Exorcisme quinze : La première chasse

Par Ascal

Azaël avait laissé quelques minutes à son colocataire pour s’excuser auprès de sa sœur et lui livrer un mensonge crédible qui pourrait expliquer leur départ précipité. Vu les cris qu’il avait entendus, Milagro n’avait pas apprécié leur fuite. Lorsque Haniel le rejoignit dans le hall de l’immeuble, son regard n’admettait pas de commentaire, alors Azaël garda le silence. Il devinait son allié tendu. Lui-même était incroyablement nerveux. L’idée de cet exorcisme lui donnait la nausée. Sengo avait décidé de l’envoyer seul sur cette mission. Un exorcisme de routine selon lui, rien de bien méchant. Dans son état habituel, sûrement. Mais on était loin d’être dans une situation ordinaire. Ils n’avaient pas le droit à l’erreur… Le whisperer ne devait pas leur échapper. Mais son colocataire serait-il capable de poignarder une personne de sang-froid ? Azaël, lui, savait que les armes de la Maîtresse du Fer ne pouvaient blesser les êtres humains, mais son colocataire l’avait-il intégré ? Après tout, lorsqu’il s’était empalé sur son poignard, il avait saigné…

L’exorciste consulta les instructions qu’il avait reçues par texto. Leur cible se situait normalement à trois blocs de leur position. Il voulut faire surgir une lame, afin de se tenir prêt à agir, mais Haniel lui siffla de la cacher.

  • Tu es dans une cité, tu ne te balades pas armé à moins de vouloir avoir de sérieux ennuis ! gronda-t-il en rabattant la capuche de son sweat sur son visage.
  • Mais…
  • Pas de « mais » ! Fais ce que je te dis.

Bien forcé d’obtempérer, Azaël réintégra son poignard dans la manche de sa veste d’uniforme. Les deux jeunes hommes suivirent un moment la route qui coupait en deux la mer de barres d’immeubles avant de se faufiler dans une ruelle. Ici, le soleil était dissimulé par les immenses bâtisses, si bien qu’une obscurité poisseuse permanente régnait. Une odeur froide de déchets et de déjections prit l’exorciste à la gorge. Il enfouit son nez dans sa manche, espérant atténuer la puanteur, mais cette dernière semblait être incrustée dans ses narines.

Le jeune homme vérifia rapidement les cordonnées sur son portable. Ils ne devraient pas tarder à rejoindre l’endroit où le whisperer avait été signalé. Son attention se porta sur Haniel. Il voyait ses mains trembler. Il fallait qu’il le rassure, qu’il lui dise que tout allait bien se passer, même s’il ne le croyait pas. Son colocataire était-il vraiment capable de mener cet exorcisme ?

  • Hani…

Il s’interrompit. Ses yeux venaient de capturer la forme d’un corps allongé sur le sol, dissimulé en partie par une benne à ordures. Le jeune homme se précipita, le cœur battant. Lorsqu’il écarta plusieurs sacs poubelles, il découvrit une jeune femme évanouie. Du sang maculait son pull au niveau de l’épaule. L’exorciste vérifia rapidement son pouls. Elle vivait encore… Il fallait qu’ils la mettent hors de danger avant toute chose. Ses yeux ne purent s’empêcher de remonter vers l’épaule de l’inconnue. Avec délicatesse, il écarta le chandail. Une grimace traversa son visage. Ce qui l’avait mordu n’était clairement pas de ce monde. Le doute n’était plus permis : leur whisperer n’était pas loin.

  • A… Azaël, balbutia Haniel d’une voix blanche. E… Elle respire ?
  • Oui. Apparemment, elle est blessée au niveau de l’épaule. Il va falloir qu’on la transporte.

Azaël retira sa veste pour la nouer autour de la blessure de la victime. Bien, ça devrait ralentir suffisamment l’hémorragie jusqu’à l’arrivée des secours. Puis il fit signe à Haniel de la charger sur son dos.

  • Il faut la déposer à un endroit sûr et appeler une ambulance. On reviendra tout de suite après s’occuper de notre fantôme.

Son colocataire hocha la tête, peu assuré. Pour sa première chasse, il fallait bien sûr qu’ils tombent sur un niveau trois. Azaël secoua la tête. Il songerait à leur malchance plus tard, pour le moment, il devait se concentrer. Il aida Haniel à hisser la blessée sur son dos puis tous deux commencèrent à remonter l’impasse. L’exorciste demeurait tous sens en alertes.

Une vague brutalement de froid la frappa aux entrailles. Le whisperer les avait trouvés ! Où ? Là-haut ! Sans réfléchir, il poussa son colocataire en avant. Une masse lui tomba alors dessus ! Azaël s’écrasa au sol. Sa tête rencontra le bitume, ses poumons se vidèrent et des étoiles blanches explosèrent devant ses yeux. Bon sang ! Il s’était fait avoir comme un débutant.

  • Vire de là ! rugit Haniel.

Il fonça dans le whisperer qu’il repoussa d’un coup d’épaules. Le corps du possédé rencontra brusquement une benne à ordures. L’exorciste sentit qu’on le remettait sur pieds. Ses oreilles bourdonnaient, il avait un goût de sang dans la bouche. Il avait dû se mordre la lèvre dans sa chute. Ses yeux se posèrent sur leur agresseur. Il s’agissait d’une fille aux longs cheveux châtains. Elle devait avoir leur âge. Sa démarche était légèrement hésitante, comme si elle ne contrôlait pas bien son corps. Le jeune homme repéra leur blessée, sur le sol, et se plaça entre elle et le whisperer. Puis il se tourna vers son allié. Celui-ci serrait de toutes ses forces son couteau en murmurant une rapide litanie de « xeo ». La couleur de ses yeux fluctuait, mais ne virait jamais totalement au noir. Bon sang, il avait raison, il était trop tôt pour le terrain, bien trop tôt ! Comment allaient-ils faire ?

  • Azaël ! Qu’est-ce que je peux faire ?

Le jeune homme sursauta. Son regard plongea dans celui de Haniel. Même si ses mains tremblaient, son colocataire semblait décidé à affronter le whisperer. Bon sang, ça devrait être son rôle. C’est à lui de protéger les citoyens, non l’inverse ! Il devait se montrer digne de son titre d’exorciste !

Azaël fit surgir son couteau de sa manche.

  • Je vais essayer d’immobiliser la fille, toi, concentre-toi pour percevoir le cœur ! Il ne faut pas qu’elle nous passe, Haniel, tu m’entends ? On doit protéger la blessée.
  • Mais… !
  • Fais ce que je te dis !

Un sifflement fendit les airs. Azaël eut le réflexe de bondir sur le côté. Il vit la benne se déformer sous l’impact d’une masse invisible, là où il se tenait une seconde plus tôt. Il crispa sa mâchoire. Ne pas percevoir les fantômes était une telle plaie ! Il fallait qu’il trouve un moyen d’immobiliser la possédée ou le combat risquait d’être particulièrement ardu. Que pouvait-il faire ? Ses yeux repérèrent les sacs poubelles qui débordaient de la benne à ordure. Peut-être que ça pouvait lui servir ! Mais avant qu’il ne puisse atteindre sa cible, une douleur brûlante le saisit au niveau du mollet. Le whisperer venait de l’atteindre ! La jeune fille pointait vers lui un doigt accusateur.

  • Toi, croassa une voix rauque à la diction hésitante. E… xor… ciste.

Le jeune homme se figea, les yeux écarquillés. Encore un… Mais cette fois-ci, ce n’était pas la victime qui s’exprimait, mais bel et bien le fantôme. Celui-ci poussa un hurlement de pure rage animale avant de s’élancer à sa rencontre. Azaël avait beau être sur ses gardes, tout allait trop vite pour lui. De nouveau, un des membres invisibles le frappa au niveau de l’estomac. Son corps fut propulsé en arrière et rencontra violemment le mur le plus proche. Un voile s’abattit devant ses yeux. Il devait… rester éveillé… Le whisperer sembla se désintéresser alors de lui. Il tourna les talons pour s’avancer à la hauteur de Haniel qui était tétanisé. Se lever ! Il devait… se mettre debout… Sa respiration lui brûlait la trachée. Ses pensées s’étiolaient. Il allait…

Puis les ténèbres l’engloutirent.

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  • Azaël !

Haniel vit le corps de son colocataire s’affaisser contre le mur et demeurer immobile. Cette enflure venait de perdre connaissance ! Et merde ! Son attention se porta sur leur agresseur qui avançait à pas lents dans sa direction. Sa tête penchait sur le côté, ses yeux se plissaient légèrement, comme s’il évaluait la situation. Haniel se mit à reculer par réflexe, jusqu’à ce que son dos rencontre le mur. Entre ses mains, il serrait le couteau à tel point que ses jointures avaient blanchi. La jeune fille s’arrêta à deux pas de lui. Elle ferma soudainement les yeux et prit une longue inspiration. Puis un rictus vint fendre sa bouche en deux.

  • Toi, gronda-t-elle de sa voix gutturale. Tu es… comme moi.

Haniel sentit ses entrailles se contacter sous l’effet de la terreur. Il avait l’impression qu’une vague de givre venait de s’abattre sur lui. Son cœur semblait sur le point de briser les os de sa cage thoracique tant il battait fort. La possédée leva une main vers lui et ses doigts effleurèrent son torse. La sensation de froide se renforça et des fourmillements désagréables cascadèrent le long des jambes du lycéen. Puis, dans un flash écarlate, le monde changea. Haniel sentit son souffle se couper alors que, tout à coup, la véritable forme du whisperer lui apparaissait.

Ses yeux, du nombre de six, étaient entièrement rouges, tels des puits sans fonds. Ils semblaient avoir poussé sur le front de la jeune fille et avoir percés la chair, tel de monstrueux boutons de fleurs. Des mandibules composées de particules vaporeuses émergeaient de sa bouche et des bras supplémentaires composés de la même matière sortaient de ses côtes. Des stridulations aigues s’échappaient de sa gorge. Les yeux de Haniel furent alors attirés par une source de lumière. Surpris, il baissa la tête. Là, au centre du ventre de la possédée… Un orbe couleur sang semblait rougeoyer, telle une braise de la taille d’un poing. Le… cœur ? Un rire le raidit. La créature se mit alors à lui sourire. La mâchoire de l’adolescente se scinda en deux, laissant apercevoir des crocs sombres. Il fallut quelques secondes à Haniel pour comprendre qu’ils étaient maculés de sang. Dans un sursaut, il songea à la blessée et à son pull taché.

« Elle va me dévorer. » Voici la pensée qui le foudroya. Non… Non, il refusait de mourir ici, dans cette impasse ! Il ne laisserait plus jamais un de ces foutus fantômes le détruire !

  • Dégage ! hurla-t-il à plein poumons.

De toutes ses forces, il balança son pied dans le ventre du whisperer. Sa semelle se heurta à une surface dure comme du béton. La possédée poussa un sifflement suraigu de colère. Ses six mains attrapèrent le mollet de Haniel pour le tirer vers le haut. Déséquilibré, le jeune homme chuta à terre. Son couteau lui échappa et voltigea dans les airs. Le jeune homme parvint à se dégager et se mit à ramper pour récupérer son arme. Mais au moment où ses doigts allaient se refermer dessus, un liquide violacé frappa le dos de sa main. À son contact, il eut l’impression que sa peau allait fondre. Il ne put retenir un cri de douleur et il se recroquevilla sur lui-même. En réponse à sa souffrance, le whisperer se mit à rire. Du pouce, il essuya la commissure de ses lèvres, prêt à cracher de nouveau son acide.

  • Espèce… de monstre, cracha Haniel, les larmes aux yeux.

Il n’arrivait pas à se remettre debout. Ses jambes semblaient être en coton. Bon sang, tous ses membres tremblaient. Il fallait qu’il fuie ! Mais… Ses yeux se posèrent successivement sur la blessée et Azaël. Ses dents se plantèrent dans sa lèvre inférieure. Il ne pouvait pas les abandonner. Sinon, il ne serait plus jamais capable de se regarder dans un miroir…

La possédée suivit son regard puis pencha de nouveau sa tête sur le côté. Son affreux sourire psychotique vint de nouveau briser son visage. D’un bond souple, elle fut auprès de sa première victime. Elle empoigna ses cheveux d’une main pour soulever sa tête. Puis, sans explication, elle se mit à tirer la blessée sur le sol. Arrivée à la hauteur de Haniel, elle relâcha sa prise. Le jeune homme sentit son cœur sombrer dans son estomac. Mais qu’avait à l’esprit le whisperer, à la fin ?!

  • Toi, tu as… oublié… ta nature… gronda doucement le fantôme. Mange.

Quoi… ? Le lycéen tentait d’organiser ses pensées, mais il avait l’impression que son cerveau avait été réduit à l’état de bouillie. Le whisperer le prendrait vraiment pour l’un des leurs et il essaierait… de le nourrir ?

  • Mange ! Ou je le… ferai.

Le whisperer s’accroupit à sa hauteur, prêt à mettre sa menace à exécution. Haniel eut alors un geste qu’il n’aurait jamais cru accomplir un jour : il s’interposa. Il se jeta en avant pour faire bouclier de son corps et empêcher les terribles crocs de plonger dans la chair de l’inconnue. Il enroula ses bras autour de celle-ci afin de la ramener à lui. Le fantôme ancra ses orbes rouges dans les siennes, curieux. Puis il dévoila de nouveau ses dents aigues, afin de l’attaquer lui. Haniel aurait voulu reculer, mais il était dos à une benne. Les terribles mâchoires du whisperer allaient déchirer sa gorge. C’était la fin.

Mais, alors qu’il pensait sa dernière heure arrivée, une aide inattendue surgit. Un sac poubelle s’écrasa contre la possédée, puis un deuxième ! Haniel ne perdit pas une seconde. Profitant de l’inattention de son adversaire, il se releva, la blessée dans les bras, et se mit à courir. Il se précipita dans la direction d’Azaël qui se tenait en posture d’attaque, prêt à jeter un troisième projectile.

  • Tu vas bien ? s’inquiéta l’exorciste.

Haniel répondit par un hochement de tête. Il déposa doucement la blessée à terre quelques pas derrière eux.

  • Le cœur ! cria-t-il. Il est au centre de son ventre !
  • Où est ton couteau ?
  • J… Je ne sais pas !

Ses yeux fouillaient la ruelle, mais ne parvenaient à trouver son arme. Où était-elle passée, bon sang ? Il entendit Azaël jurer à voix basse puis raffermir son emprise sur son propre couteau. Il jeta le sac poubelle à terre et se mit en posture de défense. Le whisperer revenait déjà à l’attaque ! Haniel vit ses bras supplémentaires gonfler, craquer, puis s’allonger afin de frapper l’exorciste.

  • Recule ! s’époumona-t-il.

Instinctivement, son colocataire lui obéit. Les pattes de la possédée fendirent l’air sans trouver leur cible. Haniel n’eut pas le temps de savourer sa victoire, leur adversaire amorçait déjà son prochain mouvement. De nouveau, il cria afin de guider Azaël. Ce dernier mettait sa vie entre ses mains. Il ne réfléchissait même pas, suivant juste le son de sa voix. Haniel grimaça. Il ne pourrait pas tenir très longtemps. Il remarqua que deux des bras noirs de la possédée s’étaient repliés au niveau de son ventre pour protéger son noyau. S’ils voulaient en finir, il allait devoir prendre des risques. Un gémissement le fit sursauter. La blessée serait en train de revenir à elle ?

  • Azaël ! s’affola-t-il.

L’intéressé l’interrogea du regard. Il était calme, sûr de lui. Dans son regard, il avait l’impression que ce combat était déjà scellé. Qu’ils allaient vaincre. Alors, il serait peut-être temps qu’il cesse d’hésiter lui aussi, non ?

Haniel se jeta en avant. Il n’avait plus d’arme, mais il pouvait toujours faire en sorte de frayer un chemin pour Azaël. Le whisperer parut surpris par son approche et hésita un court instant avant de déplier ses bras pour l’arrêter. C’était exactement ce qu’il cherchait. Au lieu d’éviter l’attaquer, Haniel poursuivit sur sa lancée. Il attrapa les pattes noires du fantôme et les enserra dans une ferme étreinte.

  • Maintenant, Azaël !

L’exorciste se fendit en avant. Son couteau pénétra le ventre de la possédée comme s’il s’agissait de beurre. Le whisperer poussa un hurlement de dément et se mit à se débattre afin se débarrasser de Haniel. Il cracha de l’acide sur la main d’Azaël pour qu’il lâche son arme, mais l’exorciste ne lui fit pas ce plaisir. Au contraire, il raffermit sa prise sur son couteau et l’enfonça davantage dans le corps de la jeune fille. Celle-ci fut parcourue d’un violent tremblement, la bouche ouverte. Puis, brusquement, elle s’affaissa. Haniel vit les particules noires se détacher de son corps. Le whisperer était en train de se désintégrer sous ses yeux ! Les fragments s’envolèrent, voltigèrent, telles des cendres teintées d’encre. C’était presque… beau.

  • O… On a réussi ? balbutia Azaël, les yeux écarquillés par la surprise.

Haniel ne répondit pas, incrédule lui aussi. Il sentit ses jambes ployer sous son propre poids et, sans savoir comment, il se retrouva assis sur le bitume. Azaël, lui, maintint la possédée évanouie debout en passant son bras autour de son cou.

  • Il faut qu’on appelle une ambulance, murmura-t-il. Et que je tienne Sengo au courant. Oh, bon sang, on l’a exorcisé…

Exorcisé… Ils l’avaient exorcisé. Haniel ramena ses jambes contre sa poitrine et enfouit son visage dans ses genoux. Il sentait l’adrénaline redescendre. Son corps lui faisait mal. Il avait eu peur, si peur. Cet affrontement l’avait terrifié. Il avait encore la sensation de la mâchoire du whisperer sur sa gorge. Le jeune homme réprima un sanglot. Pourquoi il devait vivre des horreurs pareilles… ?

  • Haniel.

Azaël s’accroupit à sa hauteur. Il déposa délicatement la jeune fille puis ses bras s’enroulèrent autour de son colocataire dans un geste spontanée qui les surprit tous les deux. Le lycéen possédé sentit alors ses barrières se rompre. Les larmes roulèrent sur ses joues. Ils avaient réussi… Ils avaient remporté cette bataille ! Ses mains s’agrippèrent à la chemise d’Azaël.

  • Tu… Tu t’es bien débrouillé, marmonna l’exorciste, embarrassé.

Sa maladresse réussit à arracher un petit rire à son colocataire. Il se détacha de lui et essuya ses larmes rapidement.

  • T’es nul en compliments, railla-t-il.
  • Je fais ce que je peux, rétorqua l’intéressé, vexé.

Il se redressa puis aida Haniel à se remettre sur pieds. La séquence émotion était terminée, comprit celui-ci. Ils avaient encore du travail. Il récupéra leur blessée, toujours inconsciente. Alors qu’il la soulevait, une nouvelle pensée le frappa. Ils avaient sauvé cette femme. Grâce à eux, elle allait vivre. Un sourire vint étirer ses lèvres alors qu’un nouveau sentiment s’épanouissait dans sa poitrine : la fierté. Depuis quand n’avait-il pas ressenti ça… ?

Azaël et lui sortirent de la ruelle afin de déposer les deux évanouies dans un endroit où elles pourraient être trouvées rapidement. Pendant que Haniel prévenait les secours, Azaël faisait son rapport à Sengo. Le grand frère de Milagro consulta rapidement l’heure. Bon sang, cela ne faisait que deux heures qu’ils avaient quitté son appartement, mais il avait l’impression qu’une éternité s’était écoulée. Son estomac décida d’ailleurs que c’était le moment de se rappeler à son bon souvenir en émettant des grondements sonores.

  • On rentre ? proposa Haniel. Je crève la dalle.

Azaël lui répondit par un sourire.

--

Ils furent mal accueillis par Milagro. La petite fille ne leur avait visiblement pas pardonné leur abandon. Elle leur fit remarquer d’ailleurs qu’ils puaient et les garçons durent reconnaître que c’était le cas. Leur passage dans l’impasse baignée d’ordures ne leur avait pas réussi… Haniel proposa alors à son colocataire d’aller prendre une douche pendant qu’ils faisaient réchauffer leurs assiettes. Azaël accepta avec lassitude. Son corps tout entier lui faisait mal. Ce combat l’avait lessivé et il n’avait qu’un désir : dormir. Haniel dut s’en rendre compte car il le prit par les épaules pour le guider jusqu’à la salle de bains étriquée. Il lui remit d’autorité une serviette entre les mains.

  • Tu dormiras après avoir mangé, asséna-t-il. Maintenant, sous la douche.

L’exorciste avait peu l’habitude de se faire materner et il resta un moment interdit. Il ignorait ce que c’était, mais quelque chose dans l’attitude de Haniel avait changé. Il avait l’impression qu’il était plus détendu en sa présence. Un sourire vint étirer ses lèvres. Est-ce qu’ils étaient enfin devenus amis… ? Ses sourcils se froncèrent et il secoua la tête. Pourquoi s’en réjouissait-il autant ? Lorsqu’il aurait retrouvé ses pouvoirs, il quitterait Sisoa. Et il ne le reverrait jamais.

… N’est-ce pas ?

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– Le Roi Léo s’est connecté –

Le Roi Léo : Je suis en chemin, j’arrive. Désolé pour le retard, je ramène des glaces pour me faire pardonner.

Kim Possible : Tkt, tu n’es pas le plus en retard.

Le Roi Léo : Ah bon ? Édith s’est encore perdue en chemin ?

Édith Piaf : Raté, camarade ! Je suis là, moi !

Le Roi Léo : Attends, c’est Morgane qui est en retard ? Impossible, elle est réglée comme du papier à clarinette.

Kim Possible : Passons sur le fait que ce ne soit pas la bonne expression, la réponse est oui. Et on n’arrive pas à la contacter.

Édith Piaf : Où est passée la camarade Glinda, mystère… J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

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