(Éveil)

Le lendemain matin chez Liam.

Le jour pénètre lentement dans la chambre de Yann. Le soleil tiédit sa tignasse rousse, faisant briller une mèche collé sur son front par la sueur de la veille. Il ouvre un œil. Son nez se débouche.

- Les draps sentent toujours bon ici, remarque-t-il.

Son mal de tête a presque totalement disparu, il se sent vidé. Ses mains continuent de trembler, et elles ne sont pas les seules parties de son corps à être dans cet état. La fenêtre est entre ouverte, un léger petit vent soulève le rideau, il frisonne.

- Où est passé le reste de mes vêtements ? s'interroge-t-il quand il se découvre en boxer.

En bas, il y a un bruit de vaisselle. Il essaie de s'assoir, de suite, les murs se mettent à tourner. Il laisse sa tête retomber mollement sur l'oreiller de plume. Sa table de nuit est envahie de médicaments, il ignore quand ils sont arrivés là. Une légère sueur coule le long de son cou, son cœur s'emballe un instant. Son palet est gonflé, les parois de sa gorge aussi, il a un peu de mal à avaler sa salive, c'est désagréable, douloureux.

- Mais enfin qu'est ce que j'ai ? Et quel jour sommes-nous ?  

On toc doucement à la porte déjà entre-ouverte, Liam se présente avec un plateau de petit-déjeuner.

- Tu émerges enfin ! Est-ce que tu as faim ?

Yann ne comprend pas pourquoi il a l'impression subitement d'être en sécurité en sa présence. Le sourire de Liam est radieux, il illumine tout son visage même si cela n'efface pas les traces des cernes qu'il a sous les yeux, Yann le devine fatigué. Et en effet, il est las et bien qu'il fasse bonne figure, les dernières vingt quatre heures l'ont éprouvées. Se cognent en lui un mélange d'émotions contradictoires, d'un côté il regrette la fin de la proximité physique qu'il a pu se permettre toute cette nuit passée auprès du malade, d'un autre il est rassuré, bien entendu, de le savoir sorti d'affaire.

- Je ne suis pas aussi doué que toi pour préparer le chocolat, j'espère que ça t'ira.

- Tu as l'air épuisé chéri.

- Haha, ça te va bien de dire ça, tu t'es vu ?

Liam dépose le plateau sur la table basse, referme la fenêtre et s'assoit d'autorité sur le rebord du lit. Sa main se pose, chaude sur le front moite de Yann, celui-ci trésaille.

Liam a raison, Yann est assez mal placé pour juger de la fatigue de son hôte, il a lui-même l'air d'avoir fondu. Le blond est attendri par sa bouille d'ange, avec son corps fin, perdu au milieu de la literie, il ressemble à une mante religieuse fragile.

- D'où viennent tous ces médicaments ? se renseigne le malade.

- Ce sont ceux que le docteur t'a prescrit pardi. Tu crois que je tente de t'empoisonner ? Ne fais pas cette tête là.

- Le docteur est venu ?

- Ma parole tu ne te souviens de rien ?

Il répond, silencieux, par la négative d'un simple hochement de tête.

- En rentrant samedi soir tu t'es mis à délirer, tu m'as affolé. J'ai appelé un médecin de nuit, je ne me voyais pas te transporter jusqu'à l'hôpital dans cet état. Les urgences c'est toujours très long en plus.

- Tu as payé le docteur ?

- J'ai avancé les frais, ne t'inquiète pas de ça. Aller mange !

Yann a les yeux brillants des malades et le teint translucide, les cheveux courts décoiffés collent sur le tour de sa tête et ses lèvres sont blanches, pourtant : - Putain qu'est-ce qu'il est beau !

Même ainsi après avoir sué sang et eau, il reste une vraie merveille à admirer. Et quand Yann s'étire tel un chat, laissant apparaître se corps à demi-nu sur le lit, sa sensualité naturelle cause aussitôt en Liam un désire presque incontrôlable.

Il se penche inexorablement attiré, se retient malgré tout avec tout le mal du monde et se contente de simplement déposer un baisé soft sur le front du soufrant. Qui lui, est plutôt désorienté par la situation.

-  Est-ce que j'aurais loupé un épisode ?  

Le blond un peu confus s'éloigne aussitôt.

- Qu'est-ce que c'est ?

Le nouveau pansement impeccable que Liam porte à sa main l'interpelle.

- On m'a arrangé ça mardi aux urgences des grands brulés.

Yann ouvre la bouche, reste coi. La brûlure n'est toujours pas guérie ?

- Aller dépêche-toi, les prises de médicaments ne doivent pas être trop rapprochées et tu as besoin d'avoir un truc dans le ventre.

- Mardi, mais on est quel jour ?

- Mercredi matin, hé oui tu as dormi comme un loir.

Il se redresse, interloqué.

- Mercredi ! Mais... et tu es resté avec moi ?

- Marie a passé tout le mardi à te tenir compagnie.

- Marie ?

- Ha haha si tu voyais ta tête ! Tu as de vrais amis ! Tout le monde a appelé pour prendre de tes nouvelles.

- Ha oui ?

- Oui, et... Gabriel est même venu jusqu'ici.

Liam a hésité à lui lâcher cette dernière information. De tout façon, il aurait finit par le savoir.

- Ha bon ?

- Il a feint la colère à cause de la répète d'aujourd'hui, en vérité il semblait très inquiet pour toi, ça se voyait.

Liam se souvient de la scène, Gabriel, sombre, à sa porte, ne sachant trop comment expliquer sa présence à l'ex de son copain. Feignant l'indifférence, jouant le mécontent, jusqu'à ce qu'il perde toute crédibilité en pénétrant dans la chambre de son bassiste.

Liam regarde à présent Yann s'efforcer de manger fébrilement un pancake.

- Il s'est passé quelque chose avec Uzu ?

Les souvenirs lui reviennent, il se renfrogne.

- ...

- Je m'en doutais, il m'a appelé plusieurs fois pour me demander comment tu allais et si... Si tu m'avais parlé de quelque chose. Uzu ne sait pas mentir.

- Je trouve qu'il est pourtant assez doué pour ça, lâche le rouquin.

- Tu lui as dit pour...

- Non, ça n'a aucun rapport.

- Tu as l'air en colère ?

- Hé bien chéri, je pensais que Gabriel avait enfin trouvé quelqu'un de bien, il semblerait que je me sois trompé, voilà tout ! grince-t-il amer.

- ?

- J'ai pas envie d'en parler vois-tu.

Après quelques secondes d'un échange silencieux et froid, Liam se lève.

- Bon, je te laisse déjeuner, si jamais tu as besoin, je bosse dans le salon, il te suffit de m'appeler.

Il se lève et fait volte-face, Yann contemple son cul d'athlète olympique moulé dans un jean clair, son pull léger et sobre remonté aux coudes, il apparaît si sûr de lui que s'en est énervant. L'androgyne éprouve des sentiments contradictoires à son égard, il a cette sensation nouvelle et intense d'être protégé. La seule présence de Liam à quelques mètres, calme systématiquement cette sorte d'appréhension omniprésente en Yann depuis son adolescence. Yann ne comprend ni ce qui l'apaise, ni ce qui l'irrite chez ce gars là. Il est très mignon, dans tous les sens du terme. À l'excès sans doute, le style beau gosse qui plait même aux belles mères. Gentil, trop, à la limite de la connerie, voilà sans doute où le bas blesse. C'est impossible d'être beau, aimable et honnête en même temps. Ce mec cache certainement quelque chose. Ou bien il est réellement bête. Le souci c'est qu'il lui plait, ça c'est sûr. Pour autant, Yann ne s'imagine pas sortir sérieusement avec un imbécile heureux.

-  Je suis déjà assez con moi-même, à deux ce serait la catastrophe ! Puis un gars trop sympa, c'est forcément fragile et moi je suis déjà incapable de m'occuper de moi.

Alors qu'il réfléchit à la question, le rêve de la nuit lui revient. Étais-ce vraiment un songe ? Ça y ressemble. Il était bien, comme dans un cocon, en sureté. Il ferme les yeux et s'efforce de faire remonter le souvenir à la surface. Cela n'est pas très clair. Se trouvait-il dans les bras de quelqu'un ? C'est son impression. Lesquels était-ce, ceux de Marie ? Il ne croit pas. Des bras qui l'étreignent, des lèvres douces contre son front, des paroles réconfortantes, la scène s'ébauche un peu plus clairement dans son esprit.

- Non, il ne s'agit pas d'un rêve.

Liam aurait-il profité de ce moment de grande faiblesse ? Parce que cette voix dans sa tête est bien la sienne à n'en plus douter ! Par reflexe, il vérifie son boxer.

- C'est stupide, ça n'est pas son genre. J'ai beau me tromper pas mal sur les gens en ce moment, il ne faut quand même pas exagérer.

De toute façon la vision de son sous vêtement le rassure, il s'agit de celui qu'il a lui-même enfilé lundi.

-  D‘ailleurs mon dieu je pue, il me faudrait une douche !

Après ce petit-déjeuner frugal, direction la salle de bain ! C'est sans compter sur son corps affaibli, à peine est-il debout qu'il chancèle.

- Hou laaa !

- Un problème ? le questionne aussitôt d'en bas, son colocataire.

Il n'a pourtant pas fait de bruit !

-  Il a des antennes ou quoi ? C'est rien, je vais juste prendre une douche ! On se calme Médor ! ajoute-t-il mentalement à sa phrase.

- Tu as besoin d'aide ? l'interroge Liam déjà en haut de l'escalier.

- Je rêve, tu veux venir me frotter le dos mon chou ?

Figé à la porte, ébahie par la vision de cet androgyne, qu'il trouve sublime, à demi-nu, là devant lui, il ne trouve rien à répondre.

Instantanément Yann cache sa poitrine telle une midinette sans soutient gorge, ridicule. Le regard concupiscent de Liam perturbe un peu le jeune rouquin, qui malgré son apparente assurance ne manque pas de sentir rosir un peu plus ses joues.

- Ça va, on se rince l'œil ? raille-t-il tout de même.

Liam se détend un peu et repend ses esprits.

 - Je suis content de te retrouver... debout.

Il sourit.

- Prend soin de toi, ajoute-t-il en faisant mine de sortir.

- L'invitation était sérieuse, affirme ce dernier en suivant sa fuite dans l'escalier.

- C'est bien ce que je craignais, clame l'autre déjà rendu au rez-de-chaussée.

Paré d'un drap porté en toge Yann-Jules César retrouve quelques instants plus tard, sa place inquisitrice du haut de la mezzanine et l'épie une fois de plus, le rictus ironique aux lèvres.

- Je te fais vraiment peur n'est-ce pas ?

- ha haha, tu es un démon, se moque gentiment Liam.

- C'est pourtant pas l'impression que tu donnais cette nuit.

Le pavé est lancé, la mine de Liam se décompose en un instant.

- Bon et bien tant pis, je vais devoir me charger de mes ablutions tout seul, j'aurais au moins essayé ! lance le roux en réintégrant sa chambre, sans lui laisser le loisir de s'expliquer.

L'eau bouillante lui coule sur la tête, cette douche odorante et purifiante semble pouvoir éliminer toutes traces de fatigue en plus des impuretés et de la transpiration. Yann revit. À la sortie de la cabine, il a l'impression d'être léger en plus de propre. Dehors le soleil brille de mille feux, la température dans la chambre a augmentée. Il a envie d'être beau ou belle au choix, et ce que lui montre son reflet est loin de ce qu'il aimerait représenter. Il se voudrait féminin aujourd'hui.

C'est, décidé à effacer les marques de la fatigue, qu'il s'installe derrière son miroir. De l'anticerne ainsi que du fond de teint poudreux, sa peau se fait veloutée. Sa bouche sans couleur se teinte en framboise irisée, le contour noir dont il la souligne ensuite la rend un peu sombre, comme il aime. Ses cheveux roux l'agacent, il ne lui reste plus qu'à les plaquer en arrière avec du gel. Ses sourcils ne ressemblaient plus à rien, il a bien fallu presque tout épiler. Après cela, il ne lui reste plus qu'une très fine ligne au-dessus de ses yeux gris clair. Reste à  magnifier ceux-ci, un peu de khôl, dedans, dessous, un trait d'eyeliner, il se recule, n'est pas tout à fait content du résultat. Il manque le fard à paupière, qu'il choisira de la même couleur que ses lèvres.

- Faux cils ou pas faux cils ? se questionne-t-il.

Il n'y apposera finalement qu'un simple mascara noir. Yann se dandine sur sa chaise. La tête lui tourne de nouveau.

- C'est cheveux m'insupportent !    

Il les frotte, allégrement irrité, le rendu est spécial, un mélange entre la coiffure « coup de vent » et la brosse type « pelouse anglaise ». Il a cependant l'air de lui convenir. Il doit maintenant s'habiller. Le peignoir trop grand glisse le long de la chaise, quand il se relève le sol se dérobe sous ses pas. Son souffle s'accélère, il se laisse choir sur le lit, reste ainsi, nu, flageolant, un peu pantelant au bord du matelas quelques minutes avant de pouvoir se redresser.

Il a du mal a échangé ses petits piercings discrets par les deux grosses boucles d'oreilles en nacre, qu'il a choisi pour aujourd'hui, tant ses doigts tremblent. Il s'attaque, avec la même difficulté à la tenue. Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, il optera pour de la couleur. Un jean slim bleu ciel, très serré, qu'il cachera en partie sous une jupe, en jean elle aussi, de même couleur, arrivant à mi cuisse. Un chemisier de dentelle bordeaux rehaussée d'une énorme ceinture en anneaux argenté et d'une mini veste, en jean également, finira la tenue. Il ajuste ses bracelets, respire un grand coup et se décide à affronter le regard de son colocataire. La décente de l'escalier s'accompli au ralenti, agrippé qu'il est à la rambarde.

Liam sortant tout juste de la cuisine, un énorme cookie dans la bouche, manque de s'étouffer.

- Alors suis-je à ton goût maintenant ? questionne Yann en relevant un sourcil narquois.

- ...

- Tu as perdu ta langue ? On sort ? J'ai envie de prendre l'air !

- Je... je n'peux pas, j'ai du travail.

La stupéfaction se lit sur la face de Liam qui reste bêtement interdit entre la porte du salon et le couloir.

- ha oui ? Tant pis... et comment tu me trouves ?

- Heu...

-  Vulgaire, choquante, je te dégoute peut-être ?

- Qu'est-ce que tu cherches à me faire dire ?

- La vérité serait déjà pas mal.

- Vraiment ?

- Bon ok, je m'en fiche de toute façon, laisse tomber, grince-t-il en se retournant.

- Yann, tu es magnifique, troublant et désirable et ce, que tu sois maquillé comme la madone des eighties ou a demi-nu mal rasé, en sortant de ton lit après deux nuits de quasi coma.

La réplique de Liam le laisse un instant sans voix.

- Tu es un bon menteur, finit-il par insinuer, en lui tournant toujours le dos, avant de finalement faire l'effort de se retourner.

L'expression de Liam le laisse un instant songeur.

- Tu ne serais quand même pas honnête ? s'étonne-t-il, avançant sur lui.

Liam ne réagit ni aux commentaires ni a cette main que Yann lui plaque entre les jambes.

- Ma parole tu bandes ! Tu es un putain de pervers !

- Je ne suis pas pire que toi.

- Je suis choqué.

Il n'y a que quelques centimètres qui les séparent, les yeux gris métallique et fardés de Yann se perdent dans le regard bleu ciel de Liam. Le cœur du blond s'emballe, il cesse un instant de réfléchir. Sa main valide se glisse sur la joue de son colocataire et son visage se rapproche. Yann perd tout ses moyens, immobile, il reste incapable de réagir. La situation lui rappelle le baisé de Uzu, à la seule différence que là, il aimerait vraiment que le blond poursuive. Soudain à la vue de ses yeux qui papillotent Liam se détourne. Sa main se retire, puis à contre cœur, il retourne s'assoir derrière son ordinateur.

- C'était presque ça... lâche le jeune nymphet seul, debout et désappointé.

*

Il apprécie l'air frais de décembre même s'il trouve que sa basse est particulièrement lourde aujourd'hui. Décembre déjà, il se souvient d'un autres mois de décembre, il y a presque deux ans maintenant, le temps passe si vite. Il longe le quai du RER avant d'y grimper, bousculé par des salaryman pressées remontant dans l'autre sens. Il est fatigué et titube légèrement, il ne se voyait pas rester à l'appartement toute la journée. La répète étant maintenue autant y aller. Le son de son mp3 ne lui a jamais paru aussi criard, la musique se répand dans sa tête, s'y cogne, lui provoquant une nouvelle migraine. Il l'a coupe. La première fois qu'il fera le trajet dans le silence. Dans le wagon, tout le monde le fixe, ordinairement il n'en aurait eu cure, aujourd'hui il aimerait bien qu'on lui fiche la paix. Pourquoi s'est-il looké de cette manière aussi, pour Liam ? Évidement que c'est pour lui, pour le choquer ou pour lui plaire, pour obtenir une réaction, pour vérifier quelques informations.

- Étrange comme il peut être ouvert d'esprit le garçon.

En fin de compte cela le barbe, Liam est juste horripilant de perfection, beau, riche, intelligent, gentil, ouvert, célibataire, en un mot : irréprochable.

Il doit s'efforcer de penser à autre chose, il ne peut pas rester bloquer sur Liam. Sa réflexion bifurque sur un autre problème. Il ne sait plus ce qu'il doit comprendre des autres et de leurs comportements, Gabriel lui rend visite pendant qu'il est malade, Uzu profite d'un moment de faiblesse pour l'embrasser, Marie tente de coucher avec lui et Liam est peut-être le plus déconcertant de tous.

- Je lui plais, je le vois, pour quelle raison me repousse-t-il ?

Non, décidément il a beau tenter de changer de sujet, c'est toujours et encore Liam qui s'impose à lui.

Le trajet lui parait durer un siècle, il a les jambes dans du coton, des douleurs atroces dans la nuque et la tête qui bourdonne. Sa basse pèse une tonne, il arpente les couloirs du métro en zigzaguant, à ce train là, jamais il ne réussira à revenir par ses propres moyens.  Quelle folie d'être sorti ! L'arrêt bibliothèque, enfin ! En débouchant du métro, le soleil gelé l'éblouit. Quand il arrive au studio tout le monde est déjà là. Il faut voir le bon côté des choses, au moins avec son look du jour, il fera une entrée fracassante.

- Ha ! Ça y'est la punaise a eu trop chaud à la tête, y'a une durite qu'a pétée, vl'a Madona en rousse ! se moque Math en le voyant entrer.

- Bha ! Qu'est-ce tu fous là ? J'viens d'avoir l'aut' mou au téléphone, il m'a dit qu'tu dormais ! s'étonne Gabriel. Pi c'est quoi c't'allure, tu vas au carnaval ?

Les yeux de Yann croisent rapidement ceux de Uzu, celui-ci ne soutient pas le regard, rien d'étonnant en soi.

- Tu te sens assez bien ? Ça va ? interroge Steph que la mine de Yann laisse perplexe.

- Moi aussi, je suis content de vous voir mes chéris, avouez que je vous ai fait peur, haha ! Je n'ai pas dit à Liam que je sortais, je suis parti en douce, pas besoin de chien de garde. Et moi je me trouve beau !

Il se reluque dans le miroir avant d'aller s'assoir sur un tabouret.

- Par contre je ne suis pas très en forme Gabi chéri, si ça dérange pas si je ne vais pas bosser les voix ?

Même sans explication et malgré le maquillage, sa voix voilée et son teint cireux parlent pour lui-même de toute façon. Bien que Uzu aurait aimé profiter de ce moment pour mettre les choses au point, tous acquiescent à sa demande.

- Y'a pas d'problème pour moi, c'est d'jà super qu'tu sois là, affirme Gabriel.

- Je vais jouer assis aussi, ajoute le bassiste.

- Ok, t'es sûr qu'ça va aller ?

Gabriel s'inquiète, Yann n'a jamais demandé à jouer assis et puis il a beau forcer sur le fard, ça ne retire en rien les signes de fatigue évidents, il n'est pas dupe.

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