Éveil

Plusieurs jours passèrent sans qu'aucun incident ne survint et Fuyu se sentait toujours aussi tourmentée. L'homme masqué venait de temps en temps les mettre en garde et pour surveillé les environs. Les membres du temple l'avait invité à loger chez eux mais il avait catégoriquement refusé leur invitation et leur avait dit qu'il préférait rester seul dans son campement. À aucun moment, cet étrange personnage ne leur avait montrer son visage ni même dit son nom: il restait un mystère entier. Les moines lui avait accordé sa confiance mais ils restaient tout de même sur leur garde, ils ne savaient pas d'où il venait ni ses antécédents mais il avait l'air de s'y connaître en matière de théologie et en démonologie. Lorsqu'il était venu avant les funérailles du pauvre Yoichi, il a tenu à étudier le corps du défunt et son diagnostic était sans appel: il s'agissait bien d'un assassinat, le coeur avait été transpercé d'un coup sec par une lame experte et il ne sentait aucune haine ou aura maléfique entourer le corps. Aucun des religieux n'étaient des maîtres d'armes ou même des shinobis. Certains accusait directement le Tengu d'avoir commis ce meurtre mais il se moquait des accusations et insista pour renforcer les veillées et les tours de garde. 

 

Fuyu se sentait plus rassurée maintenant que cet homme veillait sur eux mais au fond d'elle quelque chose la mettait en garde contre lui, cette voix qui résonnait dans sa tête ne cessait de lui faire comprendre qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être. Elle n'arrêtait pas de repensé à ce qu'il s'était passé avant qu'elle ne soit secourue par le Tengu. Elle ne se rappelait que du froid mordant de la nuit hivernal et qu'on l'emmène en sécurité avant qu'elle ne finisse congelée. Elle avait beau se repasser les événements dans sa tête, rien ne venait.

Malgré l'ambiance morose qui régnait sur le domaine religieux, quelque chose d'inattendu arriva. Ce jour là, il ne neigeait pas et la quiétude était plus ou moins revenue. Le vent balayait avec douceur la fine couche de neige qui subsistait des dernières tempêtes. La jeune prêtresse était assise dans l'encadrement de la porte de sa chambre, regardant au dehors et peignait ses longs cheveux noir de jais, quand une ribambelle de kimonos colorés apparut au loin, passant le torii en haut des grands escaliers. Elle se redressa sur ses genoux , se tourna en direction de l'extérieur puis se releva lentement . Elle enfila ses getas et s'avança en direction des nouveaux venus. En se rapprochant, elle pu discerner un groupe de geishas sublimement parées accompagnées de quelques hommes, mais elle fit instinctivement demi-tour. Elle récupéra le masque qu'elle avait oublié à côté de son peigne, et le coinça dans son obi d'or et d'argent orné de fleurs d'hortensia. 

"Bienvenue à Chuo-ji! Veuillez accepter notre humble hospitalité. 

- Merci énormément, répondit l'une des geishas. Nous avons fait la route depuis Sapporo et le froid est mordant. 

- Oui, heureusement que la tempête s'est arrêté, répondit Fuyu, ravie de voir de nouvelles têtes. 

- Il est vrai. Où se trouve le grand prêtre de ce temple? Nous avons à lui parler. 

- Il s'est absenté malheureusement, il ne revient que dans plusieurs jours. Cependant vous pourrez trouver son suppléant à la bibliothèque. Demandez Iwao, il peut être un peu froid à première vue mais il saura répondre à vos attentes. 

- Merci jeune fille. Allons-y, lança-t-elle à l'intention de ceux qui étaient restés derrière elles, muets comme des tombes. 

Finalement, les réjouissances n'avaient pas l'air d'être pour maintenant. 

Alors que le groupe s'apprêtait à continuer son chemin vers le temple, la geisha s'arrêta et se retourna vers Fuyu qui les regardait partir, dubitative. 

- Où est-ce que tu as trouvé ce masque? Il est magnifique. 

La jeune fille fut prise d'une forte migraine et essaya de ne rien faire paraître. 

- C'est une troupe de théâtre qui me l'a donné. 

- C'est amusant, j'ai presque cru qu'il me regardait. C'est effrayant. Prends en soin. 

Le groupe s'en alla, laissant Fuyu seule au milieu de la grande place. Le vent se calma et la neige se mit lentement à tomber. Elle resta clouée sur place jusqu'à ce que les étrangers aient disparu de son champs de vision. Sa poitrine commença à brûler et les vertiges revinrent. Soudainement, elle sentit son corps s'engourdir. Il ne lui appartenait plus. Elle saisit le masque accroché à sa ceinture et le mit. La bouche qui habituellement formait un sourire malicieux s'était transformé en une grimace hideuse, un visage de haine munit de deux cornes pointues animée de sombre pensées que même Fuyu ne pouvait percer. 

 

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Hortense
Posté le 25/06/2023
Fuyu mettant le masque, c'est à se demander si par son intermédiaire elle n'a pas tué Yoshi. En tout cas, le masque exerce sur elle une drôle d'influence. L'ambiance est lourde et l'arrivée des visiteurs n'allège guère l'atmosphère.
Tu maintiens le suspense !
Quelques coquilles
- qu'aucun incident ne survint : ne survienne
- et pour surveillé : surveiller
- lui avait accordé sa confiance : leur confiance
- il a tenu à étudier : il avait tenu
A bientôt
paulcast99
Posté le 25/06/2023
Encore merci pour ton retour et je suis content que mon histoire te plaise et que le suspense te sois prenant!

Merci pour les remarques des différents pépins! ;)

A bientôt !
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