Un jour, lorsqu’Azaël avait dix ans, les exorcistes certifiés avaient organisé un exercice pour évaluer la capacité des enfants du Clan à résister au stress. C’était un de ses pires souvenirs d’enfance. Himi, Ronnie, Donnie et lui avaient juré de ne plus en parler. Mais tous se rappelaient parfaitement comment cette journée avait commencé : par un réveil brutal avec de l’eau glacée.
- Tu as recommencé, débauché !
La voix était aigre, mauvaise. L’exorciste eut à peine le temps d’ouvrir les yeux qu’il fut aspergé d’eau. Il se redressa en sursaut, suffoquant, le regard hagard. Au-dessus de lui, une femme noueuse tenait dans sa main un verre. Son regard violet le transperça de part en part. Mais il n’était pas l’objet de sa colère. Celui qu’elle visait, c’était Haniel, qui était trempé. Ses boucles noires étaient collées à son front et le col de son tee-shirt s’était assombri.
- Inviter un garçon dans ton lit, tu devrais avoir honte ! poursuivit la femme, un air écœuré peint sur le visage. Comment oses-tu ? Sous notre toit !
- Azaël est un ami, mère, protesta le lycéen d’une voix faible.
- Je ne veux rien entendre de ta bouche, insolent ! Tu es la honte de cette famille ! Sodomite !
- Jeanne.
La femme eut un violent sursaut, comme si son prénom, pourtant prononcé d’une voix douce, avait été un couteau planté dans son dos. Elle lâcha le verre, qui rebondit sur la moquette. Depuis le pas de la porte, Hugues toisait d’un air méprisant son épouse. Il lui fit signe d’un mouvement de tête sec de quitter la chambre, ce que l’intéressée s’empressa de faire, le dos courbé. Dans le couloir, Milagro semblait paniquée. Elle voulut intervenir, mais un regard de son grand frère l’en dissuada.
Hugues s’avança vers les deux garçons, ses yeux glissant sur eux comme un serpent. Azaël, jusque-là trop secoué pour y prêter attention, comprit alors ce qui avait déclenché la colère de ses hôtes : Haniel et lui avaient dormi dans le même lit. Il se rappelait vaguement qu’ils étaient rentrés tard, tanguant un peu à cause de l’alcool, un peu à cause de la fatigue. Ils s’étaient effondrés sur le matelas et, lui, il s’était endormi à peine sa tête avait-elle touché l’oreiller. Cela avait dû être la même chose pour Haniel. Mais pourquoi le fait qu’ils aient dormi ensemble semblait si grave aux yeux des parents Amorth ?
Hugues s’arrêta à quelques pas du lit. Le lycéen possédé se raidit.
- Fils. Le verset. Rappelle-moi les paroles de Saint Paul dans son épître aux Romains.
- Je…
- Que dit-il, Haniel ? Que méritent les gens de ton espèce ?
Un tremblement gagna le corps tout entier de Haniel. Son regard semblait vide, sombre. Et l’exorciste sentit sa peur le gagner, comme un virus qui se propage. Alors il fit la seule chose que lui commandait son instinct : il répliqua. D’un bond, il fut sur Hugues qu’il empoigna par le col. Il le retourna et le plaqua contre l’armoire, le bras tordu dans le dos. Certes, l’homme était plus imposant que lui, mais il n’avait pas son expérience. Bien qu’il tentât de se débattre, Hugues ne pouvait échapper à sa poigne. D’une pression du pied dans le creux du genou, Azaël le fit chuter.
- Haniel, prends ton sac, on s’en va, gronda-t-il d’une voix autoritaire. Tout de suite !
Était-ce le bon choix ? Fuir cet appartement ? Azaël l’ignorait. Il ne savait même pas si son colocataire allait accepter de le suivre. Mais la terreur qu’il avait vu sur son visage l’avait poussé à agir. Cet endroit était mauvais. Lorsqu’il entendit son colocataire s’activer dans son dos, l’exorciste fut soulagé. Il attendit qu’il ait quitté la chambre pour lentement relâcher Hugues. Celui-ci rétracta son bras contre lui, le regard incendiaire. Voilà que le loup laissait tomber le masque…
Dans le couloir, Milagro était recroquevillée sur elle-même, en larmes. Azaël ne s’attarda pas et gagna le salon où Haniel l’attendait. Mais ce n’était pas son sac qu’il avait entre les mains, mais le sien, à lui. L’exorciste le regarda sans comprendre.
- Haniel…
- J’ai eu tort, Azaël. Tu n’aurais pas dû venir.
- Mais…
- Va-t’en.
Il lui colla son sac entre les bras. Son expression était indéchiffrable.
- Va-t’en, répéta-t-il d’une voix mauvaise.
- Je veux juste t’aider ! protesta l’exorciste.
Son colocataire laissa lui échapper un rire amer. Des larmes montaient progressivement dans son regard. Dans le couloir, les sanglots de Milagro s’étaient apaisés. Jeanne apparut sur le pas de la porte, sa fille accrochée à elle comme un koala au visage chiffonné. Les épaules de Haniel se tendirent de nouveau et, un instant, Azaël fut tenté de l’attraper par le coude pour l’obliger à partir avec lui. Pourquoi refusait-il de le suivre ? Il semblait tellement apeuré ! Sengo lui disait toujours que lorsqu’une situation paraissait inextricable, il fallait battre en retraite le temps d’établir une stratégie.
Il prit son sac avec des gestes lents. Trop lentement au goût de Haniel qui finit par le lui plaquer contre la poitrine. Puis, d’autorité, il le poussa vers la porte. Le battant se referma dans un claquement sinistre. Azaël contempla l’escalier qui lui faisait face sans comprendre puis passa une main fatiguée dans ses cheveux, défaisant sa queue de cheval au passage. Que venait-il de se passer… ? Il faudra qu’ils en parlent à tête reposée ce soir, à l’internat.
Le jeune homme consulta sa montre à gousset. Dans son dos, les voix commençaient à s’élever. Il aurait voulu faire demi-tour, mais il avait l’impression que ce geste ne lui serait pas pardonné. Alors, avant d’être tenté, il dévala l’escalier. Il ne voulait pas retourner au Clan. Il ne voulait pas faire face aux exorcistes qui leur demanderaient pourquoi il était revenu plus tôt que prévu. Alors il se dirigea vers le seul lieu qu’il connaissait dans cette immense ville vide : Sisoa.
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Le lycée ne bourdonnait pas d’effervescence comme à son habitude, mais il demeurait bien animé. Les premières et les terminales étaient tous présents car ils étaient en train d’effectuer les derniers préparatifs pour la grande guerre à venir. L’exorciste se rendit vaguement compte, en observant en retrait le fourmillement des élèves, qu’il ignorait toujours en quoi consistait cet « affrontement ». Il haussa les épaules, l’esprit embrumé. Quelle importance, après tout…
Incapable de demeurer en place, Azaël songea à se rendre à l’étage « Sport » des premières afin de se dépenser puis opta plutôt pour une course à travers le campus. Avec l’enchaînement des événements, il n’avait toujours pas pris le temps de visiter en profondeur Sisoa. Autour des quatre tours centrales se déployait un parc aux allures de jardin. Partout où il passait, c’était une explosion de couleurs et de parfums douceâtres. Quelques élèves étaient installés en petites groupes sur l’herbe d’un vert tendre et discutaient joyeusement. Certains avaient délaissé leurs cahiers pour lézarder au soleil. D’autres se livraient joyeusement à des parties de cartes.
Azaël continua à trottiner à un rythme régulier. Dans ses écouteurs, Gorillaz résonnait avec force, infiltrant les replis de son cerveau fatigué. Il gagna une partie moins fréquentée où mille et une essences d’arbres se disputaient la place. Ici, il faisait bien plus frais car le soleil avait du mal à s’infiltrer à travers l’épaisse toiture des feuillages. L’exorciste parvint à un point d’eau surplombé par un saule pleureur centenaire. À bout de souffle, il se laissa tomber sur le rebord. Sur une impulsion, il se déchaussa, roula les jambes de son jogging et plongea ses pieds dans l’onde fraîche. Un délicieux frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Sur son walkman, une nouvelle chanson s’était enclenchée, plus douce. La voix de soie liquide du chanteur de Cavetown envahit ses sens et il arracha ses écouteurs filaires. La musique le ramenait inlassablement vers Haniel. Son expression apeurée demeurait imprégnée dans son esprit. Mais bon sang, qu’aurait-il pu faire ? Rester malgré son interdiction formelle ? Peut-être… Il l’ignorait et ça ne cessait de le travailler ! Du bout des orteils, l’exorciste se mit à remuer l’eau. Pourvu que son colocataire rentre vite… Ils étaient enfin parvenus au stade où ils se considéraient comme des amis ! Et, aussi étrange que cela puisse paraître, il n’avait pas envie que tout parte en poussière.
Le jeune homme défit sa queue de cheval dans un soupir et passa son élastique à son poignet. Il ne pouvait pas rester là indéfiniment, mais ce lieu avait quelque chose d’apaisant…
- Aza’ ?
L’intéressé jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Il fut surpris de voir Richard qui se tenait à quelques pas de lui. Ses traits étaient tirés et ses vêtements semblaient en désordre, comme s’il avait couru. Sentant d’ailleurs son regard s’attarder sur lui, le lycéen tenta, en vain, de défroisser sa chemise du plat de la paume.
- J… Je ne savais pas que tu connaissais cet endroit, marmonna-t-il, comme pour justifier sa présence.
- Je viens de le découvrir, répondit Azaël.
Richard lui jeta une œillade indéchiffrable avant de se laisser tomber lourdement à ses côtés.
- Essaie de ne pas trop en parler, c’est un peu mon jardin secret, ici. J’aime bien y être seul.
- Oh, tu souhaites que je parte ?
- Quoi ? Non, non ! Toi… Ça va.
Pour l’imiter, le lycéen se déchaussa puis plongea ses pieds dans l’eau. Il les retira très vite en couinant que c’était trop froid à son goût. Pourtant, quelques secondes plus tard, il tenta l’expérience de nouveau, en immergeant progressivement ses orteils. Il se pencha en arrière, appuyé sur ses bras tendus, le regard abîmé dans les oscillations des feuilles du saule pleureur à la multitude nuances de vert. Un lourd soupir s’extirpa de sa gorge. Azaël hésitait sur la conduite à tenir. La brûlure au fer rouge du regard de Haniel pulsait encore dans ses chairs. Les relations humaines étaient bien trop complexes pour lui…
Du coin de l’œil, il détailla le profil de Richard. Il ne ressemblait pas au jeune homme transporté d’excitation qu’il avait accompagné à l’étage « Arts de la scène », non… Là, il lui semblait aussi abattu que lorsqu’il était possédé. Son visage était pâle, comme s’il manquait de sommeil. Azaël se mordilla pensivement la lèvre inférieure, puis se lança :
- Richard, j’aurais une question à te poser…
- Hum ?
- Je me suis… disputé avec Haniel, mon colocataire. Et je ne sais pas vraiment ce que j’ai fait de mal…
Son camarade de classe le fixa sévèrement du regard pendant de longues secondes avant de finalement se relever. Azaël le vit essayer de se chausser, surpris par sa réaction.
- Richard, qu’est-ce que… ?
- C’est peut-être parce que tu n’as aucune sensibilité que ton pote et toi vous vous êtes brouillés, cracha le jeune homme en bataillant avec une chaussette.
- Mais, attends, s’il te plaît. Explique-moi !
Richard laissa lui échapper sa chaussette qui atterrit dans l’eau. Il poussa un grognement de frustration et se frotta le crâne. Envolé, le timide Richard au regard fuyant. Celui qui lui faisait face bouillait de colère.
- Tu as vraiment besoin que l’on t’explique tout, hein ? gronda-t-il. Comment fonctionne Sisoa, pourquoi tes amis te tournent le dos, tout ça ! Si ton colocataire t’a lâché, c’est sûrement pour une bonne raison !
Azaël sentit son cœur sombrer dans sa poitrine. Il ne comprenait pas ce que lui reprochait Haniel, toujours pas. Et maintenant, il découvrait qu’une autre personne avait apparemment de solides griefs contre lui ! Pourtant, de nouveau, les raisons lui échappaient. Richard dut capter sa détresse à son regard car il passa sa main sur sa nuque d’un air embarrassé.
- Écoute, finit-il par soupirer d’un ton las. Je sais que tu ne veux pas être méchant, mais tu manques quand même pas mal de sensibilité.
- Oh…
Azaël ramena ses jambes à sa poitrine, absorbé dans ses pensées. De la sensibilité ? Son interlocuteur parvint enfin à remettre ses chaussures et il se redressa. Il abordait toujours un air renfrogné sur son visage.
- Et avant que tu demandes quoique ce soit, non, je ne t’aiderai pas. Règle tes problèmes seul avec ton colocataire.
- Mais… je pensais qu’on était amis, protesta faiblement l’exorciste.
Richard le foudroya du regard et Azaël se tendit. Visiblement, ce n’était pas la bonne chose à dire !
- Amis ? cracha-t-il. Tu n’as pas d’amis, Aza’. Tu es juste un gars paumé qui s’est accroché aux premiers venus afin de ne pas se retrouver seul. Tu connais vraiment les gars avec qui tu traînes au lycée ? J’en doute ! Et tu sais pourquoi ? Parce que tu es un égoïste uniquement préoccupé par ce qui le concerne, voilà pourquoi !
L’exorciste se leva à son tour, sentant la colère le gagner telle une marée rouge. Égoïste ? Lui ? Il consacrait sa vie à protéger celle des autres ! Richard et tous les élèves de cette école devraient lui en être reconnaissants au lieu de le mettre à la porte ou de lui balancer des horreurs à la figure.
Debout, il dépassait Richard de quelques bons centimètres. Celui-ci recula d’un pas, les bras devant lui, comme s’il craignait qu’il le frappe. Sa posture craintive interpella l’exorciste. Le jeune homme aurait-il peur de lui ? Ça, c’était la meilleure ! Il l’avait sauvé d’un whisperer. Si son exorcisme ne l’avait pas vidé de son énergie, si leur duel ne les avait pas amenés sur les toits, alors peut-être qu’il n’aurait jamais rencontré Haniel. Alors, il n’aurait pas perdu ses pouvoirs, il n’aurait pas dormi dans cette chambre constellée de crucifix, il n’aurait pas menti à Sengo, il n’aurait pas remarqué les grains de beauté d’Édith et il ne serait surtout pas coincé dans ce fichu lycée à se poser autant de questions qui lui trouaient la cervelle !
Tout était de sa faute…
- Tu as raison, grinça Azaël, le regard polaire. Nous ne sommes pas des amis. Et cela vaut mieux ainsi. Ma vie serait tellement plus simple si tu n’avais pas croisé ma route.
Sa phrase fit l’effet d’une gifle. Richard tituba, comme soûl. Son regard s’emplit de larmes et, aussitôt, la culpabilité planta ses crocs empoisonnés dans l’estomac d’Azaël. Il porta une main à sa bouche, dégoûté par les mots qui venaient d’en jaillir en jet d’acide. Richard fit volte-face et s’enfuit en courant sans lui laisser le temps de réagir.
Le lycéen demeura là, bras ballants, pétrifié. Plus que jamais, il aurait souhaité pouvoir se confier à Himi. Son amie et son pragmatisme lui manquaient terriblement. L’exorciste se laissa glisser sur le sol. Il avait l’impression que Sisoa était en train de le détraquer. Comme si ceux qu’il avait rencontré entre ces murs s’étaient amusés à glisser des grains de sable dans une machine aux rouages parfaitement huilés. Jamais, avant cette mission, il n’avait eu si mal. Lui, il était connu parmi les exorcistes pour être sérieux ou compétent, pas égoïste ou méchant ! Et ça lui allait très bien… Alors pourquoi, pourquoi, bon sang, il se sentait si misérable… ?
Il chiffonna son tee-shirt au niveau de son cœur, le visage traversé par une grimace de douleur. Il avait juste envie de rentrer à la maison…
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Ce soir-là, Haniel ne revint pas au dortoir. Azaël se renseigna auprès des surveillants d’étage et ils lui confirmèrent que son colocataire n’avait pas émargé son nom dans le registre d’entrée. Dans son lit, l’exorciste ne cessa de tourner et de se retourner, incapable de trouver le sommeil. Il finit par rallumer la lumière afin d’attendre le retour du jeune homme. Mais, lorsque l’aube leva ses voiles pastelles, Haniel n’était toujours pas revenu.
Épuisé par ce week-end lourd en émotions, l’exorciste se traîna jusqu’à sa salle de classe pour son cours d’anglais. À peine fut-il installé qu’un sac fut jeté sur la table à côté de la sienne. Édith se laissa tomber sur sa chaise, un large sourire aux lèvres. Aujourd’hui, ces cheveux étaient assemblés en une sorte de sculpture gonflée qui avait dû être à la mode à Versailles du temps du Roi Soleil. Des rubans de dentelles arc-en-ciel donnaient à sa coiffure un aspect assez irréel.
- Bonjour, camarade Walker ! Tu as une tête affreuse. Manque de sommeil ?
- On peut dire ça…
L’attention d’Azaël fut attirée par l’entrée de Richard dans la pièce. Leurs regards s’accrochèrent. L’exorciste leva la main pour lui faire signe, mais le jeune homme l’ignora superbement et partit s’installer loin de lui. Le lycéen poussa un soupir et frotta son estomac douloureux, la mine sombre. Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas eu de telles crampes ! Il reçut un petit coup de coude dans le bras et se tourna vers la musicienne.
- J’étais vraiment contente que Haniel et toi soyez venus me voir jouer, samedi. C’était une chouette soirée !
- Oh, oui… Tu étais incroyable.
Le regard de la jeune fille se mit à pétiller. Elle porta ses mains à ses joues et se trémoussa sur sa chaise sous le regard surpris de son voisin de table.
- Tu me verras de nouveau bientôt jouer, promit-elle. Ce sera incroyable aussi.
- Jouer ? Dans un autre bar ?
- Je ne t’en dis pas plus, c’est une surprise.
- Oh…
Leur professeur monta sur l’estrade sur ces entre-faits et les salua d’un puissant « Hello, everyone ! » qui fit taire les plus bavards. Azaël décapuchonna son stylo plume, l’esprit absent. Il aurait aimé appeler Haniel pour prendre de ses nouvelles, mais ils n’avaient pas échangé leurs numéros. À côté de lui, Édith était en train de pianoter sur son écran de téléphone tout en sifflotant un air de Queen. Lorsque le professeur l’interrogea, elle se leva d’un bond et s’excusa, n’ayant absolument pas suivi ce qu’il se passait autour d’elle, ce qui provoqua une vague de rires parmi leurs camarades.
- And you, Azaël, could you please pay attention ?
L’exorciste eut un violent sursaut et marmonna des excuses à son tour avant de replonger son nez dans son cahier, honteux. L’enseignant poussa un soupir et referma le livre qu’ils étaient en train d’étudier pour appuyer ses hanches contre son bureau.
- Je sais que vous êtes tous excités par l’approche de la grande guerre et que c’est sans doute pour ça que vous êtes tous dissipés.
- Qui ne le serait pas, en même temps ? rétorqua une adolescente en haussant un sourcil.
- Mais ce n’est pas une raison pour vous relâcher. Vous êtes des lycéens, vous avez le devoir d’engranger le maximum de connaissances tant que vous êtes à Sisoa. Le lycée ne dure pas éternellement, ne gâchez pas votre temps ici.
- Mister Silly, l’interrompit un autre élève. Vous pensez que cette année encore on va avoir des blessés ?
- Non, nous avons des consignes de sécurité très strictes pour cette fois-ci. Le corps professoral et le conseil des élèves vont s’assurer que personne n’aille à l’hôpital.
- À l’hôpital ? s’étrangla Azaël.
Édith se détourna de son téléphone en riant.
- La grande guerre est ouverte au public, c’est la seule fois de l’année et beaucoup d’écoles de renom ou d’universités viennent sur place pour recruter des talents parmi les terminales. Mais l’année dernière, le directeur d’un théâtre a vraiment voulu visiter les coulisses. Pendant son tour, il a heurté un levier et une lune est tombée sur scène pendant une performance des premières et plusieurs ont eu des fractures.
Une lune ? Des fractures ? Ce lycée était complètement fou !
- D’ailleurs, ça me fait penser que lundi prochain, le conseil des élèves fera une intervention en classe afin de vous partager le déroulement des festivités, poursuivit Mr. Silly. Soyez attentifs, d’accord ?
Tous approuvèrent bruyamment en riant. Le reste de la journée sembla passer à la vitesse de l’éclair. Lorsque les cours furent terminés, Azaël s’empressa de gagner l’internat sans passer par le réfectoire. Mais quand il passa la porte de leur chambre, il trouva la pièce vide.
Haniel n’était toujours pas revenu.
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– Azazel s’est connecté –
Azazel : Bonjour, tout le monde. Je suis désolé de vous importuner, mais j’aurais une question à vous poser. Par hasard, auriez-vous des nouvelles de Haniel ? Il n’est toujours pas de retour à l’internat.
La Fée Morgane : Le sans-secteur ? Non, pas du tout, pourquoi ?
Kim Possible : D’après le registre en ligne de l’école, il a été noté absent à tous les cours. Le proviseur aurait été contacté parce qu’il serait malade.
Le Roi Léo : Il semblait en forme samedi soir, pourtant… Tu as des nouvelles de ton côté, toi, Édith ?
Édith Piaf : Non, il n’a répondu à aucun de mes textos. Vous pensez que c’est une angine ?
La Fée Morgane : En mai ?
Édith Piaf : Les angines blanches sont les pires… brrrr…
Le Roi Léo : Je vais essayer de l’appeler de mon côté !
– Le Roi Léo s’est déconnecté –
Kim Possible : Et moi je vais le bombarder de gifs rigolos !
– Kim Possible s’est déconnecté –
Édith Piaf : Camarade Walker, ne t’en fais pas, ça arrive à tout le monde de tomber malade. Je suis sûr que le camarade Amorth sera vite de retour parmi nous.
Azazel : J’espère que tu as raison, Édith. Je l’espère vraiment…