se passe quelque chose. »

 

Charles Bukowski, Women

 

 

Tout le monde prétend que je suis asocial. Violaine, surtout. C’est ce qu’elle ne cessait de me répéter depuis que j’avais décroché ce putain de téléphone.

-      Mais merde, Etienne, t’es vraiment asocial ! Je me demande ce que tu fais de tes week-ends. Même les parents s’en inquiètent !

-      Ça dépend, mais ce soir j’avais envie de relire Lord Byron.

-      Qui ça ?

-      Cherche pas, tu connais pas.

-      Y a pas que la poésie, dans la vie. Surtout le samedi.

-      Qu’est-ce qu’on s’en fout, que ce soit samedi ! J’ai aucune envie d’aller au Galaxy.

-      Tu n’y es jamais allé ! s’indigna-t-elle. De tous les jeunes de la région, tu dois être le seul à n’y avoir jamais mis les pieds !

-      Mais ça m’emmerde, les boîtes.

-      Comment tu peux le savoir ? Tu vas passer ta soirée avec des poètes morts qui écrivent des trucs glauques sur la damnation éternelle pendant qu’on sera tous en train de faire la fête, c’est absurde.

Ma sœur n’a pas la fibre lyrique. Le seul livre qu’elle ait jamais ouvert, c’est Twilight, et à présent elle s’en servait pour caler le pied de sa commode.

-      Evidemment, toi, ce qui te bouleverse, c’est les chansons de Whitney Houston.

-      Pour une fois, viens avec nous ! insista-t-elle, ignorant le sarcasme. Passe au moins boire un verre.

-      Pourquoi ? Tes copines ne peuvent pas me blairer.

-      Mais je sors pas avec les filles du foot ! J’y vais avec Charlie, Gazou, Vanina…

-      Vanina ! Tu as conscience que cette fille voudrait te voir morte ?

-      N’importe quoi.

-      Bien sûr, tu couches juste avec son mec depuis des années !

Un bref silence.

-      C’est pas que ça te regarde, mais j’ai pas couché avec Mirko depuis plus d’un an. Et je te ferais remarquer que je suis pas la seule à le faire.

-      Voilà une façon charmante de négocier avec ta conscience !

-      C’est vraiment pas le sujet. De toute façon, je le saurais, si elle était au courant.

-      Tu me fais de la peine, Vio, soupirai-je. Un jour, tu te retourneras et elle t’enfoncera sa lime à ongles dans la carotide.

-      Tu racontes n’importe quoi. Et puis, il n’y a pas que Vanina qui va au Galaxy ce soir : Corentin, Félix et les autres y vont aussi. Et Lumi est revenue au Village.

Il me fallut quelques secondes pour assimiler ces derniers mots. Sujet, verbe, complément. Lumi est revenue au Village.

-      Comment ça ?

-      Oui, elle est arrivée hier. T’es pas au courant ? Oh, je suis bête, comment est-ce que tu pourrais être au courant, tu fréquentes personne !

Je poussai la pile de livres qui envahissait mon lit et m’y laissai choir. Mon exemplaire de Mein Kampf glissa et vint s’écraser sur le plancher.

Revoir Lumi. Lui parler, comme si de rien n’était. La questionner sur sa vie, son boulot, et les amours ça va ? Et tu restes longtemps ? Surréaliste.  

-      Tu l’as prévenue que tu voulais me proposer de vous accompagner ?

-      Non. Mais ça lui fera plaisir. Vous étiez inséparables, dans le temps.

-      Heu, j’en suis pas persuadé…

-      Mais si ! Elle m’a demandé comment tu allais.

-      Je préfère même pas savoir ce que tu lui as répondu.

-      Je t’assure, elle m’en voudra pas de t’avoir appelé.

Tu n’imagines même pas à quel point elle va t’en vouloir…

-      Je sais pas, ça fait un siècle qu’on s’est pas parlé.

-      Justement, c’est l’occasion. Elle s’est séparée de son mec, d’ailleurs, si ça t’intéresse.

-      Ça ne m’intéresse pas. Je vois vraiment pas pourquoi tu dis ça ! Y a jamais rien eu entre Lumi et moi, et tu le sais très bien.

-      Qui sait ? Un coup de foudre à retardement, ça existe. Je désespère de te trouver une copine un jour !

-      Personne ne te le demande. Je me débrouille très bien tout seul.

-      Me fais pas rire. Tu arrives à choper des meufs en leur tenant tes discours nazis ? Ou en leur récitant des poèmes sur la mort et la désolation ?

Lumi Saint-Just. Voilà des années que je n’avais pas pensé à elle. A l’encre de ma mémoire, elle n’était plus qu’un vieux polaroïd évoquant des craquements de pas dans la neige sur le chemin de l’école, des courses à vélo sous le soleil rasant du dimanche après-midi, une odeur de Nesquik en poudre, quelques victoires écrasantes au poker, l’amertume d’une bière volée à son père, un cynisme passionnément entretenu, un sourire toujours un peu distant, des boucles brunes indisciplinées, des mini-jupes qui affolaient les poivrots quand elle passait devant le bar avec un dédain sublime. Et un regard incandescent de froideur, des braises de glace qui m’appliquaient leur sentence au fer rouge, des larmes de rage qui perlaient à ses cils noirs. Si ma culpabilité avait des yeux, ce serait sans doute les yeux de Lumi à cet instant-là.

La revoir ? Faire table rase du passé ? En parler, ou taire le sujet ?

-      Etienne ?

-      Oui, je suis là.

-      Tu es certain de ne pas vouloir venir, alors ?

Je me passai distraitement la main sur le visage, une fois, puis une fois encore.

-      Ecoute, je réfléchis et je te rappelle, d’accord ?

-      Tu ne le feras pas.

-      Laisse-moi une heure. Au pire, je vous rejoindrai là-bas.

-      Cool. Ce sera un jour à marquer d’une pierre rose !

Les références culturelles de ma sœur sont pour moi des abysses de mystère.

-      Epargne-nous tes t-shirts de heavy-metal, OK ? Mets une chemise.

-      C’est quoi, une soirée à thème ? Genre, les bouseux se déguisent en VRP ? T’es au courant que la majorité des mecs qui sortent là-bas travaillent dans des laiteries ?

-      Bah disons que c’est devenu un peu plus classe qu’autrefois.

-      J’en frémis d’avance. Aucune chemise n’a jamais fait d’un connard un type classe. Ça fait juste un connard qui porte une chemise.

-      Bien, à tout à l’heure, mon poussin !

 

****

 

Une heure et demie après cet échange téléphonique, je me retrouvai à faire la queue devant les portes noires du Galaxy. Quelques ados déjà bien imbibés chancelaient devant moi en riant trop fort, sous l’œil impénétrable de deux colosses peu amènes qui montaient la garde. L’énorme enseigne toute de néon rose clignotait dans le ciel noir, et j’eus une pensée pour le Bates Motel de Psychose. J’envoyai rapidement un texto à Violaine, histoire de lui signifier que j’allais bientôt entrer en Enfer.

Une blonde (é)méchée remonta la file d’attente jusqu’à moi, affublée d’une robe blanche moulante assez semblable à la tenue portée par Milla Jovovich au début du Cinquième Elément. Je me fis la réflexion qu’elle devait offrir des marques de bronzage intéressantes.

-      Excuse-moi, tu as du feu, s’il te plait ? gazouilla la fille en m’adressant un sourire cimenté par le gloss.

-      Tiens.

Elle ne saisit pas le zippo que je lui tendais, mais resta là, cigarette aux lèvres, la tête légèrement inclinée, à attendre que je la lui allume directement. Le genre d’attitude supposée envoyer un message au mec en face, histoire de lui faire comprendre qu’elle est en plein lâché de phéromones.

-      Merci. T’es tout seul ?

Casse-toi.

-      Non, je rejoins des potes à l’intérieur.

-      Ah ouais, c’est cool, s’exalta-t-elle. Moi aussi je suis venue avec des potes !

Captivant.

-      On pourra peut-être boire un coup, quand on sera dedans, si ça te dit. Je m’appelle Aurélia.

Je la sentais à deux doigts de poser sa main sur mon épaule.

-      Tu m’en vois ravi.

Elle jeta un coup d’œil derrière elle, probablement à ses amis qui étaient restés à leur place dans la file, mais n’avait apparemment pas pour projet de retourner là-bas.

-      C’est la première fois que je te vois ici. Tu viens d’où ?

Pitié, qu’elle s’étouffe.

-      Dis-moi, tu préfères que je te cale des doigts quand on sera au bar, ou on saute cette étape et je te baise directement dans les chiottes ?

La surprise lui agrandit les yeux, puis elle se composa un air méprisant magnifié par le fond de teint.

-      Quoi ? Nan mais t’es malade, en fait ! s’offusqua-t-elle. Ça va, laisse-moi tranquille ! Connard !

Elle fit volte-face, m’abandonnant à une exquise solitude.

J’arrivai bientôt devant les videurs, qui fouillèrent mon perfecto à la recherche d’une hypothétique bouteille d’alcool, ou d’un cran d’arrêt, peut être. J’avais fait un effort afin de ne pas contrarier Violaine et portais un t-shirt noir uni. Je la vis en haut des marches de l’entrée, qui agitait la main dans ma direction.

-      Putain, j’y crois pas, tu es VENUUUU!! hurla-t-elle pour couvrir les cavalcades de la techno, manifestement déjà saoule.

Violaine a toujours eu l’alcool enthousiaste. De toute façon, même sobre, elle trouve souvent une bonne raison de s’enthousiasmer.

-      Viens, les autres sont dedans !

Et, me prenant par la main, elle poussa une porte à double-battant et m’entraîna dans la salle principale. Une vague de chaleur déferla sur mon visage, charriant la transpiration de centaines d’individus, en même temps que les basses vinrent se loger dans mon sternum, me soulevant le cœur. Nous nous frayâmes un chemin dans la foule, massée dans une fosse en forme de U encadrée par de hauts piliers peints en bleu métallisé. De nombreuses filles coincées dans de petites robes noires parfaitement interchangeables, luisantes de sueur, se trémoussaient à l’instar de limaces éméchées entre les mâles en rut qui naviguaient de l’une à l’autre dans l’espoir d’en séduire une, n’importe laquelle. L’empire des limaces s’étendait jusqu’à la cabine du DJ, silhouette imprécise dans un brouillard de fumigènes bariolés, se détachant sur un immense écran sur lequel ondulaient des nébuleuses virtuelles, comme une fenêtre ouverte sur le cosmos. Aux quatre coins de la salle, sur des podiums recouverts de grandes bulles de plastique, les corps dénudés de jeunes strip-teaseuses s’abandonnaient à une sarabande lascive. Des étoiles multicolores en fer torsadé, garnies de stroboscopes, se balançaient au plafond. Il paraît qu’on appelle ça de l’art contemporain, ou quelque chose d’approchant.

-      Je crois que j’ai besoin d’un verre.

-      QUOI ??

-      UN VERRE !!

Nous contournâmes la fosse pour rejoindre, en hauteur, les canapés de ce que je devinai être le carré VIP. Ça avait quelque chose d’assez humiliant de se savoir VIP dans un endroit pareil… Rassemblés autour d’une table basse ovale encombrée par un grand seau à glaçons, les amis de Violaine picolaient en essayant d’avoir une conversation en dépit de la cacophonie générale.

-      Heeeeeey !! m’accueillit Félix, un type robuste avec un grand nez semblable à un bec de toucan – en effet, il portait une chemise.

-      Salut, les gars.

-      Un whisky pour mon ami Etienne ! Tu bois toujours du whisky ?

Inutile de lui faire remarquer qu’on ne s’adressait guère la parole depuis le collège. Ni que je ne buvais pas de whisky.

-      Merci. Pas de coca, ça ira. Pas de glace, non-plus.

-      Tu devrais, il fait cinquante degrés ici !

Les gouttes de sueur qui ornaient son tarin comme des perles de culture parlaient d’elles-mêmes.

Je jetai un coup d’œil périphérique sur les canapés : Corentin qui cherchait une ouverture avec la grosse Julia, ce prestidigitateur de Charlie occupé à faire disparaître la tequila avec un sourire entendu, Vanina en pleine discussion existentielle avec Valentine, deux types que je ne connaissais pas qui s’esclaffaient en se tapant dans le dos, mon cousin Gazou sirotant un jus d’abricot, mais pas de Lumi. Mirko n’était pas là non-plus, je ne me rappelais plus si ma sœur m’avait dit qu’il viendrait. Violaine, le visage fendu d’un sourire enfantin, promenait sur la foule un regard conquis.

Gazou se décala pour que je puisse m’asseoir. De près, je pouvais percevoir sa détresse. Il est un peu comme moi, il ne sait pas s’amuser. Mais pas pour les mêmes raisons. 

-      Ça va ?

-      Je survis.

On vit une époque où tout le monde peut se découvrir une pathologie mentale. On se diagnostique une dépression à chaque larme versée, on voit des schizophrènes à tous les coins de rue, chacun se croit bipolaire ou soupçonne son voisin qui ne dit jamais bonjour d’avoir le syndrome d’Asperger, les enfants sont tous hyperactifs et les filles s’imaginent sortir avec un pervers narcissique chaque fois qu’elles tombent sur un enfoiré. A mon sens, le monde n’a simplement pas encore percuté qu’être humain est déjà une maladie en soi.

Au milieu de toute cette agitation comportementale, où Tartempion se découvre des velléités meurtrières et des pulsions nécrophiles, Gazou est une sorte de saint nimbé d’une aura d’équilibre psychique, respirant la bonne santé cérébrale, un phare de perfection morale dans la nuit de nos âmes tourmentées. Il est très certainement le meilleur d’entre nous, et pour cette raison il a souvent tendance à passer pour un ahuri. Vous imaginez, un végétarien dans une famille de chasseurs ? Un garçon qui ne boit pas d’alcool dans un patelin où le pastis est considéré comme un élixir de jouvence ? Un type qui fait du yoga ?

-      Je suis pas sûr qu’il soit bio, ton jus d’abricot.

-      Il ne l’est pas, confirma-t-il avec un sourire sacrificiel.

-      Vanina ?

L’intéressée tourna la tête vers moi.

-      Mirko n’est pas là ?

-      Non.

-      Pourquoi ?

-      Il avait des trucs à faire, fit-elle d’un air évasif.

Je ne pus retenir un sourire caustique.

-      Sacré Mirko. Comment elle s’appelle ?

-      Qui ?

-      Le truc à faire.

-      Va te faire foutre, Etienne !

-      Tu as raison de t’aérer un peu. J’imagine qu’être la vendeuse de parfums la plus cocue de la région n’est pas un statut particulièrement reposant.

Elle haussa un sourcil chargé de morgue, la bouche pincée.

-      Tu sais quoi ? Retourne donc boire du sang dans ta tanière !

Sur ces mots, elle se détourna de moi avec un mouvement de chevelure qui se voulait condescendant.

-      Où est Lumi ?

-      Elle parle avec Béryl. Elle va commencer son show dans pas longtemps.

-      Son show ?

-      Oui, Béryl travaille ici. Elle fait du strip-tease.

Mon Dieu.

-      Je me demande bien qui pourrait avoir envie de voir cette nana à poil.

-      Des tas de gens, apparemment.

-      Il n’y a donc personne qui trouve grâce à tes yeux ? observa mon cousin.

-      Non, il méprise le monde entier, renchérit Violaine.

-      Seulement une grande partie.

-      Bon, vous faites ce que vous voulez, les coincés du cul, mais moi je vais danser !

Le DJ passait un remix de Lana Del Rey ; je subodorais qu’il ne fallait pas rater ça…

J’avisai le whisky dégueulasse que Félix m’avait servi : il me faudrait bien plus que ça pour supporter une telle soirée.

-      Je te suis, je vais prendre un verre au bar.

Elle m’attrapa le bras et se jeta dans la foule.

Il ne me fallut pas longtemps pour repérer le profil de Béryl sous une perruque bleu électrique à la frange façon Crazy Horse. D’épais faux-cils pailletés lui mangeaient les yeux, qu’elle a noirs et enfoncés.

-      Viens, les filles sont là ! BERYL !!!

L’interpellée, toute en ossature saillante et tatouages pénétrants de spiritualité, nous gratifia d’un sourire que rendaient vaguement bizarre les quatre piercings qui le décoraient. Elle s’arracha au comptoir, révélant un corset blanc à rayures noires pourvu de porte-jarretelles et de bas-résilles. Franchement, on aurait dit un travelo.

-      Salut, toi ! s’écria-t-elle d’une voix que le speed rendait aérienne. C’est un peu ton dépucelage, alors, ce soir ? Prends un verre, c’est moi qui régale !

J’ignore pourquoi, mais Béryl m’aime bien. Elle s’imagine probablement qu’inspirant l’un comme l’autre la méfiance aux gens du Village, nous sommes un peu les complices d’un même opprobre. Sauf que, si beaucoup la jugent peu fréquentable, étrange, embarrassante, c’est pour sa dégaine de lesbienne androgyne charcutée par divers morceaux de titane, sa consommation frénétique d’amphétamines depuis le lycée et son penchant pour les plans à trois bruyants toutes fenêtres ouvertes – ah, et à présent, pour sa nouvelle profession. Ce n’est pas exactement le genre de singularités qu’on me reproche.

-      Regarde qui est là !

Lumi, accoudée au bar, se tourna vers moi. Un laser vert fluo passa sur son visage, me masquant son expression immédiate. Elle me dévisageait silencieusement en déchiquetant sa paille avec les dents, ses cheveux d’onyx relevés sur la nuque en un chignon improvisé.

Poussé par Violaine, je vins m’écraser contre le comptoir à côté d’elle. J’hésitai à lui faire la bise, mais son regard me suppliait de ne pas le faire.

-      Heu… salut, Lumi.

Ses yeux se posèrent sur un point invisible au milieu de mon t-shirt, puis glissèrent jusqu’à mon visage.

-      Salut, Etienne.

-      Ça me fait plaisir de te voir, débitai-je mécaniquement. Je m’y attendais pas.

Etait-ce un mensonge ? En cet instant, je ne le savais pas moi-même.

-      Je t’avouerais que moi non-plus.

Elle s’empara de la bouteille de gin à proximité et se servit une bonne rasade.

-      Tu aimes toujours le gin ?

-      Toujours.

-      Donne-moi ton verre.

-      Y a du whisky dedans, je sais pas comment m’en débarrasser.

Elle me prit le verre des mains, le vida sans plus de cérémonie sur le sol, y jeta un glaçon et le remplit à nouveau avant de le poser devant moi.

-      Est-ce qu’on trinque ? hasardai-je en m’autorisant un sourire.

-      A quoi pourrait-on trinquer ? répliqua-t-elle.

-      A ton retour ?

-      Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir.

Elle jeta sa paille dans le seau à glaçons et but son gin pur d’une traite. 

-      Tu n’as rien perdu de ton endurance.

-      Elle s’est améliorée, je dirais.

-      C’est ton côté croate, je suppose.

-      Non, c’est mon côté alcoolique.

-      Bon, je vais aller bosser, nous informa Béryl en s’insérant entre nous. Si vous voulez boire quelque chose, demandez à Matt, on se retrouve plus tard. Dans tous les cas, Lumi, pense à ce que je t’ai dit. Et appelle-moi mardi quand tu l’auras vue !

Et, sur ces paroles énigmatiques, elle disparut dans l’obscurité de la salle.

Ma sœur agrippa le bras de Lumi, fébrile.

-      TU VIEEEENS ?! On va danser !

-      J’arrive.

Son regard heurta le mien une dernière fois, puis elle pivota et disparut à son tour, Violaine sur ses talons.

Ça ne s’est pas trop mal passé, finalement…

Charlie se matérialisa à côté de moi.

-      Comment se passe ta soirée ? questionna-t-il avec entrain.

-      Je supplie la Mort de venir, mais elle est coincée dans les bouchons.

-      C’est pas de chance.

Je remarquai soudain la péronnelle suspendue à son bras. Robe noire décolletée, tie and dye cuivré, petit nez en trompette. Glamoureuse banalité.

-      Tu m’as l’air en bonne compagnie.

-      Il faut bien que le corps exulte.

-      Sans doute.

J’ai toujours apprécié Charlie Savignoni. C’était même un ami, à l’époque. Un des rares autochtones à ne pas être un imbécile heureux, comme ma sœur, Félix, et beaucoup d’autres.

-      Quels sont tes projets pour détruire le monde ?

-      Le monde n’a pas besoin de moi pour se détruire.

-      Certes, mais je suis sûr que tu pourrais accélérer le processus.

-      Et toi, toujours magicien ?

-      Illusionniste, s’il te plait.

-      Les illusions se vendent bien ?

-      Je me démerde pas trop mal. Comment va Baudelaire ?

-      Toujours mort, hélas.

-      C’est triste.

-      Ta copine doit avoir soif.

-      C’est vrai, je manque à tous mes devoirs ! Hé, ma belle, tu veux boire quelque chose ?

-      Plus tard. Je vais retrouver mes copines devant, annonça l’inconnue en me jetant un regard intrigué.

Elle déposa un baiser qui faisait office de veto sur la bouche espiègle de Charlie et s’éloigna.

-      Tu as vu Lumi ?

-      J’ai eu ce plaisir, oui.

-      Nous voilà tous réunis, alors, souligna-t-il avec une étincelle joviale dans les yeux. Mirko, Lumi, toi et moi. Comme au bon vieux temps !

-      Milady et ses trois mousquetaires.

Juliette, la défunte mère de Charlie, nous appelait toujours ainsi.

-      On n’a pas de D’Artagnan, remarqua-t-il.

-      On n’en a jamais eu réellement besoin.

Il resta un moment à m’observer en pianotant sur le bar du bout des doigts.

-      C’est dommage que tu ne descendes plus au Village.

-      Dommage pour qui ?

Depuis cinq ans, je louais un mas isolé à quelques kilomètres et dans la mesure où je travaillais à Saint-Aymar, je n’avais pas de raison particulière de venir me promener au bercail, à part pour aller bouffer de temps à autre chez mes parents.

-      J’en déduis qu’on ne te manque pas plus que ça.

Je haussai les épaules.

-      Je t’avouerais que je ne me pose pas souvent la question. C’est plus comme avant, on a grandi, faut l’accepter.

-      C’est moche de grandir.

-      Est-ce qu’on a vraiment le choix ?

-      Evidemment !

-      C’est vrai que les tours de magie, ça vous maintient en enfance.

-      Alors que la poésie et la mécanique, ce sont des sujets sérieux !

Il escamota un verre à shot et le fit tranquillement réapparaître à ma gauche, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

-      Tu aurais pu le remplir.

-      Tu as le droit de vieillir, Etienne, mais vieillir seul, c’est encore plus moche que de grandir.

-      Je suis le veuf, le ténébreux, l’inconsolé

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie

Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Charlie éclata de rire et, levant son verre dans ma direction :

-      Tu as toujours su trouver les mots adéquats !

-      J’aimerais bien, mais ce ne sont pas mes mots à moi.

-      C’est pareil. Rassure-toi, personne ne sait qui a écrit ça !

-      Gérard de Nerval.

-      Encore un type qui savait se fendre la gueule.

 

****

 

Deux heures plus tard, asphyxié par les fumigènes et les sens troublés par le gin, je trouvai le chemin du patio aménagé à l’arrière de la boîte. Une quarantaine de personnes s’y était rassemblée pour fumer, tandis que les esprits enivrés s’échauffaient et qu’éclatait un début de baston. Je m’adossai à un pilier en retrait et dégainai mes propres cigarettes, savourant le spectacle avant que la sécurité n’interrompisse les festivités : j’adore regarder les rixes de saloon entre mecs bourrés, ça me conforte dans mon idée que les humains ne sont que des primates qui se croient plus malins que les autres sous prétexte qu’ils ont inventé des engins sophistiqués pour s’entretuer, mais en fin de compte il suffit d’un mojito de trop pour que l’instinct animal reprenne ses droits et qu’on oublie toute bienséance. C’est sûr que les duels à l’épée aux premières lueurs de l’aube, ça avait un peu plus de gueule…

Vanité, tout est vanité.

Quand je commence à avoir la Bible en tête, c’est généralement qu’il est temps pour moi de tirer ma révérence.

Les modulations caractéristiques du vomissement m’avertirent que quelqu’un dégueulait ses tripes derrière moi. Je m’écartai du pilier et découvris Lumi, accroupie sur le sol, les mains posées à plat, sa robe retroussée jusqu’à l’aine, culotte apparente, le chignon défait qui pendait tristement sur le côté.

-      Belle performance, Milady.

Elle leva vers moi un œil vitreux. Ce coin du patio était mal éclairé, je distinguais difficilement son visage. Seuls ses yeux brillaient d’un éclat imprécis. Lumi a des yeux bleus qui se donnent beaucoup de mal pour avoir l’air d’être noirs.

-      Putain de merde, Etienne. Tire-toi !

Je m’accroupis près d’elle, ignorant l’odeur nauséabonde qui s’élevait de la flaque de vomi à mes pieds. Son mascara avait coulé, lui donnant des faux airs de raton-laveur.

-      Tu sais, à force de tenter de noyer ses soucis dans l’alcool, ils finissent parfois par apprendre à nager…

-      Fous-moi la paix.

-      Certainement pas. Tu t’es vue ?

Désinhibé par tout le gin consommé, je m’enhardis à écarter les boucles raidies par la transpiration qui dégoulinaient sur son visage. Elle me laissa faire, inexpressive, cependant que j’ôtai les cheveux collés à ses lèvres.

-      Tu veux aller te rincer la bouche ?

-      Non.

-      Relève-toi, t’as le cul à l’air.

-      C’est mon cul, j’en fais ce que je veux, renâcla-t-elle.

-      Tout le monde le voit.

-      M’en fous.

Je soupirai. J’ai toujours trouvé ça vulgaire, une fille qui boit.

-      C’est donc ça, ce que les féministes appellent votre « droit fondamental à disposer de votre corps » ?

Elle émit un rire amer, légèrement granuleux.

-      Tu me trouves pathétique, pas vrai ?

-      Un peu, oui.

-      Je te comprends. T’as une clope ?

-      Oui, si tu racles le fond du tiroir de ta dignité et que tu te relèves. 

-      Aide-moi.

Magnanime, je lui passai mon bras autour de la taille et la remis sur ses pieds. Elle chancela, s’agrippa brièvement à moi puis se dégagea vivement comme si elle s’était brûlée.

-      Tu devrais boire un verre d’eau.

-      J’ai pas quatre ans, merci.

Elle se laissa aller contre le pilier, fourragea dans le désordre de ses cheveux. Je lui tendis une clope qu’elle alluma d’une main hésitante. Le briquet projetait une lueur rougeoyante sur son visage, illuminant les larmes qui séchaient sur ses joues. La caresse du feu.

-      C’est si difficile que ça, de revenir ?

-      J’ai l’impression, ouais.

Elle évitait mon regard.

-      Pourquoi t’es revenue, alors ?

-      Problèmes de fric. Problèmes d’appart. Problèmes de mec.

-      C’est une bonne raison.

-      Et toi ? Pourquoi t’es jamais parti ? Tu détestes tout le monde, ici.

-      J’ai mon boulot, je peux pas le lâcher comme ça. Et toute ma famille vit au Village. Puis je suis bien, ici, pourquoi je partirais ?

-      Tu parles ! T’as pas de couilles, c’est tout.

Lumi a l’ivresse provocatrice. Elle se serait fait défoncer la gueule à moult reprises s’il n’y avait eu Mirko dans les environs pour limiter la casse.

-      Tu es charmante quand tu es bourrée.

-      T’as encore rien vu.

-      T’es venue avec ta voiture ?

-      Non, j’en n’ai plus. C’est Charlie qui m’a emmenée.

-      Finis ta clope, je te ramène.

Elle recracha la fumée avec un sourire railleur.

-      Tu plaisantes, non ? Tu passeras jamais l’éthylotest.

-      Non, mais mon père est flic.

-      Ah oui, c’est vrai.

-      Faut bien que j’en tire quelques avantages. Et on n’est pas en ville, ici. On connait tous les chemins de traverse pour esquiver les condés, t’as oublié ?

-      Je conduisais pas, à l’époque.

-      Et vu ce que tu te mets, c’est une chance que tu n’aies plus de voiture !

-      Je t’emmerde.

-      Viens, on y va.

-      J’ai jamais dit que je voulais rentrer avec toi.

-      Fais pas chier, Lumi, je vais pas te bouffer ! Tu seras bien mieux dans ton lit.

Elle laissa tomber son mégot par terre, considéra un instant les fêtards qui gravitaient dans le patio, puis capitula :

-      OK, ça va, je te suis.

Ravi d’avoir un prétexte pour quitter le Galaxy, je me mis en quête d’un visage familier et finis par tomber sur Gazou, sobre comme une bouteille de Cristalline.

-      On rentre, OK ? Je la ramène avant qu’elle gerbe ses boyaux sur un videur !

-      Je t’ai entendu.

-      Va chercher ton sac aux vestiaires, je te rejoins dehors.

Lumi cligna des yeux comme si elle n’était pas sûre de savoir où se trouvaient les vestiaires, mais m’obéit en titubant sur ses semelles compensées.

-      Vous rentrez tous les deux ? s’enquit Gazou, juste assez suspicieux pour attiser mon sadisme – Gazou avait été amoureux de Lumi des années durant, et quelque chose me faisait croire que c’était encore le cas.

-      Oui, je vais la border.

-      Comment ça ?

-      Ben, tu vois ce que je veux dire… m’amusai-je en étayant mon propos d’un clin d’œil.

-      J’espère que tu n’es pas sérieux, s’indigna-t-il de ce ton moralisateur qu’il se plait à employer. Elle est ivre morte !

-      J’en suis conscient. Tu veux que je te ramène aussi ? Tu pourras tenter ta chance à l’arrière de ma voiture, je suis sûr qu’elle résistera pas très longtemps...

Il tressaillit.

-      Ce n’est vraiment pas drôle, Etienne.

-      Détends-toi, je rigole. Je voulais pas offenser tes principes. Mais sérieusement, tu veux pas nous suivre ? Tu subis cette soirée autant que moi.

-      En effet. Mais je dois reconduire ta sœur et Vanina.

-      Bonne chance ! Elles vont s’entretuer sur tes sièges en cuir.

-      Je crois pas, elles sont en train de danser comme des folles en se faisant des câlins, fit-il en se grattant la tête d’un air perplexe.

-      Haha, la célèbre solidarité féminine ! Bon, tu diras aux autres qu’on a levé le camp. Et ne t’en fais pas, je la dépose au Manoir, je la couche et je rentre chez moi. Même si elle me supplie, je te promets que je ne lui toucherai même pas les seins.

-      T’es un monstre. Bonne nuit.

Je parvins tant bien que mal à atteindre la sortie. La fille qui m’avait alpagué au début de la soirée, celle qui portait une robe qui lui donnait l’air d’un rôti content de jouer dans un film de science-fiction, embrassait goulûment un énième garçon en chemise avec autant de conviction que si elle avait perdu sa carte vitale au fond de sa gorge. J’aperçus Béryl dans une des sphères transparentes, à présent vêtue d’un simple string noir, accroupie sur des talons hauts, jambes largement écartées. Un sourire crispé par trop d’amphétamines sur le visage, elle se caressait lentement le corps avec le goulot d’une bouteille de champagne, dont ses seins minuscules aux tétons percés semblaient maculés. Le liquide formait des auréoles scintillantes sur les tatouages de son ventre. Je vis un type scotché à la paroi de la bulle frôler la syncope quand elle passa la bouteille dans l’élastique de son string et entreprit de la frotter contre son vagin.

On touche le fond, là.

Vaguement nauséeux, je quittai enfin la boîte. Lumi, furibonde, était à genoux dans les graviers, en train de ramasser le contenu de son sac à main qui s’était éparpillé sur le sol, tandis que les gorilles du staff de sécu aboyaient de rire.

-      Ces fils de pute m’ont traitée de pétasse parisienne ! s’indigna-t-elle en agitant son trousseau de clés avec l’énergie du désespoir.

-      Ils ne sont sans doute pas très calés en géographie.

-      Est-ce que je suis une pétasse, Etienne ?

-      Ce qui est sûr, c’est que tu n’es pas parisienne. Tu leur as dit quoi pour les énerver ?

-      Rien du tout !

-      Peu importe. Viens, on rentre.

Je fus contraint de l’aider à se relever une seconde fois et de la tirer vers le parking.

-      Hé, ça va, t’es pas obligé de me tordre le bras !

-      T’es pas en sucre, si ? Dépêche-toi.

Nous atteignîmes rapidement ma 308. Elle jeta son sac sur la banquette arrière, se délesta de ses chaussures et s’enfonça dans le siège, les jambes étendues sur le tableau de bord.

-      Tu te crois au Club Med ?

-      T’as voulu me ramener, à tes risques et périls, persifla-t-elle d’une voix pâteuse en se servant de sa veste en jean comme d’une couverture.

-      Fais pas ta sale gosse. T’es bien trop distinguée pour être crédible.

-      J’ai pas l’impression d’avoir été particulièrement distinguée ces dernières heures.

-      Je veux bien l’admettre.

D’humeur circonspecte, j’empruntai une petite route qui traversait les sous-bois sur plusieurs kilomètres. La lumière des phares léchait les feuillages emmêlés au dessus de nous, avalant le goudron défoncé de la chaussée. La radio crachait Electric Eye de Judas Priest et Lumi gardait les paupières closes.

-      T’as pas un autre CD ? Le métal, ça me rappelle trop mon ex.

-      Je te mettrais bien Magic System, mais je crains de ne pas en avoir sur moi.

-      Ce que tu peux avoir l’esprit étroit… ronchonna-t-elle. Vous êtes tous pareils, les métaleux : persuadés de détenir la vérité absolue en matière de musique. Comme si Satan vous avait confié un secret !

-      Quel cliché !

-      Le métal, c’est quand même bourré de clichés, non ?

-      Je ne m’aventurerai pas à débattre là-dessus avec toi. Tu devrais dormir.

-      T’as raison, je dors.

-      Hé bien vas-y.

Malheureusement, cinq minutes plus tard, elle geignit :

-      Putain, Megadeth, ça va pas être possible...

-      Pourquoi ?

-      Parce que je vais vomir dans ta boîte à gants si je suis obligée d’écouter du Megadeth.

Je soupirai, passablement agacé.

-      Je suppose que ton ex devait être un grand fan.

-      Il m’en faisait bouffer tous les jours au petit déj’.

-      T’as du mal à vivre avec tes souvenirs, hein ?

-      Parce que toi, tu arrives à vivre avec les tiens ?

Une terreur glacée sursauta dans ma poitrine, et se déploya insidieusement dans mes veines.

-      Je m’y efforce, comme tout le monde.

-      Ça se saurait, si t’étais comme tout le monde.

Je coulai un rapide coup d’œil vers elle : elle avait laissé aller sa tête contre la vitre, et ne me regardait pas.

-      Depuis le début, tu te demandes si je vais en parler, pas vrai ? lâcha-t-elle enfin. Ça te rend nerveux.

-      Je suis pas nerveux, répliquai-je un peu nerveusement.

-      Bien sûr que si.

Silence.

-      Lumi, ce que tu crois avoir vu…

-      Je sais parfaitement ce que j’ai vu.

-      Comment tu peux en être certaine ? Tu étais encore plus saoule que ce soir !

-      Ne te fous pas de ma gueule, Etienne.

-      Mais merde, c’était il y a six ans !

-      Ça change quelque chose à la gravité du truc ?

-      Tu ne m’as jamais laissé l’occasion de t’expliquer.

-      Et j’ai pas l’intention de te la laisser maintenant.

Le reste du trajet se passa dans un silence marmoréen, exception faite du ronronnement de la radio.

-      Mademoiselle Cirrhose est arrivée à destination.

Ma passagère se frotta les yeux, attrapa son sac d’une main, ses chaussures de l’autre, et sauta de ma voiture.

-      Merci, grinça-t-elle comme si ça lui écorchait la langue.

-      Tout le plaisir était pour moi. Je vais pouvoir dormir tranquille en te sachant en lieu sûr.

-      N’en fais pas trop.

Elle claqua la portière et contourna ma voiture jusqu’aux grilles du Manoir. Je la regardai déverrouiller le battant en s’y prenant à deux fois, puis s’éloigner dans l’obscurité du jardin, pieds-nus, sa veste jetée en travers de son épaule. Elle ne se retourna pas.

C’est le moment opportun que choisit Lamartine pour intervenir :

 

En vain, dans ce désert aride,

Sous nos pas tout s’est effacé !

Viens ! où l’éternité réside,

On retrouve jusqu’au passé !

Là, sont nos rêves pleins de charmes,

Et nos adieux remplis de larmes,

Nos vœux et nos espoirs perdus !

Là, refleuriront nos jeunesses ;

Et les objets de nos tristesses

A nos regrets seront rendus !

 

 

 

 

 

 

 

 

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Keina
Posté le 14/03/2019
Oh là là, encore un personnage que je n'ai pas vu venir, et qui me laisse en pleine confusion. Etienne, je l'aime bien ? Je l'aime pas ? J'en sais rien ! En même temps, c'est un métalleux, et en général les métalleux sont des gens biens (du moins tous ceux que je connais autour de moi), mais lui il a quand même un exemplaire de Mein Kempf chez lui, et ses délires à la Baudelaire sur l'indigence de la condition humaine ne me le rendent pas hyper sympathique...
Et il y a ce secret qu'il semble partager avec Lumi... il s'est passé un truc, six ans plus tôt, j'en étais sûre ! Mais quoi ? Le mystère s'épaissit... En tout cas, l'intrigue semble clairement tourner autour de Lumia et de ses "trois mousquetaires" comme tu dis. Ça m'intrigue, ça m'intrigue !
À bientôt pour la suite ! Je vais être très malheureuse quand je n'aurais plus de chapitres à dévorer, je te préviens tout de suite ! ^^
Loulou
Posté le 14/03/2019
Etienne te laisse perplexe? Tant mieux! :D 
Je vais te faire un aveu: j'ai déjà treize autres chapitres en stock, mais je les poste au fur et à mesure. Ce sera une histoire assez longue, j'espère que ce ne sera pas trop indigeste...
A très vite! 
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